Avec ses deux premiers albums Black Future et Outer Isolation, Vektor a réussi une chose, tuer le Thrash game et complètement annihiler l'intégralité de la scène Re-Thrash, pulvérisant dans le vide cosmique tous les clones de Slayer/Megadeth/Metallica en culottes courtes sévissant depuis une bonne dizaine d'années en se pensant les rois du monde, sauf que voilà, Vektor est le seul roi du monde du Thrash, un titan, qui a su voir plus loin que les autres, aller plus loin que les autres, des autres qui se sont peut-être cru à l'abri puisque le roi avait plus ou moins disparu de la circulation depuis 2011, cinq longues années où de toute évidence, à l'abri des regards dans une lointaine galaxie obscure, Vektor ourdissait son plan de conquête du monde, car c'est bien de cela qu'il s'agit avec Terminal Redux, après l'éradication de toute concurrence dans le Thrash, il fallait voir plus grand afin de conquérir de nouveaux espaces...
Euh, ouais, sinon, à part ça, Terminal Redux est une tuerie.
J'aurais quasiment pu arrêter cette chronique ici, ce disque est une tuerie, point barre, et il n'y a finalement pas grand chose d'autre à ajouter, pourtant vous me connaissez, je trouve toujours le moyen de trouver quelques saloperies à balancer même quand j'adore un album, mais dans le cas de ce troisième album de Vektor, même pas, j'ai cherché pourtant, à la limite, la compression légèrement trop prononcée du machin, la longueur du disque peut-être, le chant toujours aussi particulier pas franchement hospitalier de prime abord, mais non, ce ne sont même pas des défauts digne d'être signaler, c'est vous dire le niveau que Vektor vient d'atteindre avec Terminal Redux.
Bien sûr, il y a un truc, il y a toujours un truc, et pour rendre l'expérience Terminal Redux encore plus singulière que les deux premiers albums, Vektor a juste eu besoin de poursuivre sa lente évolution vers les contrées progressives, cette dimension prog a toujours été présente depuis le début, mais jamais à ce point-là, Vektor vient de pousser son Thrash dans une nouvelle galaxie, où il demeure intouchable de la concurrence, de part son intensité, sa richesse sonore, ses compositions toujours plus complexes et fouillées tout en restant toujours aussi accessible et catchy, même si bien entendu, Terminal Redux sera moins cinglé que ses prédécesseurs, le Thrash Vektorien sera ici plus réfléchi et plus posé, pas rassurez-vous, l'intensité et la hargne sera toujours au rendez-vous, prenant seulement des formes différentes.
Partant de là, le premier titre Charging the Void pourrait presque être intitulé Comment tuer le game en un seul titre, Vektor est de retour et va le faire savoir au monde par le biais de cet ingénieux brûlot plutôt classique au premier abord mais tellement classe et d'une richesse qui se dévoile progressivement, notamment en évoluant vers la moitié du titre en plein territoire progressif sans jamais sacrifier une seule once d'intensité, la légère vibe Black sera également présente dans les riffs, et l'on va naviguer entre cavalcades fougueuses et ponts aériens succulents, avec petite surprise, une incartade du côté de chez Devin Townsend avec des chœurs en chant clair détonnant, un premier moment de grâce dans ce prog-Thrash labyrinthique imprévisible mais toujours incroyablement fluide.
Un peu moins speedé, Cygnus Terminal sera une véritable démonstration de Thrash progressif et super-technique maintenant constamment la tension avec de très nombreuses accélérations dont le groupe a le secret, imparable et brutal, comme le sera un LCD (Liquid Crystal Disease) ravageur qui mettre en valeur l'extraordinaire duo de guitariste David DiSanto/Erik Nelson, avec une section rythmique au diapason et au taquet, pour un ensemble dont la technique et la fluidité sont juste ridicules et largement au dessus de la norme, dont la variété proposée parvient à faire passer comme une lettre à la poste les pourtant sept minutes de l'aventure, c'est bien simple, on ne vois pas le temps passer.
Le pire dans tout ça, c'est que jamais Vektor ne va ralentir le rythme ou montrer un quelconque signe de faiblesse, du début à la fin, Terminal Redux sera brillant et intelligent, même en étant incroyablement technique et complexe, Vektor aura toujours comme volonté première de proposer des morceaux accessibles et toujours aussi étrangement catchy, et ce malgré la longueur de certains morceaux, Vektor parvient constamment à relancer la machine entre les passages les plus progressifs avec une facilité déconcertante.
Malgré une orientation certainement plus progressive, le disque ne sera pas avare en grosse mandale dans la gueule, notamment après le petit instrumental Mountains Above The Sun, on trouve toute une série de titres particulièrement directs et implacable, souvent joués à très haute vitesse, Pteropticon va vous foudroyer avec des riffs assassins et un impeccable sens du groove renvoyant directement à un mix entre Slayer pour la vitesse et un Voivod pour cette capacité à varier les plaisir et à penser en dehors des sentiers battus, et niveau Groove, on franchira un cap supplémentaire avec le dévastateur Psychotropia, alternant entre la haute voltige technique et une lourdeur en mode brise-nuque carrément jouissive.
On pensait avoir tout entendu, qu'on ne pouvait plus être surpris, et puis est arrivé l'avant-dernier titre Collapse, qui est... une putain de ballade! ouais, c'est bizarre à ce point là, une sorte de ballade progressive plutôt Rock voir même Blues par moment, et l'on aura même droit au chant clair de DiSanto, qui sent sort admirablement bien même si c'est super bizarre, notons quand même que diversité oblige, le morceau utilisera à plein ses neuf minutes pour évoluer vers une sorte d'hymne Thrash/Power Metal, étrange que cela fonctionne mais c'est le cas, un bon petit hors-d'oeuvre avant le véritable climax du disque, Recharging the Void, sorte de continuation/variation du titre d'ouverture, qui va nous montrer un Vektor mettant ses couilles sur la table et n'ayant pas peur d'expérimenter, le morceau fait un bon treize minutes au compteur, et sera gavé de surprises, démontrant une fois de plus tout le caractère imprévisible et la dimension progressive de l'album, ce dernier titre est à ranger au rayon des inclassables, les chœurs à la Townsend seront de la partie, le chant clair aussi, et il y aura même une chanteuse de Soul, Recharging the Void est une montagne russe émotionnelle de laquelle on ne ressort pas indemne, indescriptible et complètement brillant.
Que dire de plus? Rien, Terminal Redux est une tuerie, le chef-d'oeuvre de Vektor, on ne pensait pas que le groupe pouvait faire mieux, c'est pourtant le cas, ce troisième disque est le plus passionnant du groupe, le plus complexe, et aussi le plus ambitieux, virtuose, varié, épique, fantastique, Vektor vient surement de tuer le game en ce qui concerne l'album de l'année, laissant toute la concurrence en PLS, et confirmant la position de Vektor au sommet de la scène Thrash, et surement pas loin du top de la scène Metal tout court, époustouflant.