Le Black Metal est certainement le genre où l'on est le plus susceptible de rencontrer de sacré cinglés, on se souvient bien sur de l'illustre Jon Nödtveidt qui, après son séjour en prison, avait sombré dans une sorte de fanatisme religieux sectaire à base d'occultisme et de dragon anti-cosmique qui transparaissait énormément dans les paroles de Reinkaos, mais il est loin d'être le seul.
Aujourd'hui, on file en Grèce pour prendre des nouvelles de Thy Darkened Shade, un duo composé du chanteur The A (euh...ok) et surtout du cinglé en chef qui s'occupe de tout le reste et de la composition, Semjaza, un illuminé fanatique, membre fondateur de l'Order of Promethean Fyre (Yolo!), qui déclare donc le temps d'une longue et hilarante interview: "To speak the truth, every single song I compose [...] is an actual ritual that summons certain forces into Malkuth and into my being" ou encore "My music/lyrics are a magical diary for me, they reveal in a way the revelations that happen before my eyes, as given by my Gods through my vessel", Euh... ouais, bon, ça vous place un peu le niveau du gars, complètement barré dans un trip occultiste satanique abscons, d'ailleurs, ce n'est pas du Black mais du "Acausal Necrosophic Black Metal" maintenant, c'est quoi donc? aucune idée, mais une chose est sûre, c'est que Liber Lvcifer I: Khem Sedjet, second album du duo hellénique, est un très gros, et excellent, pavé de Metal extrême satanique en forme d'expérience transcendantale mystique...
On avait quitté Thy Darkened Shade en 2012 sur Eternvs Mos, Nex Ritvs pas dégueulasse du tout, un Black brutal et sulfureux aux fortes tonalités Thrashy, premier album ancré dans un Black de facture très primitif et sauvage qui sentait bon le old school et, déjà, l'occultisme.
Ce premier album, baaah vous pouvait l'oublier, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet n'a pas grand chose à voir avec son prédécesseur, Thy Darkened Shade passant d'un Black primitif à un Black bien plus travaillé et réfléchi, plus technique, plus intriqué, avec une dimension progressive davantage marquée, et où l'on note une certaine propension à flirter avec le Death technique d'un certain Gorguts période Obscura, ouais, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet sera tout aussi abscons et sujet à de nombreux spasmes dans ses structures, et une musique que l'on pourrait résumer à un croisement entre Dissection, Gorguts, Behemoth, le Black pur et dur et une bonne louche de progressif par dessus, ça fait beaucoup me direz-vous, et ce n'est pas fini, puisque l'on pourrait également rajouter un peu de Therion au mélange, pour la facette incantatoire et atmosphérique de leur tambouille.
Du coup, pour caser tout ça, vous imaginez bien que Thy Darkened Shade a dû rallonger considérablement ses morceaux, c'est ainsi que l'on passe de la quarantaine de minutes du premier album à un disque gavé jusqu'à la gueule pesant ses 78 minutes, ce qui en fait un sacré pavé à se taper, indigeste? heureusement non, car Semjaza est un malin qui a su ne pas trop en faire des tonnes dans les cassures et les changements de direction, les plans techniques sont en nombre conséquent, mais sans jamais nuire à la cohérence des morceaux, ce qui permet à l'album de demeurer malgré tout plutôt accessible, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est un album violent, à la fois direct et sinueux, dissonant et atmosphérique, également mystérieux et mystique, un festin Black/Death/Atmosphérique/Progressif auquel seront bien évidemment conviés Satan, Lvcifer, Azazel et ses potes.
Partant de là et vu que Semjaza donne pas mal dans le délire religieux et un certain prosélytisme, il va être difficile de dissocier les paroles de la musique tant tout ça est imbriqué, chaque titre de Liber Lvcifer I: Khem Sedjet peut être considéré comme une incantation à une divinité maléfique, un appel aux forces du mal aux paroles assez obscures, auxquelles je n'ai pas compris grand chose, il faudrait surement un doctorat en démonologie pour comprendre tout ce merdier d'incantations et de formules magiques, on ne sera d'ailleurs pas étonné que la grande majorité des morceaux se concluent souvent par des chœurs mystiques et chamaniques, mais qui vont se charger de donner une ambiance assez particulières aux différentes pièces de l'album.
Les titres sont donc particulièrement longs, en dehors de l'intro Holy Lvcifer et de l'interlude Black Light of Sitra Ahra, la durée moyenne est d'environ huit minutes, dont quelques pointes à plus de dix minutes, autant dire que vu la complexité du propos, il va falloir s'accrocher pour tout comprendre, car il faut bien comprendre une chose, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est un véritable monolithe de 78 minutes, un monolithe fragmenté, très sinueux, traversé de nombreux spasmes et figures de style, où entre les interstices de ce Black souvent rageur, sulfureux et opaque, Semjaza va ajouter pas mal de choses que l'on ne s'attendrait pas forcément à entendre, des leads d'inspiration neo-classiques, des passages acoustiques donnant une légère coloration baroque, des chœurs d'église incantatoires, et de nombreux passages atmosphériques parfois à la frontière du post-Black.
C'est cette progression qui va faire de Liber Lvcifer I: Khem Sedjet une réussite, son mélange subtil de riffs particulièrement agressifs et acérés, de leads enchevêtrées et dissonantes, d'ambiances malsaines et de chœurs sataniques, une réussite car le songwritting de Semjaza est au top niveau, c'est bien simple, il n'y aura quasiment aucun temps mort du début à la fin, même sur les titres les plus longs, il se passera constamment quelque chose, ce qui fait que l'on se laisse volontiers porter par ces titres fleuves toujours intéressants.
En plus du songwritting, il faut louer les qualités techniques de Thy Darkened Shade, les riffs sont excellents, formant une véritable brume ténébreuse, les leads assez inventives, acérées, la batteur de session, un énigmatique H.G propose des plans violents non dénués d'une certaine finesse, et surtout, on en vient à la plus grande réussite du disque, une basse constamment présente, Semjaza ayant utilisé des basses à six et huit cordes pour cet album, et c'est justement cette basse qui va amener une dimension progressive supplémentaire à la musique de Thy Darkened Shade, ce qui va également permettre d'aérer considérablement le son du groupe, car Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est quand même un DR5, qui ne va bizarrement jamais provoquer de lassitude malgré le brickwall, bien aidé par la production de V. Santura (Dark Fortress, Triptykon), l'album sonne de manière incroyablement puissante, le son est très clair, chaque élément demeure audible, ce qui est un véritable exploit pour une musique aussi surchargée, le genre de production faite de clarté, idéale à cet exercice de style.
Les leads inventives et le son de basse qui hante ce disque vont permettre de donner à chaque morceau une certaine personnalité, et malgré son caractère monolithique, l'album va se montrer relativement diversifié, trois types de chant sont d'ailleurs utilisés, le hurlement black, un growl plus typé Death Metal, et un chant clair pour les incantations, plutôt une bonne idée, l'album souffrirait grandement autrement.
Je tiens à vous rappeler que nous sommes face à une oeuvre de 78 minutes, et que malgré un son plutôt accessible, la musique de Thy Darkened Shade dans sa composition va nécessiter une concentration constante, principalement à cause de ses structures constamment en mouvement, mais aussi par la richesse des textures, les grecs ont le sens du détail, et parviennent à construire de longues pièces épiques où il se passe toujours quelque chose, une ligne de basse voltigeant entre les blasts d'une batterie furieuse, des atmosphères diaboliques, des éléments acoustiques, ou encore des incantations démoniaques, Thy Darkened Shade vient de frapper un grand coup pour ce qui n'est que leur second album, une véritable expérience sonore transcendante qui ne laisse pas indifférent...
Complexe, progressif, très dynamique, tout en demeurant viscéralement violent, Thy Darkened Shade vient de nous délivrer un monument de l'art noir.
Conceptuellement et philosophiquement, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est une claque dont on ne se relève pas, l'album est une véritable expérience occulte et mystique, où les incantations se mêlent à une tourmente furieuse et implacable, monolithe fragmenté à la gloire des divinités les plus obscures, diabolique et ésotérique, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est une illumination, un éveil de la spiritualité luciférienne, un serpent qui s'insinue dans votre âme, Thy Darkened Shade est un corrupteur à la beauté du diable, et vient de livrer un sérieux candidat au titre d'album de l'année...
(Disponible en digital sur Bandcamp et en physique chez World Terror Comittee)
Aujourd'hui, on file en Grèce pour prendre des nouvelles de Thy Darkened Shade, un duo composé du chanteur The A (euh...ok) et surtout du cinglé en chef qui s'occupe de tout le reste et de la composition, Semjaza, un illuminé fanatique, membre fondateur de l'Order of Promethean Fyre (Yolo!), qui déclare donc le temps d'une longue et hilarante interview: "To speak the truth, every single song I compose [...] is an actual ritual that summons certain forces into Malkuth and into my being" ou encore "My music/lyrics are a magical diary for me, they reveal in a way the revelations that happen before my eyes, as given by my Gods through my vessel", Euh... ouais, bon, ça vous place un peu le niveau du gars, complètement barré dans un trip occultiste satanique abscons, d'ailleurs, ce n'est pas du Black mais du "Acausal Necrosophic Black Metal" maintenant, c'est quoi donc? aucune idée, mais une chose est sûre, c'est que Liber Lvcifer I: Khem Sedjet, second album du duo hellénique, est un très gros, et excellent, pavé de Metal extrême satanique en forme d'expérience transcendantale mystique...
On avait quitté Thy Darkened Shade en 2012 sur Eternvs Mos, Nex Ritvs pas dégueulasse du tout, un Black brutal et sulfureux aux fortes tonalités Thrashy, premier album ancré dans un Black de facture très primitif et sauvage qui sentait bon le old school et, déjà, l'occultisme.
Ce premier album, baaah vous pouvait l'oublier, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet n'a pas grand chose à voir avec son prédécesseur, Thy Darkened Shade passant d'un Black primitif à un Black bien plus travaillé et réfléchi, plus technique, plus intriqué, avec une dimension progressive davantage marquée, et où l'on note une certaine propension à flirter avec le Death technique d'un certain Gorguts période Obscura, ouais, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet sera tout aussi abscons et sujet à de nombreux spasmes dans ses structures, et une musique que l'on pourrait résumer à un croisement entre Dissection, Gorguts, Behemoth, le Black pur et dur et une bonne louche de progressif par dessus, ça fait beaucoup me direz-vous, et ce n'est pas fini, puisque l'on pourrait également rajouter un peu de Therion au mélange, pour la facette incantatoire et atmosphérique de leur tambouille.
Du coup, pour caser tout ça, vous imaginez bien que Thy Darkened Shade a dû rallonger considérablement ses morceaux, c'est ainsi que l'on passe de la quarantaine de minutes du premier album à un disque gavé jusqu'à la gueule pesant ses 78 minutes, ce qui en fait un sacré pavé à se taper, indigeste? heureusement non, car Semjaza est un malin qui a su ne pas trop en faire des tonnes dans les cassures et les changements de direction, les plans techniques sont en nombre conséquent, mais sans jamais nuire à la cohérence des morceaux, ce qui permet à l'album de demeurer malgré tout plutôt accessible, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est un album violent, à la fois direct et sinueux, dissonant et atmosphérique, également mystérieux et mystique, un festin Black/Death/Atmosphérique/Progressif auquel seront bien évidemment conviés Satan, Lvcifer, Azazel et ses potes.
Partant de là et vu que Semjaza donne pas mal dans le délire religieux et un certain prosélytisme, il va être difficile de dissocier les paroles de la musique tant tout ça est imbriqué, chaque titre de Liber Lvcifer I: Khem Sedjet peut être considéré comme une incantation à une divinité maléfique, un appel aux forces du mal aux paroles assez obscures, auxquelles je n'ai pas compris grand chose, il faudrait surement un doctorat en démonologie pour comprendre tout ce merdier d'incantations et de formules magiques, on ne sera d'ailleurs pas étonné que la grande majorité des morceaux se concluent souvent par des chœurs mystiques et chamaniques, mais qui vont se charger de donner une ambiance assez particulières aux différentes pièces de l'album.
Les titres sont donc particulièrement longs, en dehors de l'intro Holy Lvcifer et de l'interlude Black Light of Sitra Ahra, la durée moyenne est d'environ huit minutes, dont quelques pointes à plus de dix minutes, autant dire que vu la complexité du propos, il va falloir s'accrocher pour tout comprendre, car il faut bien comprendre une chose, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est un véritable monolithe de 78 minutes, un monolithe fragmenté, très sinueux, traversé de nombreux spasmes et figures de style, où entre les interstices de ce Black souvent rageur, sulfureux et opaque, Semjaza va ajouter pas mal de choses que l'on ne s'attendrait pas forcément à entendre, des leads d'inspiration neo-classiques, des passages acoustiques donnant une légère coloration baroque, des chœurs d'église incantatoires, et de nombreux passages atmosphériques parfois à la frontière du post-Black.
C'est cette progression qui va faire de Liber Lvcifer I: Khem Sedjet une réussite, son mélange subtil de riffs particulièrement agressifs et acérés, de leads enchevêtrées et dissonantes, d'ambiances malsaines et de chœurs sataniques, une réussite car le songwritting de Semjaza est au top niveau, c'est bien simple, il n'y aura quasiment aucun temps mort du début à la fin, même sur les titres les plus longs, il se passera constamment quelque chose, ce qui fait que l'on se laisse volontiers porter par ces titres fleuves toujours intéressants.
En plus du songwritting, il faut louer les qualités techniques de Thy Darkened Shade, les riffs sont excellents, formant une véritable brume ténébreuse, les leads assez inventives, acérées, la batteur de session, un énigmatique H.G propose des plans violents non dénués d'une certaine finesse, et surtout, on en vient à la plus grande réussite du disque, une basse constamment présente, Semjaza ayant utilisé des basses à six et huit cordes pour cet album, et c'est justement cette basse qui va amener une dimension progressive supplémentaire à la musique de Thy Darkened Shade, ce qui va également permettre d'aérer considérablement le son du groupe, car Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est quand même un DR5, qui ne va bizarrement jamais provoquer de lassitude malgré le brickwall, bien aidé par la production de V. Santura (Dark Fortress, Triptykon), l'album sonne de manière incroyablement puissante, le son est très clair, chaque élément demeure audible, ce qui est un véritable exploit pour une musique aussi surchargée, le genre de production faite de clarté, idéale à cet exercice de style.
Les leads inventives et le son de basse qui hante ce disque vont permettre de donner à chaque morceau une certaine personnalité, et malgré son caractère monolithique, l'album va se montrer relativement diversifié, trois types de chant sont d'ailleurs utilisés, le hurlement black, un growl plus typé Death Metal, et un chant clair pour les incantations, plutôt une bonne idée, l'album souffrirait grandement autrement.
Je tiens à vous rappeler que nous sommes face à une oeuvre de 78 minutes, et que malgré un son plutôt accessible, la musique de Thy Darkened Shade dans sa composition va nécessiter une concentration constante, principalement à cause de ses structures constamment en mouvement, mais aussi par la richesse des textures, les grecs ont le sens du détail, et parviennent à construire de longues pièces épiques où il se passe toujours quelque chose, une ligne de basse voltigeant entre les blasts d'une batterie furieuse, des atmosphères diaboliques, des éléments acoustiques, ou encore des incantations démoniaques, Thy Darkened Shade vient de frapper un grand coup pour ce qui n'est que leur second album, une véritable expérience sonore transcendante qui ne laisse pas indifférent...
Complexe, progressif, très dynamique, tout en demeurant viscéralement violent, Thy Darkened Shade vient de nous délivrer un monument de l'art noir.
Conceptuellement et philosophiquement, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est une claque dont on ne se relève pas, l'album est une véritable expérience occulte et mystique, où les incantations se mêlent à une tourmente furieuse et implacable, monolithe fragmenté à la gloire des divinités les plus obscures, diabolique et ésotérique, Liber Lvcifer I: Khem Sedjet est une illumination, un éveil de la spiritualité luciférienne, un serpent qui s'insinue dans votre âme, Thy Darkened Shade est un corrupteur à la beauté du diable, et vient de livrer un sérieux candidat au titre d'album de l'année...
(Disponible en digital sur Bandcamp et en physique chez World Terror Comittee)
Satan est ton ami