Le Folk est un sous-genre très particulier dans le Metal, ça peut-être très bien fait, absolument épique, profond même, comme l'est Moonsorrow, qui est de toute façon le groupe le plus épique de l'univers, parfois mélancolique comme un Arkona (même s'il existe une dichotomie chez les russes, entre les albums et des prestations scéniques mettant en avant les hymnes festifs), et il y a toute une frange du Folk Metal qui évolue dans un registre plus léger, ouais, c'est ce qu'on appelle le Patrick Sébastien Metal, avec en fer de lance les Trollfest, Korpiklaani et compagnie, ambiance kermesse du coin, des groupes qui ont très bien compris que leur public était le Metalleux bourré avide de déguisement acheté chez EMP et de chansons à boire, ces groupes ont pigé le truc, que les orchestrations Folks et les rythmes dansants simplistes se suffisaient à eux-mêmes, en tout cas largement suffisant pour satisfaire un public peu exigeant et avide de mythologie simplifiée à l'extrême et de clichés nordiques à la con.
Equilibrium est un cas à part, son premier album, Turis Fratyr était plutôt bon, pas génial, mais de quoi faire son trou et se convertir en une espèce de chef de file du Black/Folk épique, bon, en gros du Black sympho avec des orchestrations Folk, le problème du genre, c'est qu'il est tellement cloisonné que les perspectives d'évolution sont extrêmement réduites, Equilibrium s'est dont contenté de nous re-pondre le même album en moins bien, et à chaque fois, en poussant encore plus loin l'aspect festif/kermesse de sa musique, c'est l'effet Patrick Sébastien...
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Voilà, comme c'est un blog sérieux et que je ne me fous pas de vos gueules, je vous ai pondu un graphique, il nous vient de la Patrick Sébastien School of Folk Metal, une étude toute à fait sérieuse, donc, qui nous décrit l'évolution d'Equilibrium depuis ses débuts, et l'on remarque d'emblée que les allemands se dirigent lentement mais surement vers ce qu'on appelle le Folkalacon, ouais, le royaume des chansons à boire, un univers de perdition et de débauche à l'hydromel acheté au Carrefour du coin, la bande son idéale afin de transformer un Moshpit en fête au village, vu le succès de ce genre de groupe en ce moment, les gars d'Equilibrium n'allait pas trop se faire chier à faire de la musique de qualité...
Les gars? euh... Le gars plutôt, car désormais, il ne reste plus plus qu'un seul membre fondateur dans le groupe, nouvelles victimes de l'écrémage (on avait déjà perdu le chanteur originel après Sagas), les frangins Andreas Völkl et Sandra van Eldik ont été priés d'aller se faire foutre (mais sont semble-t-il crédités sur l'album), histoire d'entériner le fait que le mâle Alpha de la meute teutonne, c'est René Berthiaume et personne d'autre.
Bref, voici Erdentempel, quatrième album des allemands, qui va nous proposer sa vision du Metal Folk épique, car oui, l'album est épique, mais pas au sens où les personnes de bons goûts l'entendent, épique dans le sens épique en carton, factice, avec de grosses orchestrations de baltringues de la fête à neuneu, ah ouais, ça va faire dans le festif, aucune profondeur, aucune ambition, de la légèreté festive où ne reste du black qu'un vague chant typé qui manque de couille et d'agressivité, bah ouais, t'imagines si c'était agressif, le fan de base quitterait le navire en hurlant, après tout, le fan de Folk aime faire la fête avec ses potes, il s'en fout du Metal, il aime le Seigneur des anneaux parce que c'est un geek, il veut des instrumentations über Kitschs et clichées à mort, avec des lyrics tirés de Les légendes nordico-germaniques pour les nuls, bon, j'vais pas vous mentir, je ne parle pas un mot d'allemand, alors les paroles, ça me passe au dessus de la tête, j'ai juste passé tout ça dans Google translate pour me faire une idée.
Intro épique en carton, ça sent déjà l'embrouille, et ce sera confirmé par un Was lange währt qui pue le speed folk recyclé à la finlandaise, le rythme est soutenu, gavé d'instrumentations, le petit break est convenu, comme l'intégralité du morceau, rien ne dépasse, même le refrain grandiloquent simpliste est typique du genre, du Folkalacon classique... et sans intérêt, et je dois vous avouer que lors de l'intro du titre suivant, Waldschrein, à base de chant d'oiseau et un chant du coq, je contemplais déjà la possibilité de me taillader les veines, monde de merde, c'est grosso-modo le même titre en encore moins agressif, ça déborde d'un air de violon pour faire danser la gigue dans le pit, la construction est simpliste, et ça va être comme ça sur la quasi totalité de l'album...
Enfin pas tout à fait, car dans un soucis de diversité, Equilibrium va quand même proposer des morceaux plus lents et un peu plus sombre, mais toujours avec ses mélodies superbement clichées et déjà entendues mille fois avant, c'est vous dire à quel point un morceau comme Karawane va s'avérer bancal au possible, et l'on se demande bien où vont des titres médiocres comme Freiflug, Wellengang ou Apokalypse... Dans tout cul? ouais, surement, mais j'imagine que ce genre de morceaux epico-mystérieux doit faire partie du cahier des charges du groupe.
Malheureusement, ce ne sont pas ses titres qui vont remonter la crédibilité du groupe, ni même la qualité d'un Erdentempel orienté Happy Metal, car on va surtout se bouffer de la chanson à boire, c'est ce que les fans veulent, du Uns'rer Flöten Klang dansant saupoudré de flûte, du Heavy Chills bourré de Hohohohohohoho et agrémenté de claviers absolument honteux aussi Kitsch qu'un Turisas ivre mort qui ferait n'importe quoi, et surtout, surtout, histoire d'ajouter l'injure à l'infamie, de la polka sur la chanson à boire Wirtshaus Gaudi, 100% pur daube! Erdentempel parvient à cumuler absolument tout les pires clichés du genre, avec une abnégation qui laisse pantois, et une remarquable absence de personnalité, comme si le but était de nous servir les riffs et les mélodies les plus génériques possibles, une fiesta teutonne pour Metalleux en mousse, bande son idéale de Merguez party de camping, et l'on fait tourner les serviettes...
Ce nouvel Equilibrium fournit son quota d'Hymnes pour apprenti folkeux en carton, avec ses mélodies ultra faciles, ses orchestrations qui accumulent tous les clichés du genre, et surtout sa dimension épique complètement factice, Erdentempel est le genre d'album dont on a tout compris dès la première écoute, et qui n'a au final que peu d'intérêt.
On a droit aux désormais traditionnelles cavalcades Folk/Black pour bisounours bourré au beau milieu de la fête du village, Equilibrium pratique désormais un Folk de kermesse, en usant et abusant de toutes les facilités d'écriture du genre, nulle doute que le fan de base trouvera ça très efficace, après tout, c'est le but, faire du Folk facilement consommable et assimilable, dépourvu de burnes, avec une production clinquante mettant en avant des orchestrations qui en mettent plein les yeux, même le chant pourtant typé Black n'a aucune agressivité; Emphatique et boursouflé, Erdentempel est un Folk de fête forraine, un Happy Metal unidimensionnel aux structures simplistes et aux effets de styles bien trop prévisibles, pour un groupe qui pousse qu'il va être désormais difficile de prendre au sérieux.
Je vous laisse avec la prose profonde et pleine de sens d'un grand philosophe contemporain qui se prête assez bien à la situation:
Jusqu’au petit jour on ira faire, La fiesta, la fiesta!
On va danser et lever nos verre, La fiesta, la fiesta!
Ce soir on est les rois de la terre, La fiesta, la fiesta!
On finira la tête à l’envers, La fiesta la fiestaaaaaaaa!
Folk en mousse
Track Listing:
1. Ankunft
2. Was lange währt
3. Waldschrein
4. Karawane
5. Uns'rer Flöten Klang
6. Freiflug
7. Heavy Chill
8. Wirtshaus Gaudi
9. Stein meiner Ahnen
10. Wellengang
11. Apokalypse
12. The Unknown Episode