Il fut un temps où Nightrage, c'était quelque chose les enfants, enfin, le temps d'un album en fait, le premier, quand un all-star band au casting prestigieux sortait le meilleur album d'At the Gates post-Split d'At the Gates avec Sweet Vengeance, dernier soubresaut d'une scène MeloDeath qui commençait déjà en 2003 à sérieusement perdre en pertinence.
Sweet Vengeance, c'est le meilleur album d'At the Gates que ce dernier n'a jamais sorti, avec son line-up de folie réunissant les fines lames grecques Marios Iliopoulos et Gus G, le cogneur danois Per M. Jensen, le mercenaire frenchie Brice Leclercq à la basse, et bien entendu le légendaire Tomas Lindberg au chant, accompagné en guest par Tom Englund, bref, du lourd de chez lourd, pour un unique tour de force, car l'album suivant Descent into Chaos, c'était quand même largement moins bien malgré un line-up toujours aussi impressionnant.
Depuis, c'est la longue descente dans l'oubli, Nightrage n'est plus un all-star band, n'étant désormais plus que le groupe de Marios Iliopoulos accompagné de mercenaires plus ou moins connu et dont le line-up varie selon les années, et tant pis si Insidious redressait quelque peu la barre en 2011, c'est dans une certaine indifférence que sortait l'album, il faut dire que le MeloDeath, c'est plus ce que c'était ma bonne dame, le genre est désormais daté, et n'intéresse plus que les nostalgiques d'une époque révolue, mais le fait que le public soit passé à autre chose ne va pas empêcher le guitariste grec de continuer l'aventure malgré tout, le mec est du genre obstiné et ne lâche pas l'affaire facilement, pourtant, après avoir écouté ce nouvel album, il faudrait peut-être penser à mettre la clé sous la porte, car ce Nightrage n'a vraiment plus rien de pertinent à proposer, rien en tout cas pour relancer l'intérêt autour du groupe...
Je ni'rai pas jusqu'à dire que les super-groupes ne doivent pas s'éterniser, mais... si, je vous le dis quand même, l'histoire à prouvé que ce genre de projet doit rester inscrit dans une durée de vie limitée, dans une époque, son époque, et savoir lâcher l'affaire à un certain moment, c'est précisément ce que n'a pas fait Nightrage, et l'on imagine que désormais le but de projet est pour ce brave Marios de capitaliser sur un nom connu, qui a toujours quelques fans, tant pis si le cercle des fidèles se restreint d'album en album, tant pis si le groupe est désormais signé sur un tout petit label, Nightrage reste un nom connu, dommage qu'il ne soit plus un nom synonyme de pertinence.
C'est important d'être pertinent, surtout dans le MeloDeath, car quand on voit que même un groupe légendaire comme At the Gates ne parvient pas à l'être pour son album come-back, livrant un disque plutôt quelconque et dépassé, on a du mal à imaginer que l'un de ses clones, même s'il a sans doute surpassé le maître le temps d'un disque, pourrait l'être, il est désormais loin le temps de l'âge d'or de Nightrage, un lointain souvenir, pire encore, alors que la fonction première de Nightrage était de tenter de combler le vide laissé par At the Gates, comment le groupe peut-il trouver sa place maintenant que la légende est de retour, surtout qu'il est désormais déchu de son statut de super-groupe, n'étant plus que Marios Iliopoulos entouré d'intérimaires qui n'ont pas le pedigree des anciens membres du groupes.
Nightrage vend son nouvel album comme un nouveau départ pour le groupe, encore, vu qu'il nous avait déjà fait le coup avec A New Disease Is Born en 2007, et c'était plutôt foireux, tout ça pour dire que rien n'a changé à part le line-up, et que Nightrage va encore nous sortir son MeloDeath que vous avez déjà entendu des centaines de fois, parfois en mieux, souvent en pire.
Partant de là, difficile de voir en ce nouveau départ autre chose qu'un ultime coup d'épée dans l'eau de la part de Nightrage, surtout que le combo ne va pas nous livrer ici sa meilleure copie, loin de là, car même si l'on était sûr que le groupe ne surpasserait jamais Sweet Vengeance, on ne s'attendait pas vraiment à ce que The Puritan parvienne à être inférieur à Insidious, comme c'est le cas ici.
Il y a malgré tout un changement qui va être notable assez vite dans la musique de Nightrage, c'est le chant, car alors que par le passé le groupe avait utilisé soit Tomas Lindberg soit... des clones de Tomas Lindberg (poke Antony Hämäläinen), c'est ici Ronnie Nyman qui hérite du micro, avec un timbre de voix bien plus orienté Metalcore que ses prédécesseurs, et ce ne sera pas une très bonne idée, certes, ce sera la seule tentative de Nightrage pour moderniser son MeloDeath, et même si la prestation est vigoureuse, elle va s'avérer relativement monolithique, ce qui va impacter le rendu sonore de The Puritan, car nous nageons ici en territoire connu, à base de recyclage de vieilles idées, de riffs et de leads déjà entendus, quand on ajoute à cela un chant particulièrement unidimensionnel, ça va être très compliqué de rendre tout ça catchy et mémorisable.
The Puritan est-il mauvais? pas vraiment, car on ne peut pas nier la capacité qu'a Marios Iliopoulos de nous pondre tout un tas de riffs et de leads particulièrement virtuoses, le problème étant que même avec une prestation toujours aussi solide, le Melodeath de Nightrage parait toujours aussi daté, et plutôt passe-partout, pour ne pas dire quelconque, Nightrage nous sort un album qui aurait pu sortir il y a 15-20 ans, avec le même niveau d'inventivité que les centaines de clones d'At the Gates de cette époque, sans aucune surprise, ni même aucune volonté d'aller de l'avant, et je ne suis même pas sûr que le groupe en ait la capacité en l'état, il y a de la violence, bien sûr, de l'énergie aussi, mais à un degré moindre que sur Insidious, et malgré toutes les compétences de Marios, The Puritan va s'avérer plutôt insipide et sans âme.
Nightrage ne va ici rien faire de bluffant, rien n'est bandant sur The Puritan, on a droit à du MeloDeath solide, mais dont on ne retient pas grand chose au final, Nightrage utilisant la recette basique du Melodeath à la suédoise, à base de riffs brise-nuques saupoudrés de leads mélodiques comme il se doit, c'est souvent speedé, sans être ébouriffant, les solos sont de grande qualité, mais on ne parvient jamais vraiment à s'intéresser à ce qu'il se passe ici, les éléments acoustiques sont réduits globalement à un pauvre instrumental, alors que le groupe nous avait prouvé par le passé qu'il était parfaitement capable de les intégrer à ses morceaux sans que sa musique ne perde en intensité, ce qui n'est pas le cas ici, l'outro d'Endless Night est une figure de style sans intérêt, le mini-passage acoustique sur le très rapide Son of Sorrow aurait pu être sympa mais il rate sa cible, et l'on atteindra la faute de goût avec un Desperate Vows où Nightrage nous refait le coup du morceau avec un refrain en chant clair, et là où Tom Englund illuminait les morceaux de sa classe, il faudra ici subir le chant clair minable de Lawrence Mackrory (Darkane) sur un titre qui sombre dans le pire du Metalcore simpliste et sans émotion, monde de merde...
En dehors de ça, c'est la routine du MeloDeath à la Nightrage, pas besoin de vous faire un dessin, vous savez déjà de quoi il retourne à l'écoute du premier titre éponyme, car Nightrage n'aura plus rien à dire pendant la petit quarantaine de minutes d'un disque que vous oublierez aussitôt terminé le fade-out du dernier titre.
Nightrage nous livre ici un album de MeloDeath à l'ancienne daté, qui sonne comme l'un des innombrables clones d'At the Gates, solide mais irrémédiablement pas intéressant pour un sou, et à moins d'avoir hiberné dans une grotte et de n'avoir jamais écouté de Death mélodique de sa vie, tout ce que fait Nightrage ici sonnera comme du recyclage et de la redite quelconque.
Que reste-t-il à un super-groupe quand il n'a plus comme argument de vente d'être un super-groupe? pas grand chose malheureusement, Nightrage propose un MeloDeath de facture bien trop classique pour être inoubliable, avec tous les éléments clichés du genre balancés avec une totale nonchalance, sans aucune subtilité, et dont on cherche vainement le sens de la manœuvre.
Malgré tout, Nightrage reste digne dans sa lente agonie, mais ne propose rien de vraiment rassurant pour l'avenir, aussitôt écouté, aussitôt oublié, The Puritan est un album de MeloDeath quelconque et passe-partout, solide, mais jamais pertinent, un dernier coup d'épée dans l'eau avant l'oubli, une preuve supplémentaire que les super-groupes doivent être éphémères, car quand on a plus rien à dire, vaut mieux fermer sa gueule.
Insipide
Track Listing:
1. The Puritan 04:11
2. With a Blade of a Knife 02:52
3. Desperate Vows 04:13
4. Endless Night 04:09
5. Foul Vile Life 03:13
6. Stare into Infinity 03:36
7. Lone Lake (Instrumental) 02:14
8. Son of Sorrow 03:24
9. When Gold Turns to Rust 03:10
10. Fathomless 03:25
11. Kiss of a Sycophant 03:26