En à peine six ans, Panopticon est devenu le groupe de Black le plus intéressant à avoir émergé d'Amérique du nord depuis bien longtemps, pas vraiment un groupe d'ailleurs, puisque le projet est l'oeuvre d'un homme orchestre, Austin Lunn, qui a réussi à développer quelque chose à la personnalité assez unique, en incorporant à partir de Collapse les sonorités folk des Appalaches, où quand le Black d'obédience scandinave rencontre le terroir local du Kentucky, en n'hésitant pas à aborder certains thèmes que l'on rencontre finalement assez peu dans le Black, la politique et les problèmes sociaux en plus de la traditionnelle philosophie paganiste et naturaliste.
Austin Lunn n'est pas du genre à faire à stagner, et la discographie de son Panopticon est une trace que l'on suit dans les forêts enneigés des Appalaches, escarpée ou sinueuse, et cette évolution avait atteint son but avec le bien nommé Kentucky en 2012, son oeuvre surement la plus aboutie mais malgré tout encore quelque peu brinquebalante, comme si Lunn n'arrivait pas encore à traduire toutes ses intentions en actes.
Roads to the North marque une nouvelle évolution pour Panopticon, et coïncide avec le déménagement de son créateur dans le Minnesota et son petit séjour en Scandinavie, le Kentucky est désormais derrière lui, mais Lunn en a encore la nostalgie, et cette nostalgie va pleinement se ressentir ici, tout en faisant le lien entre le passé et le présent, Kentucky n'était pas un fin en soi, juste une étape sur la route vers le nord...
Ce qui va faire fonctionner Roads to the North, c'est que cette fois-ci, Austin Lunn va parvenir à donner plus de liant à sa musique, conservant les aspirations Folk/Bluegrass de Social Disservices et de Kentucky, en retrouvant toute la fluidité des deux premiers albums, les passages Folk sont ici bien mieux intégrés, et cela passe par une nouvelle évolution, car Panopticon renforce davantage sa dimension atmosphérique, mais rassurez-vous, cela ne va pas empêcher Austin Lunn de nous proposer des moments de rage et de fureur, et là où Kentucky était parfois brouillon, Roads to the North va se faire plus raffiné, plus travaillé, en quelque sorte l'album de la plénitude, et ce sont les ambitions qui deviennent des actes, des actes forts à la personnalité affirmée, où les contrastes deviennent naturels.
Comme cet hiver auquel réfère le titre de l'album, Panopticon nous propose un disque de Blackened Bluegrass à la fois inexorable, agressif, mais également propice à la rêverie et à la nostalgie, et même parfois festif, Roads to the North est un voyage introspectif, surement le plus organique de la discographie de Panopticon, qui n'est pas seulement l'opposition entre la violence et le calme, car les deux tendances du groupe, le Black et le Folk country, vont constamment se mélanger afin de former un tout, cet album est extrêmement dense, mais parvient à conserver ses dynamismes sonores qui vont rendre chaque éléments audibles, merci à la production impeccable de Colin Marston, qui a également participé aux arrangements. (Pour info, un excellent DR9 les enfants).
Le voyage va s'étaler sur plus de 70 minutes, et l'on ne va pas voir le temps passé tant Panopticon parvient à vous emmener avec lui dans son univers, où le vent glacial du Black va fouetter notre visage, prélude à une pause bienvenue dans une cabane au coin du feu où les instrumentations folk viendront faire leur office, violon, banjo (sérieusement, le Metal a besoin de plus de banjo), flûte, mandoline, guitare dobro, Panopticon parvient à conjuguer musique de grands espaces avec des passages plus intimistes, plus chaleureux aussi, avec fluidité, où Austin Lunn va réussir à envelopper ses riffs d'une aura mystérieuse et naturaliste, un album aux construction très complexes, denses, que Lunn va parvenir à rendre très facile d'accès, comme s'il avait décidé malgré tout de rendre sa musique plus simple, du moins sur la forme, car sur le fond, Panopticon se retrouve au croisement de nombreux genres et ne va pas hésiter à incorporer des choses nouvelles, comme par exemple un bonne grosse louche de Death mélodique sur le très long premier titre, The Echoes of a Disharmonic Evensong, qui est une véritable furie, un martèlement incessant et des riffs tranchants à la At the Gates version Blackisée avec du violon, sans que cela sonne hors de propos, les leads sont agressives, mélodiques, et les arrangements lumineux.
On retrouve cette violence dès le titre suivant avec un Where Mountains Pierce the Sky, cette fois-ci plus classique et dans une optique plus Black Metal, et l'on retrouve encore une fois cette ambivalence entre le Black très sombre, abrasif, et la part de lumière apporté par les arrangements Folk, on trouve d'ailleurs sur ce long morceau de douze minutes quelques références pas trop appuyées au Shoegaze.
Après cette mise en bouche, on arrive à la grosse pièce centrale de l'album, le Triptyque The Long Road, le genre de trilogie qui vous définit véritablement un disque, et dont l'on ne va pas sortir indemne tant on atteint le paroxysme du style Panopticon, One Last fire est une longue introduction exclusivement country au coin du feu, très gaie, dansante, qui sert de rampe de lancement à la furia Capricious Miles, tout du moins la première partie du morceau, purement Black/Folk rentre-dedans qui va par la suite évoluer en longue description atmosphérique, rendant encore plus impactantes les vingt dernières secondes de bourrinage à la lisière du Black sympho, le triptyque se conclue avec un The Sight of Summer qui va allier atmosphères, MeloDeath rageur, et Black navigant parfois dans le Shoegaze, un triptyque surprenant, mystique, et quasiment définitif du style particulier de Panopticon, et sur cet album on peut véritablement parler de musique progressive, car Austin Lunn transcende les genres et bouscule les codes, il est très rare de tomber sur un album qui fait autant bouger les lignes que Roads to the North, et c'est la définition même du terme progressif.
L'album ne va jamais vraiment baisser en qualité, même après ce triptyque dantesque, Norwegian Nights est une merveilleuse interlude folk/acoustique avec, ô surprise, un délicat chant clair mélancolique qui rappelle quelque peu Opeth, prélude à la violence Black d'un In Silence qui vous tombe dessus comme une tempête de neige, un morceau brumeux, venteux, traversé de secousses brutales et de moments de calme, une ambivalence que l'on retrouve sur la conclusion Chase the Grain, surement l'un des titres les plus denses de l'album, avec une vraie diversité vocale, et un certain sens de la dramaturgie, notamment ce passe centrale presque symphonique, qui confère au titre une dimension cinématographique, avec une emphase incroyable sur les arrangements, on y retrouvera bien sûr les petits breaks Folk de bon goût, de même qu'une nouvelle référence au Death mélodique vers les dix minutes, Mr. Lunn avait semble-t-il décidé de tout mettre en un ultime morceau, du Black, du Death, du Folk, et c'est à l'image de l'album, brillant.
Roads to the North est en quelque sorte un disque somme dans la carrière de Panopticon, Austin Lunn reprend tous les éléments qu'il avait déjà utilisé par le passé, mais les utilise surement bien mieux, et on sent que le projet est enfin arrivé à maturité, l'ensemble s'avère enfin cohérent, les instrumentations Folk sont désormais pleinement intégrés, et l'on a plus le sentiment d'écouter un truc un peu décousu qui partait dans tous les sens.
Cette fois-ci, Panopticon a une direction précise, et s'y tient, Roads to the North propose une musique unique, qui n'a pas vraiment d'équivalent, et cette capacité à faire bouger les lignes et modifier les codes lui confère une réelle dimension progressive, l'album est certes complexe, très dense, mais il parvient à être très accessible, avec une production qui lui offre une aération nécessaire, et un son qui va rendre les compositions très dynamiques, dont des changements de rythmes et des transitions particulièrement fluides.
Roads to the North est un album unique, introspectif, le plus personnel de Lunn, où la violence se mêle à une réelle sensibilité, l'album est riche en textures et en contrastes, tout en parvenant à être étrangement catchy, une réussite en tout point de la part de ce très versatile artiste américain, et je ne peux que vous recommander d'y jeter une oreille, surtout que c'est disponible en streaming sur Bandcamp...
Austin Lunn n'est pas du genre à faire à stagner, et la discographie de son Panopticon est une trace que l'on suit dans les forêts enneigés des Appalaches, escarpée ou sinueuse, et cette évolution avait atteint son but avec le bien nommé Kentucky en 2012, son oeuvre surement la plus aboutie mais malgré tout encore quelque peu brinquebalante, comme si Lunn n'arrivait pas encore à traduire toutes ses intentions en actes.
Roads to the North marque une nouvelle évolution pour Panopticon, et coïncide avec le déménagement de son créateur dans le Minnesota et son petit séjour en Scandinavie, le Kentucky est désormais derrière lui, mais Lunn en a encore la nostalgie, et cette nostalgie va pleinement se ressentir ici, tout en faisant le lien entre le passé et le présent, Kentucky n'était pas un fin en soi, juste une étape sur la route vers le nord...
Ce qui va faire fonctionner Roads to the North, c'est que cette fois-ci, Austin Lunn va parvenir à donner plus de liant à sa musique, conservant les aspirations Folk/Bluegrass de Social Disservices et de Kentucky, en retrouvant toute la fluidité des deux premiers albums, les passages Folk sont ici bien mieux intégrés, et cela passe par une nouvelle évolution, car Panopticon renforce davantage sa dimension atmosphérique, mais rassurez-vous, cela ne va pas empêcher Austin Lunn de nous proposer des moments de rage et de fureur, et là où Kentucky était parfois brouillon, Roads to the North va se faire plus raffiné, plus travaillé, en quelque sorte l'album de la plénitude, et ce sont les ambitions qui deviennent des actes, des actes forts à la personnalité affirmée, où les contrastes deviennent naturels.
Comme cet hiver auquel réfère le titre de l'album, Panopticon nous propose un disque de Blackened Bluegrass à la fois inexorable, agressif, mais également propice à la rêverie et à la nostalgie, et même parfois festif, Roads to the North est un voyage introspectif, surement le plus organique de la discographie de Panopticon, qui n'est pas seulement l'opposition entre la violence et le calme, car les deux tendances du groupe, le Black et le Folk country, vont constamment se mélanger afin de former un tout, cet album est extrêmement dense, mais parvient à conserver ses dynamismes sonores qui vont rendre chaque éléments audibles, merci à la production impeccable de Colin Marston, qui a également participé aux arrangements. (Pour info, un excellent DR9 les enfants).
Le voyage va s'étaler sur plus de 70 minutes, et l'on ne va pas voir le temps passé tant Panopticon parvient à vous emmener avec lui dans son univers, où le vent glacial du Black va fouetter notre visage, prélude à une pause bienvenue dans une cabane au coin du feu où les instrumentations folk viendront faire leur office, violon, banjo (sérieusement, le Metal a besoin de plus de banjo), flûte, mandoline, guitare dobro, Panopticon parvient à conjuguer musique de grands espaces avec des passages plus intimistes, plus chaleureux aussi, avec fluidité, où Austin Lunn va réussir à envelopper ses riffs d'une aura mystérieuse et naturaliste, un album aux construction très complexes, denses, que Lunn va parvenir à rendre très facile d'accès, comme s'il avait décidé malgré tout de rendre sa musique plus simple, du moins sur la forme, car sur le fond, Panopticon se retrouve au croisement de nombreux genres et ne va pas hésiter à incorporer des choses nouvelles, comme par exemple un bonne grosse louche de Death mélodique sur le très long premier titre, The Echoes of a Disharmonic Evensong, qui est une véritable furie, un martèlement incessant et des riffs tranchants à la At the Gates version Blackisée avec du violon, sans que cela sonne hors de propos, les leads sont agressives, mélodiques, et les arrangements lumineux.
On retrouve cette violence dès le titre suivant avec un Where Mountains Pierce the Sky, cette fois-ci plus classique et dans une optique plus Black Metal, et l'on retrouve encore une fois cette ambivalence entre le Black très sombre, abrasif, et la part de lumière apporté par les arrangements Folk, on trouve d'ailleurs sur ce long morceau de douze minutes quelques références pas trop appuyées au Shoegaze.
Après cette mise en bouche, on arrive à la grosse pièce centrale de l'album, le Triptyque The Long Road, le genre de trilogie qui vous définit véritablement un disque, et dont l'on ne va pas sortir indemne tant on atteint le paroxysme du style Panopticon, One Last fire est une longue introduction exclusivement country au coin du feu, très gaie, dansante, qui sert de rampe de lancement à la furia Capricious Miles, tout du moins la première partie du morceau, purement Black/Folk rentre-dedans qui va par la suite évoluer en longue description atmosphérique, rendant encore plus impactantes les vingt dernières secondes de bourrinage à la lisière du Black sympho, le triptyque se conclue avec un The Sight of Summer qui va allier atmosphères, MeloDeath rageur, et Black navigant parfois dans le Shoegaze, un triptyque surprenant, mystique, et quasiment définitif du style particulier de Panopticon, et sur cet album on peut véritablement parler de musique progressive, car Austin Lunn transcende les genres et bouscule les codes, il est très rare de tomber sur un album qui fait autant bouger les lignes que Roads to the North, et c'est la définition même du terme progressif.
L'album ne va jamais vraiment baisser en qualité, même après ce triptyque dantesque, Norwegian Nights est une merveilleuse interlude folk/acoustique avec, ô surprise, un délicat chant clair mélancolique qui rappelle quelque peu Opeth, prélude à la violence Black d'un In Silence qui vous tombe dessus comme une tempête de neige, un morceau brumeux, venteux, traversé de secousses brutales et de moments de calme, une ambivalence que l'on retrouve sur la conclusion Chase the Grain, surement l'un des titres les plus denses de l'album, avec une vraie diversité vocale, et un certain sens de la dramaturgie, notamment ce passe centrale presque symphonique, qui confère au titre une dimension cinématographique, avec une emphase incroyable sur les arrangements, on y retrouvera bien sûr les petits breaks Folk de bon goût, de même qu'une nouvelle référence au Death mélodique vers les dix minutes, Mr. Lunn avait semble-t-il décidé de tout mettre en un ultime morceau, du Black, du Death, du Folk, et c'est à l'image de l'album, brillant.
Roads to the North est en quelque sorte un disque somme dans la carrière de Panopticon, Austin Lunn reprend tous les éléments qu'il avait déjà utilisé par le passé, mais les utilise surement bien mieux, et on sent que le projet est enfin arrivé à maturité, l'ensemble s'avère enfin cohérent, les instrumentations Folk sont désormais pleinement intégrés, et l'on a plus le sentiment d'écouter un truc un peu décousu qui partait dans tous les sens.
Cette fois-ci, Panopticon a une direction précise, et s'y tient, Roads to the North propose une musique unique, qui n'a pas vraiment d'équivalent, et cette capacité à faire bouger les lignes et modifier les codes lui confère une réelle dimension progressive, l'album est certes complexe, très dense, mais il parvient à être très accessible, avec une production qui lui offre une aération nécessaire, et un son qui va rendre les compositions très dynamiques, dont des changements de rythmes et des transitions particulièrement fluides.
Roads to the North est un album unique, introspectif, le plus personnel de Lunn, où la violence se mêle à une réelle sensibilité, l'album est riche en textures et en contrastes, tout en parvenant à être étrangement catchy, une réussite en tout point de la part de ce très versatile artiste américain, et je ne peux que vous recommander d'y jeter une oreille, surtout que c'est disponible en streaming sur Bandcamp...