Deuxième album de Queensryche cette année, mais celui-ci, c'est le vrai, d'ailleurs, je ne fais pas revenir une fois de plus sur le ridicule de la situation et tous les drama de l'année dernière, je vous renvoie donc à l'introduction de ma chronique de Frequency Unknown où je vous expliquais les grandes lignes de la scission ayant donné lieu à l'existence de deux Queensryche.
Un vrai scénario de film d'ailleurs, en ces temps troublés aux relents de guerre civile dans la galaxie Queensryche, avec dans le rôle du méchant de service, Geoff "Dark Vador" Tate, le traître, le félon, celui qui est passé du côté obscur de la force, à la tête de son armée de mercenaires au service de ses plans diaboliques, et, poursuivis par les sbires sinistres de l'empire, les gentils rebelles, les seuls légitimes à utiliser la Force, avec à leur tête, afin de mener la révolte et de guider cette troupe de vieux jedi, un jeune héro, Todd "Skywalker" La Torre, l'héritier du trône...
Bon, la comparaison s'arrête là, car le film est pas intéressant, manichéen, et se termine de manière prévisible, les gentils gagnent à la fin, sans se battre, vu qu'un Geoff Vador en mode J'en ai plus rien à foutre a saboté son plan sinistre en faisant lui-même exploser son Etoile noire, avec un Frequency Unknown en forme de petit pet fourbe et puant tombé dans l'oubli et le vide cosmique.
Une victoire des rebelles... vraiment?
Généralement, ce n'est jamais innocent quand un groupe sort un album éponyme, c'e'st souvent l'occasion de réaffirmer son style et de mettre les points sur les i après une période troublée, comme c'est le cas ici, voici qui nous sommes, en quelque sorte, accompagné, comme vous vous en doutez, d'un certain retour aux sources, car le groupe a beaucoup à se faire pardonner, et des fans a reconquérir après de trop longues années de médiocrités, dont les des derniers et odieux albums, American soldiers et Dedicated to Chaos.
C'est donc ce qu'est Queensryche, l'album, une renaissance et une reconquête, et la redéfinition du son du groupe, on oublie les dix dernières années et on recommence, en se ressourçant à la source, Rage for Order en tête.
Je parlais de légitimité en ce qui concerne cette version de Queensryche, car malgré le départ de Tate, le noyau dur du groupe est toujours fidèle au poste, avec les trois membres fondateurs Wilton/Jackson/Rockenfield, soutenu par le jeune guitariste Parker Lundgren, et bien sûr l'ancien Crimson Glory Todd La Torre qui remplace Tate, pour un résultat qui dépasse toutes les attentes, c'est bien simple, La Torre est impressionnant et illumine chaque titre de l'album, et je peux vous dire qu'après avoir écouté Frequency Unknown, on se rend bien compte que Geoff Tate est vocalement à la ramasse.
Queensryche est un album à l'ancienne, un peu old school, une impression renforcée par le chant de Todd La Torre, qui se rapproche souvent du timbre du Geoff Tate de la grande époque, débarrassé de son encombrant poids mort, le groupe s'en retrouve transfiguré, presque libéré de ses chaines, et nous sort enfin un album conforme à ce que tout le monde attend d'un disque de Queensryche, au revoir le Hard Rock moisi et mou du genou des dernières années, le Heavy mélodique progressif qui a fait le succès du groupe est de retour en force, toute en sobriété et en simplicité, à l'image de sa pochette d'ailleurs, assez éloigné du Fuck You puéril et pathétique de qui vous savez, musicalement et au niveau des paroles, Queensryche est un véritable coup de poing dans la gueule asséné envers son ancien vocaliste, mais un poing classe, enveloppé dans un gant de velours.
Queensryche est un concentré de classe et de panache, avec son agressivité contenue mais en tout point perceptible, et ses contours progressifs comme à la grande époque, le premier titre, Where dreams go to die, qui suit l'intro instrumentale X2, est assez révélateur du contenu du disque, une ambiance un peu sombre, une rythmique menaçante et quasi militaire, et surtout un refrain accrocheur de grande classe délivrée par La Torre, le genre de refrain qu'on retient du premier coup, et qui ne sera pas le seul, tant le groupe propose une collection de titre tous plus catchy les uns que les autres, Spore, Redemption, Vindication, Fallout, montrent une facette agressive et proggy du Ryche, formant un ensemble accrocheur en diable, mais fort heureusement, le groupe est capable de varier les plaisirs et de se montrer tout aussi efficace dans un registre plus émotionnel, In this Light est une sorte de Power balade qui a tout d'un single, illuminée par un La Torre faisant étalage de toute ses capacités, capable de toucher des notes très hautes sur Don't look back, et de partir dans un registre plus grave et mélodique sur ce qui est l'un des sommets de l'album, A World without, tout en émotion et en classe, même si on regrettera sur cette balade et sur Open road des orchestrations contenant un peu trop de guimauve.
La production est aussi un des points forts du disque, surtout quand on la compare à la prod totalement foirée de l'autre Queensryche, la batterie sonne de manière très naturelle, rendant justice à la technique irréprochable d'un Rockenfield très en verve ici, de la même manière, la basse est juste énorme, et ça faisait longtemps qu'on avait pas autant entendu Eddie Jackson, en parfait soutien des guitares, et du duo Wilton/Lundgren qui fonctionne à plein régime, les riffs bottent le cul, et les soli sont de retour au premier plan, personne n'est oublié dans le mix final qui sonne très organique et un peu raw, un excellent point.
Mais tout n'est pas si rose avec ce nouveau Queensryche, et il faut bien parler du détail qui fâche, la durée de l'album, qui culmine à... 35 minuscules minutes, ce qui est très peu pour un album du groupe, j'ai souvent tendance à me plaindre de la durée excessive de certains albums, mais 35 minutes, c'est un peu limite, c'est une bonne durée pour du Thrash ou du Death/Grind, mais pour un groupe très progressif, c'est plutôt inhabituel.
Plus que la durée de l'album, c'est la durée des titres qui le rend parfois incroyablement frustrant, comme par exemple Fallout, surement le meilleur titre du disque, mais qui ne dure que 2'46 en s'arrêtant brusquement alors qu'on en prendrait bien une ou deux minutes de plus, le groupe va ici droit à l'essentiel, ce qui confère à l'album un caractère urgent et immédiat, certes, mais on aurait aimé que certains titres justement soient un peu plus développés et fouillés, Queensryche a voulu se débarrasser du superflu mais à surement un peu trop taillé dans le gras tant l'album paraît parfois un peu maigrichon, c'est plus que dommage, même si cela à un avantage, sur les 35 minutes, il n'y a absolument rien à jeter...
Il est amusant de remarquer que débarrassé de son odieux leader tyrannique, Queensryche se remet miraculeusement à nous pondre de bonnes chansons de Heavy progressif, comme à la grande époque, il n'y a aucune trace de Rock et de Hard Rock moisi et ampoulé comme sur les dernières productions, et le groupe retrouve sa classe et tout son panache.
Queensryche est un album qu'on attendait plus, agressif, mélodique, dynamique, très bien produit, dont on regrettera malheureusement une durée plus que réduite le rendant souvent frustrant, malgré tout, pour un nouveau départ, c'est plus que réussi et Queensryche tape dans le mille en donnant aux fans tout ce qu'ils voulaient entendre, dans un style old school qui le place à mi-chemin entre Empire et Rage for Order, musicalement et vocalement, car La Torre sonne souvent comme un clone vocal du Geoff Tate de cette époque.
Tout ça est un excellent point de départ, en espérant que le prochain soit encore meilleur, car le groupe en a les capacités, notamment en se donnant plus de temps pour développer ses idées et ne pas se contenter que de l'essentiel, en espérant aussi que le groupe puisse conserver son nom (cela sera jugé cet automne je crois), car le vrai Queensryche est ici, bien vivant et fidèle à ses principes...
Un nouvel espoir...
3 / 5
Track Listing:
1. X2
2. Where Dreams Go to Die
3. Spore
4. In This Light
5. Redemption
6. Vindication
7. Midnight Lullaby
8. A World Without
9. Don't Look Back
10. Fallout
11. Open Road