Immolation sera toujours au dessus, voilà, c'est tout.
En presque trente ans (il les fêtera l'année prochaine), Immolation n'a jamais sorti un mauvais disque, toujours cohérent, toujours solide, le monde pourrait bien subir une apocalypse nucléaire que le lendemain on trouverait Immolation toujours en train de jouer son Death Metal au milieu des cafards, insensible au temps qui passe, inébranlable, et ce n'est pas avec son dixième album que les américains vont nous faire une Morbid Angel, non, Atonement ne surprendra personne, et étrangement, c'est ça qui est bon, rien ne change et rien ne changera jamais, Immolation sera toujours au dessus.
Robert Vigna est toujours chauve, Ross Dolan a toujours le growl le plus monolithique de l'univers, Steve Shalaty est toujours là pour martyriser ses fûts, seul petit changement, le départ de Bill Taylor l'année dernière, remplacé par l'ancien guitariste d'Incantation Alex Bouks, même la pochette a été réalisé par le désormais fidèle Pär Olofsson, ouais, le but d'Immolation avec son album #10, c'est la constance, et en même temps, personne ne leur demande autre chose, la seule chose que le fan veut d'un album d'Immolation, c'est qu'il soit un album d'Immolation, point barre, l'originalité ne sera jamais un critère servant un juger ce genre d'album, le fan veut de l'Immolation pur jus, Immolation va lui en donner.
Evidemment, comme tous les groupes de Death bien décidé à ne jamais plus évoluer, Immolation va jouer sur les tempos pour faire passer tranquillement la pilule de l'immobilisme, ça marche toujours, et c'est là où va résider la différence avec Kingdom of Conspiracy en 2013, là où Immolation jouait sur la vélocité, les blast beats, et globalement une approche assez féroce, Atonement va singulièrement ralentir le rythme, et Immolation va proposer un Death Metal particulièrement oppressant et chargé d'atmosphères, lourd aussi, très très lourd, finalement assez proche des racines du projet, et cerise sur le gâteau, la production est bonne! à la poubelle le mastering dégueulasse et le brickwall surcompressé de l'album précédent, Atonement sonne de manière correcte, ce n'est pas non plus la folie avec son DR6, mais il y a du progrès et c'est globalement plus audible, le son est un peu plus organique et la batterie ne sonne pas comme une vilaine boite à rythmes.
The distorting Light va poser les bases de ce que sera Atonement, le rythme n'est pas forcément lent, le morceau en particulier et l'album en général ne sera pas avare en accélération véloce et sauvage, mais Immolation semble plus mesuré dans son Death, il ne veut pas aller trop vite, ni ralentir trop le rythme afin d'éviter de tomber dans le Doom, on peut presque dire qu'avec Atonement, Immolation semble maîtriser l'espace sonore comme jamais il ne l'avait fait auparavant, ce nouvel album est davantage une question d'équilibre qu'une démonstration de vitesse et de sauvagerie, Fostering the Divide est plutôt révélateur de cette volonté d'équilibre, le morceau est très lent, sinueux, et il s'agit d'un build-up particulièrement malin qui va lentement monter en pression pour délivrer la charge attendue en fin de morceau, simple, classique, efficace, When the Jackals Come fonctionnera sur le même modèle mais cette fois-ci en inversant le build-up, donnant un ensemble plutôt intéressant.
Délaissant la vitesse et la sauvagerie, Immolation se concentre ici davantage sur les atmosphères et surtout sur le Groove, un peu comme avait su le faire Morbid Angel avec Gateways to Annihilation, qui suivait également un album particulièrement basé sur la vélocité, Immolation suit un peu le même modèle, et il faudrait bien faire la fine bouche pour ne pas adhérer à la démarche, surtout que comme les gars sont des vétérans, ils sont suffisamment malins pour ne pas tomber dans le piège de l'ennui, Atonement a beau être moins énergique, plus mid-tempo, il n'en demeure pas moins que les américains compensent en proposant des morceaux toujours très variés, et surtout particulièrement punitifs dans leur genre, les morceaux seront vicieux, serpentant, chargés d'atmosphères suffocantes et de leads volubiles d'un Vigna au top de sa forme.
Bien sûr, vue l'orientation de l'album, il ne faudra pas s'attendre à des morceaux immédiats, l'orientation groove apocalyptique en mode rouleau-compresseur va donner des morceaux un poil moins évidents, qui prennent leur temps pour se développer, et d'ailleurs en parlant de groove, Destructive Currents est une sacré démonstration de force avec notamment une basse que l'on aurait aimé entendre davantage sur la plupart des autres titres, l'avantage de la formule diversifiée, avec des titres qui rebondissent constamment entre le mid-tempo oppressant et les accélérations en mode mandale dans ta gueule, c'est qu'Immolation parvient à créer une toute autre forme d'intensité, qui va se manifester sous d'autres formes que le traditionnel déluge de Blast beats, même si un titre comme Epiphany va en proposer quelques tonnes, pour un titre de clôture à la fois ultra véloce et abrasif.
C'est pareil, mais c'est différent, mais ça reste pareil, bref, c'est du Immolation qui fait la même chose de manière légèrement différente tout en maintenant assez haut ses standards de qualité.
Plus texturé, plus riche, presque plus monstrueux dans son approche, Atonement montre un Immolation davantage intéressé par les ambiances et le Groove que par la vitesse et la brutalité sauvage, une autre forme de violence qui fonctionne tout aussi bien car la signature Immolation est toujours présente, avec un son particulièrement massif, Immolation maîtrise ici davantage l'espace et l'occupe davantage en variant les rythmes et les atmosphères, Atonement n'est absolument pas une réinvention, loin de là vu, mais il parvient à maintenir la formule Immolation plutôt fraîche et pertinente même après une trentaine d'années de carrière, un Immolation ici un peu plus lent, plus Groovy, mais toujours aussi punitif et efficace.
Track Listing:
1. The Distorting Light 03:14
2. When the Jackals Come 03:54
3. Fostering the Divide 03:27
4. Rise the Heretics 03:41
5. Thrown to the Fire 04:04
6. Destructive Currents 04:26
7. Lower 04:01
8. Atonement 04:32
9. Above All 04:55
10. The Power of Gods 03:58
11. Epiphany 04:22
12. Immolation (Re-recorded/Bonus track) 04:13