Marre de chroniquer des albums de merde, comme annoncé lundi, après une semaine à thème qui m'a vu plonger dans le néant daubesque et la déchéance musicale, il est temps de revenir à chroniquer de bons disques.
Shores of Null donc, groupe italien qui déboule avec son premier album sous le bras, Quiescence, sorti chez Candlelight la semaine dernière, un jeune groupe, formé en 2013, mais à priori pas un groupe de débutants, puisque composé de membres issus de différents groupes de la scène italienne... que je ne connais absolument pas, ça commence mal, mais peut-on me reprocher ma méconnaissance de combos de l'underground rital comme Embrace of Disharmony ou Il Grande Scisma d'Oriente, et encore moins un groupe de prog qui s'appelle Zippo, dont est issu le chanteur, je ne pense pas, de toute façon on s'en tape un peu, non? Intéressons-nous plutôt à Shores of Null, un groupe pas du tout nul... (Lol, mdr, désolé, ça au moins, c'est fait)
Si tant est que cela existe, oubliez toute conception du Metal italien, la chaleur méditerranéenne, ce n'est pas ici que vous allez la trouver, Shores of Null pourrait tout à fait venir de Finlande vu le style de musique pratiqué, d'ailleurs en parlant de style, il va être bien peu aisé de définir le genre dans lequel évolue Shores of Null, surtout qu'en plus de la Finlande, vient se greffer par dessus une petite référence à Seattle.
Pour vous donner une idée, vous prenez du Amorphis, du Katatonia, une lichette d'Enslaved, une petite dose d'Opeth, et vous saupoudrez le tout d'une petite pincée d'Alice in Chains, et vous arrivez à peu près à ce qu'est Shores of Null, un Metal mélodique teinté de Doom, de Black, et de Rock, puissant et racé, une subtile alchimie qui avait toute les chances de foirer, sauf que nos amis transalpins vont se révéler maître dans l'art délicat de l'équilibre, pour un mélange plutôt savoureux et immédiatement addictif, même si pas exempts de quelques défauts, principalement un, mais on y reviendra plus tard.
Douces envolées mélodiques et mélancoliques, plongées dans les ténèbres, Shores of Null manie avec un certain brio ses influences et nous livre avec Quiescence un album en forme de clair-obscur, un album de paysages, qui sait admirablement prendre le temps de développer ses atmosphères par le biais de longs passages instrumentaux, alternant entre moments de grâce éthérés, à la lisière du progressif, et passages bien plus appuyés et Heavy, presque typiquement MeloDeath, avec, comme pilier de ce fragile édifice, une révélation (tout du moins pour moi, ne connaissant pas son groupe Zippo), le chanteur Davide Straccione, qui va nous livrer une prestation exemplaire de versatilité, et c'est plutôt impressionnant de le voir évoluer dans un registre assez proche de Tomi Joutsen, tout en parvenant à émuler parfois le timbre de Jonas Renkse, ou encore celui de Jerry Cantrell, autant dire que le vocaliste va se chargé de rendre tout ça le plus addictif possible, et bien sûr, comme le veut le style pratiqué ici, tout cela est souvent alterné avec un growl plutôt agressif mais qui reste malgré tout assez émotionnel, et quand les deux types de chant s'entremêlent (Ruins alive), c'est le jackpot assuré, surtout qu'en plus des différentes textures de chants clairs, du growl Death, on trouve également quelques passages plus blackisés, notons que je ne sais pas précisément qui s'occupe du chant extrême, il semble que Straccione s'en charge lui-même si j'en crois le clip de Quiescent, respect à lui si c'est vraiment le cas.
Shores of Null, c'est donc de la mélancolie teintée de Doom à la finlandaise, du gros riff MeloDeath et du solo mélodique, des refrains extrêmement catchy, vous savez, ce truc bizarre, assez indéfinissable, ce côté écrasant, pesant, qui se fait à la fois aérien et éthéré, c'est la recette des italiens, une formule qui va fonctionner sur tout l'album, avec une diversité telle qui fait qu’aucun titre ne va se ressembler, Kings of Null débute de manière très Black, à la Enslaved, presque guerrière, avant que l'on ne ressente l'influence d'un Amorphis, une longue cavalcade mélodique où domine le chant aérien et un refrain accrocheur, avec quelques petits hurlements par-ci par-là, et d'Amorphis, il en sera souvent question, surtout au début de l'album, comme Souls of the Abyss, orienté Death très mélodique, qui surprendra par un long passage instrumental très lourd, évoluant vers un pur moment de Death à la Amon Amarth avant que le chant clair ne vienne terminer le boulot, Shores of Null va constamment naviguer entre les différentes facettes du Death mélodique, quasiment pop et catchy à la finlandaise bien sûr, Night will come qui propose une alternance assez classique entre le chant clair et le growl, c'est pas mal mais ça ne décolle jamais vraiment vers autre chose, Pain Masquerade qui fait dans le Katatonia-like de haute-volée, à la fois mélodique et rentre-dedans, où l'on croirait presque entendre Renkse, citons également Quiescent, mid-tempo aérien et mélodique qui prend une réelle profondeur avec son passage growlé, c'est un peu Swallow the sun avec un soupçon de Paradise Lost, le groupe sait aussi appuyé sur l'accélérateur quand le moment s'en fait sentir, The Heap of Meaning est un curieux assemblage entre le Melodeath guerrier et entraînant d'Amon Amarth et certaines aspirations mélodiques avec un chant clair à la Alice in Chains, et ce caractère abrasif et un peu furieux, l'on va le retrouver sur une première partie d'un Time is a Waste Land assez brutale, avant que le groupe ne s'engage dans une longue chevauchée mélodique et aérienne dominée par le chant clair, l'autre facette de la violence chez les italiens, ce sont ses références à Enslaved, surtout sur un titre, Ruins Alive, avec son intro blackisée, au tempo rapide, avec les multiples textures de chants qui vont constamment s'entremêler, le growl doublé par le chant black, ou une alliance entre ce même chant black et le chant clair, dans un esprit très proche des norvégiens.
Et c'est précisément ici qu'on touche au problème majeur de Quiescence.
Vous avez remarqué comme je passe mon temps à référencer chaque titre de l'album en fonction de leurs influences, le problème est principalement sur ce point, car bien qu'admirablement composée et maîtrisée, la formule de Shores of Null demeure par certains aspects bien trop confortable, car étrangement, elle n'est qu'une somme d'influences diverses, et même si chaque titre à une personnalité propre, jamais l'on ne sait vraiment qu'elle est la véritable personnalité de Shores of Null, et c'est bien ce qui rend l'album aussi frustrant, le groupe ne va jamais plus loin que l'hommage et la référence, et l'ensemble s'avère bien trop respectueux des codes empruntés, on aimerait que le groupe aille plus loin, transcende ses influences afin de former quelque chose qui lui serait propre, mais ce n'est jamais le cas, ce trop-plein de confort, cette restitution bien trop respectueuse, et donc par extension ce manque de prise de risque, provoque un autre problème, certes mineur, mais assez gênant, Shores of Null propose ici dix titres tous très bons, pas de fillers, pas de remplissage, la qualité est constante pendant quarante-cinq minutes, mais justement, il manque surement la vraie baffe qui vous laisserait sur le cul, cet album n'a pas de moments faibles, mais n'a pas de pics non plus, on l'attend, ce fameux titre qui vous collerait des frissons, mais il ne vient jamais, et c'est plutôt dommage, ce groupe est incroyablement bon, mais également très frustrant, avec cet arrière-goût de potentiel inexploité...
Bien sûr il s'agit d'un premier album, qui je l'espère, pose les bases de ce que pourrait devenir le groupe par la suite, reste donc un Quiescence très addictif, admirablement composé, un ensemble particulièrement dynamique, mêlant un caractère abrasif et une réelle dimension introspective et mélancolique, à la fois aérien, mélodique et agressif, Shores of Null maîtrise sa formule, et ses références, avec des riffs punchy, un sens de la mélodie et du refrain catchy, avec des atmosphères sublimées par un chaleur réellement impressionnant, et si vous aimez les groupes cités en référence au cours de cette chronique, foncez, c'est du tout bon, même si vous n'aurez pas grand chose de plus qu'un album aux influences bien trop respectées, ce qui est déjà pas mal, mais un peu frustrant.
J'ai longuement hésité pour la note, entre le trois et demi et le quatre, et même si j'ai pour règle de toujours trancher en faveur de la note la plus basse en cas d'hésitation, aujourd'hui je fais une exception et je préfère laisser le bénéfice du doute à ces italiens, car même si l'album laisse un petit goût d'inachevé, il n'en demeure pas moins qu'il est très immédiat, accrocheur, vraiment bien foutu, fournissant une dizaine de titres, intro incluse, tous aussi bons et fun les uns des autres, et tant pis si tout ça est un peu trop safe, la maîtrise et le talent sont là, il n'y a rien à jeter ici...
Shores of Null donc, groupe italien qui déboule avec son premier album sous le bras, Quiescence, sorti chez Candlelight la semaine dernière, un jeune groupe, formé en 2013, mais à priori pas un groupe de débutants, puisque composé de membres issus de différents groupes de la scène italienne... que je ne connais absolument pas, ça commence mal, mais peut-on me reprocher ma méconnaissance de combos de l'underground rital comme Embrace of Disharmony ou Il Grande Scisma d'Oriente, et encore moins un groupe de prog qui s'appelle Zippo, dont est issu le chanteur, je ne pense pas, de toute façon on s'en tape un peu, non? Intéressons-nous plutôt à Shores of Null, un groupe pas du tout nul... (Lol, mdr, désolé, ça au moins, c'est fait)
Si tant est que cela existe, oubliez toute conception du Metal italien, la chaleur méditerranéenne, ce n'est pas ici que vous allez la trouver, Shores of Null pourrait tout à fait venir de Finlande vu le style de musique pratiqué, d'ailleurs en parlant de style, il va être bien peu aisé de définir le genre dans lequel évolue Shores of Null, surtout qu'en plus de la Finlande, vient se greffer par dessus une petite référence à Seattle.
Pour vous donner une idée, vous prenez du Amorphis, du Katatonia, une lichette d'Enslaved, une petite dose d'Opeth, et vous saupoudrez le tout d'une petite pincée d'Alice in Chains, et vous arrivez à peu près à ce qu'est Shores of Null, un Metal mélodique teinté de Doom, de Black, et de Rock, puissant et racé, une subtile alchimie qui avait toute les chances de foirer, sauf que nos amis transalpins vont se révéler maître dans l'art délicat de l'équilibre, pour un mélange plutôt savoureux et immédiatement addictif, même si pas exempts de quelques défauts, principalement un, mais on y reviendra plus tard.
Et c'est précisément ici qu'on touche au problème majeur de Quiescence.
Vous avez remarqué comme je passe mon temps à référencer chaque titre de l'album en fonction de leurs influences, le problème est principalement sur ce point, car bien qu'admirablement composée et maîtrisée, la formule de Shores of Null demeure par certains aspects bien trop confortable, car étrangement, elle n'est qu'une somme d'influences diverses, et même si chaque titre à une personnalité propre, jamais l'on ne sait vraiment qu'elle est la véritable personnalité de Shores of Null, et c'est bien ce qui rend l'album aussi frustrant, le groupe ne va jamais plus loin que l'hommage et la référence, et l'ensemble s'avère bien trop respectueux des codes empruntés, on aimerait que le groupe aille plus loin, transcende ses influences afin de former quelque chose qui lui serait propre, mais ce n'est jamais le cas, ce trop-plein de confort, cette restitution bien trop respectueuse, et donc par extension ce manque de prise de risque, provoque un autre problème, certes mineur, mais assez gênant, Shores of Null propose ici dix titres tous très bons, pas de fillers, pas de remplissage, la qualité est constante pendant quarante-cinq minutes, mais justement, il manque surement la vraie baffe qui vous laisserait sur le cul, cet album n'a pas de moments faibles, mais n'a pas de pics non plus, on l'attend, ce fameux titre qui vous collerait des frissons, mais il ne vient jamais, et c'est plutôt dommage, ce groupe est incroyablement bon, mais également très frustrant, avec cet arrière-goût de potentiel inexploité...
Bien sûr il s'agit d'un premier album, qui je l'espère, pose les bases de ce que pourrait devenir le groupe par la suite, reste donc un Quiescence très addictif, admirablement composé, un ensemble particulièrement dynamique, mêlant un caractère abrasif et une réelle dimension introspective et mélancolique, à la fois aérien, mélodique et agressif, Shores of Null maîtrise sa formule, et ses références, avec des riffs punchy, un sens de la mélodie et du refrain catchy, avec des atmosphères sublimées par un chaleur réellement impressionnant, et si vous aimez les groupes cités en référence au cours de cette chronique, foncez, c'est du tout bon, même si vous n'aurez pas grand chose de plus qu'un album aux influences bien trop respectées, ce qui est déjà pas mal, mais un peu frustrant.
J'ai longuement hésité pour la note, entre le trois et demi et le quatre, et même si j'ai pour règle de toujours trancher en faveur de la note la plus basse en cas d'hésitation, aujourd'hui je fais une exception et je préfère laisser le bénéfice du doute à ces italiens, car même si l'album laisse un petit goût d'inachevé, il n'en demeure pas moins qu'il est très immédiat, accrocheur, vraiment bien foutu, fournissant une dizaine de titres, intro incluse, tous aussi bons et fun les uns des autres, et tant pis si tout ça est un peu trop safe, la maîtrise et le talent sont là, il n'y a rien à jeter ici...
(En streaming intégral et à la vente sur Bandcamp: https://candlelightrecordsusa.bandcamp.com/album/quiescence)
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