Des nouveaux groupes qui débarquent sur la scène en se réclamant de Grave, Dismember ou Entombed, il y en a eu des tonnes depuis quelques années et le pseudo-revival Death old school qui nous a offert toute une foultitude d'albums aussi quelconques que facilement oubliables, pas forcément mauvais hein, mais quand on passe son temps à pomper ce qui se faisait il y a vingt-cinq ans on ne va jamais très loin et on tourne vite en rond.
Partant de là, le premier effort de Winds of Leng était destiné à être écouté une fois avant de terminer sa course dans l'oubli, sauf que vu que je prends la peine de vous en parler, c'est que les choses ne se sont pas passées comme prévu, ce n'est pas que Horrid Dominion va révolutionner le genre, on en est même très loin, mais le groupe a malgré tout ce petit truc en plus qui sort, un tout petit peu, de l'ordinaire.
Bien évidemment, afin de ne pas sonner comme tous les vulgaires clones de Grave ou de Dismember, Winds of Leng va toucher un peu à d'autres trucs, et ce sera notamment l'inclusion de légères touches de Black Metal qui va faire la différence, on ne sera d'ailleurs pas si éloigné que ça d'un Black Dahlia Murder par moment, mais en mode bourrin, et obsédé par le old school et les mandales brutales dans la gueule, parce que bon, les gars ont beau être des inconnus, quand il s'agit d'envoyer du lourd et de crafter des brûlots in your face, ces américains n'ont pas de leçons à recevoir des vétérans suédois.
Après une minutes d'intro qui ne sert à rien, c'est par un riff pachydermique et menaçant qui sert véritablement d'intro que débute Beneath Unhallowed Earth, un premier titre furibard qui dégage de forts relents putrides pour l'ambiance avec ses leads sulfureuses, idéal pour mettre l'album sur de bons rails, une pièce purement Death à l'ancienne qui précédera un titre teinté de Black Metal qui résonne comme une déclaration d'intention, Winds of Leng n'a pas l'intention de se limiter à de la pompe de Dismember et veut varier les plaisirs, d'ailleurs, malgré son flirt poussé avec le Black, Audrey naviguera quand même dans un Death à la fois mélodique et bourrin, avec une section rythmique foutrement massive et énormément de variation dans le chant, alternant entre le Growl caverneux et le chant écorché à la TBDM.
Ce ne sera pas le seul moment Black de la galette, Chaosborn sera un curieux déluge de Blackened Melodeath extrêmement véloce et brutal, une bonne grosse branlée Black/Death qui empruntera certaines bifurcations Mélodeath, tout d'abord dans certaines inclinaisons rythmiques mais surtout pour un passage central qui semble renvoyer directement à du vieux Amon Amarth, les références seront assez nombreuses et disséminées sur tout le morceau, et en parlant de Death mélodique, le très viscéral Devourer rajoutera un peu d'At the Gates dans la tornade pour une grosse tarte dans la gueule sans aucune pitié.
Awakening the Overmind proposera encore du Death ultra violent mais qui passera cette fois-ci par une large section Doom/Death, parfaite incartade putride et malsaine qui est bien évidemment un passage obligé un peu cliché dans ce genre de production, mais ça fonctionne toujours très bien et ça apporte encore un peu plus de diversité à un album qui n'en manque déjà pas, l'album connaîtra malgré tout une petite baisse de régime sur la fin, The Colour et The Void sont corrects pour des fillers pas franchement intéressants, le disque se clôturant d'ailleurs sur un Lord of the Dead fortement influencé par Dismember en mode survitaminé qui s'ouvre étrangement sur un sample horrifique qui n'est qu'un cliché tout ce qu'il y a de plus inutile.
Horrid Dominion est le genre d'album qui fait plaisir, on sent un groupe qui a longuement bossé son affaire afin de nous livrer un Death à la fois impactant et varié, tout en conservant une ligne directrice, Winds of Leng ne vagabondant jamais très loin de son Death Old School très fortement influencé par l'école suédoise, ça défouraille et ça poutre pendant une quarantaine de minutes sans jamais être lassant, il faut dire aussi qu'en plus d'un songwritting de très haut niveau, c'est le maître Dan Swanö lui-même qui s'est occupé du mastering, et ce n'est pas de l'argent jeté par les fenêtres, le son est organique, cristallin, la compression est tout à fait acceptable avec un bon petit DR8, bref, un son à l'ancienne mais qui garde une appréciable petite touche de modernité.
Je dois bien vous avouer que je ne pense pas avoir écouté meilleur album de Death à l'ancienne jusqu'à présent cette année, et qu'il va être difficile pour la concurrence de faire mieux, tant Winds of Leng vient de leur botter leur cul en quarante-trois minutes, enfin, quarante-deux si on enlève l'intro toute nulle.
Horrid Dominion est un putain de bon disque de Death old school, violent, putride, brutal, diversifié, à l'intensité démoniaque, Winds of Leng ne relâchant jamais la pression pour délivrer des brûlots punchy entre tradition et modernité, car c'est bien de ça qu'il s'agit, les américains ne sont jamais trop passéistes et n'hésitent pas à varier les plaisirs de manière bien rafraîchissante.