On peut dire que Order ov Riven Cathedrals est le genre de groupe qui aime bien le mystère vu le peu d'informations que l'on trouve sur le projet, on sait juste que c'est un duo italien composé de 12 et de En sabah Nur et que The Discontinuity's Interlude est leur premier album, ou premier EP, j'en sais trop rien puisqu'avec une petite trentaine de minutes au compteur on doit être pile entre les deux, mais à la limite on s'en fout, car tout ce que vous devez savoir, c'est que ça poutre, c'est déjà pas mal non?
Pour son premier effort, ai-je besoin de préciser indépendant, Order ov Riven Cathedrals va développer une bien singulière vision du Death Metal, très technique comme une bonne partie de la scène italienne, plutôt influencée par Nile, ultra speedée et très surchargée comme un Fleshgod Apocalypse sauf qu'en lieu et place des orchestrations baroques, Order ov Riven Cathedrals va faire dans les claviers retro Sci-fi, parce que ouais, sémantiquement parlant, chez les italiens ça part dans des délires à base d'aliens et de pyramides, c'est un peu du Stargate Tech-Death qui va vous rouler dessus pendant une petite demi-heure.
Une petite demi-heure et seulement cinq vrais titres d'ailleurs, puisqu'il va valoir se farcir 3 minutes cumulées d'intro et d'outro qui n'intéresseront surement pas grand monde, mieux vaut passer directement au premier morceau Combination Formula For The Creation Ov Our World Ov Hate, qui j'imagine doit parler d'un mystérieux groupe d'aliens qui a dérobé tous les F du monde, obligeant les groupes de Death Metal à utiliser des V à la place, les salauds! bref, musicalement parlant, ben ça va vite tourner à la correction sans aucune pitié, un morceau de cinq minutes foutrement bourrin qui voit le Death du combo vagabonder dans le Black pour un résultat qui pourrait s'apparenter à un Behemoth qui jouerait sous speed, parce que putain ça joue vite, avec juste ce qu'il faut de ralentissements pour varier les plaisirs et de petites leads mélodiques et lancinantes pour accrocher l'auditeur.
Et les claviers Scy-Fi du coup? patience, car après avoir été très discrètement introduits dans la tornade de coups de pelles dans la gueule du premier morceau, il seront bien plus présents par la suite, Dead Sea Scrolls Revelations développe un terrorisme sonore cosmique où le Death toujours aussi br00tal et ultra-speedé du combo se voit harnaché de sonorités étranges, d'orchestrations symphoniques et même d'un peu de chant d'opéra féminin, évidemment que ça fait très surchargé, mais le groupe parvient à développer une certaine emphase et une réelle dimension épique qui fait que l'on se fait assez vite à son mur du son, pourtant extrêmement dense, il faut d'ailleurs noter qu'on est sur un DR5 très compressé, qui offre une bonne louche de froideur spatiale et industrielle à défaut de dynamisme sonore chaleureux, mais ça passe plutôt bien ici vu ce que veut faire le groupe.
6000 Years of Hate changera quelque peu la donne avec son esprit moins blackisé que précédemment, on est face à une sorte de Nile de l'espace particulièrement riche en groove et en rythmique brise-nuque, Absolution from a Removable Discontinuity ira même plus loin dans la brutalité en flirtant carrément avec le grindcore sur un rythme souvent insensé, après un tel déluge de plomb, Apothem For Atomic Bane apparaîtra beaucoup plus calme, avec un mid-tempo space-opéra massif et emphatique, toujours aussi finement orchestré, bien évidemment traversé par un gros spasme de violence Black/Death sulfureux et implacable.
Pour un premier effort, The Discontinuity's Interlude s'avère plutôt impressionnant, la musique des italiens est bien évidemment surchargée à mort, et même s'ils en font des tonnes en terme de vélocité, il ne tombe jamais dans l'écueil du gonzo informe et dégueulasse à la Fleshgod Apocalypse, Order ov Riven Cathedrals a le bon goût de n'en faire jamais trop malgré sa propension à l'extrême violence et à la surcharge orchestrale, la tambouille demeure plutôt équilibrée du début à la fin, Order ov Riven Cathedrals est une sorte de Nile de l'espace qui s'amuse à inclure du Black et des trucs symphoniques retro Sci-fi à une tambouille particulièrement bien charpentée et finement agencée, une très bonne surprise.