On ne va pas se mentir, le Death Grind n'est pas franchement le genre le plus passionnant à chroniquer, tout du moins pour moi, j'aime le genre, certes, mais ça ne m'intéresse pas trop d'en parler, faut dire aussi que ce n'est pas vraiment le genre le plus innovant.
Misery Index, donc, à la base projet monté par d'anciens Dying Fetus, s'est forgé une solide réputation depuis une dizaine d'années avec une série d'albums plutôt remarquable et très influencés par... bah Dying Fetus, un Death Grind solide, pas du tout novateur, mais qui envoie le pâté avec une appréciable régularité, et c'est un peu la seule chose que l'on demande au genre.sans complètement se réinventer, mais en évoluant suffisamment pour s'ouvrir de nouvelles perspectives,
Normalement, ce nouvel album aurait dû se retrouver dans les prochaines chroniques en rafale, je lui aurait collé un 3-3.5/5 tranquille en vous disant que c'était plutôt cool, bourrin et business as usual, sauf que voilà, puisque je me vois obligé de vous en faire une chronique un peu plus complète, vous vous doutez bien qu'il y a anguille sous roche, car The Killing Gods est assez différent de la tambouille servie habituellement par les américains, et donc ouais, c'est plutôt intéressant...
Il faut croire qu'après quatre albums à répéter plus ou moins la même formule, Misery Index a bien senti qu'il était temps de faire autre chose, sans complètement se réinventer, mais en évoluant suffisamment afin de s'ouvrir de nouvelles perspectives, et c'est cette inclinaison à sortir de son Death habituel qui va nous donner un The Killing Gods assez singulier, qui va parvenir à surprendre tout en demeurant très familier.
La base Death à l'ancienne est toujours présente, de même que les soubresauts Grindcore et les moshparts brutales chargées de Groove, avec cette fois-ci un surcroît de mélodie qui donne souvent l'impression d'écouter du Death/Thrash ou du Death mélodique bien gras, avec plus de solos et des titres un poil plus long qu'à l'accoutumée, un mélange de violence viscérale et d'aspirations mélodiques où les atmosphères sont bien plus travaillées qui va rendre The Killing Gods particulièrement décoiffant, et quand même assez couillu.
Il ne faudra pas attendre longtemps pour être surpris, car dès le début, histoire d'entériner le changement de direction, Misery Index va nous offrir un long titre fleuve divisé en cinq segments, rien que ça, surement le morceau le plus ambitieux de l'histoire du groupe, et ça démarre par un Urfaust instrumental très mélodique, un folk presque glacial dont la mélodie semble tout droit échappée d'un vieux Dissection, c'est vous dire le choc sonore alors que je m'attendais à ma torgnole Death/Grind habituelle, qui viendra donc plus tard avec un The Calling qui va poutrer ta mère sans vaseline, aucune pitié, Adam Jarvis démontrant une fois de plus qu'il est l'un des batteurs les plus impressionnants du circuit, le morceau n'est pas ultra rapide, mais putain que ce truc est heavy avec un rythme implacable, ainsi que de nombreux mouvements et soubresauts, et vers la fin va apparaître une longue partie avec des leads mélodiques qui va se charger d'amener de la tension et une ambiance très sombre, The Oath servant de petite pause transitoire avant un Conjuring the Cultlparticulièrement intense, très martial, un peu à la Vader, avec une emphase particulière sur les mélodies, la fin du morceau reprenant le thème Dissectionien d'Urfaust de manière plutôt bienvenue, et l'on va bien volontiers reprendre une petite louche de violence avec The Harrowing qui va se charger de clôturer ce pavé de manière très Thrash/Death mélodique, par ailleurs plutôt véloce, avec ses tempo changeants et de nombreuses mélodies amenées par des leads très incisives.
Après ce premier bloc, Misery Index va prendre son rythme de croisière avec toute une série de titres un peu plus classiques dans leur approche, et contrairement à d'habitude où Misery Index nous sort un ou deux titres énormes qui mettent sur le cul et se contente d'expédier les affaires courantes sur le reste, The Killings Gods ne connaîtra pas vraiment de pics, ce qui n'est pas vraiment un défaut, car cet album est bon du début à la fin, avec une qualité assez constante, tout en demeurant suffisamment varier pour ne pas lasser l'auditeur, avec quand même un petit défaut, un son de batterie qui sonne parfois de manière absolument pas naturelle, pas tout le temps, mais certains passages sont assez problématiques, Cross to Bear par exemple, où la batterie sur les blasts sonnent de manière très dégueulasse, ce qui vient quelque peu gâcher le plaisir avec un snare drum qui vient te casser les couilles, ce n'est pas toujours le cas, mais c'est parfois très désagréable, Sentinels souffrant aussi du même problème.
En dehors de ça, on a du bon dans cette seconde partie d'album, Gallows Humor notamment, en mode brise-nuque et très typé -core dans l'esprit, et dans l'ensemble, Misery Index va ici accélérer et nous livrer des titres bien plus rapides et rentre-dedans, Sentinels, Colony Collapse, ou Heretics font dans le désossage en règle, bien plus orientés Death/Grind qu'un The Killing Gods chargé d'ambiances et introduit par des chants de messe, ça donne un peu l'impression que les américains ont quand même voulu satisfaire la frange la plus extrême de son public avec une fin d'album ultra bourrine, ce n'est pas forcement là où le groupe est le plus intéressant, mais cela a au moins le mérite d'apporter une diversité supplémentaire...
Sans être totalement révolutionnaire, il n'en reste pas moins que The Killing Gods peut-être un véritable game changer pour Misery Index, et surtout le point de départ d'une nouvelle ère pour les américains, qui trouvent ici un équilibre certain entre la brutalité et les ambiances, et ça c'est nouveau.
The Killing Gods se montre au fil des écoutes plutôt redoutable, chargé de Groove, de riffs assassins, Misery Index parvient ici à intégrer tout un tas d'éléments mélodiques et atmosphériques à son Death/Grind basique, et malgré quelques petits défauts, notamment ce son de batterie parfois casse-couilles, on peut véritablement parler de réussite, The Killing Gods est consistant du début à la fin, et s'écoute sans aucune lassitude tant le groupe parvient à insuffler une tension constante à son Death ici particulièrement nerveux, et sincèrement, je ne pensais pas prendre autant de plaisir avec un album de Misery Index, comme quoi parfois, le changement, ça a du bon...
Moins bas de plafond que prévu...
Track Listing:
1. Urfaust
2. The Calling
3. The Oath
4. Conjuring the Cull
5. The Harrowing
6. The Killing Gods
7. Cross to Bear
8. Gallows Humor
9. The Weakener
10. Sentinels
11. Colony Collapse
12. Heretics