Rogga Johansson (Paganizer, Putrevore, Revolting, et ex d'un bon millier de groupes) n'aime pas glander, et semble s'être fixé comme mission de jouer dans le plus de groupes possibles, cela fait une quinzaine d'années que ce bon vieux Rogga participe à tout un tas de projets à durée de vie assez variable, tout à fait le genre de type disponible pour tout type d'enregistrements, communion, baptême, mariage, à condition d'aimer le Death Metal, parce que le Rogga, c'est un monomaniaque limite autiste du Death suédois des années 90, il ne sait globalement faire que ça, et ce n'est pas un hasard si la plupart des ses groupes sonnent de manière identique, un véritable artisan du riff tronçonneuse.
2015 semble être une année chargée pour notre hyperactif suédois, qui nous a déjà sorti un album le mois dernier avec son pote le légendaire Paul Speckmann (Master), un album (de Death à l'ancienne évidemment) dont je n'ai pas parlé et dont je ne parlerai pas à cause de son intérêt limité, et avant la sortie d'un énième album avec Revolting, Rogga nous refourgue ici une galette de son super-groupe The Grotesquery, pourquoi super-groupe? tout simplement à cause de la présence du légendaire Kam Lee derrière le micro, et Kam Lee dans un groupe c'est l'assurance de vocaux de qualité en mode ours des cavernes, mais fort heureusement, Curse of the Skinless Bride ne sera pas que du gros bourrinage qui tâche, car il y a un truc, c'est un concept album...
Curse of the Skinless Bride est donc le troisième volet de la trilogie horrifique (basée sur une histoire Lovecraftienne) débutée en 2010 avec Tales of the Coffin Born, suivie deux ans plus tard de The Facts and Terrifying Testament of Mason Hamilton: Tsathoggua Tales, ce troisième album est d'ailleurs pas vraiment une suite à l'album de 2012, puisqu'il s'agit ici d'un préquel se déroulant chronologiquement entre les deux premiers disques, je ne vais pas trop rentrer dans le détail de l'histoire, particulièrement confuse, et il faut bien l'avouer plutôt kitsch, mais sachez quand même que cela parle d'une histoire de détective dans une ambiance horrifique et cauchemardesque très influencée par les écrits de Lovecraft et d'Edgar Allan Poe, ce qui vous situe ce qu'est le disque en terme d'atmosphère bien lugubre et mystérieuse.
Partant de là, vu le style pratiqué, il va sans dire que ce concept sera bien la seule chose un tant soit peu originale dans The Grotesquery, car vous vous doutez bien que ce bon vieux Rogga ne s'est pas lancé dans un album de Prog expérimental, et l'on va se bouffer une bonne dose de Death à l'ancienne particulièrement chargé en références au Death suédois des années 90, une mixture classique, solide, efficace, où l'on va très vite remarquer que Johansson est toujours aussi fan de Dismember et d'Entombed, mais pas que, Kam Lee oblige, on trouvera quelques références renvoyant directement à Grave, mais aussi quelques sonorités à la Dan Swanö, après tout, Johansson était le chanteur/guitariste de Demiurg à l'époque, rien de surprenant à cela.
En dehors de Rogga et Kam Lee, le line-up est composé d'obscurs seconds couteaux de la scène Death suédoise, Johan Berglund à la basse, ainsi que Johan Berglund à la batterie, encore une fois, c'est du solide et de la compétence, pas de quoi faire des folies et proposer des plans rythmiques aventureux, mais ça colle parfaitement au genre pratiqué ici.
Album concept oblige, on va donc avoir droit à des titres de chansons bien trop longs et de la narration servant à faire avancer l'histoire, ça a l'air sympa sur le papier, mais c'est clairement la fausse-bonne idée du disque, l'histoire est déjà suffisamment kitsch et un peu risible quand même, il n'était peut-être pas obligatoire d'en rajouter avec de la grosse voix caverneuse que raconte une histoire, surtout que ces interludes narratives, au nombre de six, vont quelque peu casser le rythme du disque et et diminuer l'impact de ce dernier, ce qui est plutôt gênant quand on fait un Death de gros bûcheron en colère, c'est dommage, car l'album est court, 43 minutes en incluant plus de six minutes de narration, et Curse of the Skinless Bride perd en fluidité à cause de ça, c'est vaguement sympa à la première écoute, mais je peux vous assurer que les interludes narratives vont vite vous casser les couilles.
A part ça, il y a du très bon dans cet album de The Grotesquery, enfin, du classique très solide plutôt, ce n'est pas aujourd'hui que Rogga va réinventer le genre, mais notre ami suédois va démontrer toute sa maîtrise du genre, jusqu'à une certaine limite malgré tout, car la seconde moitié de l'album sera un poil moins bonne.
Dès le début, avec Resurrection of the Coffin Born, on sait où l'on met les pieds, du bon gros Death qui défonce, avec un morceau bien Heavy, à l'ancienne, pas trop rapide, avec les petits ralentissements qui vont bien, Rogga applique ici la formule traditionnelle qui rappellera un bon mix entre Entombed et Dismember, avec la voix particulièrement gouleyante d'un Kam Lee en pleine forme.
C'est dans la première partie de l'album que l'on trouvera les meilleurs morceaux, Return to the House of Grotesque envoie bien le pâté, avec un Kam Lee dont le growl se fait ultra profond et menaçant, et quelques leads pas vilaines du tout à la Dismember, on ne va pas se mentir, c'est pas du génie, mais ça fait diablement le boulot, surtout qu'après déjà la seconde interlude, Her Exquisite Corpse - The Skinless Bride va sacrément défourailler avec un excellent riffing pour un morceau bien groovy et particulièrement entraînant, un alliage plutôt subtil de bourrinage et de mélodie, où l'on note un certain rapprochement avec Massacre, dommage que l'on doive se taper une interlude entre ses trois premiers morceaux, comme je le disait, ça ne sert à rien à part casser le rythme.
Dommage également qu'alors que l'on s'attend à ce que le groupe continue sur la lancée, c'est à partir de Downfall - It's All Gone to Hell que l'intérêt du disque va un peu retomber, ça partait d'un bon sentiment, vouloir amener de la diversité en ajoutant du Doom à la formule, mais on va vite s'emmerder sur ce Downfall qui semble durer une éternité, ce n'est pas vraiment mauvais, mais c'est très répétitif, même le petit passage plus rythmé avec de bonnes leads sur la fin ne va pas sauver le titre d'un ennui certain, et l'on pourra dire la même chose d'un Magnum Innominandum - He of the Yellow Sign, qui même s'il démarre bien en nous mettant une claque, va lentement s'enfoncer dans une espèce de lourdeur ennuyeuse.
Bien plus réussi, Rise - The Advent of the Crooked Man est une authentique mandale dans la gueule, assez rapide, punitif, incluant une délicieuse, et cette fois-ci courte, incursion Doomeuse au milieu, c'est le Death à la suédoise comme on l'aime et qui fait plaisir, tu sais déjà comment ça marche, t'as déjà entendu le truc des milliers de fois, mais avec la science de Rogga, il faut avouer que ça fonctionne toujours, comme ce bien gras Hasturs Homecoming - All Hell Awaits des familles aux forts relents d'Entombed, et l'on aurait aimé que l'album se termine là-dessus plutôt que sur un This is the End où le chant clair qui double le growl sur le refrain est quand même sacrément embarrassant, et l'on passera volontiers sur l'outro narrative bien pénible.
Malgré les quelques défauts, The Grotesquery fait le boulot avec Curse of the skinless Bride, c'est pas du génie, mais ça n'a pas la prétention de l'être, et ce bon vieux Rogga prouve une fois de plus qu'il est l'un des maîtres du riffing Death à la suédoise.
Curse of the Skinless Bride est le genre d'album solide qui fait son petit effet, comme globalement tous les albums que sort Rogga depuis quelques années, dès que son nom apparaît dans les crédits d'un disque, on sait que la qualité sera au rendez-vous, Rogga Johansson est synonyme de bon Death, et ce nouveau The Grotesquery s'inscrit dans la tradition suédoise, jouant sur les instincts primaires de l'auditeur qui recherche du solide qui ne prend pas la tête, et qui fait plaisir à attendre sans que l'on ait nécessairement envie d'y retourner souvent, bref, si vous aimez le Death suédois des années 90, Dismember et Entombed, The Grotesquery vous fournira un bon fix de qualité, à condition de faire abstraction de cette pochette d'un goût assez douteux...
Curse of the Skinless Bride est donc le troisième volet de la trilogie horrifique (basée sur une histoire Lovecraftienne) débutée en 2010 avec Tales of the Coffin Born, suivie deux ans plus tard de The Facts and Terrifying Testament of Mason Hamilton: Tsathoggua Tales, ce troisième album est d'ailleurs pas vraiment une suite à l'album de 2012, puisqu'il s'agit ici d'un préquel se déroulant chronologiquement entre les deux premiers disques, je ne vais pas trop rentrer dans le détail de l'histoire, particulièrement confuse, et il faut bien l'avouer plutôt kitsch, mais sachez quand même que cela parle d'une histoire de détective dans une ambiance horrifique et cauchemardesque très influencée par les écrits de Lovecraft et d'Edgar Allan Poe, ce qui vous situe ce qu'est le disque en terme d'atmosphère bien lugubre et mystérieuse.
Partant de là, vu le style pratiqué, il va sans dire que ce concept sera bien la seule chose un tant soit peu originale dans The Grotesquery, car vous vous doutez bien que ce bon vieux Rogga ne s'est pas lancé dans un album de Prog expérimental, et l'on va se bouffer une bonne dose de Death à l'ancienne particulièrement chargé en références au Death suédois des années 90, une mixture classique, solide, efficace, où l'on va très vite remarquer que Johansson est toujours aussi fan de Dismember et d'Entombed, mais pas que, Kam Lee oblige, on trouvera quelques références renvoyant directement à Grave, mais aussi quelques sonorités à la Dan Swanö, après tout, Johansson était le chanteur/guitariste de Demiurg à l'époque, rien de surprenant à cela.
En dehors de Rogga et Kam Lee, le line-up est composé d'obscurs seconds couteaux de la scène Death suédoise, Johan Berglund à la basse, ainsi que Johan Berglund à la batterie, encore une fois, c'est du solide et de la compétence, pas de quoi faire des folies et proposer des plans rythmiques aventureux, mais ça colle parfaitement au genre pratiqué ici.
Album concept oblige, on va donc avoir droit à des titres de chansons bien trop longs et de la narration servant à faire avancer l'histoire, ça a l'air sympa sur le papier, mais c'est clairement la fausse-bonne idée du disque, l'histoire est déjà suffisamment kitsch et un peu risible quand même, il n'était peut-être pas obligatoire d'en rajouter avec de la grosse voix caverneuse que raconte une histoire, surtout que ces interludes narratives, au nombre de six, vont quelque peu casser le rythme du disque et et diminuer l'impact de ce dernier, ce qui est plutôt gênant quand on fait un Death de gros bûcheron en colère, c'est dommage, car l'album est court, 43 minutes en incluant plus de six minutes de narration, et Curse of the Skinless Bride perd en fluidité à cause de ça, c'est vaguement sympa à la première écoute, mais je peux vous assurer que les interludes narratives vont vite vous casser les couilles.
A part ça, il y a du très bon dans cet album de The Grotesquery, enfin, du classique très solide plutôt, ce n'est pas aujourd'hui que Rogga va réinventer le genre, mais notre ami suédois va démontrer toute sa maîtrise du genre, jusqu'à une certaine limite malgré tout, car la seconde moitié de l'album sera un poil moins bonne.
Dès le début, avec Resurrection of the Coffin Born, on sait où l'on met les pieds, du bon gros Death qui défonce, avec un morceau bien Heavy, à l'ancienne, pas trop rapide, avec les petits ralentissements qui vont bien, Rogga applique ici la formule traditionnelle qui rappellera un bon mix entre Entombed et Dismember, avec la voix particulièrement gouleyante d'un Kam Lee en pleine forme.
C'est dans la première partie de l'album que l'on trouvera les meilleurs morceaux, Return to the House of Grotesque envoie bien le pâté, avec un Kam Lee dont le growl se fait ultra profond et menaçant, et quelques leads pas vilaines du tout à la Dismember, on ne va pas se mentir, c'est pas du génie, mais ça fait diablement le boulot, surtout qu'après déjà la seconde interlude, Her Exquisite Corpse - The Skinless Bride va sacrément défourailler avec un excellent riffing pour un morceau bien groovy et particulièrement entraînant, un alliage plutôt subtil de bourrinage et de mélodie, où l'on note un certain rapprochement avec Massacre, dommage que l'on doive se taper une interlude entre ses trois premiers morceaux, comme je le disait, ça ne sert à rien à part casser le rythme.
Dommage également qu'alors que l'on s'attend à ce que le groupe continue sur la lancée, c'est à partir de Downfall - It's All Gone to Hell que l'intérêt du disque va un peu retomber, ça partait d'un bon sentiment, vouloir amener de la diversité en ajoutant du Doom à la formule, mais on va vite s'emmerder sur ce Downfall qui semble durer une éternité, ce n'est pas vraiment mauvais, mais c'est très répétitif, même le petit passage plus rythmé avec de bonnes leads sur la fin ne va pas sauver le titre d'un ennui certain, et l'on pourra dire la même chose d'un Magnum Innominandum - He of the Yellow Sign, qui même s'il démarre bien en nous mettant une claque, va lentement s'enfoncer dans une espèce de lourdeur ennuyeuse.
Bien plus réussi, Rise - The Advent of the Crooked Man est une authentique mandale dans la gueule, assez rapide, punitif, incluant une délicieuse, et cette fois-ci courte, incursion Doomeuse au milieu, c'est le Death à la suédoise comme on l'aime et qui fait plaisir, tu sais déjà comment ça marche, t'as déjà entendu le truc des milliers de fois, mais avec la science de Rogga, il faut avouer que ça fonctionne toujours, comme ce bien gras Hasturs Homecoming - All Hell Awaits des familles aux forts relents d'Entombed, et l'on aurait aimé que l'album se termine là-dessus plutôt que sur un This is the End où le chant clair qui double le growl sur le refrain est quand même sacrément embarrassant, et l'on passera volontiers sur l'outro narrative bien pénible.
Malgré les quelques défauts, The Grotesquery fait le boulot avec Curse of the skinless Bride, c'est pas du génie, mais ça n'a pas la prétention de l'être, et ce bon vieux Rogga prouve une fois de plus qu'il est l'un des maîtres du riffing Death à la suédoise.
Curse of the Skinless Bride est le genre d'album solide qui fait son petit effet, comme globalement tous les albums que sort Rogga depuis quelques années, dès que son nom apparaît dans les crédits d'un disque, on sait que la qualité sera au rendez-vous, Rogga Johansson est synonyme de bon Death, et ce nouveau The Grotesquery s'inscrit dans la tradition suédoise, jouant sur les instincts primaires de l'auditeur qui recherche du solide qui ne prend pas la tête, et qui fait plaisir à attendre sans que l'on ait nécessairement envie d'y retourner souvent, bref, si vous aimez le Death suédois des années 90, Dismember et Entombed, The Grotesquery vous fournira un bon fix de qualité, à condition de faire abstraction de cette pochette d'un goût assez douteux...
Track Listing:
1. Intro / Unholy Reprisal - Resurrection of the Coffin Born 05:35
2. The Missing and the Detective's Hunch 01:12
3. Return to the House of Grotesque 04:48
4. Of Death and Unspeakable Things 00:58
5. Her Exquisite Corpse - The Skinless Bride 04:09
6. Frightful Sight of the Skinless Corpse and the Worm 00:55
7. Downfall - It's All Gone to Hell 06:25
8. Rise - The Advent of the Crooked Man 03:35
9. The Creature and the Elder Sign 01:04
10. Magnum Innominandum - He of the Yellow Sign 04:29
11. Thy Kingdom Infernal - A Promise of Hell 00:31
12. Hasturs Homecoming - All Hell Awaits 03:56
13. This Is the End 04:04
14. The Betrayer and the Man Child 01:48