Pauvre Thulcandra, Steffen Kummerer (la tête pensante d'Obscura) a beau aujourd'hui se démener en interview afin de défendre l'authenticité du projet, le mal est fait depuis bien longtemps, dès le premier album Fallen Angel's Dominion, à une époque où, maladroitement peut-être, Kummerer passait son temps à clamer son amour et son admiration pour Dissection, faisant passer le groupe pour une sorte de groupe hommage au combo mythique de Jon Nödtveidt, il n'en fallait pas plus pour que dans l'esprit des gens, l'on passe de groupe hommage à... gros plagiat de Dissection.
La même musique, les magnifiques pochettes bleutées de Necrolord, il était tentant de parler de copie, et ce n'était pas particulièrement faux tant Thulcandra manquait cruellement de personnalité, et ce n'est pas le second album Under a Frozen sun qui allait y changer quelque chose malgré le très léger changement de direction, il faut dire que faire une reprise d'Unanimated participait à la confusion entourant ce que voulait vraiment faire Thulcandra, un hommage, une copie de qui vous savez, un groupe souhaitant s'affranchir de ses influences bien trop pesantes? aucune idée, et j'imagine que le but de cet album est de répondre à cette problématique, ou tout du moins de dissiper le flou concernant ce qu'est vraiment Thulcandra...
De la copie, peut-être, mais c'est oublier un peu vite une chose, Thulcandra est avant tout un excellent groupe de Melo Black/Death, ou de Black MeloDeath, ça dépend où vous placer le curseur, peu importe que l'originalité soit ou non au rendez-vous.
La notion d'originalité n'a que très peu de sens dans le Metal de toute façon, la notion de plaisir est surement plus importante, prenons un exemple concret, le niveau d'originalité de la vague ReThrash approche du zéro absolu, cela n'empêche pas que l'on puisse prendre du plaisir avec quelques albums de recycleurs en vestes à patchs, alors que pourtant, ce n'est que du recyclage, il en va de même pour le récent revival du Death Old School, et de tout un tas de revival d'ailleurs, puisque le old school revient à la mode depuis quelques temps déjà, et peu de gens reprochent à ces courants leur manque d'originalité, où passent outre car en fin de compte, la seule chose qui importe est la qualité du produit, reproduire, recycler, mais avec suffisamment de fraîcheur pour faire passer la pilule.
Et si Thulcandra, plus qu'une simple copie de Dissection, était tout simplement un groupe hommage à toute la scène Melo black suédoise des années 90, cette époque particulière où le label No Fashion signait absolument tous les groupes suédois du genre, un genre initié par Nödtveidt, certes, mais aussi par les producteurs Peter Tägtgren et Dan Swanö, ce dernier produisant des groupes de MeloBlack/Death à la chaîne à l'époque, on pourra citer en plus du maître incontesté du genre des Dawn, Vinterland, Unanimated ou encore Mörk Gryning, voir même plus tard Naglfar, mais je vais arrêter de faire du name-dropping qui n'a aucun intérêt, et je vais même essayer de ne plus citer Dissection dans cette chronique, ce qui n'est pas gagné.
Ascension Lost, même si encore et toujours très référencé, est le reflet de la volonté de Thulcandra de se défaire de son statut de clone, malgré, une fois de plus, une pochette bleutée de Necrolord, et de se rapprocher d'une espèce de groupe hommage à une scène disparue, comme fer de lance d'un revival qui n'arrivera jamais, du recyclage, certes, mais aussi une relecture moderne de la scène MeloBlack suédoise, où se greffe surement une facette MeloDeath un peu plus assumée que par le passé, Kummerer n'a peut-être pas le génie de Nödtveidt, ni les armes pour réinventer le genre, mais son groupe est suffisamment compétent pour s'imposer comme le meilleur combo de Black/Death mélodique actuel, qui mérite bien mieux que son relatif anonymat actuel, mieux encore, Thulcandra est au fil du temps en train de se construire une personnalité, pas encore totalement, mais on tient le début d'un truc avec ce troisième album.
Peu importe le manque d'originalité, Thulcandra joue juste et propose un condensé de tout ce qui fait le charme du genre, un chant nerveux et haineux, des mélodies ciselées et immédiatement accrocheuses, du trémolo supersonique, des riffs acérés, et bien entendu des atmosphères frigorifiques à souhait, ça n'a l'air de rien comme ça, mais trouver un équilibre est toujours périlleux dans ce genre très particulier, la force de Thulcandra est de parvenir à allier violence, mélodie et atmosphère au sein de morceaux admirablement bien charpentés, et parfois plutôt épiques, Thulcandra n'a peut-être pas inventé la recette, mais il la maîtrise de bout en bout.
Ascension Lost fait preuve de densité et d'efficacité du début à la fin, avec un petit changement qui fait toute la différence par rapport aux albums précédents, une capacité à prendre son temps, à insérer des passages plus lents, avec une optique plus Death mélodique, et de ce fait, la musique de Thulcandra se fait ici plus diversifiée, plus digeste aussi, même si bien sûr les passages de Black mélodique à très grande vitesse seront de la partie, globalement sur tous les titres, Thulcandra va démontrer une maîtrise du tempo plus grande qu'auparavant, c'est peut-être ça la personnalité des allemands, quitter le giron du black supersonique pour proposer une version plus lourde et plus ambiancée, sans pour autant sacrifier à la violence de leur musique, surtout qu'en faisant cela, en orientant leur MeloBlack vers le Death, ils augmentent l'impact des accélérations, Thulcandra passe du cent mètres au quatre-cent haies, et c'est une véritable progression pour le combo teuton.
Thulcandra prend ici le temps de développer ses idées, ses atmosphères, The First Rebellion met la puce à l'oreille en alliant admirablement le Death et le Black pour une longue pièce épique qui parvient à être accrocheuse avec ses changements de rythmes, et dans un format plus court, Throne of Will entrera de plein pied dans ce qu'est véritablement l'album, plus Heavy, mieux charpenté, plus équilibré, et dans un certain sens, plus personnel, même si bien entendu on retrouvera pas mal d'éléments acoustiques, ainsi que de nombreuses leads bien plus mélodiques et porteuses d'émotion que lors des deux albums précédents, on retrouvera d'ailleurs ce sens du groove plus typé MeloDeath sur un The Second Fall à la fois brise-nuque et somptueusement froid et délicat.
Cette volonté de ralentir le tempo et d'intégrer davantage de Death ne va pas empêcher Thulcandra de nous balancer des morceaux lames de rasoir qui écorchent la chair avec une redoutable vélocité, Demigod Imprisoned est peut-être la pièce la plus bluffante du disque, avec un chant et un refrain qui vous prennent aux tripes, une vitesse d’exécution imparable mêlée à un morbide souffle épique, et on citera dans le genre speedé, le titre éponyme en fin d'album en forme de tempête de glace qui va progressivement se calmer pour donner au morceau une dimension plus atmosphérique avant de laisser place à une délicieuse outro instrumentale qui reprend la partie acoustique de l'interlude placée au milieu de l'album.
Bien sûr, qui dit relecture moderne dit production moderne, et donc, une gros son bien compressé comme il faut, heureusement sans tomber dans l'excès, la production est assez clean, mais conserve un petit côté raw pas désagréable, le mix est plutôt pas mal et l'on se retrouve avec un album plutôt dynamique pour un DR6, le fait d'incorporer des passages plus atmosphériques jouant également là-dessus, et surtout, tous les éléments sont audibles, ce qui n'était pas gagné d'avance pour une musique aussi surchargée et intense.
La même musique, les magnifiques pochettes bleutées de Necrolord, il était tentant de parler de copie, et ce n'était pas particulièrement faux tant Thulcandra manquait cruellement de personnalité, et ce n'est pas le second album Under a Frozen sun qui allait y changer quelque chose malgré le très léger changement de direction, il faut dire que faire une reprise d'Unanimated participait à la confusion entourant ce que voulait vraiment faire Thulcandra, un hommage, une copie de qui vous savez, un groupe souhaitant s'affranchir de ses influences bien trop pesantes? aucune idée, et j'imagine que le but de cet album est de répondre à cette problématique, ou tout du moins de dissiper le flou concernant ce qu'est vraiment Thulcandra...
De la copie, peut-être, mais c'est oublier un peu vite une chose, Thulcandra est avant tout un excellent groupe de Melo Black/Death, ou de Black MeloDeath, ça dépend où vous placer le curseur, peu importe que l'originalité soit ou non au rendez-vous.
La notion d'originalité n'a que très peu de sens dans le Metal de toute façon, la notion de plaisir est surement plus importante, prenons un exemple concret, le niveau d'originalité de la vague ReThrash approche du zéro absolu, cela n'empêche pas que l'on puisse prendre du plaisir avec quelques albums de recycleurs en vestes à patchs, alors que pourtant, ce n'est que du recyclage, il en va de même pour le récent revival du Death Old School, et de tout un tas de revival d'ailleurs, puisque le old school revient à la mode depuis quelques temps déjà, et peu de gens reprochent à ces courants leur manque d'originalité, où passent outre car en fin de compte, la seule chose qui importe est la qualité du produit, reproduire, recycler, mais avec suffisamment de fraîcheur pour faire passer la pilule.
Et si Thulcandra, plus qu'une simple copie de Dissection, était tout simplement un groupe hommage à toute la scène Melo black suédoise des années 90, cette époque particulière où le label No Fashion signait absolument tous les groupes suédois du genre, un genre initié par Nödtveidt, certes, mais aussi par les producteurs Peter Tägtgren et Dan Swanö, ce dernier produisant des groupes de MeloBlack/Death à la chaîne à l'époque, on pourra citer en plus du maître incontesté du genre des Dawn, Vinterland, Unanimated ou encore Mörk Gryning, voir même plus tard Naglfar, mais je vais arrêter de faire du name-dropping qui n'a aucun intérêt, et je vais même essayer de ne plus citer Dissection dans cette chronique, ce qui n'est pas gagné.
Ascension Lost, même si encore et toujours très référencé, est le reflet de la volonté de Thulcandra de se défaire de son statut de clone, malgré, une fois de plus, une pochette bleutée de Necrolord, et de se rapprocher d'une espèce de groupe hommage à une scène disparue, comme fer de lance d'un revival qui n'arrivera jamais, du recyclage, certes, mais aussi une relecture moderne de la scène MeloBlack suédoise, où se greffe surement une facette MeloDeath un peu plus assumée que par le passé, Kummerer n'a peut-être pas le génie de Nödtveidt, ni les armes pour réinventer le genre, mais son groupe est suffisamment compétent pour s'imposer comme le meilleur combo de Black/Death mélodique actuel, qui mérite bien mieux que son relatif anonymat actuel, mieux encore, Thulcandra est au fil du temps en train de se construire une personnalité, pas encore totalement, mais on tient le début d'un truc avec ce troisième album.
Peu importe le manque d'originalité, Thulcandra joue juste et propose un condensé de tout ce qui fait le charme du genre, un chant nerveux et haineux, des mélodies ciselées et immédiatement accrocheuses, du trémolo supersonique, des riffs acérés, et bien entendu des atmosphères frigorifiques à souhait, ça n'a l'air de rien comme ça, mais trouver un équilibre est toujours périlleux dans ce genre très particulier, la force de Thulcandra est de parvenir à allier violence, mélodie et atmosphère au sein de morceaux admirablement bien charpentés, et parfois plutôt épiques, Thulcandra n'a peut-être pas inventé la recette, mais il la maîtrise de bout en bout.
Ascension Lost fait preuve de densité et d'efficacité du début à la fin, avec un petit changement qui fait toute la différence par rapport aux albums précédents, une capacité à prendre son temps, à insérer des passages plus lents, avec une optique plus Death mélodique, et de ce fait, la musique de Thulcandra se fait ici plus diversifiée, plus digeste aussi, même si bien sûr les passages de Black mélodique à très grande vitesse seront de la partie, globalement sur tous les titres, Thulcandra va démontrer une maîtrise du tempo plus grande qu'auparavant, c'est peut-être ça la personnalité des allemands, quitter le giron du black supersonique pour proposer une version plus lourde et plus ambiancée, sans pour autant sacrifier à la violence de leur musique, surtout qu'en faisant cela, en orientant leur MeloBlack vers le Death, ils augmentent l'impact des accélérations, Thulcandra passe du cent mètres au quatre-cent haies, et c'est une véritable progression pour le combo teuton.
Thulcandra prend ici le temps de développer ses idées, ses atmosphères, The First Rebellion met la puce à l'oreille en alliant admirablement le Death et le Black pour une longue pièce épique qui parvient à être accrocheuse avec ses changements de rythmes, et dans un format plus court, Throne of Will entrera de plein pied dans ce qu'est véritablement l'album, plus Heavy, mieux charpenté, plus équilibré, et dans un certain sens, plus personnel, même si bien entendu on retrouvera pas mal d'éléments acoustiques, ainsi que de nombreuses leads bien plus mélodiques et porteuses d'émotion que lors des deux albums précédents, on retrouvera d'ailleurs ce sens du groove plus typé MeloDeath sur un The Second Fall à la fois brise-nuque et somptueusement froid et délicat.
Cette volonté de ralentir le tempo et d'intégrer davantage de Death ne va pas empêcher Thulcandra de nous balancer des morceaux lames de rasoir qui écorchent la chair avec une redoutable vélocité, Demigod Imprisoned est peut-être la pièce la plus bluffante du disque, avec un chant et un refrain qui vous prennent aux tripes, une vitesse d’exécution imparable mêlée à un morbide souffle épique, et on citera dans le genre speedé, le titre éponyme en fin d'album en forme de tempête de glace qui va progressivement se calmer pour donner au morceau une dimension plus atmosphérique avant de laisser place à une délicieuse outro instrumentale qui reprend la partie acoustique de l'interlude placée au milieu de l'album.
Bien sûr, qui dit relecture moderne dit production moderne, et donc, une gros son bien compressé comme il faut, heureusement sans tomber dans l'excès, la production est assez clean, mais conserve un petit côté raw pas désagréable, le mix est plutôt pas mal et l'on se retrouve avec un album plutôt dynamique pour un DR6, le fait d'incorporer des passages plus atmosphériques jouant également là-dessus, et surtout, tous les éléments sont audibles, ce qui n'était pas gagné d'avance pour une musique aussi surchargée et intense.
On pourra toujours critiquer le manque d'originalité de Thulcandra, je peux le concevoir, mais de moins en moins leur manque de personnalité, Ascension Lost est surement l'album le plus personnel des allemands, qui se démarquent de plus en plus de leurs glorieux aînés, et même si on ne peut pas encore vraiment dire "Tiens, ça sonne comme du Thulcandra", le groupe de Kummerer devient lentement mais surement respectable, et davantage fréquentable qu'auparavant.
Ascension Lost est juste un excellent disque de Black/Death mélodique, ce qui, vous l'avouerez, est quand même déjà plutôt pas mal, très référencé, surement, mais qu'importe, la qualité est au rendez-vous, le songwritting est très bon, les titres sont admirablement bien construits, et ça envoie le pâté tout en étant davantage diversifié, allez, oubliez le premier album et laissez une seconde chance à Thulcandra...
Ascension Lost est juste un excellent disque de Black/Death mélodique, ce qui, vous l'avouerez, est quand même déjà plutôt pas mal, très référencé, surement, mais qu'importe, la qualité est au rendez-vous, le songwritting est très bon, les titres sont admirablement bien construits, et ça envoie le pâté tout en étant davantage diversifié, allez, oubliez le premier album et laissez une seconde chance à Thulcandra...
Track Listing:
1. The First Rebellion
2. Throne of Will
3. Deliverance in Sin and Death
4. Demigod Imprisoned
5. Interlude
6. Exalted Resistance
7. The Second Fall
8. Sorrow of the One
9. Ascension Lost
10. Outro