Peu après le split surprise d'After Forever, Floor Jansen s'était vite remise au boulot en montant un nouveau groupe, sortant presque dans la foulée le premier album de ReVamp, premier essai prometteur qui laissait augurer du meilleur pour la géante hollandaise, et puis tout s'est arrêté un peu brutalement, Jansen étant victime d'un Burnout qui la mettant sur la touche un long moment, le genre de maladie de gonzesse typique, ça et le syndrome pré-menstruel.
Bref, aussitôt remise, Floor Burnout Jansen (ça fait un joli surnom en fait) s'est attaquée au processus de composition d'un second album de ReVamp l'année dernière, en compagnie de l'ancien claviériste d'After Forever Joost Van Den Broek, avant de le mettre de côté pour jouer les dépanneuses du côté de Nightwish.
Ce n'est donc que maintenant que voit le jour Wild Card, un disque à l'image de la chanteuse batave, puissant et très varié...
Floor Jansen a toujours eu cette longueur d'avance sur un peu toutes les chanteuses de Metal symphonique, sa versatilité, elle l'a d'ailleurs prouvé lors de son passage chez Nightwish, elle est tout à fait capable de maîtriser totalement le répertoire classique/opéra du Nightwish période Tarja et de montrer à la petite Anette comment on fait pour chanter de la pop tout en conservant une voix surpuissante, bref, Floor Jansen a une palette vocale largement supérieure à la moyenne, mais on le savait déjà.
Le premier album de ReVamp, malgré pas mal de qualités, avait ce petit défaut de n'être souvent qu'une démonstration vocale, avec une musique se reposant bien trop sur le chant, avec Wild Card, la donne est différente, non pas que cette album soit une révolution stylistique majeure, mais Floor et ses potes se sont livrés à de petits ajustements plus que bienvenus, mieux encore, ReVamp semble souvent exploser les barrières de son Metal symphonique pour explorer de nouveaux territoires sonores, notamment une certaine vibe progressive qui se dégage du disque, tout un conservant un côté particulièrement abrasif, car à l'opposé de pas mal de groupes de Metal sympho gnan-gnan qui pète dans la soie, nous avons ici à faire à un véritable disque de Metal, souvent burné.
Du coup, Wild Card est moins prévisible et moins évident que prévu, avec une musique que se met au diapason du registre vocal étendu de Mademoiselle Burnout, l'album est varié, très diversifié, plus mature et plus sombre que ne pouvait l'être son prédécesseur, plus rentre-dedans aussi, les riffs se faisant plus agressifs, incisifs, parfois à la lisière du Metal moderne Metalcoré, les compositions sont plus sauvages, alternant entre passages mélodiques toujours aussi efficaces et parties agressives avec une vélocité tout métallique, Wild Card joue sur tout le registre des émotions, ce n'est pas pour rien que le thème principal en est l'esprit humain, ReVamp trouve encore un peu plus son style, un Power Metal symphonique progressif aux influences Thrash, cocktail souvent explosif qui ne joue pas souvent sur les mélodies faciles et les lieux communs comme on aurait pu s'y attendre.
La pièce centrale de Wild Card, c'est bien évidemment le triptyque The Anatomy of a Nervous Breakdown, un concept récurrent chez Jansen qui nous avait déjà fait le coup sur le premier album avec le trio In Sickness 'till Death do Us Part, et une fois de plus, ça fonctionne, pour un voyage au cœur de l'âme humaine en forme d’introspection et de catharsis, On the Sideline propose une introduction surprenante à la Dream Theater avant que tout le registre vocal de Floor soit passé en revue, du chant soprano à un chant plus rock, presque pop, avec cette alliance de puissance et de sensibilité propre à la batave, la belle se fait souvent poignante, le refrain est catchy à souhait, les accélérations violentes, et surtout, nouvelle corde à son arc, Floor Jansen nous sort du Growl! au départ je pensais que Mark Jansen s'en chargeait, mais après vérifications, le chanteur d'Epica n'est présent que sur un titre, j'avoue être sur le cul, car le growl de floor est tout ce qu'il y a de plus respectable, offrant une coloration supplémentaire à la musique du combo, même si c'est du Growl de soprano, Floor n'est pas Angela Gossow, mais il est utilisé ici avec justesse et parcimonie afin de souligner certains effets, The Limbic System continue sur le thème des montagnes russes émotionnelles, plus rapide, véloce, parfois violent, avec un riff groovy écrasant à la limite du Neo-Metal, pas besoin de préciser qu'une fois encore Floor illumine de sa classe et de sa versatilité ce titre, ce qui sera de toute façon le cas sur tout les titres de l'album.
La troisième partie se situe en milieu d'album et nous offre une surprise avec la présence d'une guest star de luxe, Devin Townsend, venu pousser la chansonnette sur Neurasthenia, et le résultat est particulièrement bluffant, Townsend se révélant un parfait contrepoint à Floor Jansen, leur duo fonctionne bien sur un titre heavy assez sinueux, Floor apporte en plus certains passages où elle semble être à la limite de la folie, pas mal d'émotions et surement l'une des plus belles réussite de l'album,
Au niveau des guests, en plus de Townsend, on retrouve un chœur composé de Marcela Bovio de Stream of Passion (son bassiste de mari tient également la basse ici) et de Daniel De Jongh de Textures, et bien sûr Mark Jansen d'Epica qui vient growler sur Misery's No Crime, un titre très heavy, très sombre, avec pas mal de chœurs, qui confère à cette chanson un certain côté Power symphonique proche d'Epica, surement un peu trop convenu malgré tout et une référence un peu trop voyante.
Et niveau référence, ReVamp a toujours cette tendance à se rapprocher d'After Forever, ce qui n'est pas étonnant vu qu'il est composé par deux anciens du groupe, Jansen et Van Den Broek, mais parfois ces petites incursions plus pop ne fonctionnent pas trop, Nothing est assez banal, Precibus est un pur titre de Metal symphonique avec chant d'opéra que l'on trouvera trop simple dans sa structure et trop prévisible, mais à contrario, Distorded Lullabies a pas mal de panache, le titre débutant comme une balade au piano avant une montée en puissance agréable et un passage symphonique atmosphérique qui a de la gueule
L'album se fait d'ailleurs plus sombre dans sa seconde partie, avec une Floor qui propose énormément d'émotion dans sa voix, Amendatory est dense, colérique dans le chant, pour un titre haché contenant des passages aériens de toute beauté, I can become est Heavy, rapide, le growl intervient au bon moment, avec un excellent solo doublé par les claviers, plutôt décoiffant avec justement ces claviers et leurs sonorités progressives.
Ce qui est également à signaler, c'est que même pendant les titres moyens, Floor Jansen propose des refrains toujours aussi mélodiques qui font mouche à chaque fois, c'est ce qui sauve par exemple un titre comme Wild Card, dont le riff Neo est assez pauvre, mais les envolées de Floor valent à elles seules le détour, après tout, la star de l'album, même si les guitares sont mises plus avant, c'est elle, et la Jansen survole l'album de toute sa classe...
En dehors de la prestation impeccable de Floor Jansen, Wild Card est marqué par un penchant assumé pour le Metal pur et dur, les riffs sont ciselés, heavy, très agressifs, mais malgré tout, ReVamp n'oublie pas de nuancer son propos par l'ajout d'une petite touche progressive qui aère l'ensemble, de plus les arrangements symphoniques et les chœurs sont gigantesques, mais jamais ils n'occupent trop d'espace, ce qui permet à ReVamp de conserver toute son agressivité, et d'en faire un disque qui sonne très Metal, bien charpenté et technique.
Wild Card est bien plus mature que son aîné, plus sombre, profond, surtout plus varié et diversifié, et même s'il n'est pas exempt de tout reproche (certaines incursions pop un peu faciles à la After Forever notamment), c'est un pas dans la bonne direction, et si Floor Jansen ne rejoint pas Nightwish de manière définitive, je suis curieux de voir jusqu'où cette évolution est capable de mener le groupe.
Je me répète encore, mais on ne le dira jamais assez, Floor Burnout Jansen domine totalement son sujet et éclabousse Wild Card de toute sa classe, avec puissance et versatilité, en ajoutant en plus le Growl à sa palette, une performance vocale en tout point remarquable qui vaut à elle seule l'écoute de ce disque, bravo...
Bow Down to the Mighty Metal Goddess!!
Track Listing:
1. The Anatomy of a Nervous Breakdown: On the Sideline
2. The Anatomy of a Nervous Breakdown: The Limbic System
3. Wild Card
4. Precibus
5. Nothing
6. The Anatomy of a Nervous Breakdown: Neurasthenia
7. Distorted Lullabies
8. Amendatory
9. I Can Become
10. Misery's No Crime
11. Wolf and Dog