Dans la catégorie groupe qu'on avait oublié et qu'il était tellement bien planqué qu'on pensait qu'il avait splitté mais qui fait un retour inattendu cette année, après Zonaria et son très correct Arrival of the Red Sun, voici donc les Finlandais de Mors Principium Est qui sortent de leur hibernation après cinq ans d'absence.
Si vous avez oublié, Mors Principium Est, c'est le groupe qui nous avez pondu un second album génial en 2005, avec The Unborn, que je considère toujours comme un monument inattaquable du Melodeath, la suite fut un poil moins brillante, avec en 2007 la sortie de Liberation = Termination, et une orientation plus directe qui ne m'avait pas enthousiasmé plus que ça.
2007, le début des galères et d'une longue traversée du désert pour le groupe, qui se verra amputé de la moitié de ses membres, son clavieriste et ses deux guitaristes, une période d'ailleurs marquée par un jeu de chaises musicales aux postes de guitaristes, bref, tout les éléments étaient réunis pour que le groupe disparaisse totalement de la circulation, ce qui fut le cas, au point de presque tomber dans l'oubli.
...And Death Said Live se présente comme l'album de la résurrection pour les finlandais, qui marquera surement la fin du groupe en cas d'échec, ou le début d'une nouvelle ère en cas de succès, le problème, c'est qu'ici, on est pile-poil entre les deux...
Attention, il n'est pas mauvais, c'est même le contraire, il est plutôt bon et sympathique, mais il est très... confortable.
Malgré les multiples changements de guitaristes, d'ailleurs, les deux nouveaux ne sont pas finlandais, mais néo-zélandais et anglais (faut dire aussi qu'en cinq ans le groupe a vu passer tous les guitaristes locaux dans son line-up), le son typique de Mors Principium Est est toujours là, ce qui est presque inespéré, dès les premières secondes, enfin, sauf l'intro, on sait qu'on écoute du MPE, reconnaissable à ce son très dense qui fait partie de leur trademark.
Vous devez bien vous douté de quoi je parle quand le dis confortable, les finlandais ne prennent ici aucun risque, un peu comme si avec toutes les galères qu'a traversé le groupe, il fallait à tout prix ne pas décevoir et se rassurer, de ce fait, n'espérez aucune révolution avec And Death said Live, au mieux un léger ajustement dans l'orientation du groupe, en effet, l'album est un poil moins violent que Liberation=Termination, et également moins atmosphérique que ne pouvait l'être The Unborn, l'album se situe donc entre ces deux disques, le cul entre deux chaises quoi, et si vous aimiez le côté black du premier album, passez votre chemin tout de suite, le groupe n'y reviendra jamais.
Bref, Mors Principium Est a tout fait pour ne pas se vautrer, et dans ce sens, c'est plutôt compréhensible, le revers de la médaille étant naturellement que le groupe tourne pal mal en rond pendant ces quarante-cinq minutes de Melodeath parfaitement exécuté malgré tout.
Donc voilà, l'album est direct, pas autant que le précédent, et moins riche que The Unborn, le son de Mors Principium Est se fait plus "classique", à base de riffs efficaces mais malgré tout assez convenus pour le genre, et des orchestrations discrètes, classieuses, qui interviennent judicieusement au gré des titres, un disque donc efficace, sympathique, assez racé, mais avec un problème: on est en 2012.
Comme je le disais dans la chronique de Zonaria, à une époque où le melodeath n'en finit plus d'agoniser depuis de très nombreuses années, alors que les petits groupes apparus, surfant sur la vague, au début des années 2000 ont désormais disparus, et que même les gros dinosaures restants donnent de sérieux signes de faiblesse et tournent gravement en rond (ouais, même Dark Tranquillity...), la musique de Mors Principium Est apparaît quelque peu passéiste dans son approche, et son album sonne déjà entendu et sent un peu le réchauffé, après tout, cela fait bien longtemps que le Melodeath a atteint ses limites et même si les dinosaures du genre n'ont pas réussi à aller plus loin afin de se renouveler, il ne faut pas attendre que MPE le fasse.
On se retrouve donc avec un album où à chaque titre, on se dit que c'est quand même la grande classe, mais en même temps, que ça sonne déjà entendu tout ça, juste un très bon album de Death Mélodique qui n'apporte pas grand chose au final.
Le gros manque, c'est surement le gros "tube" qui aurait permis de faire décoller tout ça, un peu comme le monstrueux Pure qui ouvrait The Unborn, pas de ça ici, et c'est bien dommage, même si j'ai un petit faible pour Ascension; A défaut, Mors Principium Est nous sert neuf bons gros titres de Melodeath (plus une intro et une interlude) respectant tous les standards du genre, bourrinage mêlant passages aériens atmosphériques, riffs saccadés brise-nuques, solos sympa sans en faire des tonnes, et cette densité caractéristique du groupe, l'ensemble s'avère très compact, et il s'avère bien difficile de sortir un titre en particulier, le groupe tabasse sévère, avec toujours ce sens inné de la mélodie, arrivant a faire passer pas mal d'émotion et d'emphase sans passer par la case chant clair, c'est déjà ça.
L'utilisation des claviers est très judicieuse, parfois très sobres, Bringer of light, accompagnant délicieusement les guitares, parfois plus présents, comme sur le très bon Birth of the starchild, mais dans tous les cas développant de très jolies ambiances et atmosphères, même s'il sonnent parfois un peu simplistes voir minimalistes, loin de la richesse d'un Unborn de ce côté-là.
On sent que le groupe à la rage et l'envie d'en découdre tout au long de cet album, mais pas forcement la volonté d'aller de l'avant, et And Death said Live, malgré toutes ses qualités, demeure "juste" un album de Melodeath, haut de gamme, certes, qui s'écoute du début à la fin sans réel temps mort, mais qui est convenu et sans trop de surprises...
Bref, je suis un peu partagé par cet album de Mors Principium Est, car d'un côté, c'est surement l'un des meilleurs albums de Melodeath à la scandinave de l'année, l'ensemble se révélant direct, emphatique, mélodique, surpuissant, mais on a également affaire à un groupe qui ne sort pas de sa zone de confort et qui applique sa formule de manière très professionnelle voir un peu mécanique.
...And Death said Live est un album rassurant, mais même si les mélodies sont imparables, tout est prévisible et l'on voit un peu trop les grosses ficelles du genre, on dirait que chaque titre a déjà été fait par un des "grands" de la scène de Göteborg du temps de sa splendeur, on sait où l'on met les pieds avec ce disque, et le problème est que le groupe ne nous en offre pas plus, aucune surprise, aucun moment particulièrement bluffant, l'ensemble est vraiment sympa, mais pas sûr qu'on y revienne souvent, le genre d'album qu'on écoute pas mal au début et qui terminera sur une étagère à prendre la poussière.
Ah, à titre de comparaison, puisque j'ai hésité entre chroniquer ça et Destinity, dans des genres un peu similaires, Mors Principium Est est quand même vachement plus sympa que le nouvel album des français, dont les refrains pop en chant clair à la Pain m'énervent pas mal.
Bon, semi-échec ou semi-réussite, plutôt les deux à la fois, dans tous les cas, je suis plutôt mitigé en ce qui concerne cet album, efficace mais très prévisible, pas des plus inspiré donc...
Juste du Melodeath à la scandinave...
3.5 / 5