Avec leur premier EP Sacral Regicide paru il y a déjà trois ans, les jeunes américains d'Eigenlicht était parvenus à fermement démontrer en une grosse vingtaine de minutes qu'il allait être bien difficile de catégoriser leur musique, du Black Metal bien sûr, mais pas seulement, Eigenlicht est le genre de groupe à vouloir repousser les limites d'un genre, en y incorporant tout un tas d'éléments différents, décrivant sa musique comme une sorte de voyage mystique fait d'explorations métaphysiques, Eigenlicht n'est pas le groupe à faire les choses comme tout le monde, et bien que certains rapprochements pourraient facilement être faits avec un Wolves in the Throne Room dont il partage la même origine géographique, Self-Annihilating Consciousness va développer une vraie personnalité et un son qui lui est propre.
Désormais distribué par les excellents I, Voidhanger et Gilead Media pour la version vinyle, ce premier album va être une expérience assez étrange et curieusement satisfaisante, évidemment imparfaite comme tout premier album, Eigenlicht va ici développer son propre sous-genre du Black Metal, un truc à lui, qu'on pourra appeler par facilité Pagan, ou atmosphérique, incorporant énormément de nappes de claviers délicieusement rétro, un bonne louche de Doom également, le Black Metal d'Eigenlicht sera constamment en mouvement, refusant d'appliquer des formules toutes faites, préférant empruntant les petites routes secondaires, avec une simplicité déroutante, presque candide, cet album sera inconstant, le groupe ayant parfois du mal à tenir la distance pendant ses longues tribulations oscillant entre onze et treize minutes, mais sincère du début à la fin.
Sacral Regicide est d'ailleurs loin derrière, mais son caractère brut de décoffrage et sa dimension raw n'est jamais renié, Self-Annihilating Consciousness en sera un prolongement raffiné, plus mature, ce que l'on pourrait appeler du Black/Doom atmosphérique va prendre un caractère plus émotionnel et introspectif, la courte introduction instrumentale There Lies Already the Shadow of Annihilation, avec ses sonorités natives-américaines, agissant presque comme un avertissement sur l'orientation stylistique que va prendre ce premier effort longue-durée, Hagia Sophia étant le premier titre fleuve en forme de build-up qui se dévoilera progressivement, du pur atmosphérique aux percussions tribales vers un Doom lourd dominé par un growl décharné et toujours ses nappes de claviers funèbres et lancinantes, Eigenlicht parvient à déployer des atmosphères liturgiques qui servent de rampe de lancement à la tornade de trémolo finale, où la violence du Black continuera de cohabiter avec ce Doom atmosphérique où les textures sonores s'entremêlent.
Labrys aura une approche bien plus prosaïque du Black, tout du moins au début, avec le son vintage et plein d'aspérités d'un Black symphonique typé seconde vague qui semble tout droit sorti du fin fond des années 90, le morceau alternera avec quelques passages de Black/Drone atmosphérique, et Labrys se rapprochera d'une certaine manière d'un Emperor pour la beauté des arrangements et cette dimension un peu chaotique et sauvage, le titre est plutôt massif, souvent très rapide, très surchargé aussi, mais sans jamais tomber dans l'excès, il est malgré tout un peu dommage que le morceau répète trop souvent certains motifs et donne l'impression d'être un titre de six-sept minutes qui aurait été rallongé, les deux dernières pièces seront d'ailleurs de meilleures tenues, Deifugal Force et Berserker comprendront cette alternance entre le Black et le Doom ayant comme dénominateur commun d'être véritablement commandés par ces lumineuses nappes de synthétiseurs aux sonorités toujours aussi vintage, Eigenlicht utilisant ce clair-obscur pour créer du dynamisme, offrant des soubresauts presque Sludge chargés de mélodies et de trémolo, surtout sur un Berserker au punch souvent dévastateur, l'utilisation de deux types de chants, du growl et du hurlement de crypte hantée, renforcera cette dualité qui nourrit la musique d'Eigenlicht, on regrettera cependant que les structures de ces deux morceaux soient un peu trop semblables et prévisibles, ce qui n'empêche pas que le groupe touche sa cible même si on aurait apprécié un peu plus de diversité.
Pour un premier album, il y a vraiment de quoi être impressionné par Eigenlicht, Self-Annihilating Consciousness est une expérience mystique et métaphysique enrobée d'un Black Metal relativement raw et finement orchestré par des claviers à l'ancienne, c'est bien sûr loin d'être parfait et la musique d'Eigenlicht mériterait probablement d'être un peu plus raffiné et mieux agencé, l'album souffre un peu du fait que Hagia Sophia soit largement au dessus du reste en terme d'ambition et de maîtrise, les autres morceaux souffrant un peu en comparaison, n'atteignant pas la même charge émotive ou spirituelle, il n'en reste pas moins que Eigenlicht est un groupe à suivre de la scène Black nord-américaine et qu'on a surement pas fini d'en entendre parler s'il continue sur cette voie.
Désormais distribué par les excellents I, Voidhanger et Gilead Media pour la version vinyle, ce premier album va être une expérience assez étrange et curieusement satisfaisante, évidemment imparfaite comme tout premier album, Eigenlicht va ici développer son propre sous-genre du Black Metal, un truc à lui, qu'on pourra appeler par facilité Pagan, ou atmosphérique, incorporant énormément de nappes de claviers délicieusement rétro, un bonne louche de Doom également, le Black Metal d'Eigenlicht sera constamment en mouvement, refusant d'appliquer des formules toutes faites, préférant empruntant les petites routes secondaires, avec une simplicité déroutante, presque candide, cet album sera inconstant, le groupe ayant parfois du mal à tenir la distance pendant ses longues tribulations oscillant entre onze et treize minutes, mais sincère du début à la fin.
Sacral Regicide est d'ailleurs loin derrière, mais son caractère brut de décoffrage et sa dimension raw n'est jamais renié, Self-Annihilating Consciousness en sera un prolongement raffiné, plus mature, ce que l'on pourrait appeler du Black/Doom atmosphérique va prendre un caractère plus émotionnel et introspectif, la courte introduction instrumentale There Lies Already the Shadow of Annihilation, avec ses sonorités natives-américaines, agissant presque comme un avertissement sur l'orientation stylistique que va prendre ce premier effort longue-durée, Hagia Sophia étant le premier titre fleuve en forme de build-up qui se dévoilera progressivement, du pur atmosphérique aux percussions tribales vers un Doom lourd dominé par un growl décharné et toujours ses nappes de claviers funèbres et lancinantes, Eigenlicht parvient à déployer des atmosphères liturgiques qui servent de rampe de lancement à la tornade de trémolo finale, où la violence du Black continuera de cohabiter avec ce Doom atmosphérique où les textures sonores s'entremêlent.
Labrys aura une approche bien plus prosaïque du Black, tout du moins au début, avec le son vintage et plein d'aspérités d'un Black symphonique typé seconde vague qui semble tout droit sorti du fin fond des années 90, le morceau alternera avec quelques passages de Black/Drone atmosphérique, et Labrys se rapprochera d'une certaine manière d'un Emperor pour la beauté des arrangements et cette dimension un peu chaotique et sauvage, le titre est plutôt massif, souvent très rapide, très surchargé aussi, mais sans jamais tomber dans l'excès, il est malgré tout un peu dommage que le morceau répète trop souvent certains motifs et donne l'impression d'être un titre de six-sept minutes qui aurait été rallongé, les deux dernières pièces seront d'ailleurs de meilleures tenues, Deifugal Force et Berserker comprendront cette alternance entre le Black et le Doom ayant comme dénominateur commun d'être véritablement commandés par ces lumineuses nappes de synthétiseurs aux sonorités toujours aussi vintage, Eigenlicht utilisant ce clair-obscur pour créer du dynamisme, offrant des soubresauts presque Sludge chargés de mélodies et de trémolo, surtout sur un Berserker au punch souvent dévastateur, l'utilisation de deux types de chants, du growl et du hurlement de crypte hantée, renforcera cette dualité qui nourrit la musique d'Eigenlicht, on regrettera cependant que les structures de ces deux morceaux soient un peu trop semblables et prévisibles, ce qui n'empêche pas que le groupe touche sa cible même si on aurait apprécié un peu plus de diversité.
Pour un premier album, il y a vraiment de quoi être impressionné par Eigenlicht, Self-Annihilating Consciousness est une expérience mystique et métaphysique enrobée d'un Black Metal relativement raw et finement orchestré par des claviers à l'ancienne, c'est bien sûr loin d'être parfait et la musique d'Eigenlicht mériterait probablement d'être un peu plus raffiné et mieux agencé, l'album souffre un peu du fait que Hagia Sophia soit largement au dessus du reste en terme d'ambition et de maîtrise, les autres morceaux souffrant un peu en comparaison, n'atteignant pas la même charge émotive ou spirituelle, il n'en reste pas moins que Eigenlicht est un groupe à suivre de la scène Black nord-américaine et qu'on a surement pas fini d'en entendre parler s'il continue sur cette voie.