Sadist a toujours été un groupe assez intéressant à voir en live, car voir le guitariste Tommy Talamanca jongler entre sa guitare et son clavier, voir même parfois jouer des deux à la fois, reste une expérience plutôt fascinante, mais bon, on ne va pas réduire le combo italien à un simple gimmick scénique, Sadist est avant tout un très bon groupe de Death/Jazz, qui avait complètement disparu de la circulation depuis la sortie de Season in Silence en 2010, le groupe donnait tellement peu de nouvelles qu'il était tout à fait possible qu'ils avaient encore splitté.
Bref, Season in Silence, c'était pas génial, oh bien sûr, il y avait de très bons trucs dedans, mais tout ça côtoyait le plus que moyen, ou plutôt le bordélique, à force de plonger dans le Jazz et d'expérimenter, Sadist s'était un peu perdu dans l'overdose de complexité, nous donnant un album plutôt illisible, certains diront que c'est pour ça qu'ils aiment Sadist, le groupe n'en fait qu'à sa tête et n'en a rien à foutre d'être bankable ou attirant (ils nous avaient déjà habitué à des changements stylistiques majeurs, passant du Death bizarre au Thrash avant de tomber dans le Jazz/Death), mais à force d'être trop élitiste, on finit par se couper de sa base, cinq ans plus tard, après être sorti par la petite porte, Sadist pète un carreau et revient par la fenêtre, pour une opération rachat? oui et non, mais plutôt non en fait...
J'y ai pourtant cru à cet album, je lui ai laissé sa chance, à de nombreuses reprises, sauf que rien n'y fait, Sadist est devenu un groupe plutôt chiant à écouter, toujours aussi complexe, et le groupe donne l'impression d'être devenu un bande de gars qui font principalement du Jazz enrobé de Metal sans que l'on ne sache plus vraiment pourquoi, c'est ballot quand même, c'était déjà le cas il y a cinq ans, et ça n'a pas trop changé, sauf que sur Hyaena, y'a un concept, ou plutôt un gimmick, puisque le truc est de faire tremper le Tech/Jazz progressivo-Death dans de la world music à forte coloration africaine, mouais, j'espère au moins que Talamanca poussera le vice jusqu'à ajouter le tam-tam à la liste des instruments dont il joue en même temps sur scène, avec le chanteur Trevor déguisé en guerrier maasaï.
En dehors de cette coloration africaine, rien n'a vraiment changé chez les pizzaïolo du Prog-Death, on retrouvera dans Hyaena les mêmes influences qu'avant, à savoir Atheist et Pestilence principalement, et l'intégration de tout un tas de micro-passages symphoniques/atmosphériques/iconoclastes, la marque de fabrique du groupe, sauf que là, ce sera plus cohérent grâce au thème commun présent sur la majorité des titres, et donc ouais, ça va branler et se branler à l'infini en destructurant tout ça le plus possible, parce que bon, c'est du prog, donc voilà, vous êtes pas supposé tout comprendre et plutôt vous prosterner devant la technique admirable des messieurs.
Dans ce merdier, évidemment, comme à chaque fois chez Sadist, il y aura du très bon, le titre d'ouverture The Lonely Mountain est plutôt sympa, et aussi du largement moins bien, et tout ça va se mélanger pour former un ensemble tout ce qu'il y a de plus chaotique et illisible, avec les instrumentations africaines ayant pour but de faire tenir tout ça debout, il va de soi que ça ne marchera pas vraiment et qu'on en restera aux démonstrations techniques entrecoupées de WTF atmosphériques (The Devil Riding the Evil Steed), d'ailleurs, on remarquera assez vite que les italiens réutilisent les mêmes orchestrations trop souvent, sur les premiers morceaux, l'effet de surprise joue à plain, mais par la suite, c'est vraiment très répétitif.
Bien sûr, Sadist réussi malgré tout deux-trois trucs sympas, notamment au niveau rythmique, un titre comme Bouki est le parfait exemple d'intégration réussie entre le drumming prog Death et les percussions tribales, sauf que pour le coup, les choix de la coloration au niveau des claviers est plutôt en décalage avec la dimension world music de la rythmique, je ne sais pas trop où ils veulent en venir en mélangeant deux choses qui ne fonctionnent pas ensemble, de la même manière, et ce sera le cas sur toutes les compositions de l'album, cette propension à proposer une musique toujours extrêmement syncopé, où les orchestrations donnent l'impression de seulement être là pour avertir d'un changement de direction, car c'est bien ça le problème, avec Sadist, on passe du coq à l'âne dans le plus grand des calmes sans se soucier une seconde de la cohérence du truc.
Hyaena donne l'impression d'être un patchwork assemblé en studio par un Tommy Talamanca bourré, les structures sont aléatoires, erratiques, ce qui va vite plomber les titres et s'avérer assez frustrant à entendre, car niveau technique, c'est du très très haut niveau, j'ai parlé du drumming, mais la basse est omniprésente avec des plans de fretless particulièrement savoureux, ce bon vieux Tommy balance aussi tout un tas de soli gouleyants, mais c'est tellement le bordel que rien ne fonctionne vraiment, et à part son gimmick tribal aux sonorités africaines, Sadist n'a pas grand chose à proposer en dehors de sa débauche technico-technique, reste aussi le chant de Trevor, toujours aussi vicieux et venimeux, même si l'on se demande encore ce qu'il fait là tant Sadist fait davantage dans le Jazz que dans le Death aujourd'hui.
Encore une fois, on nage en pleine confusion avec ce nouvel album de Sadist, complexe à l'extrême, décousu, erratique, iconoclaste, et donc irrémédiablement bancal, malgré un gimmick world music pour relier tout ça, l'album est on ne peut plus hétérogène, et finit par lasser très vite tant il peut s'avérer hermétique.
Sadist a toujours eu un potentiel énorme, mais les italiens n'en ont jamais rien fait, enfin, disons plutôt qu'ils sont partis dans toutes les directions... en même temps, et Hyaena est finalement l'aboutissement de cette course effrénée vers nulle part, ce disque est un patchwork assemblé en aveugle d'éléments hétéroclites, parfois, par miracle, ça donne des moments sympa, mais la plupart du temps, c'est complètement foireux, Hyaena est à l'image de Sadist, difficile à suivre, impalpable, et bien sûr bordélique.
Track Listing:
1. The Lonely Mountain 05:14
2. Pachycrocuta 04:03
3. Bouki 03:44
4. The Devil Riding the Evil Steed 05:30
5. Scavenger and Thief 04:19
6. Gadawan Kura 03:40
7. Eternal Enemies 04:13
8. African Devourers 04:18
9. Scratching Rocks 04:49
10. Genital Mask 05:54