S'il y a bien une chose que l'on ne peut pas reprocher à Within Temptation, c'est de ne jamais se cacher sur ses intentions, qu'on aime ou pas le résultat final, le groupe a toujours eu le mérite d'assumer ses différents positionnements au gré de ses albums, ainsi que sa transformation en groupe radio-friendly plus à même de générer un maximum de cash au sein d'un public plus large, surement plus apte a accepter sans broncher la soupe fadasse des derniers albums.
Après le coup de force Mother Earth en 2000, on a senti le vent tourner avec The Silent Force, le combo hollandais n'allait pas trop traîner ses guêtres trop longtemps dans la sphère métallique, c'est ainsi que Within Temptation s'est transformé radicalement avec les deux daubes ignobles qu'étaient The Heart of Everything et The Unforgiving, de Metal, il n'en était presque plus question, de symphonique plus trop non plus avec The Unforgiving, et c'est ainsi que Within Temptation se positionnait sur un créneau surement beaucoup plus rentable commercialement, le Metal pour ménagère de moins de 50 ans, en gros, du non-Metal qui cherche à tout pris à rester cataloguer Metal alors qu'il n'en a presque plus aucun attribut, ni même l'esprit, donc ouais, c'est de la soupe pop vaguement Metal, gentille, easy-listening et facilement consommable pour la ménagère aimant les mélodies catchy et la musique facilement assimilable dès la première écoute, superficielle et sans réelle profondeur, mais de quoi en vendre des palettes et faire de Sharon den Adel une espèce d'idole pop-rock en laquelle peut aisément se reconnaître son cœur de cible.
Une fois de plus, et comme annoncé, Hydra est un poil différent de ses prédécesseurs, on est toujours dans la pop ultra catchy, mais cette fois-ci, le Metal symphonique est de retour... un peu, mais pas trop quand même, faut pas déconner non plus, trop de Metal risque d'effrayer la ménagère...
Hydra donc, sorte de concept brinquebalant qui ne sert à rien à part faire passer la pilule d'un album qui passera sans crier gare du coq à l'âne, excuse facile à un disque fourre-tout dont le but est de survoler vaguement la désormais trop longue carrière des hollandais, ce qui fait d'Hydra un subtil assemblage de quelques grosses daubes et de titres quelconques, le tout à chaque fois saupoudré de refrains catchy dont le groupe à le secret, dans le but de sortir le maximum de singles possible, entre le Metal symphonique gentil et la pure pop acidulée, Within Temptation a choisi de ne pas trancher et de tout nous balancer en même temps, simplifions un peu: Si vous n'avez pas de vagin, il va être compliqué d'apprécier pleinement Hydra.
Faut dire les choses comme elles sont, le public de Within Temptation est composé en grande partie de femelles, c'est un peu le cœur de cible, de ce fait le but de l'album est de satisfaire son audience tout en tentant vainement de rester ancrer dans le giron du Metal, car bien entendu, tout cela sonne de manière bien trop forcée pour être une réussite, un peu comme si le groupe s'était rendu compte de l'erreur qu'avait été le conceptuel et théâtral The Unforgiving et qu'il souhaitait à tout prix faire machine arrière.
Malgré les différents positionnements, Hydra reprend les éléments classiques qui ont fait le succès, tout du moins commercial, de Within Temptation, une musique surproduite, des arrangements symphoniques omniprésents, des refrains catchy, de gros riffs simplistes, de la mélodie en pagaille, et le chant typé rock de la MILF hollandaise de service, du coup, le titre d'ouverture Let Us Burn sonne de manière bien familière, le genre de power ballade pop Metal typique du groupe, qui se laisse malgré tout écouter facilement, ce qui est bien la moindre des choses dans ce type de production, factice et pompeux? bien sûr, mais c'est la marque de fabrique du groupe depuis une dizaine d'année, le problème, c'est qu'après ce petit titre gentillet vaguement sympa si l'on est pas trop exigeant, Within Temptation va exploser son avion sur une montagne avec une série de morceaux avec des guests, ouais, c'est aussi mauvais que ça.
Ce n'est pas la première fois que les hollandais amène un invité à la table, remember Keith Caputo sur le mauvais What have you done de The Heart of Everything, mais cette fois-ci, on passe au niveau supérieur en terme de notoriété des guests, pour un résultat encore plus médiocre encore, voici donc le diabétique Howard Jones (ex-Killswitch Engage) qui déboule sur Dangerous, pour un single pur soupe dont rien n'est à sauver, peut-être une chose, Within Temptation a évité le cliché de la belle et la bête, et le chant clair de Jones est pleinement intégré à la chose, on a frôlé le pire, mais le pire arrive avec And We Run, pitoyable ballade symphonique sans âme avec un riff à la con qui se retrouve dans le fond, prédominance des arrangements orchestraux et du chant de Sharon, et d'un seul coup, ça sort de nulle part, y'a Xzibit (ouais, le type de Pimp my ride) qui déboule pour rapper là dessus à l'arrache, gros moment Yo dawg! WTF débile, j'avoue que c'est osé de faire ça, ce qui est tout à l'honneur du groupe de tenter de nouvelles choses, mais le résultat est plus risible et déplacé qu'autre chose, c'est absolument hors de propos dans le contexte de ce titre, heureusement que Paradise (What about Us?) va, un peu, remonter le niveau, avec l'autre diva de la pop Tarja Turunen qui vient pousser la chansonnette (et peut-être tenter de relancer une carrière solo défaillante?), Tarja fait du Tarja avec son chant d'opéra, point barre, le duo fonctionne pas trop mal, malheureusement au sein d'un morceau bien trop prévisible, c'est catchy, comme d'habitude, et j'imagine que la ménagère sera aux anges de retrouver deux de ses idoles, même si Tarja est quand même sous-exploité sur ce titre typiquement Pop Metal, composer une putain de chanson de Metal symphonique quand on a sous la main deux chanteuses aussi compétentes n'était semble-t-il pas au programme, notons quand même la présence d'un autre guest en la personne de Dave Pirner (Soul Asylum) sur l'ultime Whole World is Watching, ballade Folk Rock surchargé d'orchestrations qui ressemble à n'importe quel saloperie qu'on pourrait entendre sur une radio quelconque, une sorte de sucrerie à la Bon Jovi, le monde entier regarde, mais j'espère que peu de gens écouteront, surtout que ce n'est pas la seule balade du lot, Edge of the World et Dog Days se chargeront de vous filer le diabète tant elles sont sirupeuses et naîves.
Il parait qu'il y a du Metal sur cette album, j'ai beau cherché, j'ai du mal à le trouver, surement pas Roses qui est une nouvelle Power Ballad, Tell me Why peut-être? mouais, c'est un poil plus Heavy avec un tempo plus rapide que la moyenne et une Sharon qui pousse un peu plus, mais bon, ça reste gentillet, Silver Moonlight alors? ah tiens, y'a ce bon vieux Robert (désormais père au foyer, ce qui explique la perte de ses couilles?) qui vient poser deux-trois growls sans aucune profondeur ni envie sur un bouzin qui est vaguement plus typé Mother Earth ou plutôt Silent Force, le tempo est un poil plus rapide d'ailleurs, attention les gars, les cervicales de la ménagère ne vont pas tenir la distance là! heureusement que ça ne va pas trop vite non plus, mais le titre est quand même plutôt fluide et suffisamment "Heavy" pour faire illusion.
Alors, grosse daube cet Hydra?
Bizarrement, pas vraiment, car nous avons ici affaire à un pur produit commercial à destination du grand public, avec ses qualités, et ses nombreux défauts, dont le plaisir procuré dépend principalement de ce que vous attendez d'un album de Metal et de votre niveau d'exigence, si vous trouvez satisfaisant d'écouter un album facilement assimilable, facile d'accès, easy-listening, qui est plus pop que Metal, j'imagine qu'Hydra est un bon petit produit correct, et il n'y a rien de honteux à cela, personnellement, je trouve ça bien trop léger et bien trop éloigné du Metal pour être acceptable, Within Temptation utilise toujours ses grosses ficelles et ses artifices classiques, mais qui ne sont ici que de la poudre aux yeux qui ne lui sert qu'à demeurer vaguement dans la sphère métallique alors qu'il n'en a presque plus aucun attribut, on a le droit à une collection de titres au mieux quelconques et banals, au pire absolument médiocres, l'album est globalement mou du genou, passe-partout, et ne me procure aucun plaisir, mais j'imagine que je ne suis pas dans le cœur de cible des hollandais...
"Metal" pour ménagère
Track Listing:
1. Let Us Burn
3. And We Run (featuring Xzibit)
5. Edge of the World
6. Silver Moonlight
7. Covered by Roses
8. Dog Days
9. Tell Me Why
10. Whole World Is Watching (featuring Dave Pirner)