S'il y a bien un groupe que j'aime plus que de raison, c'est Orphaned Land, et ce depuis leur début chez Holy records en 1994 avec Sahara, un Metal bizarre, pas vraiment progressif, pas vraiment Death non plus, un son original et, il faut bien l'avouer, exotique, un Metal mystérieux aux sonorités orientales encore plus poussés avec El Norra Alila en 1996, avant un gigantesque trou noir de huit ans.
C'est long, huit ans de silence, quand tu aimes un groupe, mais fort heureusement, il faut croire que ça valait le coup d'attendre, car le retour en 2004 avec Mabool dépassait toutes mes espérances, avec enfin une production digne de ce nom rendant justice au son du groupe, un premier monument de Metal progressif oriental, avant une nouvelle disparition dans le désert.
Orphaned Land est un groupe de feignasses qui aime prendre son temps (d'ailleurs, ils expliquent un peu leurs périodes de léthargie dans les bonus du Dvd live), et il aura fallu attendre six longues années pour que les israéliens nous pondent leur disque le plus ambitieux et le plus épique, le grandiose The never ending way of OrwarriOR, surement leur chef-d'oeuvre, dans la lignée de Mabool, mais avec plus de maturité et de maîtrise, l'aboutissement d'un long processus de maturation, et une évolution dans le message également, les membres du groupe devenant en quelque sorte des émissaires de la paix dans le monde, un discours de tolérance idéaliste et surement un peu utopique, qui me faisait craindre qu'un jour le message véhiculé ne prenne le pas sur la musique en elle-même, l'autre crainte étant que le groupe pousse encore plus loin dans le côté folklorique oriental exotique et que ce nouvel album soit sponsorisé par l'office du tourisme israélien...
On ne va pas se mentir, malgré mon amour inconditionnel pour le groupe et fait que j'avais précommandé l'album de longue date, je ne le sentais pas trop ce disque, déjà, il ne sort que trois ans après Orwarrior, c'est peu quand on connait le rythme de travail du groupe, ensuite, l'un des guitariste fondateur, Matti Svatizky s'était fait la malle l'année dernière, et surtout, je ne voyais pas trop comment le groupe allait réussir à faire mieux que la dernière fois, bref, j'étais en plein doute, perdu dans les ténèbres de l'incertitude (lol), mais heureusement, Orphaned Land, une fois de plus, ne m'a pas laissé tomber et à éclairer mon chemin.
Que faire quand on a sorti le disque le plus monumental et ambitieux de sa carrière? tenter de rééditer l'exploit? mauvaise idée, le chanteur et figure de proue christique du groupe Kobi Farhi avait annoncé un nouvel album assez différent, et c'est ce qu'on a avec All is One, un disque complètement différent, oubliez donc le Death et le Metal extrême cette fois-ci, oubliez aussi les longs passages atmospherico-progressifs ethniques et les titres à rallonge, car avec All is One, Orphaned Land délivre un véritable bijou de Metal mélodique aux sonorités orientales, pas une révolution, car le son du groupe est ici conforme aux deux derniers albums, mais juste le disque que le groupe devait sortir afin de ne pas se répéter (de toute façon, sortir Orwarrior numéro deux aurait été une erreur, car cela aurait été forcement moins bien).
Après la grandeur et le côté épique d'Orwarrior, All is One est l'album de la simplicité, il ne s'agit d'ailleurs pas d'un concept album à proprement parler, mais qui paradoxalement est aussi l'album le plus riche de toute la discographie du groupe, le format est plus compact d'ailleurs, 54 minutes alors que le groupe nous avait habitué à des albums de plus de 70 minutes en moyenne, les titres seront donc plus courts, plus directs, et surtout plus évidents, c'est là le tour de force du groupe, réussir à conserver tous les éléments des deux derniers albums tout en allégeant le son du groupe, Orphaned Land conserve toute sa richesse, ses multiples textures aussi, mais au sein de titres plus courts et plus instinctifs, un peu comme si la musique s'était mise au diapason du message d'universalité prôné par le groupe, All is One est plus ouvert sur le monde et le côté grand public avec sa formule simplifiée.
Un album particulièrement ambivalent, et un ingénieux exercice d'équilibriste avec cette volonté de toucher le plus grand nombre tout en conservant la base métallique du groupe, All is One est lumineux, clair, surement utopique, mais également sombre et souvent mélancolique, un équilibre qui passe malgré tout par un concession de taille, la disparition presque totale du growl, car c'est bien le merveilleux chant clair de Kobi Farhi qui est à l'honneur ici, une bonne chose ici, car All is One atteint un niveau d'émotion presque incomparable, un disque tout à la fois incroyablement sophistiqué et tout en simplicité.
Dès le premier titre qui donne son nom à l'album, on sent que le groupe a eu accès à un orchestre et à un choeur de 25 personnes, le titre est direct, heavy bien sûr, progressif aussi, avec tous les arrangements ethniques admirablement intégrés, mais ce que l'on remarque surtout, c'est que malgré la débauche de moyen, Orphaned Land utilise ses effets avec parcimonie, juste au bon moment, les arrangements sont tout simplement merveilleux, rendant l'ensemble à la fois agressif et captivant, le titre est immédiat, avec un refrain qui vous rentre tout de suite dans la tête, un refrain par ailleurs bien soutenu par les choeurs, une chanson tout en clair-obscur, avec du panache et de l'émotion, et un message de paix dans les paroles, "Who cares if you're a muslim or a jew"
Rien que pour ce premier titre, l'album vaut le coup, mais le reste est tout aussi bon, The simple Man pousse encore plus loin dans les sonorités moyen-orientales, le groupe nous offrant même un excellente balade douce-amère sur Brother, parlant de l'abandon de sa terre natale et de la séparation, il est à noter que malgré le côté lumineux de l'album, les paroles sont surement les plus sombres et mélancoliques de l'histoire du groupe, encore une fois, renforçant encore davantage l'aspect émotionnel et introspectif omniprésent ici.
Il faut attendre le sixième titre pour entendre le premier growl de l'album, il n'y en aura que sur ce titre, avec Fail, qui renoue avec les aspirations purement progressives du groupe, pour une chanson qui aurait parfaitement sa place sur Orwarrior, le chant féminin est aussi de la partie, utilisée avec précaution, mais prenant une plus grande place sur le refrain de Through fire and Water, un titre chanté en hébreux, ce ne sera pas le seul, les israéliens donne libre cours à son côté ethnique traditionnel sur un Shama'Im à dominante acoustique et symphonique, et le très metal folk Ya Benaye sur lequel interviennent quelques guests vocaux pour un titre qui sent un peu trop le couscous quand même.
Une petite pause dans le désert plutôt rafraîchissante, avant le retour aux choses sérieuses pour les deux derniers titres de l'album, un Our Own Messiah plutôt Heavy contenant un bon petit break atmosphérique, et surtout un Children très long qui rappelle beaucoup The Warrior du disque précédent, histoire de conclure le disque sur la note la plus haute possible, tout en émotion et en grandeur.
Il faut noter également l'excellente production de Jens Bogren sur ce disque, la meilleure de tous les disques du groupes, alors que sur Orwarrior la prod de Steven Wilson pouvait parfois sonner un peu ampoulé et surchargé, ici, malgré des orchestrations encore plus présentes, on ne ressent pas du tout cela, c'est même le contraire, All is One sonne limpide, clair, chaque instrument est à sa place, les guitares de sont pas noyés dans le flot d'orchestrations symphoniques, ce qui renforce encore un peu plus l'aspect ombre et lumière du disque, vraiment du tout bon...
Sincèrement, je ne me voyais pas du tout aimer autant ce disque, sans growl, sans les influences death, ça partait mal cette affaire, pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence, All is One est un grand disque de Metal progressif oriental, mélodique, simple dans ses structures et son approche, mais malgré cette simplicité apparente, All is One est un album incroyablement sophistiqué, les arrangements symphoniques et les instrumentations traditionnelles sont encore plus fouillées que par le passé, avec un groupe qui a fait attention à chaque détail et à su conserver un certain équilibre, car les riffs heavy et les soli sont toujours aussi présents, simplement dans une forme différente, qui ne plaira surement pas à la frange la plus dure des fans du groupe (ça va gueuler, comme à chaque fois qu'un groupe modifie la formule), mais qui offre de nouvelles perspectives aux israéliens.
All is One est un disque immédiat, qui va droit à l'essentiel, avec une formule à la fois épurée, libérée de ses influences Extrême, mais conservant son caractère unique et original, un album introspectif, mélancolique, avec cette simplicité qui renforce encore davantage le caractère universel d'Orphaned Land, un message de Paix, d'unité et de tolérance, une utopie, sans doute, mais ça fait du bien de parler de paix et d'amour, pour une fois...
Shalom!
5 / 5
Dès le premier titre qui donne son nom à l'album, on sent que le groupe a eu accès à un orchestre et à un choeur de 25 personnes, le titre est direct, heavy bien sûr, progressif aussi, avec tous les arrangements ethniques admirablement intégrés, mais ce que l'on remarque surtout, c'est que malgré la débauche de moyen, Orphaned Land utilise ses effets avec parcimonie, juste au bon moment, les arrangements sont tout simplement merveilleux, rendant l'ensemble à la fois agressif et captivant, le titre est immédiat, avec un refrain qui vous rentre tout de suite dans la tête, un refrain par ailleurs bien soutenu par les choeurs, une chanson tout en clair-obscur, avec du panache et de l'émotion, et un message de paix dans les paroles, "Who cares if you're a muslim or a jew"
Rien que pour ce premier titre, l'album vaut le coup, mais le reste est tout aussi bon, The simple Man pousse encore plus loin dans les sonorités moyen-orientales, le groupe nous offrant même un excellente balade douce-amère sur Brother, parlant de l'abandon de sa terre natale et de la séparation, il est à noter que malgré le côté lumineux de l'album, les paroles sont surement les plus sombres et mélancoliques de l'histoire du groupe, encore une fois, renforçant encore davantage l'aspect émotionnel et introspectif omniprésent ici.
Il faut attendre le sixième titre pour entendre le premier growl de l'album, il n'y en aura que sur ce titre, avec Fail, qui renoue avec les aspirations purement progressives du groupe, pour une chanson qui aurait parfaitement sa place sur Orwarrior, le chant féminin est aussi de la partie, utilisée avec précaution, mais prenant une plus grande place sur le refrain de Through fire and Water, un titre chanté en hébreux, ce ne sera pas le seul, les israéliens donne libre cours à son côté ethnique traditionnel sur un Shama'Im à dominante acoustique et symphonique, et le très metal folk Ya Benaye sur lequel interviennent quelques guests vocaux pour un titre qui sent un peu trop le couscous quand même.
Une petite pause dans le désert plutôt rafraîchissante, avant le retour aux choses sérieuses pour les deux derniers titres de l'album, un Our Own Messiah plutôt Heavy contenant un bon petit break atmosphérique, et surtout un Children très long qui rappelle beaucoup The Warrior du disque précédent, histoire de conclure le disque sur la note la plus haute possible, tout en émotion et en grandeur.
Il faut noter également l'excellente production de Jens Bogren sur ce disque, la meilleure de tous les disques du groupes, alors que sur Orwarrior la prod de Steven Wilson pouvait parfois sonner un peu ampoulé et surchargé, ici, malgré des orchestrations encore plus présentes, on ne ressent pas du tout cela, c'est même le contraire, All is One sonne limpide, clair, chaque instrument est à sa place, les guitares de sont pas noyés dans le flot d'orchestrations symphoniques, ce qui renforce encore un peu plus l'aspect ombre et lumière du disque, vraiment du tout bon...
Sincèrement, je ne me voyais pas du tout aimer autant ce disque, sans growl, sans les influences death, ça partait mal cette affaire, pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence, All is One est un grand disque de Metal progressif oriental, mélodique, simple dans ses structures et son approche, mais malgré cette simplicité apparente, All is One est un album incroyablement sophistiqué, les arrangements symphoniques et les instrumentations traditionnelles sont encore plus fouillées que par le passé, avec un groupe qui a fait attention à chaque détail et à su conserver un certain équilibre, car les riffs heavy et les soli sont toujours aussi présents, simplement dans une forme différente, qui ne plaira surement pas à la frange la plus dure des fans du groupe (ça va gueuler, comme à chaque fois qu'un groupe modifie la formule), mais qui offre de nouvelles perspectives aux israéliens.
All is One est un disque immédiat, qui va droit à l'essentiel, avec une formule à la fois épurée, libérée de ses influences Extrême, mais conservant son caractère unique et original, un album introspectif, mélancolique, avec cette simplicité qui renforce encore davantage le caractère universel d'Orphaned Land, un message de Paix, d'unité et de tolérance, une utopie, sans doute, mais ça fait du bien de parler de paix et d'amour, pour une fois...
Shalom!
5 / 5
Track Listing:
1. All Is One
2. The Simple Man
3. Brother
4. Let the Truce Be Known
5. Through Fire and Water
6. Fail
7. Freedom
8. Shama'im
9. Ya Benaye
10. Our Own Messiah
11. Children