Il y a un point positif (le seul en fait) quand tu chroniques un album de Destruction, c'est que tu sais d'avance que la chronique sera courte, sachant que j'ai l'habitude de pondre généralement des trucs assez longs, c'est plutôt reposant.
Pourquoi courte? tout simplement car avec Destruction, tu sais d'avance où tu mets les pieds, les allemands pratiquant un immobilisme de premier ordre quand il s'agit de sortir des albums, le contenu n'évoluant jamais, et ce n'est pas avec l'âge qu'ils ont que ça va changer, avec un niveau de qualité demeurant plus ou moins constant, dans le genre solide mais sans génie.
Depuis le retour du mythique chanteur/bassiste Schmier au bercail, le groupe enchaîne les sorties à un rythme effréné, ce nouvel album étant le septième depuis 2000, et arrive seulement un an après un très correct Day of Reckoning, il ne faudra donc pas s'attendre à une quelconque surprise avec Spiritual Genocide, qui se pose en sérieux candidat au titre d'album le plus inutile de l'année...
Avec ses potes de Kreator et de Sodom, Destruction fait donc partie de la trinité du Thrash allemand, même si quand on y regarde de plus près, contrairement aux deux autres, le groupe n'a jamais sorti d'album marquant, bien sûr, les puristes vous brandiront les trois premiers albums des années 80 comme étant des monuments (peut-être Eternal Devastation, et encore), mais aucun n'est du niveau d'un Agent Orange ou d'un Pleasure to Kill.
Destruction a toujours été plus besogneux, plus bas-de-plafond, avec cette rigueur toute germanique, solide, certes, mais qui n'a jamais eu cet éclair de génie qui leur aurait permis de sortir un disque inoubliable, à défaut, (en dehors bien sûr des années 90 qui a vu le groupe faire de la merde sans Schmier), le groupe a toujours proposé des albums conforment à son dogme avec une certaine constance dans la qualité, à quelques fluctuations dans l'inspiration près.
Partant de là, qu'attendre d'un nouvel album de Destruction? vous l'aurez deviné, pas grand chose, à part une nouvelle collection de titres Thrash old school qui bottent le cul et balancés à toute vitesse avec la rage à laquelle le groupe nous a habitué. (où peut-être la volonté de sortir un disque à l'arrache histoire de marquer le coup pour leur 30 ans d’existence).
Spiritual Genocide, du Thrash de bourrin, violent, direct, pragmatique, qui procure son quota habituel de riffs et de pains dans la gueule, sans grande surprise, du tabassage honnête, et oserai-je dire, du Thrash de tâcherons.
On aurait pu espérer une petite évolution quand même, surtout que plus tôt dans l'année, Kreator avait su prendre des risques pour nous pondre un putain de Phantom Antichrist, mais ce n'est pas le cas ici, à croire que Destruction n'en a plus rien à foutre et balance ses coups de poing dans le vide, de manière un peu mécanique, en pilotage automatique et sans y croire vraiment, en faisant le plus de boucan possible, car il va de soi que la production est énorme, ce qui est récurrent chez tout ce qui sort chez Nuclear Blast.
A titre de comparaison avec un autre groupe pratiquant le même immobilisme, Overkill s'en tire mieux, les ricains ayant toujours la recette de la mélodie accrocheuse, ce qui n'est pas le cas avec Destruction qui propose une formule directe mais absolument pas mémorable.
Une grosse collection de mandales dans la gueule, sans originalité, avec quelques exceptions quand même, pour les titres les plus mauvais de l'album, avec un To dust you will decay relou qui ne va absolument nulle part, et également le single Carnivore, pour lequel a été réalisé une vidéo, qui ne représente absolument pas l'album, un titre pas génial et assez pénible.
Par contre, au rayon de l'anecdote sympathique, notons la présence de Gerre (Tankard) et de Tom Angelripper (Sodom) venus pousser la chansonnette sur un Legacy of the Past un peu trop molasson pour du Destruction, c'est marrant d'ailleurs, les trois titres que j'ai cité sont collés sur l'album, et forme un bloc vraiment pas enthousiasmant, car avant et après, ça bourre non stop, avec une flopée de titres speed Thrash, ce qui nous donne au final, une intro, trois titres un peu foireux, et sept titres de bourrins...
Spiritual Genocide est à prendre comme il est, un disque de plus dans la discographie des allemands, sans trop de diversité, violent et jusqu'au-boutiste, duquel on ne retient pas grand chose au final.
En fait, si cet album avait été sorti par un quelconque groupe de re-thrash, on en aurait pas du tout parlé, mais là, comme c'est Destruction, et qu'il y a la puissance marketing de Nuclear Blast derrière pour tenter de faire croire que ce disque est l'un des évènements de l'année, ça fait causer, même s'il n'y a au final pas grand chose à en dire.
Un petit disque de Thrash de vétérans, sympathique mais surtout anecdotique, le genre de disque que tu écoutes deux-trois fois et que tu oublies aussitôt, rien de plus, surtout qu'il est un poil moins bon que le précédent, Day of Reckoning.
Destruction semble être condamné a sortir le même genre de disque jusqu'à la fin, sans volonté d'aller plus loin que sa zone de confort, pas brillant, assez solide malgré tout, mais sans grand intérêt...
Business as usual, sympathique mais inutile...
2.5 / 5