Cellar Darling c'est le groupe monté par Anna Murphy, Merlin Sutter et Ivo Henzi après leur départ fracassant d'Eluveitie en 2016, les suisses n'avaient pas traîné à sortir un premier album, This is the Sound voyant le jour en 2017, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat m'avait laissé plus que perplexe... mouais, en fait pour parler plus simplement l'album était plutôt médiocre, bancal, et montrait plutôt un groupe qui ne savait pas vraiment où aller, tout à fait le genre d'album qui aurait dû marqué la fin de ma relation avec le groupe.
Seulement voilà, deux ans plus tard, Cellar Darling (quelle nom de daube quand même) a sorti tout un tas de singles tiré de son second album et c'était largement plus convaincant qu'il y a deux ans, de quoi me pousser à me taper The Spell et à vous en pondre une chronique, et je dois bien vous avouer que je n'ai pas vraiment perdu mon temps, c'est pas du génie mais The Spell est enfin conforme aux quelques promesses disséminées sur son premier album.
Avec un album comme The Spell et vue la tournure des événements, on comprend mieux pourquoi ces trois-là sont partis d'Eluveitie, car là où leur ancien groupe est embourbé dans un melodeath folk moisi qu'on pourrait résumer à de la mauvaise contrefaçon de Dark Tranquillity avec des conneries folk dedans, Cellar Darling va s'avérer autrement plus recommandable avec une approche progressive certaine et une large place faite à un storytelling immersif et ambitieux en prenant le temps de développer des ambiances et de raconter son histoire, car The Spell est un concept album où on suit une demoiselle dans un monde fantasmagorique pas très gai et ses aventures à la recherche du sens de la vie, une fable métaphysique plutôt abstraite et mystérieuse qui colle assez bien à l'atmosphère très particulière de cet album.
Quand je vous parlais de l'évolution de Cellar Darling, on notera que pour son second album, les suisses ont particulièrement bien bossé leur The Gathering pour les nuls, parce que ouais, on est en plein dans le virage post-Rock des hollandais période fin-90's et du début des années 2000, The Spell, c'est un peu The Gathering avec de la vielle à roue et de la flûte traversière pour l'enrobage Folk, alors ça parait daté et gavé de recettes faciles dit comme ça, mais Cellar Darling va quand même bien dépoussiérer tout ça et livrer une copie inspirée et particulièrement envoûtante pendant la bonne heure du voyage.
Par rapport au premier album, The Spell est plus complexe, plus riche, et paradoxalement très facile à appréhender, car Cellar Darling semble enfin pleinement assumer sa mutation en The Gathering à tendance Folk, ce ne sera peut-être pas évident sur un excellent Pain qui ouvre l'album de facture encore très classique, dans une structure très pop dotée d'un refrain imparable, le genre de morceau simple et classieux aux délicats arrangements folk, mais après avoir écouté Death il va être difficile de renier la filiation entre Cellar Darling et les hollandais tant même le chant d'Anna Murphy tend à ressembler à celui d'Anneke, avec les mêmes intonations sensuelles, les deux chanteuses évoluant également sur la même palette d'émotions, un chant toujours délicat qui n'en fait jamais des tonnes dans la dramaturgie, sans jamais surjouer, conscient de sa place centrale dans la musique mais s'intégrant pleinement dans un ensemble.
Et un ensemble, c'est justement ce que forment les treize pièces de The Spell, il est compliqué de sortir un morceau du lot puisque chacun a une fonction et un rôle particulier dans la narration de l'album, on va constamment naviguer entre les morceaux un peu plus atmosphériques, comme de longues interludes éthérées, et les titres plus Heavy marquant des passages à la dramaturgie plus dense, c'est assez classique dans la structure d'un concept album mais la méthode est impossible à prendre en défaut, Burn sera doté d'un riff bien touffu et proche du sludge qui contraste avec le chant de Murphy, il est d'ailleurs remarquable que même si Cellar Darling se rapproche formellement d'un The Gathering, tous les passages un peu plus heavy ont tendance à rappeler Alice in Chains, c'est le cas de Burn mais aussi d'Insomnia, il faut dire aussi que The Spell marque d'une certaine manière la fin de l'innocence après un premier album plutôt léger et Folk, celui-ci est beaucoup plus sombre et souvent très chargé émotionnellement, le morceau éponyme The Spell sera marqué profondément par cette approche que l'on qualifiera de sérieuse, développant un clair-obscur somptueux dirigé de main de maître par une Anna Murphy formidable de justesse, nous gratifiant même d'un bon vieux solo de vielle pour la forme.
Tout n'est pas non plus exempt de tout reproche, et l'album aura tendance à plonger sur une fin d'album qui traîne un peu en longueur, un peu comme si la narration prenait le pas sur l'efficacité, c'est à partir de Freeze, qui est d'ailleurs plutôt passable avec ses forts relents de Within Temptation pas très frais, que l'on va commencer à s'ennuyer un peu, j'entends bien que Madame Murphy a une histoire à raconter et qu'elle avait besoin de temps pour le faire, mais cela passe par certains passages atmosphériques longuets et un titre comme Drown qui semble être un assemblage au hasard de parties de morceaux qui peinent à être cohérent, c'est un titre trop long et trop erratique pour pouvoir fonctionner correctement, c'est un ensemble qui ne sait pas du tout où il va, tiraillé entre sa narration atmosphérique et son Hard Rock, un édifice brinquebalant qui s'écroule sur lui-même, les Love et Death part II qui clôturent l'album sont évidemment important pour qui suit l'histoire, mais on est en face de morceaux qui ne semblent pas du tout aboutis, donnant plutôt l'impression d'être des interludes trop longues qui auraient été allongées de manière un peu trop facile.
Malgré une fin d'album un peu bancale, il faut avouer que Cellar Darling a presque tout bon pendant les deux premiers tiers d'un album bien plus mature et complexe que son premier essai, The Spell s'avère une expérience bien plus fascinante et immersive, avec un songwritting de meilleure qualité et une compétence certaine dans le storytelling.
Bien sûr tout cela est très référencé, et Cellar Darling apparaît aujourd'hui comme une sorte de The Gathering version Folk option vielle à roue, ce qui n'est pas du tout une mauvaise chose, les suisses semblent aujourd'hui à l'aise dans un mélange très intéressant de progressif, de Hard Rock, de post-Rock et d'atmosphérique, un second effort très cohérent, classieux, envoûtant, qui procure un réel plaisir que ne viendra pas trop gâcher un dernier tiers particulièrement décousu et passable.
Quand je vous parlais de l'évolution de Cellar Darling, on notera que pour son second album, les suisses ont particulièrement bien bossé leur The Gathering pour les nuls, parce que ouais, on est en plein dans le virage post-Rock des hollandais période fin-90's et du début des années 2000, The Spell, c'est un peu The Gathering avec de la vielle à roue et de la flûte traversière pour l'enrobage Folk, alors ça parait daté et gavé de recettes faciles dit comme ça, mais Cellar Darling va quand même bien dépoussiérer tout ça et livrer une copie inspirée et particulièrement envoûtante pendant la bonne heure du voyage.
Et un ensemble, c'est justement ce que forment les treize pièces de The Spell, il est compliqué de sortir un morceau du lot puisque chacun a une fonction et un rôle particulier dans la narration de l'album, on va constamment naviguer entre les morceaux un peu plus atmosphériques, comme de longues interludes éthérées, et les titres plus Heavy marquant des passages à la dramaturgie plus dense, c'est assez classique dans la structure d'un concept album mais la méthode est impossible à prendre en défaut, Burn sera doté d'un riff bien touffu et proche du sludge qui contraste avec le chant de Murphy, il est d'ailleurs remarquable que même si Cellar Darling se rapproche formellement d'un The Gathering, tous les passages un peu plus heavy ont tendance à rappeler Alice in Chains, c'est le cas de Burn mais aussi d'Insomnia, il faut dire aussi que The Spell marque d'une certaine manière la fin de l'innocence après un premier album plutôt léger et Folk, celui-ci est beaucoup plus sombre et souvent très chargé émotionnellement, le morceau éponyme The Spell sera marqué profondément par cette approche que l'on qualifiera de sérieuse, développant un clair-obscur somptueux dirigé de main de maître par une Anna Murphy formidable de justesse, nous gratifiant même d'un bon vieux solo de vielle pour la forme.
Tout n'est pas non plus exempt de tout reproche, et l'album aura tendance à plonger sur une fin d'album qui traîne un peu en longueur, un peu comme si la narration prenait le pas sur l'efficacité, c'est à partir de Freeze, qui est d'ailleurs plutôt passable avec ses forts relents de Within Temptation pas très frais, que l'on va commencer à s'ennuyer un peu, j'entends bien que Madame Murphy a une histoire à raconter et qu'elle avait besoin de temps pour le faire, mais cela passe par certains passages atmosphériques longuets et un titre comme Drown qui semble être un assemblage au hasard de parties de morceaux qui peinent à être cohérent, c'est un titre trop long et trop erratique pour pouvoir fonctionner correctement, c'est un ensemble qui ne sait pas du tout où il va, tiraillé entre sa narration atmosphérique et son Hard Rock, un édifice brinquebalant qui s'écroule sur lui-même, les Love et Death part II qui clôturent l'album sont évidemment important pour qui suit l'histoire, mais on est en face de morceaux qui ne semblent pas du tout aboutis, donnant plutôt l'impression d'être des interludes trop longues qui auraient été allongées de manière un peu trop facile.
Malgré une fin d'album un peu bancale, il faut avouer que Cellar Darling a presque tout bon pendant les deux premiers tiers d'un album bien plus mature et complexe que son premier essai, The Spell s'avère une expérience bien plus fascinante et immersive, avec un songwritting de meilleure qualité et une compétence certaine dans le storytelling.
Bien sûr tout cela est très référencé, et Cellar Darling apparaît aujourd'hui comme une sorte de The Gathering version Folk option vielle à roue, ce qui n'est pas du tout une mauvaise chose, les suisses semblent aujourd'hui à l'aise dans un mélange très intéressant de progressif, de Hard Rock, de post-Rock et d'atmosphérique, un second effort très cohérent, classieux, envoûtant, qui procure un réel plaisir que ne viendra pas trop gâcher un dernier tiers particulièrement décousu et passable.
Track Listing:
1. Pain 04:27
2. Death 07:14
3. Love 05:11
4. The Spell 04:41
5. Burn 05:08
6. Hang 04:33
7. Sleep 03:48
8. Insomnia 06:52
9. Freeze 03:37
10. Fall 00:59
11. Drown 07:11
12. Love Pt. II 05:01
13. Death Pt. II 04:35