Il n'aura pas fallu longtemps pour qu'Imperial Triumphant se débarrasse de son étiquette très réductrice de clone américain de Deathspell Omega, et même si la référence est restée un élément du son particulier des américains, Imperial Triumphant est désormais une entité en tout point singulière et presque inimitable.
Imperial triumphant évolue dans cette petite niche de groupe abstrait mêlant Black tortueux et torturé, Death technique dissonant à la Gorguts, et sonorités et constructions expérimentales, son précédent album Abyssal Gods était d'ailleurs une sacré claque dans la gueule d'Art noir avant-gardiste qui n'avait pas laissé indifférent les amateurs de brutalité extrême non-linéaire, et après avoir écouté son EP Inceste il y a deux ans, il y avait peu de doute qu'Abyssal Gods n'était qu'une étape dans la carrière du groupe et que Vile Luxury allait être un peu différent, car il suit en quelque sorte la seule constante dans l'évolution d'Imperial Triumphant, l'immersion de plus en plus profonde dans le bizarre et l'avant-garde jazzy, avec un groupe qui continue inlassablement de sonder les ténèbres les plus cauchemardesques et de retranscrire ses visions névrotiques en musique, tout ça pour vous prévenir que ce ne sera pas vraiment pour tout le monde...
New York, la ville d'origine d'Imperial Triumphant, a toujours eu une certaine influence sur la musique du groupe, de part cette dualité qu'il peut exister entre le luxe apparent des immeubles art-déco et cette vilenie qui s'exerce derrière les façades, ce pourrissement insidieux qui se cache et s'insinue sous la surface clinquante, une ville brillante et puissante d'apparence, où une bourgeoisie décadente côtoie la pire bassesse et le désespoir, une opposition entre un monde qui se veut civilisé, la haute société opulente, mais qui succombe à la satisfaction de besoins primaires en se nourrissant de la misère, une vision de New York comme un corps fort pourri de l'intérieur, et des dualités qui peuvent être bien évidemment transposées à une analyse du comportement humain, c'est cette vision que va retranscrire Imperial Triumphant sur Vile Luxury, car c'est bien le Black/Death le plus laid et le plus dégueulasse qui va se retrouver mêlé au Jazz le plus sophistiqué, afin de le corrompre, le distordre, et créer ce son d'agonie émis par une ville en décrépitude.
Vile Luxury ne sera pas non plus une profonde refondation du son Imperial Triumphant, les nombreuses références à Deathspell Omega et Gorguts en sont toujours les piliers, mais le Black/Death des américains va se faire de plus en plus abstrait à mesure que le groupe s'enfonce de plus en plus dans l'Avant-Garde expérimental et le Jazz, le trio Imperial triumphant évolue ici avec un quintette de cuivres (Trombone/trompette/tuba) qui sera mis à contribution dès les premières notes grandiloquentes d'un Swarming Opulence qui évoluera dans un Black/Death déstructuré et dissonant, toujours aussi schizophrénique et malsain, le morceau s'avère plutôt impalpable malgré son architecture colossale, il faut dire que les arrangements plaintifs et angoissants viendront s'insérer de manière insidieuse dans tous les rouages du morceau, lui conférant également une certaine dimension baroque.
Ce caractère déstructuré et cauchemardesque sera encore davantage décuplé dès le titre suivant, Lower World, l'un des morceaux les plus abstraits du lot, une curieuse ambiance tribale urbaine avec son piano et son orchestre désaccordés et même une mystérieuse chorale liturgique qui rend le tout encore plus angoissant, on notera l'apparition de quelques guests, Sarai Chrzanowski et le chanteur d'Artificial Brain Will Smith, et ce ne seront pas les seuls, la chanteuse de Bloody Panda Yoshiko Ohara viendra pousser des hurlements comme une démente sur un Chernobyl Blues qui débutera de façon très atmosphérique et qui sombrera progressivement dans la folie furieuse au fur et à mesure que le build-up progresse et qu'on se retrouve presque devant un mur de noise bruitiste, Ohara sera rejointe plus tard par l'artiste de Jazz/Avant-garde Andromeda Anarchia sur un The Filth incroyablement violent, là encore on sera proche du noise avec cette tornade en forme de capharnaüm sonore oppressant.
Un morceau comme Cosmopolis continuera de brouiller les lignes entre le Black/Death abstrait et l'expérimental Jazzy, la brutalité massive et dissonante s'effacera progressivement pour laisser place à un orchestre free jazz sur une rythmique galopante, notamment une basse volubile, quant à l'épilogue de l'album, Luxury in death, qui sera une fois encore marqué par la présence de Yoshiko Ohara, il sera ce morceau désabusé et désespéré attendu dans le cheminement de l'album, un titre qui se rapproche par moment de ce que peut faire Karyn Crisis, là encore ce n'est pas l'approche frontale qui sera privilégiée par Imperial Triumphant, préférant l'expression avant-gardiste complètement libre et expérimentale, c'est peut-être l'une des premières fois que le groupe laisse autant de moments de respiration dans sa musique, le Black/Death étouffant et ténébreux qui emprunte beaucoup à la dissonance abstraite de Gorguts est certes toujours présent, mais c'est désormais par le prisme de l'atmosphérique cauchemardesque grandiloquent et baroque.
Vile Luxury n'est pas le genre d'album facile d'accès, loin de là, mais on parle d'un album de niche très spécifique qui n'a pas forcément vocation a vouloir séduire le grand public, on est dans de l'expérimental avant-gardiste où le jazz a ici presque le même niveau d'importance que le Blackened Death technique abstrait, un album où Imperial Triumphant se montre en maître quand il s'agit de créer une tension et une dramaturgie à l'intensité remarquable sur des morceaux toujours aussi chaotiques et dissonants, et l'on saluera également, comme d'habitude, la qualité du travail de production de Colin Marston, qui offre à l'album un son démentiel, où la clarté de l'orchestre de cuivres parvient a s'imposer dans le chaos des compositions, ce labyrinthe de blast-beats et ce déferlement de riffs.
Moins suffocant et brutal que l'album précédent, mais encore plus extravagant et avant-gardiste, Imperial Triumphant offre une plongée vertigineuse au plus profond de l'âme de sa ville, où plutôt de la perception qu'il en a, quoi qu'il en soit, Vile Luxury fait partie de ces albums dont on ne sort pas indemne et qui nécessite de très nombreuses écoutes pour y sonder toutes les abysses, on est face à ce qui pourrait être considéré comme une oeuvre musical d'art contemporain, une aventure urbaine, grandiose et névrosée, oppressante et perturbante.
Imperial triumphant évolue dans cette petite niche de groupe abstrait mêlant Black tortueux et torturé, Death technique dissonant à la Gorguts, et sonorités et constructions expérimentales, son précédent album Abyssal Gods était d'ailleurs une sacré claque dans la gueule d'Art noir avant-gardiste qui n'avait pas laissé indifférent les amateurs de brutalité extrême non-linéaire, et après avoir écouté son EP Inceste il y a deux ans, il y avait peu de doute qu'Abyssal Gods n'était qu'une étape dans la carrière du groupe et que Vile Luxury allait être un peu différent, car il suit en quelque sorte la seule constante dans l'évolution d'Imperial Triumphant, l'immersion de plus en plus profonde dans le bizarre et l'avant-garde jazzy, avec un groupe qui continue inlassablement de sonder les ténèbres les plus cauchemardesques et de retranscrire ses visions névrotiques en musique, tout ça pour vous prévenir que ce ne sera pas vraiment pour tout le monde...
New York, la ville d'origine d'Imperial Triumphant, a toujours eu une certaine influence sur la musique du groupe, de part cette dualité qu'il peut exister entre le luxe apparent des immeubles art-déco et cette vilenie qui s'exerce derrière les façades, ce pourrissement insidieux qui se cache et s'insinue sous la surface clinquante, une ville brillante et puissante d'apparence, où une bourgeoisie décadente côtoie la pire bassesse et le désespoir, une opposition entre un monde qui se veut civilisé, la haute société opulente, mais qui succombe à la satisfaction de besoins primaires en se nourrissant de la misère, une vision de New York comme un corps fort pourri de l'intérieur, et des dualités qui peuvent être bien évidemment transposées à une analyse du comportement humain, c'est cette vision que va retranscrire Imperial Triumphant sur Vile Luxury, car c'est bien le Black/Death le plus laid et le plus dégueulasse qui va se retrouver mêlé au Jazz le plus sophistiqué, afin de le corrompre, le distordre, et créer ce son d'agonie émis par une ville en décrépitude.
Vile Luxury ne sera pas non plus une profonde refondation du son Imperial Triumphant, les nombreuses références à Deathspell Omega et Gorguts en sont toujours les piliers, mais le Black/Death des américains va se faire de plus en plus abstrait à mesure que le groupe s'enfonce de plus en plus dans l'Avant-Garde expérimental et le Jazz, le trio Imperial triumphant évolue ici avec un quintette de cuivres (Trombone/trompette/tuba) qui sera mis à contribution dès les premières notes grandiloquentes d'un Swarming Opulence qui évoluera dans un Black/Death déstructuré et dissonant, toujours aussi schizophrénique et malsain, le morceau s'avère plutôt impalpable malgré son architecture colossale, il faut dire que les arrangements plaintifs et angoissants viendront s'insérer de manière insidieuse dans tous les rouages du morceau, lui conférant également une certaine dimension baroque.
Ce caractère déstructuré et cauchemardesque sera encore davantage décuplé dès le titre suivant, Lower World, l'un des morceaux les plus abstraits du lot, une curieuse ambiance tribale urbaine avec son piano et son orchestre désaccordés et même une mystérieuse chorale liturgique qui rend le tout encore plus angoissant, on notera l'apparition de quelques guests, Sarai Chrzanowski et le chanteur d'Artificial Brain Will Smith, et ce ne seront pas les seuls, la chanteuse de Bloody Panda Yoshiko Ohara viendra pousser des hurlements comme une démente sur un Chernobyl Blues qui débutera de façon très atmosphérique et qui sombrera progressivement dans la folie furieuse au fur et à mesure que le build-up progresse et qu'on se retrouve presque devant un mur de noise bruitiste, Ohara sera rejointe plus tard par l'artiste de Jazz/Avant-garde Andromeda Anarchia sur un The Filth incroyablement violent, là encore on sera proche du noise avec cette tornade en forme de capharnaüm sonore oppressant.
Un morceau comme Cosmopolis continuera de brouiller les lignes entre le Black/Death abstrait et l'expérimental Jazzy, la brutalité massive et dissonante s'effacera progressivement pour laisser place à un orchestre free jazz sur une rythmique galopante, notamment une basse volubile, quant à l'épilogue de l'album, Luxury in death, qui sera une fois encore marqué par la présence de Yoshiko Ohara, il sera ce morceau désabusé et désespéré attendu dans le cheminement de l'album, un titre qui se rapproche par moment de ce que peut faire Karyn Crisis, là encore ce n'est pas l'approche frontale qui sera privilégiée par Imperial Triumphant, préférant l'expression avant-gardiste complètement libre et expérimentale, c'est peut-être l'une des premières fois que le groupe laisse autant de moments de respiration dans sa musique, le Black/Death étouffant et ténébreux qui emprunte beaucoup à la dissonance abstraite de Gorguts est certes toujours présent, mais c'est désormais par le prisme de l'atmosphérique cauchemardesque grandiloquent et baroque.
Vile Luxury n'est pas le genre d'album facile d'accès, loin de là, mais on parle d'un album de niche très spécifique qui n'a pas forcément vocation a vouloir séduire le grand public, on est dans de l'expérimental avant-gardiste où le jazz a ici presque le même niveau d'importance que le Blackened Death technique abstrait, un album où Imperial Triumphant se montre en maître quand il s'agit de créer une tension et une dramaturgie à l'intensité remarquable sur des morceaux toujours aussi chaotiques et dissonants, et l'on saluera également, comme d'habitude, la qualité du travail de production de Colin Marston, qui offre à l'album un son démentiel, où la clarté de l'orchestre de cuivres parvient a s'imposer dans le chaos des compositions, ce labyrinthe de blast-beats et ce déferlement de riffs.
Moins suffocant et brutal que l'album précédent, mais encore plus extravagant et avant-gardiste, Imperial Triumphant offre une plongée vertigineuse au plus profond de l'âme de sa ville, où plutôt de la perception qu'il en a, quoi qu'il en soit, Vile Luxury fait partie de ces albums dont on ne sort pas indemne et qui nécessite de très nombreuses écoutes pour y sonder toutes les abysses, on est face à ce qui pourrait être considéré comme une oeuvre musical d'art contemporain, une aventure urbaine, grandiose et névrosée, oppressante et perturbante.