mercredi 9 avril 2014

[Chronique] Gamma Ray - Empire of the Undead

Question: Qu'attendre d'un nouvel album de Gamma Ray en 2014?
Réponse; Rien!
Voilà, fin de la chronique, merci de m'avoir lu, c'est cool...
...
Quoi? vous voulez que je développe? ok, mais juste pour vous faire plaisir alors.
Donc voilà, onzième album pour Kai Hansen et ses potes, un groupe formé en 1989 qui sort en 2014, faites le calcul, ça fait tout juste 25 ans, et là, on sent venir l'embrouille, l'album prétexte à une tournée événementielle spéciale célébration de l'anniversaire du quart de siècle, vous attendez le grand retour en force de Gamma Ray après le bien médiocre To the Metal? du frais? du neuf?
Lol, c'est Gamma Ray les gars, l'originalité, tu te la prends, tu te la roules en boulette et tu te l'insères délicatement dans le fondement, Gamma Ray va nous faire son Power Metal à la recette connue, du Helloween, du Judas Priest, un peu de Maiden, et ça suffira largement à faire la blague le temps d'un disque, tout en sachant que plus jamais nos sympathiques teutons ne parviendront à sortir un disque du calibre des classiques des années 90, il a essayé le Kai, en nous balançant un Land of the Free II un peu frelaté, mais rien à faire, la magie n'opère plus vraiment, on pourra juste se consoler en se disant qu'Empire of the Undead est un poil meilleur que le précédent, c'est déjà ça...

Bien sûr, je suis un peu dur, car Empire of the Undead n'est pas que ça, on a affaire à un disque fun, bien troussé, où le père Hansen va nous recycler tous ses vieux tours en à peine une heure en se faisant plaisir pour un nouveau tour de piste, car c'est bien de cela qu'il s'agit, on a le sentiment que Gamma Ray se fait plaisir désormais, se contentant de sa situation actuelle, qu'il se doit de pérenniser car ce n'est pas après 25 ans que carrière que de nouveaux fans vont rejoindre la cause, faire plaisir aux fans donc, en sortant un album qui soit le moins mauvais possible, et de ce fait, Empire of the Undead se situe en qualité entre To the Metal et le second Land of the Free, c'est pas bien brillant, mais cela aurait pu être pire, bien pire.
Une notion de plaisir que l'on retrouvait déjà avec l'album d'Unisonic, qui n'était pas trop mal, même si le jugement était faussé par la sympathie de retrouver le duo Hansen/Kiske, une sorte de plaisir passéiste, nostalgique, et il semble que désormais, Kai Hansen soit désormais condamné à regarder dans le rétroviseur plutôt que de se projeter dans l'avenir, Empire of the Undead, c'est un peu ça, un disque bien foutu qui va se contenter de nous resservir tous les clichés du groupe, on parle quand même d'un groupe qui ose en 2014 le refrain kitschissime à souhait "Flying high like an eagle, touching rainbows in the sky" sur le bien nommé Born to Fly, un album que l'on ne peut pas vraiment qualifier de mauvais, juste de parfois sympathique, et souvent convenu, du Power mélodique à la Gamma Ray, avec peut-être un vague supplément d'agressivité, le groupe nous avait promis un album plus Thrashy... il ne l'est pas vraiment, Empire of the Undead est l'album de plus sans être encore celui de trop, quelques bons titres, des fillers, et quelques titres moins que passables, un pur album de Gamma Ray en somme.
La seule surprise finalement, c'est que l'album débute par un gros pavé de neuf minutes, pas la première fois que le groupe nous fait le coup, et Avalon est un bon petit titre principalement mid-tempo, qui se veut épique, mais après une première partie un peu trop pompeuse, le groupe passe la seconde et ça envoie pas mal avec un surcroît de vélocité et de mélodie, bien sûr, on est pas au niveau d'un Insurrection ou d'un Armageddon, et à des années-lumières d'un Rebellion in Dreamland, mais ça reste plus que correct, le titre est joué avec conviction, sûr de sa force, et propose des passages qui devraient plaire à tous les fans du groupe, tout le savoir-faire de Gamma Ray en un seul titre, c'est aussi le meilleur titre de l'album et le reste va avoir du mal à atteindre le même niveau.
Toutes les facettes du groupe vont être représentées, le côté Judas Priest principalement, avec Hellbent et Empire of the Undead, du bricolage Power Heavy thrashisant à tendance agressive et menaçante, faut quand même avouer que ça envoie le pâté, surtout ce délicieux passage très lourd après le solo de Hellbent (notons la référence pas très subtil à Hellbent for leather...), mais on a constamment le sentiment d'entendre des titres que le groupe a déjà fait par le passé, pourtant ce n'est pas un best of, c'est bien un album original, prenez le riff d'intro de Master of Confusion, combien de fois le groupe nous l'a déjà fait? c'est la facette Happy Metal du groupe, la plus enjouée, et finalement la plus quelconque, pleine de clichés en tout genre, Born to Fly donc, au niveau des paroles, c'est la machine à remonter le temps, des lyrics périmés depuis 20 ans et qui devraient être passible de la peine de mort, mais le Kai Hansen s'en bat les couilles, vous savez comment débute le dernier titre I Will Return? bah ouais, une voix de Terminator qui nous sort un "I'll be back" tout moisi, j'en ai vomi mes chocapic sur le clavier, en dehors de ça, le titre est pas vilain du tout, faut dire aussi que ce morceau succède à deux chansons pas géniales en mode remplissage et recyclage en tout genre.
Vient aussi le moment tant redouté, la bonne vieille ballade foireuse, et s'il y a bien un domaine que Gamma Ray n'a jamais maîtrisé durant toute sa carrière, c'est bien celui-ci, Time of Delivrance doit même être la pire du groupe, surtout qu'ils n'ont même pas la décence de faire ça court, nah, c'est cinq minutes de pure guimauve mollassonne, avec un refrain sirupeux d'une médiocrité abyssale.
Il faut quand même signaler le savoir-faire des teutons, qui fait que même convenus, les titres fonctionnent toujours plus ou moins, on a de bons riffs finement recyclés, une avalanche de soli, des harmonies mélodiques sympa, et bien entendu la voix aisément reconnaissable d'Hansen, on sent bien que le type a pris de l'âge, mais il s'en sort avec les honneurs, au talent, variant pas mal les tonalités, et parvenant à donner à chaque titre une coloration particulière, il galère peut-être un peu plus désormais quand il s'agit de monter dans les aigus, mais il maîtrise assez bien, c'est un peu à l'image de l'album, c'est moins bien qu'avant, mais ça reste acceptable dans la mesure où le groupe est très malin et parvient à maintenir un niveau de qualité convenable même un étant pas franchement inspiré et un peu en pilotage automatique...

Malgré tout, on ne peut pas enlever à Gamma Ray sa capacité à composer de vraies bonnes chansons, globalement, l'album touche sa cible, les refrains son catchy, efficaces, on a du riffs qui envoient et de la rythmique qui déménage, et Empire of the Undead, même si gavé de défauts, n'en reste pas moins une expérience agréable, fournissant son lot habituel de chansons fun, c'est bien sûr très kitsch, plein de cliché, mais ça se laisse écouter sans que finalement on puisse y trouver quelque chose à redire, à condition d'avoir accepté le fait que l'âge d'or du groupe est désormais derrière lui, n'espérez aucune innovation, aucune once d'originalité là-dedans, Empire of the Undead est à prendre comme il est, un bon petit disque de Gamma Ray, sympa et convenu, et rien d'autre, un album de vieux roublards compétents et expérimentés...
(L'album est d'ailleurs en streaming ci-dessous, via Youtube)

L'Empire du Recyclage
Track Listing:
1. Avalon
9. Seven