Quand on parle de Metal brésilien, on pense tout de suite à Sepultura ou Angra, le nom de Krisiun viendra toujours après, même chez les personnes de bon goût, pourtant, la petite affaire familiale des frangins Camargo/Kolesne roule sa bosse depuis pile-poil 25 ans, 25 ans à galérer dans l'underground, à tourner inlassablement tous les ans, peu importe le lieu, du plus petit club minable aux plus grands festivals, en passant par tous les petits fest mineurs dans des destinations exotiques, Krisiun y a forcément joué au moins une fois, d'ailleurs tout le monde a déjà vu Krisiun au moins une fois dans sa vie, et il a forcément pris une baffe, car Krisiun ne fait pas dans demi-mesure, pratiquant un Death intransigeant, violent, massif, 25 ans d'abnégation et de passion... pour acquérir ce petit statut de groupe culte du Death, peu importe que le groupe n'est jamais sorti un album définitif qui aurait pu le faire sortir d'un certain underground, Krisiun est toujours là, et rien ne l'arrêtera.
Quatre ans après un The Great Execution qui marquait une petite inflexion dans le style pratiqué, voilà Forged in Fury, qui sans surprise va continuer dans la même voie que son prédécesseur, à savoir un Death un peu plus mid-tempo, histoire d'entériner le fait que les frangins n'ont pas trop envie de revenir à la sauvagerie de leurs débuts, sauf que... contrairement à un The Great Execution qui parvenait à emmener le groupe dans des sphères plus lourdes tout en conservant presque intacte la violence habitulle du combo, Forged in Fury est en quelque sorte l'album du coup de mou, pas que ce soit mauvais, mais c'est quand même moins bien qu'avant...
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| Qui est qui? aucune idée, ils se ressemblent tous ces couillons |
Mauvais ce nouveau Krisiun? NON! car après tout, on parle de Death Metal rustique joué par des mecs qui font ça depuis 25 ans, Krisiun a un niveau minimum qui fait que même en petite forme, il y aura largement de quoi botter le cul de n'importe quel fan de Death.
C'est récurrent chez certains groupes qui font toujours la même chose, ce qui est le cas de Krisiun, à chaque fois qu'ils réussissent à modifier quelque peu la formule et à la faire fonctionner le temps d'un disque, l'album suivant est toujours un peu foiré, comme si ce genre de groupes ne savait pas ou plus dans quelle direction aller, pousser davantage l'évolution ou revenir en arrière, ou, comme c'est le cas ici, voiloir faire les deux à la fois, ce qui va nous donner un album un peu bancal.
Cependant, je vous parle d'évolution, dans le cas de Krisiun, elle était quand même très légère il y a quatre ans, mais suffisante pour changer de la tambouille habituelle, surtout, le ralentissement général et les quelques passages acoustiques rendaient ce Krisiun cuvée 2011 à sa manière assez catchy, malheureusement, ce côté accrocheur, il a disparu ici, et l'on va retomber dans un Death assez basique, même pour du Krisiun, sans aucune surprise ni nouveauté, c'est un peu le service minimum des brésiliens, et en poussant le bouchon un peu plus loin, on pourrait presque dire que Forged in Fury est le genre d'album quelconque sorti uniquement car il fallait bien sortir un truc pour célébrer dignement (ou pas) les 25 années d'existence du groupe.
Ce n'est pas le premier titre de l'album qui va vous mettre une baffe monumentale, c'est même plutôt le contraire, on est dans le mid-tempo à la Krisiun en mode on sait pas trop ou on va avec ce titre mais on va continuer quand même, c'est un peu trop long et il ne s'y passe pas grand chose, et la plupart des morceaux seront globalement calqués sur le même modèle, des morceaux souvent trop longs qui vont constamment alterner entre le Death mid-tempo très lourd et les accélérations brutales et ravageuses, le petit truc de composition super original et pas du tout stéréotypé, ça ne fait jamais que 25 ans qu'ils nous font le coup, sauf qu'avant, Krisiun était vraiment sauvage et ultra brutal, et c'était joué à la vitesse de l'éclair, sur Forged in Fury, ça va nous donner des compositions un peu mollassonnes et paresseuses.
Pourtant, on reconnait sans mal la patte Krisiun, avec une batterie absolument démentielle, un gros son de basse, et à cette base rythmique toujours aussi massive, des riffs agressifs, mais pas franchement des plus inspirés, même les leads n'ont plus la même vélocité et leur caractère tranchant, d'ailleurs, dans la catégorie coup de mou, il faut souligner le chant d'Alex Camargo qui n'a plus du tout le même impact, pire encore, son chant à tendance à faire sonner le groupe comme un Vader lui aussi en petite forme, et ce n'est pas forcément ce que j'ai envie d'attendre quand j'écoute du Krisiun.
Finalement, le seul qui est au niveau, c'est Max Kolesne, dont le jeu de batterie est toujours aussi féroce et sauvage, ce qui est quelque peu en décalage avec ce que proposent ses deux frangins, une tambouille Death Metal qui manque d'accroche et de punch, à tel point qu'une fois le disque terminé, on a absolument rien retenu, il y a bien quelques moments où Krisiun élève son niveau de jeu, notamment les passages où le groupe envoie la sauce et se décide à balancer du solo in your face sur fond de matraque rythmique, mais sur toute la durée de l'album, Krisiun sera branché sur courant alternatif, donnant l'impression que le groupe ne fait qu'expédier les affaires courantes, Forged in Fury donne l'impression d'être un AssassiNation avec des morceaux à chaque fois trop longs d'une ou deux minutes.
Malgré tout, l'album contient quand même quelques grosses claques, Dogma of Submission, Strength Forged in Fury avec sa tornade de leads, ou encore l'excellent Timeless Starvation, sont les rares morceaux où l'on retrouve un Krisiun conquérant et foutrement massif, le reste du temps, le songwritting un peu faiblard en mode recyclage facile ainsi que le chant qui manque d'agressivité vont immanquablement plomber l'album et l'enfermer dans une routine plutôt désagréable.
Forged in Fury fait partie de ces albums de Death dont on se dit que ouais, c'est bien du Krisiun, pas de doute là-dessus, mais dont on ne peut jamais se satisfaire complètement.
Le Death pratiqué par Krisiun a ses forces et ses faiblesses, les mêmes depuis 25 ans, mais cette fois-ci, on remarque surtout les faiblesses, le Death à la Krisiun galère un peu quand il ne parvient pas à capturer la violence et sa sauvagerie habituelle, Forged in Fury est un disque un peu paresseux, légèrement trop mou, qui se contente de ressasser de vieilles idées dans le cadre de compositions plus orientées mid-tempo et un poil trop longues, il y a bien sûr les accélérations typiques du groupe qui sortiront l'auditeur de son apathie de temps en temps, mais dans l'ensemble, cette nouvelle livraison des brésiliens est bien trop moyenne pour faire illusion bien longtemps.
Moyen
Track Listing:
1. Scars of the Hatred 05:42
2. Ways of Barbarism 06:32
3. Dogma of Submission 04:55
4. Strength Forged in Fury 06:07
5. Soulless Impaler 06:11
6. Burning of the Heretic 06:21
7. The Isolated Truth 04:09
8. Oracle of the Ungod 04:43
9. Timeless Starvation 05:56
10. Milonga de la Muerte 00:53