Recyclage: Ensemble des techniques ayant pour objectif de récupérer des déchets et de les réintroduire dans le cycle de production dont ils sont issus.
Pastiche: Œuvre littéraire ou artistique dans laquelle on imite le style, la manière d'un écrivain, d'un artiste soit dans l'intention de tromper, soit dans une intention satirique.
Cela fait désormais cinq ans que la presse spécialisée tente de nous vendre Ghost comme le renouveau du Metal, et malgré la certaine qualité de son premier album, je dois bien vous avouer que j'ai du mal à voir en renouveau du Metal un groupe dont le fond de commerce est de pomper (certains diront s'inspirer) d'autres groupes légendaires du genre, d'ailleurs en parlant du genre, s'agissant d'un groupe de Rock pompant des groupes de Metal, il n'est pas évident de cataloguer Ghost comme groupe de Metal, mais il faut croire que le Metal est tellement à la recherche d'une nouvelle locomotive commerciale que certains sont prêts à accepter n'importe quoi, même placer sur un piédestal un groupe de recycleurs de vieilleries.
Ghost a tout compris, malgré tout, les suédois ont bien vu que le vintage était à la mode, que le Metal moderne était une impasse, et surtout qu'il fallait du buzz pour que ça marche, Ghost est un buzz band de roublards misant sur l'imagerie et le côté tendancieux de sa musique, et ça a fonctionné, sur le premier album en tout cas, parce que sur le second, on a eu droit à une véritable catastrophe auditive, Infestissumam était un échec artistique presque complet (je ne vais pas y revenir, j'ai une chronique pour ça), après s'être vautré, la seule solution pour le groupe était de revenir à ce qu'il faisait sur Opus Eponymous, et vous savez très bien ce qu'il se passe quand un groupe revient sur ses pas, c'est forcément moins bien.
Meliora, c'est l'histoire d'un running gag usé, on a encore eu droit à un vrai-faux changement de chanteur, Papa Emeritus II devenant Papa Emeritus III, ce qui sert grosso-modo au groupe à faire un peu de buzz avant de sortir l'album, c'est devenu une sale habitude et je peux vous affirmer qu'on aura l’avènement d'un Papa Emeritus IV pour le prochain album, car il y aura forcément un quatrième album après celui-ci, avec toute la presse qui leur mange dans la main, ça risque de bien se vendre, et tant pis si le seul intérêt de ce nouveau disque va être de savoir quels groupes les suédois auront décidé de pomper cette fois-ci, ouais, on en est là...
Avec son premier album, Ghost avait réussi à faire fonctionner son pastiche recyclé mélangeant globalement du Blue Oyster Cult et du Mercyful Fate, avec un sens du refrain pop digne d'Abba, et c'était bien finalement, ça sonnait "frais" malgré le pompage éhonté, par la suite c'est un peu parti en couille quand le groupe est parti dans le délire sixties Beach boys satanique, et c'est presque tout naturellement que Ghost va choisir la facilité, revenir à Opus Eponymous, ou plutôt tenter de refaire Opus Eponymous cinq ans plus tard avec à peu de choses près les mêmes ingrédients, l'effet de surprise en moins, et surtout dans un genre désormais surchargé de groupes de Neo-Vintage qui eux aussi se sont mis à faire du "neuf" avec du vieux.
N'attendez rien de neuf avec Meliora, Ghost va reprendre son Rock vintage inspiré de Mercyful Fate et de Blue Oyster Cult comme si Infestissumam n'était jamais arrivé, partant du fait que Opus Eponymous était un pastiche, avec Meliora, on va atteindre ce point où Ghost tentant de refaire Opus Eponymous ne va réussir qu'à nous proposer un pastiche de son premier album, un pastiche d'un pastiche, voilà ce que sera Meliora, autant le dire tout de suite, la musique de ce troisième album ne sera pas de première fraîcheur, ni même de première main, après tout, la copie d'une copie s'éloignera toujours un peu plus de la qualité de l'original.
Il parait que Meliora signifie en latin Meilleur, ou un truc comme ça, ce ne sera donc pas le cas, Infestissumam était peut-être raté, mais au moins le groupe avait tenté de faire les choses différemment, revenir aux gimmicks du premier album constitue un certain aveu d'échec pour les suédois masqués, qui cède ainsi à la facilité et à une certaine paresse, qui va transparaître dès le premier morceau Spirit, une intro facile avec ses claviers qui semblent tout droit piqués à une vieille série B horrifique, et un riff passe-partout, tout à fait le genre de morceau basique de Ghost qui n'aurait été qu'un filler sur le premier album mais qui se voit catapulter en titre d'ouverture ici, même Papa Emeritus utilisant toujours son chant de crooner en fait le moins possible, ce mec est surement un bon chanteur, pas de doute là-dessus, mais c'est surtout un one-trick pony incapable de varier son chant, se contentant de faire la même chose sur chaque titre, et ça fait désormais trois albums que ça dure, Meliora étant assez révélateur de toutes les limites de son vocaliste, qui ne sera jamais le nouveau King Diamond comme la presse nous le vend depuis cinq ans.
Il n'y aura pas grand chose à tirer d'un From the Pinnacle to the Pit qui utilise toutes les ficelles habituelles du groupe, principalement les claviers typés seventies et le bon gros refrain pop rendant tout ça le plus accessible possible, en même temps, l'album est produit par un mec ayant bossé avec Madonna, Katy Perry ou encore Britney Spears, faut donc pas s'étonner si c'est mou du genou et très orienté grand public, l'album sera d'ailleurs relativement surchargé en morceaux de remplissage complètement inutiles qui n'apporte rien, Majesty (de la pompe de Deep Purple), Devil Church ou Absolution, malgré des claviers vintage sympa sur ce dernier, sont des titres quelconques à peine passables, assez révélateurs d'un groupe en roue libre qui se contente d'appliquer la formule d'Opus Eponymous sans trop se faire chier, ni même tenter d'apporter quoi que ce soit de neuf.
"Metallica a appelé, ils aimeraient récupérer leur riff", c'est ce que j'ai pensé la première fois que j'ai écouté Cirice, ce premier riff, c'est à mi-chemin entre de la pompe de Metallica et un mauvais Slayer mid-tempo, avec du coup un chant qui est complètement à côté de la plaque, ah bien sûr, c'est un peu plus lourd et sombre que la normale, mais ce recyclage est bien surfait pour un groupe qui tente trop de coller à l'étiquette Metal à tout prix, on ne sera pas surpris de trouver après l'interlude Spöksonat la bonne grosse ballade obligatoire avec un He is assez Folk chargé de choeurs et d'orchestrations, ça ne sert à rien, c'est même plutôt nul, mais c'est dans le cahier des charge ma bonne dame, et il y a ce titre un peu bancal, qui mélange plein de trucs sans réelle direction, Mummy Dust, le riff est assez lourd, Heavy, le chant sera assez médiocre là-dessus, et certains passages, notamment les claviers, seront intégralement pompés sur du Dream Theater, Ghost voulait surement faire un morceau de Prog en ayant aucune putain d'idée de comment faire, on passera volontiers sous silence le dernier titre Deus in Absentia, sorte de version rock et liturgique d'Abba, mélange particulièrement vomitif.
Ghost qui tente de refaire Opus Eponymous, ben ça donne un sous-Opus Eponymous, et même si c'est moins foiré que le second album, je ne vois pas comment on peut trouver satisfaisant ce Meliora, en même temps, quand un groupe fait du recyclage de ce qui était déjà du recyclage, il ne peut pas aller bien loin.
Meliora est l'accumulation de tous les clichés et gimmicks du groupe, l'album qui met en lumière toutes les limites que peut avoir la tambouille réchauffée de Ghost, que ce soit vocalement ou en terme de composition, Ghost connait la formule et l'applique, sans aucune nouveauté ni même volonté d'aller au-delà, on se retrouve avec un album, qui même si accessible et bien foutu dans son genre, ne dépasse pas le cadre du nouveau disque anecdotique du groupe qui avait sorti un premier bon disque sympa et qui se galère désormais à faire aussi bien, ce disque ne provoque aucune excitation particulière, et l'entreprise de recyclage suédoise finit par tourner salement à vide ici.
Pastiche recyclé
Track Listing:
1. Spirit 05:15
2. From the Pinnacle to the Pit 04:02
3. Cirice 06:02
4. Spöksonat 00:56
5. He Is 04:13
6. Mummy Dust 04:07
7. Majesty 05:24
8. Devil Church 01:06
9. Absolution 04:50
10. Deus in Absentia 05:37