On peut toujours compter sur le label italien Code666 pour nous délivrer notre dose de Metal bizarre à chaque début d'année, et ça tombe bien, puisque le mois de février est toujours un mois assez pauvre en sorties d'albums sympa, et bon, dans la mesure où j'aime le Metal et que j'aime aussi le bizarre, ce label et moi sommes faits pour nous aimer.
Après un premier album Abominamentvm en 2012 qui était donc... euh ouais, bizarre, et un EP en 2013, le très bien nommé Goliath, revoilà Imperial Triumphant et son Black Metal avant-gardiste étrange pour de nouvelles aventures dans la noirceur absolue des ténèbres, car c'est bien de ça dont il s'agit avec Abyssal Gods, tout ce que les américains font ici, ils le faisaient déjà en 2012, sauf que pour ce deuxième effort, Imperial Triumphant s'enfonce encore plus loin dans les enfers, Abyssal Gods est plus sombre encore, plus violent, encore plus torturé et schizophrène, et l'on a quasiment affaire au paroxysme de la musique d'Imperial Triumphant, où chaque élément d'Abominamentvm est poussé à l'extrême, amateur de musique non linéaire et de dissonances déstructurées, ceci est pour toi...
Je parlais de Black Metal avant-gardiste en intro, mouais, c'est une étiquette un peu foireuse tant Imperial Triumphant navigue dans tous les courants du Metal extrême, le Black Metal bien sûr, mais aussi le Death Metal, mais le Death non conventionnel, celui qui est technique, sinueux, abstrait, et Imperial Triumphant, c'est en quelque sorte le résultat d'une copulation grotesque entre les français de Deathspell Omega et les géniaux Gorguts, et l'on pourra rajouter la même faculté à faire bouger les lignes qu'un Ulcerate.
Ouais, Gorguts plus Deathspell Omega, ça me paraît pas mal pour débuter, sans pour autant parvenir à capturer l'essence de tout ce qui vous attend au sein d'Abyssal Gods, tout à fait le genre d'album de psychopathe susceptible de vous amener au bord de la folie, et comme j'aime bien les étiquettes à la con, on appellera ça du Post-Black Moderne expérimental, car oui, expérimental, Abyssal Gods l'est incontestablement, en empruntant autant au Death Metal qu'à la musique classique et au Jazz, faut dire aussi que le line-up à un CV impressionnant et que la performance d'ensemble est techniquement phénoménale.
Autout du chanteur guitariste Ilya Goddessraper, on trouve quand même, excusez du peu, la section rythmique de Pyrrhon, le bassiste Erik Malave et le batteur tech-Death jazzy Alex Cohen, et pour plus de folie, un deuxième batteur est de la partie, le phénoménal Kenny Grohowski, les deux se partagent le boulot au gré des morceaux, et on ne va pas y aller par quatre chemins, c'est juste absolument monstrueux d'un point de vue rythmique, c'est même quasiment du jamais entendu dans un album de Black, et cette basse putain, qui occupe un espace complètement dingue, et c'est là qu'on arrive à la grande force d'Imperial Triumphant, cette capacité à prendre des éléments non linéaires, parfois complètement opposés, et parvenir à former un tout cohérent, car Abyssal Gods à un flot particulier, ça pourrait être un gigantesque bordel wtf sans queue ni tête, mais ça marche, c'est cohérent du début à la fin.
Abyssal Gods est ce genre d'album multi-facettes où toutes les textures s’entremêlent, s'entrechoquent au sein d'un ensemble fascinant de noirceur et de folie, un cauchemar psychédélique et horrifique qui pousse le Black Metal dans ses derniers retranchements.
From Palaces of the Hive s'ouvre sur un passage ultra brutal et malsain, déconstruit mais cohésif, une mandale schizophrène qui va nous emmener, au travers d'un break faisant référence à la musique classique, dans une seconde partie atmosphérique et glauque à souhait parfois à la limite d'un Drone/Doom dégueulasse, où le growl vomi par Ilya Goddessraper ne fait que renforcer ce sentiment de nausée extrême qui se poursuivra sur le court morceau éponyme à la brutalité atmosphérique, une sorte d'interlude qui contribue au flux particulier de l'album, qui permet à Imperial Triumphant de faire le lien entre ses différents mouvements, et celle-ci permet d'introduire un Dead Heaven monstrueux et ritualiste, avec une avalanche de breakdowns et de changements de direction abruptes, l'assaut est brutal, malfaisant, et sulfureux, presque une déconstruction suivie d'une reconstruction du Black Metal.
Celestial War Rape joue son rôle de transition orchestrale assez cinématographique servant d'introduction à un nouveau titre de cinglé, Opposing Holiness, qui est surement le morceau le plus psychotique de la galette, ça commence lentement, de manière menaçante, et d'un seul coup, il y a un micro break étrange qui désarçonne complètement l'auditeur pour son côté WTF et qui ne le prépare pas du tout à la grosse accélération qui va suivre, ce titre est fou, ultra violent, avec des breakdowns stratosphériques, une basse gigantesque, et des riffs distordus, gavé de trouvailles sonores, ce morceau est tout simplement indescriptible pour tout ce qui s'y passe, et en quelque sorte, il sera l'opposé de Krokodil, un pavé de huit minutes qui va œuvrer dans un Doom/Drone ésotérique et ritualiste à l'atmosphère étouffante, une longue pièce maladive et nauséeuse qui nous plonge dans l'obscurité, et après ce morceau ambiancé, on retrouvera une fois encore sur Twins cette référence au Drone mais traité au travers du prisme de la violence, une brutalité chaotique qui joue beaucoup sur la répétition et le groove ténébreux.
L'interlude classique Vatican Lust aux violons et aux cloches d'église nous entraîne dans la dernière partie de l'album, et un Black Psychedelia comme couronnement d'Abyssal Gods, c'est un peu comme écouter un Hail spirit Noir sous Crack, Black Psychedelia est une longue pièce divisée en plusieurs mouvements, entre le psychédélique atmosphérique menaçant et les sursauts de violence monstrueux, entre le Drone et le Black à l'intense sauvagerie, où l'on trouve même un passage surchargé en leads, chose rare chez Imperial Triumphant; Metropolis conclura l'album avec une petite touche arty, une outro instrumentale à base de piano et de cordes complètements déstructurés, une délicieuse cacophonie à la fois inutile et nécessaire.
Abyssal Gods est incroyablement dense, multi-texturés, plein de surprises, menaçant, brutal, atmosphérique, et tout ça tient debout en partie grâce à la production démoniaque de l'hyperactif de service Colin Marston (Gorguts, Krallice, Dysrhythmia...), à la fois puissante, claire, dynamique, et un son pas trop compressé puisqu'on a affaire à un DR8 très correct, Marston a réussi à rendre chaque élément de la musique d'Imperial Triumphant audible, les deux batteurs se complètent admirablement, le chant n'est pas trop mis en avant, et la basse à toute sa place et toute latitude pour naviguer entre la batterie et les riffs de Goddessraper, du bien bel ouvrage au niveau du son, ça change de certaines productions récentes...
Dire qu'Imperial Triumphant a frappé fort avec son second album est un doux euphémisme, Abyssal Gods est un monument d'art noir moderne et expérimental, qui semble échapper à toute tentative de catégorisation, du Black, certes, mais du Death aussi, ainsi que du classique, du jazz, du Doom, du Drone, Imperial Triumphant parvient à allier toutes ses influences pour bâtir quelque chose de diablement original et novateur.
Abyssal Gods est très très dense, mais jamais vraiment surchargé, et demeure, malgré sa propension à partir dans l'avant-garde, plutôt accessible, à condition bien sûr d'avoir l'esprit un peu ouvert et d'apprécier les plongées dans les abysses de l'âme humaine, Imperial Triumphant est encore plus torturé qu'avant, et délivre ici une oeuvre à la noirceur absolue, mais non dénuée de certaines nuances, une brutalité malsaine qui donne la nausée et qui ne laisse pas indifférent.
Abyssal Gods est la première très très grosse claque dans la gueule de ce début d'année, un cauchemar psychédélique et horrifique que je ne peux que vous recommander d'urgence.
Après un premier album Abominamentvm en 2012 qui était donc... euh ouais, bizarre, et un EP en 2013, le très bien nommé Goliath, revoilà Imperial Triumphant et son Black Metal avant-gardiste étrange pour de nouvelles aventures dans la noirceur absolue des ténèbres, car c'est bien de ça dont il s'agit avec Abyssal Gods, tout ce que les américains font ici, ils le faisaient déjà en 2012, sauf que pour ce deuxième effort, Imperial Triumphant s'enfonce encore plus loin dans les enfers, Abyssal Gods est plus sombre encore, plus violent, encore plus torturé et schizophrène, et l'on a quasiment affaire au paroxysme de la musique d'Imperial Triumphant, où chaque élément d'Abominamentvm est poussé à l'extrême, amateur de musique non linéaire et de dissonances déstructurées, ceci est pour toi...
Je parlais de Black Metal avant-gardiste en intro, mouais, c'est une étiquette un peu foireuse tant Imperial Triumphant navigue dans tous les courants du Metal extrême, le Black Metal bien sûr, mais aussi le Death Metal, mais le Death non conventionnel, celui qui est technique, sinueux, abstrait, et Imperial Triumphant, c'est en quelque sorte le résultat d'une copulation grotesque entre les français de Deathspell Omega et les géniaux Gorguts, et l'on pourra rajouter la même faculté à faire bouger les lignes qu'un Ulcerate.
Ouais, Gorguts plus Deathspell Omega, ça me paraît pas mal pour débuter, sans pour autant parvenir à capturer l'essence de tout ce qui vous attend au sein d'Abyssal Gods, tout à fait le genre d'album de psychopathe susceptible de vous amener au bord de la folie, et comme j'aime bien les étiquettes à la con, on appellera ça du Post-Black Moderne expérimental, car oui, expérimental, Abyssal Gods l'est incontestablement, en empruntant autant au Death Metal qu'à la musique classique et au Jazz, faut dire aussi que le line-up à un CV impressionnant et que la performance d'ensemble est techniquement phénoménale.
Autout du chanteur guitariste Ilya Goddessraper, on trouve quand même, excusez du peu, la section rythmique de Pyrrhon, le bassiste Erik Malave et le batteur tech-Death jazzy Alex Cohen, et pour plus de folie, un deuxième batteur est de la partie, le phénoménal Kenny Grohowski, les deux se partagent le boulot au gré des morceaux, et on ne va pas y aller par quatre chemins, c'est juste absolument monstrueux d'un point de vue rythmique, c'est même quasiment du jamais entendu dans un album de Black, et cette basse putain, qui occupe un espace complètement dingue, et c'est là qu'on arrive à la grande force d'Imperial Triumphant, cette capacité à prendre des éléments non linéaires, parfois complètement opposés, et parvenir à former un tout cohérent, car Abyssal Gods à un flot particulier, ça pourrait être un gigantesque bordel wtf sans queue ni tête, mais ça marche, c'est cohérent du début à la fin.
Abyssal Gods est ce genre d'album multi-facettes où toutes les textures s’entremêlent, s'entrechoquent au sein d'un ensemble fascinant de noirceur et de folie, un cauchemar psychédélique et horrifique qui pousse le Black Metal dans ses derniers retranchements.
From Palaces of the Hive s'ouvre sur un passage ultra brutal et malsain, déconstruit mais cohésif, une mandale schizophrène qui va nous emmener, au travers d'un break faisant référence à la musique classique, dans une seconde partie atmosphérique et glauque à souhait parfois à la limite d'un Drone/Doom dégueulasse, où le growl vomi par Ilya Goddessraper ne fait que renforcer ce sentiment de nausée extrême qui se poursuivra sur le court morceau éponyme à la brutalité atmosphérique, une sorte d'interlude qui contribue au flux particulier de l'album, qui permet à Imperial Triumphant de faire le lien entre ses différents mouvements, et celle-ci permet d'introduire un Dead Heaven monstrueux et ritualiste, avec une avalanche de breakdowns et de changements de direction abruptes, l'assaut est brutal, malfaisant, et sulfureux, presque une déconstruction suivie d'une reconstruction du Black Metal.
Celestial War Rape joue son rôle de transition orchestrale assez cinématographique servant d'introduction à un nouveau titre de cinglé, Opposing Holiness, qui est surement le morceau le plus psychotique de la galette, ça commence lentement, de manière menaçante, et d'un seul coup, il y a un micro break étrange qui désarçonne complètement l'auditeur pour son côté WTF et qui ne le prépare pas du tout à la grosse accélération qui va suivre, ce titre est fou, ultra violent, avec des breakdowns stratosphériques, une basse gigantesque, et des riffs distordus, gavé de trouvailles sonores, ce morceau est tout simplement indescriptible pour tout ce qui s'y passe, et en quelque sorte, il sera l'opposé de Krokodil, un pavé de huit minutes qui va œuvrer dans un Doom/Drone ésotérique et ritualiste à l'atmosphère étouffante, une longue pièce maladive et nauséeuse qui nous plonge dans l'obscurité, et après ce morceau ambiancé, on retrouvera une fois encore sur Twins cette référence au Drone mais traité au travers du prisme de la violence, une brutalité chaotique qui joue beaucoup sur la répétition et le groove ténébreux.
L'interlude classique Vatican Lust aux violons et aux cloches d'église nous entraîne dans la dernière partie de l'album, et un Black Psychedelia comme couronnement d'Abyssal Gods, c'est un peu comme écouter un Hail spirit Noir sous Crack, Black Psychedelia est une longue pièce divisée en plusieurs mouvements, entre le psychédélique atmosphérique menaçant et les sursauts de violence monstrueux, entre le Drone et le Black à l'intense sauvagerie, où l'on trouve même un passage surchargé en leads, chose rare chez Imperial Triumphant; Metropolis conclura l'album avec une petite touche arty, une outro instrumentale à base de piano et de cordes complètements déstructurés, une délicieuse cacophonie à la fois inutile et nécessaire.
Abyssal Gods est incroyablement dense, multi-texturés, plein de surprises, menaçant, brutal, atmosphérique, et tout ça tient debout en partie grâce à la production démoniaque de l'hyperactif de service Colin Marston (Gorguts, Krallice, Dysrhythmia...), à la fois puissante, claire, dynamique, et un son pas trop compressé puisqu'on a affaire à un DR8 très correct, Marston a réussi à rendre chaque élément de la musique d'Imperial Triumphant audible, les deux batteurs se complètent admirablement, le chant n'est pas trop mis en avant, et la basse à toute sa place et toute latitude pour naviguer entre la batterie et les riffs de Goddessraper, du bien bel ouvrage au niveau du son, ça change de certaines productions récentes...
Dire qu'Imperial Triumphant a frappé fort avec son second album est un doux euphémisme, Abyssal Gods est un monument d'art noir moderne et expérimental, qui semble échapper à toute tentative de catégorisation, du Black, certes, mais du Death aussi, ainsi que du classique, du jazz, du Doom, du Drone, Imperial Triumphant parvient à allier toutes ses influences pour bâtir quelque chose de diablement original et novateur.
Abyssal Gods est très très dense, mais jamais vraiment surchargé, et demeure, malgré sa propension à partir dans l'avant-garde, plutôt accessible, à condition bien sûr d'avoir l'esprit un peu ouvert et d'apprécier les plongées dans les abysses de l'âme humaine, Imperial Triumphant est encore plus torturé qu'avant, et délivre ici une oeuvre à la noirceur absolue, mais non dénuée de certaines nuances, une brutalité malsaine qui donne la nausée et qui ne laisse pas indifférent.
Abyssal Gods est la première très très grosse claque dans la gueule de ce début d'année, un cauchemar psychédélique et horrifique que je ne peux que vous recommander d'urgence.
Track Listing:
1. From Palaces of the Hive 04:23
2. Abyssal Gods 02:08
3. Dead Heaven 04:34
4. Celestial War Rape 01:36
5. Opposing Holiness 03:43
6. Krokodil 08:13
7. Twins 04:07
8. Vatican Lust 02:44
9. Black Psychedelia 06:23
10. Metropolis 04:01