Aujourd'hui c'est chronique découverte, avec le premier album de Marsh Dweller, pas un groupe mais plutôt un one-man band où l'habitant du marais ce nomme John Owen Kerr, qui n'est pas forcément un inconnu de l'underground américain puisqu'il joue de la batterie chez Seidr, où il côtoie Austin Lunn de Panopticon, cette information sera très importante au moment d'aborder The Weight of Sunlight, car Marsh Dweller fait du Black/Folk aussi, tiens tiens...
Un one-man band qui fait du Black/Folk subtilement saupoudré de Death mélodique, ouais, ça ressemble beaucoup à Panopticon, et The Weight of sunlight sera vraiment ça, une espèce de Panopticon, en un peu plus violent cependant, notre habitant du marais n'a pas trop de temps à perdre à dépeindre des paysages hivernaux et ruraux, préférant sortir les muscles, John Kerr préfère manier la hache que le violon au coin du feu, même si bien sûr de nombreux moments Folk rustique seront au programme de l'aventure.
Du Panopticon, certes, mais pas que, puisque l'on retrouve sur l'album des contributions des membres des blackeux médiévaux d'Obsequiae, et cela va se ressentir quelque peu sur la musique de Kerr, qui, pour un one-man band, est décidément bien entouré pour le premier album de son Marsh Dweller, par ailleurs, la basse est tenue par Andrew D'Cagna de Nechochwen, un combo de Folk/Black de Virginie.
Partant de là, il va s'en dire que même pour un premier album, le son de Marsh Dweller sur The Weight of Sunlight va s'avérer plutôt accueillant pour qui connait un peu cette scène Black/Folk américaine où des tonnes de groupes se sont engouffrés dans le sillage de Panopticon, Marsh Dweller va tenter de nous prouver qu'il est davantage qu'un simple copiste habile, pour cela, il va s'aventurer du côté plus violent du genre, ce qui ne va pas empêcher le projet de ressembler globalement à un mash-up de Panopticon et d'Obsiquiae.
Certes, tout ceci est très très référencé, mais Marsh Dweller va parvenir à démontrer qu'il fait partie du haut du panier, avec un riffing de qualité, et surtout un certain sens du tempo permettant de faire tenir debout ce mélange Black/Folk où les arrangements seront de tout premier ordre, le premier morceau est d'ailleurs une longue introduction, un build up instrumental qui passe de l'acoutique au Folk/Black et qui débouchera sur un The Dull Earth pleinement influencé par Panopticon, je sais que je me répète à constamment citer ce groupe, mais c'est très compliqué dans le cas de Marsh Dweller, différence quand même il y a, puisque comme je vous le disais plus haut, c'est l'approche plus Black Metal qui est privilégié ici, même si les arrangements acoustiques omniprésents et les leads aboutissent à une mixture émotive, mélancolique, où la tension du black n'est jamais vraiment absente.
Where the Sky Ends franchira une étape supplémentaire dans la violence, où la dimension Folk sera réduite au minimum, on est d'ailleurs dans une sorte de Black/Death mélodique avec un riff d'intro qu'on aurait pu trouver chez Amon Amarth, la batterie est particulièrement galopante, Marsh Dweller parvient à proposer quelque chose de très agressif sans jamais tomber dans l'excès, on va d'ailleurs retrouver un passage plus teinté d'atmosphérique d'obédience Folk vers la moitié du morceau, Feathers on the Breath of God aura le même tempérament violent, pour un morceau que l'on aurait presque pu trouver chez Obsiquiae, ou alors chez un Panopticon qui carburerait au speed.
Il n'y a pas que de la violence chez Marsh Dweller, qui n'oublie pas que dans Black/Folk, il y a aussi Folk, c'est ainsi que l'on trouvera l'instrumental Empty Light of Heavens, un truc complètement naturaliste puisque les son d'un cours d'eau sera mêlé à du... bol chantant, un truc de gros hippie mais qui permet de faire une petite pause pas désagréable, amenant un Forks of the River plutôt Heavy et pas trop rapide qui contiendra de bons vieux chœurs à la Bathory, Marsh Dweller n'a peut-être pas inventer la poudre, mais il connait son affaire et sait naviguer finement entre ses références.
Atmosphérique, dynamique, et décidément très orienté vers l'agression, Marsh Dweller propose un premier album tout à fait respectable, qui devrait ravir tous les fans de cette nouvelle scène Folk/black mélodique américaine.
Bien entendu, avec toutes les références, et les liens qu'il entretient avec ces groupes, difficile de détacher Marsh Dweller de Panopticon, Obsiquiae ou encore Nechochwen, malgré tout, The Weight of Sunlight parvient à sonner frais, comme s'il se trouvait davantage à la croisée des genres plutôt que d'être une simple imitation, John Kerr parvient à finement réagencer des éléments très clichés dans le genre, il les utilise avec parcimonie au sein de compositions parfaitement équilibrées entre la rugosité d'un Black souvent vindicatif et les aspirations naturalistes folkloriques, l'ensemble s'avère au final particulièrement convaincant, pas forcément surprenant, mais The Weight of Sunlight est du genre solide et constant du début à la fin, dommage cependant qu'il n'est pas suffisamment aventureux pour se détacher complètement de ses influences parfois trop pesantes.