Après avoir sortie trois albums en peu de temps vers la fin des années 90, la horde norvégienne Nocturnal Breed est devenue un groupe de feignasse, ayant désormais adopté un rythme confortable d'un album tous les sept ans, un rythme donc ferait bien de s'inspirer quelques groupes qui nous abreuvent de sorties médiocres, car avec Nocturnal Breed, l'attente n'est jamais vaine.
C'est ainsi qu'en 2007, sept ans donc après The Tool of the Trade, Nocturnal Breed avait balancé pour son quatrième album un redoutable méfait avec Fields of Rot, une dizaine de mandales Thrash/Black qui pourrait être résumée par l'hymne d'ouverture Wicked, Vicious and violent, du Thrash/Black, mais pas seulement, car les norvégiens développaient déjà un sérieux penchant pour le Rock 'n' Roll old school d'obédience Motorheadienne, et c'est ce point là qui est important avec Napalm Nights, car Nocturnal Breed n'avait pas du tout envie de nous balancer un simple Fields of Rot II, et les sept ans d'attente auront permis au groupe d'opérer une évolution drastique dans leur tambouille, faisant de Napalm Nights un disque différent, mais malgré tout toujours aussi impactant...
Il est toujours dangereux de modifier une formule qui marche, mais quand on parle de Thrash/Black, les perspectives d'évolution sont restreintes, soit on fait toujours le même disque au risque de lasser, soit on passe à autre chose, c'est ce qu'ont décidé de faire les norvégiens, mais ceci sans se renier en quoique ce soit, et c'est la grande force de Nocturnal Breed, réussir à modifier la formule, proposer autre chose, tout en conservant intact l'esprit du groupe.
Terminée la dévastation brutale inhérente au genre, Napalm Nights est définitivement orienté mid-tempo, avec un Nocturnal Breed qui explore une autre facette de son Thrash, bien plus Heavy, naturellement moins speed, qui baigne désormais dans le Rock 'n' Roll old-school, avec un groupe qui semble assumer pleinement les références à Motorhead, avec des titres plus lents qui prennent leur temps pour s'installer et s'insinuer dans votre cerveau avec des constructions salement vicieuses, on est d'ailleurs passé en sept ans d'un Fields of Rot qui durait à peine 32 minutes à ce disque qui en fait le double pour le même nombre de titres, ce n'est pas pour autant que Nocturnal Breed soit devenu un groupe de prog, loin de là, les norvégiens sont bien trop crasseux pour cela, mais ils prennent désormais le temps d'installer des ambiances et des atmosphères qui confèrent à chaque titre une personnalité propre, et ça, c'est assez nouveau pour le groupe.
Bien sûr, tout cela n'est pas révolutionnaire pour un sou, faut pas déconner non plus, le fait que S.A Destroyer prenne un malin plaisir à imiter Lemmy, on le savait déjà depuis Iron Bitch sur l'album précédent, de la même manière, les références à Motorhead et Venom ont toujours été plus ou moins présentes par le passé, disons qu'elles sont beaucoup plus flagrantes ici, et pleinement assumées, Thrash, Napalm Nights l'est toujours, mais l'agression sonore prend une tournure un peu plus vicieuse, presque plus posée, de part l'orientation Old-School de la tambouille, et même si les titres sont plus mid-tempo, Nocturnal Breed n'hésite pas à avoir recours à de nombreuses accélérations vindicatives pour relever la sauce, le titre d'ouverture The Devil Swept the Ruins en est d'ailleurs un parfait exemple, un Blackened Thrash très Heavy, appuyé, avec un riffing simple et imposant qui rappelle un peu Satyricon, et à mi-titre, c'est distribution de coups de rangers dans la gueule avec une accélération destructrice, un pic de violence qui précède un long passage ambiancé dans la dernière minute, bandant, efficace, et l'on a pas encore tout vu, car d'autres titres plus atmosphériques sont au programme, Cursed Beyond Recognition, très mélodique et tout en ambiances, mais surtout le titre éponyme Napalm Nights, qui culmine à plus de douze minutes, véritable pièce centrale de l'album, un Thrash plutôt heavy admirablement charpenté et costaud, aux multiples éruptions sonores, qui va lentement évoluer vers un dernier tiers de morceau très mélancolique où la guitare acoustique accompagne le long solo mélodique.
N'allez pas croire pour autant que tout l'album est du même tonneau, loin de là, car la diversité est à l'honneur, et Nocturnal Breed n'a pas oublié de nous balancer des brûlots dans la gueule sans aucune pitié, abordant le Thrash 'N' Roll avec le démoniaque Speedkrieg aux forts relents de Sodom, ou encore le très Motorheadien et jouissif The Bitch of Buchenwald, le Thrash bourrin et délicieusement bas-de-plafond (Thrashiac, Dawn Campaign... Flamethrower Ridge), sans oublier les inclinaisons plus Heavy Metal à l'ancienne avec Under the Whip ou de Dragging the Priests, et en bonus, comment ne pas citer l'ultime titre de la galette, Krigshisser, qui contient des passages directement labellisé Trve Norwegian Black Metal, ça sonne comme du Darkthrone? normal, c'est Nocturno Culto qui chante, c'est tout ça Nocturnal Breed en 2014, un groupe qui sait désormais admirablement varier sa formule, où chaque titre est différent, ayant sa propre personnalité, les norvégiens font ici preuve d'une improbable diversité, les riffs sont excellents et les deux guitaristes s'adaptent constamment afin de donner aux différents morceaux la coloration voulue, le chant fait également preuve d'une redoutable versatilité, entre hurlements dégueulasses et cris hauts-perchés, auquel s'ajoute un vibrant hommage à Lemmy, ainsi que des interventions sur quelques titres de Nocturno culto (Speedkrieg, The Bitch of Buchenwald, Thrashiac), tout cela fait que l'on passe un bon moment et que l'on ne remarque même pas que le disque a tourné pendant plus d'une heure, un véritable exploit pour le genre.
Nocturnal breed ne va pas changer votre vie, mais Napalm Nights nous démontre une fois de plus que cette bande de joyeux drilles norvégiens obsédés pas la mort et la guerre est toujours capable de nous pondre des titres Thrash très efficaces, peu importe que ceux-ci soient mid-tempo ou ultra speed.
Fields of rot était un classique, Napalm Nights est un autre classique dans un genre différent, plus mid-tempo, plus diversifié, Nocturnal Breed sonne naturellement moins punk ici, mais le développement des composantes Rock 'N' Roll et Heavy Metal lui donne une dimension Old School encore plus croustillante, surtout que malgré le ralentissement de la musique, Nocturnal Breed demeure toujours aussi furieux et implacable, seulement cette violence et son caractère abrasif prend une autre forme ici, les norvégiens compensent le manque de rapidité par des compositions redoutables et bien plus Heavy.
A défaut d'être un disque révolutionnaire, Napalm Nights est juste un putain de bon disque de Thrash à l'ancienne, vindicatif, un peu crade, fun, qui ne manque jamais sa cible, et c'est bien tout ce que l'on demande à Nocturnal Breed...
(Vous pouvez écoutez tout ça sur Bandcamp, et pour les versions physiques, direction Agonia Records)
Thrash vicieux à l'ancienne