Ça fait déjà deux ans?
Putain ouais, comme le temps passe vite, et donc réglé comme les rouages d'un char d'assaut, revoilà Sabaton avec un nouveau disque sous le bras pour nous proposer un Power Metal brillant et novateur ... oups, pour plutôt redémarrer un cycle de tournée avec du nouveau merch et deux-trois singles vite-torchés qui viendront se greffer à la setlist, ça fait rêver hein? Mais ne vous inquiétez pas, le groupe cartonne en ce moment et tout sera fait pour que le recyclage fonctionne et que ça se vende par palette entière, et même que le gros pigeon lâchera 150 boules pour se procurer l'édition ultra limitée livrée avec un tank.
Bref, The Last Stand, c'est encore une fois du pur recyclage, et à l'instar des suédois, je n'ai pas trop envie de me faire chier, donc je vais également recycler dans ce texte quelques bons mots que j'avais déjà utilisés lors de mes précédentes chroniques du groupe, rien ne se perd, rien ne se crée, rien ne se transforme...
On ressort les treillis, les tanks, et La guerre pour les nuls comme source d'inspiration afin de repartir pour de nouvelles aventures avec Joakim Brodén et sa joyeuse bande d'intérimaires (à part le bassiste qui a survécu à toutes les purges du groupe et doit jouir d'un statut à part), le concept? baaah la guerre quoi, même que cette fois-ci, on s’intéressera à des Last Stand mythiques à travers les âges, soit la petite troupe de guerriers acculés contre un adversaire en surnombre qui fait preuve de courage et d’héroïsme... on s'en fout? ouais, complètement.
Sabaton n'a jamais été un groupe particulièrement brillant, mais il a toujours été un habile recycleur du Power Metal, c'est un pragmatique qui a vite compris que seul le développement de toute une imagerie était largement suffisant pour lui ouvrir la voie du succès, en même temps, on parle de Power Metal là, c'est pas comme si dans le genre le fan de base était très regardant, il suffit de lui coller dans la gueule un gros riff, un refrain héroïque et épique, des putains de claviers kitschs, et roule ma poule, il suffit de répéter la tambouille dix fois par album pour que ça marche, Sabaton applique sa formule, point barre, ni plus ni moins, ça tourne en rond comme jamais mais pourquoi modifier quoi que ce soit si ça marche encore?
Bon, par contre, ce qui n'était pas trop prévu, c'est que le gang suédois allait tomber comme un vulgaire Turisas dans le bourbier de l'ABBA Metal, ouais, Sabaton c'est devenu un peu ça, le Turisas du Power Metal guerrier qui masque la pauvreté et le caractère générique de ses compositions avec des tonnes de claviers kitschs à mort, vous allez me dire que ça marche super bien en concert, et je suis d'accord avec vous, mais sur album, ça le fait beaucoup moins car on sent très vite que le groupe ne fait que se répéter en alignant toute sa longue série de gimmicks foireux, The Last Stand ne sera marqué par aucune évolution notable, aucune tentative d'aller au-delà de la formule habituelle, et ce disque, vous l'avez déjà entendu, il y a deux ans avec Heroes, c'est le même album, format ramassé sur des titres courts et impactant taillés pour le live, une collection de singles potentiels, tous sans âmes et prévisibles malheureusement, cet album est tellement con qu'il me fait presque regretter Carolus Rex, qui était certes un peu bancal par moment, mais qui avait au moins le mérite de tenter deux-trois trucs nouveaux et plus ambitieux.
Le but de The Last stand est ultra simple, proposer les refrains les plus gigantesques possibles afin de faire chanter le public en concert en mode Blood brothers, la bière en l'air, l'amitié virile crypto-gay treillis moustache, avec ses hymnes über virils Macho Man immédiats et instinctifs, ouais, Sabaton a réduit sa musique à ça, une accumulation de poncifs, et ça va commencer dès le premier titre, Sparta (Brodén a surement vu 300 en dvd...), qui sera votre dose d'ABBA Metal catchy et complètement conne par son caractère over the top, le riff est bidon mais c'est pas grave, on retrouve la voix de baryton de Brodén, le refrain fédérateur qui claque, les claviers kitsch piqués à Turisas, et en bonus, des Uh! Ah! virils qui permettront à toi, le gros beauf dans la foule, de gueuler comme un gros con avec ta bière à la main, c'est beau, j'en verserai presque une larme devant tant de raffinement et de sophistication...
Ce qui est choquant dans cet album, c'est l'aboutissement du changement de paradigme qui s'est opéré dans le processus de composition au fur et à mesure des albums, je m'explique, Sabaton recyclait d'autres trucs de Power Metal, beaucoup de Blind Guardian et de Grave Digger, mais il parvenait à y insuffler sa propre personnalité, avec le temps, il s'est mis à se recycler lui-même, et quand vous commencer à recycler du recyclage, vous obtenez une album comme The Last Stand, qui est une sorte d'auto-pompage qui confine à l'auto-parodie, c'est comme manger un gâteau bien lourd, le vomir, remanger son vomi, et le re-vomir une fois encore, au bout du compte, vous n'avez pas miraculeusement re-vomi le gâteau dans son état originel, vous avez juste une flaque de vomi encore plus dégueulasse que la précédente, The Last stand est le résultat de toutes ces procédures de vomissages, et c'est moche, et ça pue aussi.
Je ne vais pas perdre mon temps à rentrer dans les détails de tous les morceaux, ça n'a aucun intérêt, car ce sont tous les mêmes, tous les morceaux ont le même format trois-quatre minutes, les structures sont identiques et se répètent constamment, et pire encore, alors que les morceaux explorent des civilisations très différentes, même si la guerre est le point commun, jamais cela ne va se ressentir dans l'ambiance des morceaux, on aurait aimé par exemple des sonorités asiatiques pour Shiroyama, mais non, que dalle, c'est juste un random morceau qui pourrait parler de n'importe quoi d'autre, d'un autre côté, quand on écoute un Blood of Bannockburn où l'ambiance celte débouche simplement sur un vulgaire nouveau cliché à la cornemuse mêlé à un orgue dont on se demande ce qu'il fout là, c'est surement mieux ainsi, sinon y'a un truc cool, le seul du disque en fait, ça se passe sur The Lost Battalion, où des parties de batterie ont été remplacées par des bruits de mitrailleuse lourde, de pistolet et de baïonnette, ça rend plutôt bien, ça ne rend pas le morceau plus bon qu'il ne l'est, mais ça a au moins le mérite d'être fun.
Bref, The Last Stand, vous l'avez déjà entendu avant, en mieux, puisqu'il ne s'agit ici que d'un recyclage qui tourne assez vite à l'auto-parodie gênante.
Les mélodies, les refrains, les riffs, tout est convenu, prévisible au possible, et surtout sans intérêt, Sabaton propose un songwritting de putain de grosse feignasse, avec un niveau de foutage de gueule encore jamais vu, Sabaton s'auto-recycle et ressemble à un chien qui court comme un con après sa propre queue, difficile d'avancer dans ces conditions.
Le recyclage semble être devenu la norme pour Sabaton, qui vient de placer la barre bien bas avec son nouvel album, dont le seul objectif est de repartir sur un nouveau cycle de tournée, le groupe n'a pris aucun risque, et n'a surtout plus aucune idée à ajouter à la tambouille, The Last Stand est une accumulation de poncifs redondants, avec ses morceaux aux structures simplistes constituées de pans entiers pompés sur des vieux titres, on en est là, et franchement, c'est moche, ce qui n'empêchera pas l'album d'être un succès hein, le fan du groupe étant suffisamment CONciliant pour se contenter de ces hymnes virils à la con...
Track Listing:
1. Sparta 04:26
2. Last Dying Breath 03:26
3. Blood of Bannockburn 02:57
4. Diary of an Unknown Soldier 00:51
5. The Lost Battalion 03:23
6. Rorke's Drift 03:28
7. The Last Stand 03:58
8. Hill 3234 03:31
9. Shiroyama 03:36
10. Winged Hussars 03:53
11. The Last Battle 03:12