On ne peut pas dire que Marduk ait bonne presse depuis quelques mois, depuis que les social justice warriors en mousse des médias spécialisés américains ont décidé de faire les poubelles pour ressortir les vieilles histoires borderline de certains groupes de Black européens dont Marduk, cible toujours facile quand il s'agit de faire dans le clic putassier et de se faire passer pour un héro défendant la veuve et l'orphelin du péril nazi de ces méchants groupes de Black.
Bref, ici on est en Europe donc on s'en bat les couilles de ces connards yankees donneurs de leçons et de ces fragiles SJW antifa, ce qui compte c'est la musique non? peu importe qu'elle vienne de collectionneurs d'objets du troisième Reich qui ne font qu'écrire des lyrics borderline sur la guerre et les nazis, tout ça pour vous dire que ce nouvel album de Marduk ne sera pas franchement une révolution stylistique, loin de là, c'est juste du Marduk en fait, qui nous balance un album super court mais paradoxalement pas avare en mauvaises surprises et en moments gênants, il serait certes trop dur de déclarer que Viktoria pue la défaite mais c'est pas de première fraîcheur non plus, restez concentré et choisissez votre camp, je vous explique tout ça...
Trente-deux minutes au compteur, la dernière fois que Marduk avait sorti un disque aussi court, ça date de Panzer Division, et le rapprochement n'est pas si innocent que ça puisque c'est un peu à cette époque que les suédois veulent revenir avec Viktoria, mais pas que, car Marduk ce n'est pas que du Black panzer en mode blitzkrieg, c'est parfois de la mélodie et des morceaux chargés d'atmosphère, comme par exemple Serpent Sermon, ou un pot-pourri des deux, comme finalement pas mal d'albums de leur discographie, et Viktoria, c'est en quelque sorte ça, un mix des deux facettes du groupes dans la ligne droite de l'album précédent Frontschwein, mais avec une emphase particulière sur la violence et l'énergie, vous allez me dire qu'une trentaine de minutes d'un Marduk pied au plancher ça ne peut que bien se passer, sauf que justement ça va vite partir en couille.
Dès le début en fait, avec Werwolf, qui va proposer une approche tout ce qu'il y a de plus minimaliste du Black n' Roll couplé à une énergie punk presque juvénile et carrément simpliste, Marduk qui devient un mauvais Aura Noir pendant deux minutes sur son titre d'ouverture, c'est surprenant, j'avais pas reçu le mémo, donc c'est bourrin, simple, avec des sirènes et des enfants qui hurlent dans le fond, difficile de faire plus naze et moins représentatif de cet album avec ce bidule, mais heureusement, ce sera mieux dès le titre suivant June 44, un morceau qui parle donc de June, 44 ans, femme mure divorcée recherchant un homme vigoureux pour la satisfaire... ah non en fait, parce que pour changer ça parle de la guerre, ce qui toujours super original chez Marduk, quoi qu'il en soit, rendons à César ce qui est à César (un Panzer donc...), June 44 va foutrement envoyer le pâté avec un drumming frénétique à la Panzer Division, un morceau superbement direct et sauvage, très prévisible aussi, mais où c'est le vocaliste Mortuus qui fait le show avec une prestation hallucinée pleine de vice et de malice.
Equestrian Bloodlust fera encore plus dans le bourrin en encore plus concis, il n'y a pas grand chose à signaler en dehors du fait que le machin s'arrête brutalement de manière incompréhensible et que ça enchaîne sans aune espèce de transition sur le riff lancinant de Tiger I, qui est un morceau en complet décalage avec la brutalité du titre qui le précède, au départ on pourrait penser que Tiger I va nous proposer la facette la plus lente et ambiancée de Marduk, on est habitué, ce n'est pas la première fois, sauf que putain que c'est nul, avec un morceau qui ne va nulle part, ne propose rien d'autre qu'un riff pourri répétitif, c'est poussif à mort, complètement inutile du début à la fin tant le groupe est trop court en terme de violence, avec une accélération attendue et polie, et reste superficiel dans le développement de son atmosphère, les mecs ont un peu tout raté sur ce morceau, et ce sera d'ailleurs récurrent dans le cadre d'un album qui s'avère un poil trop minimaliste et souvent rushé, c'est bien joli de vouloir faire dans le concis, mais balancer des embryons d'idées sans jamais les développer n'est franchement pas une démarche que l'on peut qualifier de satisfaisante pour l'auditeur qui restera souvent sur sa faim.
Et entre les idées pas suffisamment développées et les trucs complètement ratés, on va dire qu'il reste à la louche une vingtaine de minutes de Marduk correct, c'est peut-être largement suffisant si c'était un EP, pour un album longue durée, ça le fait moyen, et au rayon des trucs loupés, j'ai vraiment du mal à trouver un seul truc à sauver du dernier titre Silent Night, Marduk a une longue histoire de titres atmosphériques foutrement bons, le bourbier chiant à crever proposé ici est d'autant plus inexplicable, un morceau ennuyeux, trop long, sans aucun twist, ça n'a strictement aucun intérêt et c'est traité par dessus la jambe avec une certaine nonchalance.
C'est dommage car Marduk est capable de bien mieux sur ce disque, Narva est un titre super bourrin dans la veine d'un Panzer Division, avec une basse phénoménale, mais le groupe parviendra à y ajouter un surcroît de mélodie et un passage central particulièrement savoureux, Viktoria et The Devil's Song fonctionneront d'ailleurs un peu sur le même modèle, minimalistes mais jamais simplistes, ultra violent dans leur approche mais à chaque fois avec un bon passage central, The Devil's Song étant d'ailleurs tout simplement un putain de bon morceau qui allie matraquage à haute vitesse et mélodie vicieuse, une section rythmique monstrueuse avec une basse omniprésente, et un Mortuus toujours aussi possédé, je sais pas quelle drogue il prend mais il devrait en filer à Morgan, peut-être que ça éviterait les différents errements qui enfoncent Viktoria dans la catégorie des albums plus que moyens.
Du Frontschwein mixé avec du Panzer Division avec tout un tas d'idées jetées là-dedans à l'arrache qui seront parfois mauvaises et au mieux pas assez développées parce que le groupe mélange vitesse et précipitation, ça nous donne un Viktoria complètement moyen, pas trop mauvais, mais jamais franchement satisfaisant, on a globalement vingt minutes de bon Marduk sur les trente-deux minutes de la galette, pour un album où les gars ne se sont pas trop fait chier et ont tout traité en dilettante, car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est un album de branleur, allez plutôt écouter l'album de Funeral Mist qui vient juste de sortir, il lui est largement supérieur et il y a même Mortuus qui chante dessus.
Track Listing:
1. Werwolf 02:02
2. June 44 03:49
3. Equestrian Bloodlust 02:51
4. Tiger I 04:12
5. Narva 04:31
6. The Last Fallen 04:25
7. Viktoria 03:06
8. The Devil's Song 03:46
9. Silent Night 04:12