C'est la grande rentrée 2015 pour ce blog après quelques jours de repos bien mérités, et pour célébrer ça en beauté, rien de mieux qu'une chronique, ce qui est toujours une bonne idée.
Enfin, quand je dis bonne idée, faut voir, car aujourd'hui nous allons parler d'un groupe que l'on qualifiera de très particulier qui risque de diviser et de laisser perplexe certains d'entre-vous qui se décideraient à l'écouter, car ce groupe pratique un Metal très peu orthodoxe.
Snakefeast, tout droit venu de Baltimore, nous propose avec The Pythoness son premier album via les toujours excellents Grimoire Records, le groupe se compose du bassiste Carson Korman, du batteur Dave Cavalier, le chant étant assuré par le boss du label himself Phil Doccolo, à ce trio s'ajoute un violoncelliste ainsi que deux saxophonistes pour le fun, vous ne remarquez rien? il ne manquerait pas un truc dans la composition du groupe? Voilà, vous venez de comprendre la particularité majeure de Snakefeast...
Snakefeast s'est quand même lancé un sacré défi pour son premier album, faire du Metal sans guitares, ce qui est vous l'avouerez plutôt couillu, mais c'est précisément ce qui rend The Pythoness très dérangeant et inconfortable, mais également diablement intéressant pour les figures de style qu'il se propose d'aborder.
Le style justement, comme j'aime bien les étiquettes à rallonge, je me lance, Snakefeast fait du Blackened Doom Sludge Jazzy psychotique, où alors on peut tout simplement classer tout ça sous l'étiquette Avant-Garde voir même Expérimental, ça marche aussi.
Vous l'aurez deviné, sans guitares, ça va être bizarre et surtout, il va falloir meubler pour remplir le vide, et c'est là que Snakefeast va se montrer très malin.
L'absence de guitare pourrait être un manque, c'est un peu le cas au début, tant on se retrouve assez décontenancé par la musique des américains au premier abord, c'est typiquement le genre d'album qui demande plusieurs écoutes pour bien rentrer dedans, de ce fait, le son de Snakefeast va s'articuler sur plusieurs piliers, une section rythmique prog/Jazz galopante, le chant inhumain et malsain de Doccolo très typé Blackened Sludge, un chant cauchemardesque mixé un peu en retrait histoire de le rendre encore plus flippant, et bien entendu, tout cela va reposer sur les lignes de basse de Korman, souvent aussi barrées que celles de Claypool.
Tout ça pour dire que du début à la fin, ça va être bizarre et dérangeant, dès le titre d'ouverture, Blight va montrer de quoi Snakefeast est capable, cinq minutes divisées en trois mouvements, où l'on démarre par un Doom très sombre, presque atmosphérique, sur lequel résonne les hurlements incantatoires de Doccolo, qui nous amène vers une seconde partie plus galopante avec une basse à la Primus et un rythme étrangement catchy, et soudain, au milieu du morceau, gros Plot-Twist avec l'arrivée inattendu du violoncelle qui va couvrir la seconde moitié du morceau d'un épais manteau de mélancolie, renforçant encore davantage le sentiment de malaise provoqué par le chant de Doccolo.
Le violoncelle et le saxophone vont subir un traitement assez particulier ici, les textures ont souvent tendance à se mêler, et Snakefeast les utilisent avec parcimonie, le violoncelle se fait souvent clairement entendre, mais n'est pas du tout utilisé comme un gadget, quand au saxophone, il est présent partout et nulle part, il sert à donner du corps à The Pythoness, contribue à l'édification du mur sonore des américains, souligne certains passages, sans qu'il ne sorte jamais véritablement au grand jour, c'est en quelque sorte l'acteur de l'ombre de l'album, et l'on aurait aimé que Snakefeast utilise plus souvent tous les éléments à sa disposition, il le fait dans la seconde moitié de l'album, beaucoup moins dans la première, avec des morceaux comme Sequel où Golem, qui évoluent quasiment dans le Free-Jazz quelque peu abscons, avec de très nombreux changements de rythmes, des séquences de basses d'une autre planète, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il manque un truc, un vide qui n'est pas compensé par le surplus de Groove, notamment sur un morceau comme Devour, où l'on a l'impression de voir évoluer devant nous un squelette d'un morceau de Sludge Stoner sans énormément de substance, ce qui est pour moi un peu gênant, et il y a souvent des moments dans cette première partie d'album où Snakefeast s'enferme dans ses figures de style jazzy, où l'auditeur n'est au final qu'un spectateur lointain qui ne comprend pas tout ce qui se passe, pas aidé par des compositions un poil trop tortueuses et des constructions absolument pas conventionnelles.
Fort heureusement, à partir de Vessel, et jusqu'à la fin de l'album, la donne va changer et Snakefeast parviendra avec brio à remplir les blancs sur quatre morceaux, Vessel confine au drone répétitif avec un saxophone lointain mais omniprésent et une section rythmique imposante, le morceau a vraiment une dimension atmosphérique, et dans le genre, Wither sera encore plus richement texturé avec son instrumentation incroyablement sophistiquée, le saxophone est davantage présent et le Groove déployé rend le morceau une fois de plus très accrocheur, Cave agit d'ailleurs comme une continuation, ainsi que comme une variation de Wither où la basse reprend certains passages de saxophone, avec un bon break atmosphérique qui souligne le caractère torturé des vocaux, et en parlant de torture, le dernier morceau, Damiens (pour lequel un clip très joli a été réalisé), renvoie à Robert-François Damiens, exécuté publiquement par écartèlement pour avoir tenté d'assassiner le roi Louis XV, un titre, à l'atmosphère lugubre et mélancolique renforcée par un violoncelle omniprésent, menaçant et maladif...
Enfin, quand je dis bonne idée, faut voir, car aujourd'hui nous allons parler d'un groupe que l'on qualifiera de très particulier qui risque de diviser et de laisser perplexe certains d'entre-vous qui se décideraient à l'écouter, car ce groupe pratique un Metal très peu orthodoxe.
Snakefeast, tout droit venu de Baltimore, nous propose avec The Pythoness son premier album via les toujours excellents Grimoire Records, le groupe se compose du bassiste Carson Korman, du batteur Dave Cavalier, le chant étant assuré par le boss du label himself Phil Doccolo, à ce trio s'ajoute un violoncelliste ainsi que deux saxophonistes pour le fun, vous ne remarquez rien? il ne manquerait pas un truc dans la composition du groupe? Voilà, vous venez de comprendre la particularité majeure de Snakefeast...
Snakefeast s'est quand même lancé un sacré défi pour son premier album, faire du Metal sans guitares, ce qui est vous l'avouerez plutôt couillu, mais c'est précisément ce qui rend The Pythoness très dérangeant et inconfortable, mais également diablement intéressant pour les figures de style qu'il se propose d'aborder.
Le style justement, comme j'aime bien les étiquettes à rallonge, je me lance, Snakefeast fait du Blackened Doom Sludge Jazzy psychotique, où alors on peut tout simplement classer tout ça sous l'étiquette Avant-Garde voir même Expérimental, ça marche aussi.
Vous l'aurez deviné, sans guitares, ça va être bizarre et surtout, il va falloir meubler pour remplir le vide, et c'est là que Snakefeast va se montrer très malin.
L'absence de guitare pourrait être un manque, c'est un peu le cas au début, tant on se retrouve assez décontenancé par la musique des américains au premier abord, c'est typiquement le genre d'album qui demande plusieurs écoutes pour bien rentrer dedans, de ce fait, le son de Snakefeast va s'articuler sur plusieurs piliers, une section rythmique prog/Jazz galopante, le chant inhumain et malsain de Doccolo très typé Blackened Sludge, un chant cauchemardesque mixé un peu en retrait histoire de le rendre encore plus flippant, et bien entendu, tout cela va reposer sur les lignes de basse de Korman, souvent aussi barrées que celles de Claypool.
Tout ça pour dire que du début à la fin, ça va être bizarre et dérangeant, dès le titre d'ouverture, Blight va montrer de quoi Snakefeast est capable, cinq minutes divisées en trois mouvements, où l'on démarre par un Doom très sombre, presque atmosphérique, sur lequel résonne les hurlements incantatoires de Doccolo, qui nous amène vers une seconde partie plus galopante avec une basse à la Primus et un rythme étrangement catchy, et soudain, au milieu du morceau, gros Plot-Twist avec l'arrivée inattendu du violoncelle qui va couvrir la seconde moitié du morceau d'un épais manteau de mélancolie, renforçant encore davantage le sentiment de malaise provoqué par le chant de Doccolo.
Le violoncelle et le saxophone vont subir un traitement assez particulier ici, les textures ont souvent tendance à se mêler, et Snakefeast les utilisent avec parcimonie, le violoncelle se fait souvent clairement entendre, mais n'est pas du tout utilisé comme un gadget, quand au saxophone, il est présent partout et nulle part, il sert à donner du corps à The Pythoness, contribue à l'édification du mur sonore des américains, souligne certains passages, sans qu'il ne sorte jamais véritablement au grand jour, c'est en quelque sorte l'acteur de l'ombre de l'album, et l'on aurait aimé que Snakefeast utilise plus souvent tous les éléments à sa disposition, il le fait dans la seconde moitié de l'album, beaucoup moins dans la première, avec des morceaux comme Sequel où Golem, qui évoluent quasiment dans le Free-Jazz quelque peu abscons, avec de très nombreux changements de rythmes, des séquences de basses d'une autre planète, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il manque un truc, un vide qui n'est pas compensé par le surplus de Groove, notamment sur un morceau comme Devour, où l'on a l'impression de voir évoluer devant nous un squelette d'un morceau de Sludge Stoner sans énormément de substance, ce qui est pour moi un peu gênant, et il y a souvent des moments dans cette première partie d'album où Snakefeast s'enferme dans ses figures de style jazzy, où l'auditeur n'est au final qu'un spectateur lointain qui ne comprend pas tout ce qui se passe, pas aidé par des compositions un poil trop tortueuses et des constructions absolument pas conventionnelles.
Fort heureusement, à partir de Vessel, et jusqu'à la fin de l'album, la donne va changer et Snakefeast parviendra avec brio à remplir les blancs sur quatre morceaux, Vessel confine au drone répétitif avec un saxophone lointain mais omniprésent et une section rythmique imposante, le morceau a vraiment une dimension atmosphérique, et dans le genre, Wither sera encore plus richement texturé avec son instrumentation incroyablement sophistiquée, le saxophone est davantage présent et le Groove déployé rend le morceau une fois de plus très accrocheur, Cave agit d'ailleurs comme une continuation, ainsi que comme une variation de Wither où la basse reprend certains passages de saxophone, avec un bon break atmosphérique qui souligne le caractère torturé des vocaux, et en parlant de torture, le dernier morceau, Damiens (pour lequel un clip très joli a été réalisé), renvoie à Robert-François Damiens, exécuté publiquement par écartèlement pour avoir tenté d'assassiner le roi Louis XV, un titre, à l'atmosphère lugubre et mélancolique renforcée par un violoncelle omniprésent, menaçant et maladif...
Sombre, bizarre, torturé, et expérimental, Snakefeast nous propose un premier album particulièrement intéressant pour ses figures de style et ses divers essais, bien sûr, vu le caractère expérimental de The Pythoness, il est normal que certaines tentatives partent un peu en vrille, mais même quand c'est le cas, les américains parviennent à proposer des choses plutôt rafraîchissantes.
Bien évidemment, The Pythoness fonctionne vraiment à plein régime quand Snakefeast parvient à remplir le vide laissé par la suppression des guitares, et même si le résultat est à géométrie variable, l'album fonctionne globalement bien, et l'on se laisse volontiers entraîner dans ce cauchemar avant-gardiste qui risque de vous frire les neurones, car il va de soi que Snakefeast oeuvre dans un Sludge qui n'est pas pour tout le monde, loin de là, mais l'expérience se révèle suffisamment intéressante pour qu'on s’intéresse à The Pythoness...
Bien évidemment, The Pythoness fonctionne vraiment à plein régime quand Snakefeast parvient à remplir le vide laissé par la suppression des guitares, et même si le résultat est à géométrie variable, l'album fonctionne globalement bien, et l'on se laisse volontiers entraîner dans ce cauchemar avant-gardiste qui risque de vous frire les neurones, car il va de soi que Snakefeast oeuvre dans un Sludge qui n'est pas pour tout le monde, loin de là, mais l'expérience se révèle suffisamment intéressante pour qu'on s’intéresse à The Pythoness...