On ne va pas se mentir, je n'étais pas très chaud pour vous livrer une chronique de ce nouveau Faith No More, après tout, ce blog parle de Metal et Faith No More n'est pas franchement un groupe de Metal au sens strict du terme, même si l'influence du groupe est indéniable sur une certaine scène Metal alternatif, malgré tout, comme j'adore ce groupe et que c'est le premier album de Faith No More depuis 1997, Sol Invictus est un petit événement duquel je ne pouvais pas passer à côté, l'autre raison pour laquelle je ne souhaitais pas en faire la chronique, c'est qu'il est mauvais.
Si Sol Invictus était sorti 2-3 ans après un Album of the Year déjà, à raison, froidement accueilli, il se serait fait démonter, seulement voilà, la hype du retour aux affaires de FNM semble provoquer une certaine complaisance chez les fans et la critique qui vous diront que c'est un putain de retour en forme pour FNM... ce qui n'est pas le cas, Sol Invictus n'est pas un très bon disque, il est à peine moyen, voir même par moment carrément médiocre, en tout cas largement inférieur à ce que l'on était en droit d'attendre après 18 ans de silence...
Sincèrement, je n'espérais pas que Sol Invictus soit du niveau de The Real Thing ou d'Angel Dust, ni même qu'il atteigne le niveau de folie d'un King for a Day complètement bordélique, j'avais quand même des attentes assez mesurées, et malgré cela, j'en arrive à être déçu par ce nouvel album, qui réussit l'exploit d'être encore plus mauvais qu'Album of the Year, c'est vous dire à quel point ce disque peut être décevant, ne provoquant qu'ennui et exaspération devant un tel gâchis.
Le problème de sol Invictus est qu'il donne l'impression de n'être qu'une déclinaison du Oddfellows de Tomahawk, l'un des projets parallèles de Mike Patton, j'aime bien Tomahawk après tout, mais en écoutant un album de Faith no More, j'aurais aimé avoir du Faith No More plutôt que du Tomahawk, c'était trop demander? Ce n'est d'ailleurs pas seulement Tomahawk car on pourrait s'amuser à relier chaque titre de Sol Invictus à tous les groupes de Patton, chose que l'on ne fera pas ici car je n'ai pas envie de jouer à ça.
Le pire dans tout ça, c'est que Faith No More semble être persuadé d'être dans le vrai et de sortir un bon disque, ce qui rend l'écoute de Sol Invictus encore plus triste, FNM ne se remet pas en question, ne propose rien de neuf, et semble se complaire à juste offrir de la banalité générique en forme de recyclage à des fans qui n'attendent peut-être que ça, cette réunion de FNM donne davantage l'impression d'être un moyen de faire du blé alors que l'envie n'y est pas vraiment, le genre d'album forcé où même Patton semble se faire chier, Sol Invictus ne propose aucun challenge, que ce soit pour le groupe ou pour l'auditeur, il n'est qu'une petite resucée de ce qu'a été le groupe par le passé, sans conviction, sans franchement d'inspiration non plus, Sol Invictus est le petit album minable d'un grand groupe.
On va sentir le coup fourré dès le premier titre éponyme, on dirait une intro, voir même un build up... mais rien, que dalle, le morceau s'arrête après plus de deux minutes de duo batterie/piano survolé par le chant de Patton partagé entre les mélodies et le spoken words, le morceau ne débouche sur rien de concret et ne sert globalement à rien, c'est le premier acte manqué d'un disque qui en comptera de très nombreux.
On ne va pas y aller par quatre chemins, Superhero est surement le meilleur titre de l'album, et c'en est triste à pleurer que ce morceau qui n'aurait été qu'une honnête face-b passable il y a vingt ans soit désormais tout ce que Faith No More est capable de faire de mieux, et l'on pourrait facilement en dire autant des deux seules autres "satisfactions" de l'album, Matador et Motherfucker, car même si l'on prend un certain plaisir à retrouver un Faith No More conforme aux attentes, surtout le côté bizarre, malsain et étrangement catchy de Motherfucker, il n'en demeure pas moins que ces deux morceaux sont assez passables, surtout dans leur construction bien trop basique et prévisible.
La plupart des morceaux souffrent de la même construction, des build-up dramatiques et théâtraux qui amènent un climax qui sera toujours plus ou moins décevant, un titre comme Separation Anxiety est assez révélateur d'un certain dilettantisme dans le songwritting, sorte de morceau typique de Faith no more, sans grand intérêt, sans envergure, d'un groupe qui semble être dans un sorte de pilotage automatique.
L'album ne propose aucun moment fort, aucun titre qui mérite qu'on y revienne, une gageure pour un disque d'à peine quarante minutes que l'on aurait imaginé plus impactant et punchy, il n'en est rien, c'est l'ennui qui prédomine sur Sol Invictus, et le sentiment de s'être un peu fait niquer après tant d'années d'attente.
Sol Invictus manque d'énergie et de pêche pour pouvoir véritablement fonctionner, et avec un songwritting aussi défaillant et peu inspiré, l'échec était inévitable, FNM passe son temps à se répéter sans trop se faire chier, et cet ennui sera renforcé par une production (notons que l'album est globalement auto-produit, ce qui doit expliquer beaucoup de choses...) qui semble tout faire pour annihiler toute notion de dynamisme de la musique du groupe, ce qui fait qu'il n'y aura pas grand chose à sauver du classicisme quelconque de morceaux comme Sunny Side Up, Rise of the Fall, ou encore Cone of Shame, tout ce que fait Faith No More, il le fait sans ambition, sans envergure, avec des morceaux trop confortables et génériques, en roue libre, et sans direction précise.
L'album est insipide, et on se demande même si les guitares son encore importantes pour Faith No More tant la passivité des guitaristes est flagrante, l'album pourrait se résumer à de la batterie, pourtant perdue au loin dans le mix, des claviers et du piano, avec un Roddy Bottum qui se taille la part du lion, ainsi que le chant de Patton, les guitares? rien à branler, elle ne servent que d'accompagnement ici, tout ça me fait dire qu'on a quand même largement perdu au change avec Jon Hudson par rapport à Jim Martin, qu'il aurait été surement plus intéressant de faire revenir, même la basse de Billy Gould a tendance à complètement disparaître par moment alors qu'elle était par le passé l'un des piliers du son du groupe.
Venant d'un groupe qui nous avait habitué à des choix artistiques diablement couillus par le passé, la passivité et le caractère insipide du songwritting sont plutôt rédhibitoires, Sol Invictus est un album bien trop classique dans sa conception, et à la limite, on peut se demander si les gars ne se foutent pas un peu de notre gueule, Sol Invictus est un ensemble de références, que ce soit à la discographie de Faith No More, et à la carrière solo de Patton, où il n'y aurait aucun changement drastique à la formule d'un Album of the Year déjà bien terne et sans grand intérêt, il n'y a aucune folie dans cet album, aucun morceau qui va vous botter le cul, ni même un bon vieux titre catchy bien commercial, terme qui dans le cas de Faith No More n'a rien de péjoratif, même le côté fusion furieuse est passé à la trappe au profit d'une fusion de feignasse toute en lassitude.
Le manque de folie, on le note dans le chant, que Mike Patton soit capable de tout chanter, on le savait, mais Patton reste ici dans un registre assez convenu, utilisant principalement son chant de crooner et du spoken words, certains passages plus nerveux seront bien entendu au programme, mais ils seront une exception dans une prestation généralement bien terne, et c'est à l'image du disque, Patton donne vraiment l'impression de s'ennuyer ferme et de nous offrir le minimum syndical.
Attendre dix-huit ans un nouvel album de Faith No More et avoir droit à Sol Invictus, c'est un peu comme avoir une gigantesque envie de chier, courir aux chiottes et juste lâcher un petit vent minable, tout ça pour ça...
Sol Invictus, c'est le petit album sans intérêt d'un grand groupe qui aurait mieux fait de s'abstenir et de seulement se contenter de tourner, cela nous aurait éviter un album tout ce qu'il y a de plus inutile, qui par dessus le marché fait un peu tâche dans la discographie du groupe.
Sans punch, sans surprise, sans inspiration, sans aucune putain d'idée de quelle direction suivre, Faith No More nous livre un disque plutôt médiocre et facilement oubliable, où aucun titre ne donne envie d'y revenir, du "classique" sans grande imagination ni envergure, avec un manque d'énergie flagrant, c'est malheureusement tout ce dont Faith No More était capable en 2015, triste...
Pas à la hauteur
Track Listing:
1. Sol Invictus 2:37
2. Superhero 5:15
3. Sunny Side Up 2:59
4. Separation Anxiety 3:44
5. Cone of Shame 4:40
6. Rise of the Fall 4:09
7. Black Friday 3:19
8. Motherfucker 3:33
9. Matador 6:09
10. From the Dead 3:06