Y'a des moments, y'a pas besoin de tortiller du cul pour chier droit, et les choses simples de la vie peuvent s'avérer tout à fait satisfaisantes, j'écris ces quelques mots avec la petite musique de la pub Herta dans la tête, le goût des choses simples, toussa...
Bref, ayant désormais passé le cap des trente ans d'activisme sonore, Vader est toujours là en 2014, un groupe que je comparais lors de ma chronique du dernier album à un Opinel, c'est rustique, ça ne sert qu'à trancher, c'est moins classe qu'un Laguiole, ça fait moins de trucs qu'un couteau suisse, mais cela représente une valeur sûre quand il s'agit de se couper une rondelle de saucisson, on peut toujours compter sur un Opinel en cas de besoin, et de la même manière, on peut toujours compter sur Vader pour nous mettre un bon coup de pied au cul tous les deux-trois ans avec une redoutable constance, ne cherchez aucune once d'originalité ici, aucune surprise non plus, fidèle au dogme originel, Tibi et Igni va envoyer le pâté, et c'est tout ce qu'on demande...
Enfin bon, même si vous ne le demandiez pas, c'est tout ce que vous aurez, ce n'est pas encore aujourd'hui que les polonais vont faire dans le progressif ou l'expérimental, que dalle les loulous, ici on est dans le Death aux influences Thrashy en mode Blitzkrieg et mandales dans la gueule sans aucune forme de procès, sans pitié, et avec abnégation, Tibi et Igni ne faisant qu'asseoir encore davantage Vader au sommet de la pyramide du Death de tâcheron.
Vader a quand même un petit avantage sur la concurrence, qui est d'avoir un son très reconnaissable, c'est surtout ce qui permet de distinguer les leaders de la masse de groupes évoluant sur le même créneau, dès le premier riff, on reconnait la patte des polonais, et dès que Peter ouvre sa gueule, il n'y a plus aucun doute, c'est bien du Vader, il faut dire que le chant a toujours été très particulier pour le genre, hargneux, un peu dégueulasse et crié, pas franchement dans le guttural d'outre-tombe, Peter a toujours sonné un peu comme David Vincent, c'est encore un peu plus le cas ici.
La bonne nouvelle, c'est la stabilité du line-up depuis trois ans, Piotr Wiwczarek a conservé sa joyeuse bande d'intérimaires, le bassiste Hal et le batteur James Stewart, arrivés juste après la sortie de l'album précédent, sont toujours là, de même que le second guitariste Spider, ce qui est une bonne idée, vu que j'ai du mal à imaginer que son arrivée n'est pour rien dans le sursaut d'inspiration du groupe depuis Welcome to the Morbid Reich.
Cet album, sans être pour autant un game changer, montrait un Vader un peu plus conquérant qu'auparavant, un peu plus inspiré aussi, et Tibi et Igni se retrouve dans la continuité, et c'est quand même assez étonnant de voir un groupe qui existe depuis plus de trente ans continuer sans montrer de signes de faiblesse.
Il y en a eu par le passé, car même sans avoir jamais sorti de bouses, Vader a connu quelques coups de moins bien, rien de dramatique malgré tout, car à deux-trois manques d'inspiration près, les polonais ont su se montrer constant depuis le début, Tibi et Igni continue donc cette tradition, et malgré la qualité de la galette, j'avoue avoir du mal à le considérer comme un véritable succès, ce n'est pas comme si Vader était parvenu par le passé à sortir un disque véritablement génial qui se démarquerait nettement dans sa discographie, donc à défaut de succès, l'on pourra sans conteste qualifier cet album de nouveau Non-Échec, pas un coup de maître, mais un album suffisamment solide pour ne décevoir personne et attiser l'intérêt autour d'une prochaine tournée.
La recette, on la connait, c'est la bonne vieille tambouille Vaderienne, un batteur toujours à fond, du riff, du riff, et si vous en voulez encore, y'a encore du riff, une véritable tornade de Metal en fusion, avec tout un tas de solos histoire d'agrémenter le tout, et pas grand chose n'a bougé depuis Morbid Reich, l'album applique fidèlement la formule, plein de titres en mode bourrin gros méchant bien speedé, et quelques pièces un poil plus sombre, également plus orchestré, du gros Death qui tâche, une énergie Thrash, et certains contours blackisés, ouais, c'est comme d'habitude, la seule différence étant peut-être des tempos un brin plus rapide, comme si le but était ici de prouver que le vieux Peter n'avait pas l'intention de se ramollir malgré les années.
Il va pourtant falloir se taper presque deux minutes d'intro symphonique mystérieuse n' shit pour se prendre la première baffe dans la face (je préfère quand même que l'intro soit séparé, ça permet de la sauter...), avec le premier brûlot au titre super original Go to Hell, et y'a pas à chier, ça envoie du lourd dans le cul de ta sœur sans pression, et ça va être comme ça pendant la quarantaine de minutes que dure la galette, voir plus si vous incluez les traditionnels bonus Tracks (dont une reprise de Das Ich, Des Satans neue Kleider, pas géniale du tout), Tibi et Igni est particulièrement frontal, et presque plus Thrash qu'avant, l'influence de Slayer est toujours présente, ce qui est le cas depuis le début, mais ce Vader donne parfois l'impression d'être un hybride, une version Death Metal de Kreator, avec des passages mélodiques et très fluides, notamment sur un Triumph of Death particulièrement gouleyant qui regorge de solos, et une réelle intensité se dégage de Tibi et Igni.
Bien sûr, Vader va apporter un peu de variété, Hexenkessel nous fournit une longue intro symphonique qui va amener un riff blackisé du plus bel effet, un titre plus long que la moyenne, qui mélange habillement Death, Thrash et Black, avec une réelle dimension atmosphérique par de judicieuses orchestrations, que l'on retrouvera sur un The Eye of the Abyss de presque sept minutes, Vader parvient sur ses deux titres à véritablement jouer sur les atmosphères, ce qui change un peu de la formule basique du groupe, et c'est plutôt bien joué, surtout les passages Black teintés de sympho qui apportent vraiment quelque chose en plus.
Bizarrement, même sans se réinventer, ce qui est loin d'être le cas, Vader est peut-être en train de nous sortir depuis quelques temps ses meilleures cartouches avec Morbid Reich et donc ce Tibi Et Igni particulièrement vindicatif, aux influences Thrash plus marquées qu'auparavant.
L'album est frontal, direct, mais Vader parvient à éviter le piège de linéarité en variant son propos sur quelques titres, l'ensemble se montre toujours aussi ravageur et destructeur, un déluge de riffs et de solos, de blasts furieux, et le chant toujours aussi hargneux de Peter, comme quoi même après plus de trente ans, les polonais n'ont pas encore dit leur dernier mot, et semblent même plus consistant que jamais.
Vader nous fournit tout un tas de brûlots de Death/Thrash à l'ancienne, ça envoie le pâté, une preuve supplémentaire que notre Opinel polonais est encore loin d'être émoussé, pas un coup de génie, mais c'est fucking Vader, on ne recherche pas l'originalité ici, juste de la boucherie fun et violente, et c'est précisément ce que nous offrent les polonais, avec efficacité et intensité.
La Pologne, ça vous cogne!!!
Track Listing:
1. Go to Hell
3. Armada on Fire
5. Hexenkessel
6. Abandon All Hope
7. Worms of Eden
8. The Eye of the Abyss
9. Light Reaper
10. The End
Bonus Tracks:
11 - Necropolis
12 - Des Satans neue Kleider (Das Ich cover)
13 - Przeklęty Na Wieki (Cursed Eternally)