Quand il a quitté Gamma Ray en 1994, le puissant chanteur teuton Ralf Scheepers n'avait qu'un objectif, réaliser son rêve et rejoindre Judas Priest, un objectif, et surement aussi une trop grande confiance en soi, car rien ne se déroulé comme prévu, Tim Owens héritera du dream job, et ce bon vieux Ralf se retrouva comme un con le bec dans l'eau.
Mais il en faut plus pour décourager un allemand, car sous l'impulsion de Mat Sinner, Primal Fear fut fondé en 1997 avec globalement un seul objectif, démontrer que c'est lui qui aurait dû avoir le job et pas l'autre baltringue de Ripper, avec un certain succès, car quand on y regarde de plus près, les meilleurs albums post-Painkiller de Judas Priest ont été sortis par... Primal Fear à la fin des années 90, pendant que le Priest s'était embourbé avec des albums plutôt médiocres, Scheepers & Co sortaient des tueries comme Jaws of Death et Nuclear Fire.
Bien sûr, ne vous méprenez pas, Primal Fear n'est pas un groupe génial, ses albums ne le sont évidemment pas non plus, et ne le seront jamais, surtout que depuis une dizaine d'années la qualité des sorties du groupe est en dent de scie, avec un virage plus (trop) mélodique qui n'était pas forcement une bonne idée, malgré tout, aucun disque des teutons ne peut être considéré comme véritablement mauvais, surtout qu'en dehors de quelques baisses d'inspiration, la musique de Primal Fear n'a pas beaucoup varié non plus, et ce n'est pas encore aujourd'hui, avec son dixième album, que les choses vont changer, avec Delivering the Black, on sait d'avance où l'on met les pieds, et Primal Fear va comme à son habitude nous offrir ce qu'il sait faire de mieux, et pas grand chose d'autre...
Comme il est dit dans la chanson titre de ce nouvel album, Nothing to lose, And nothing to prove, Standing here side by side in the rain, et ils auraient pu rajouter Nothing New, Business as usual que cela aurait été la même chose, car une fois de plus, Primal Fear va nous envoyer son mélange de pur Heavy Metal et de Power mélodique, une gigantesque louche de Judas Priest servie avec une petite pincée de Gamma Ray en fin de cuisson.
De part son abnégation a constamment évoluer dans les mêmes sphères et les mêmes références, un album de Priam Fear ne peut véritablement pas être mauvais, disons juste que cela dépend du nouveau d'inspiration et d'implication des teutons, et de pas grand chose d'autre, et à ce titre, Delivering the Black est dans la moyenne haute (mais pas trop haute quand même), juste de quoi pondre un très bon petit disque de Heavy Metal, sympathique, solidité et qualité allemandes garanties, du grand classique depuis dix-sept ans, et je ne pense pas avoir besoin de vous signaler que l'originalité du truc flirte avec le zéro absolu.
Delivering the Black est donc plutôt à l'image des dernières productions du groupe, un peu sur courant alternatif, où Primal Fear va nous offrir un peu de tout, du gros heavy speedé qui arrache bien au titres plus lents et mid-tempo pas toujours réussis et un poil monotone, ce qui permet d'offrir une certaine diversité, c'est déjà ça., il est à noter que le groupe n'a pas changé depuis Unbreakable il y a deux ans, un véritable exploit pour le groupe, le bassiste et fidèle lieutenant depuis le début, Mat Sinner, forme avec l'ancien Annihilator Randy Black une redoutable section rythmique, implacable, indestructible, et le duo de gratteux Karlsson/Beyrodt nous propose des riffs en acier trempé et des soli de qualité, un riffing à l'ancienne qui rappellera bien entendu le Judas Priest de Painkiller et Defenders of the Faith, mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement vu que cela fait près de vingt ans que Primal Fear tourne autour de ces deux albums.
Delivering the Black est un peu sur le même modèle que Unbreakable, en un poil plus inspiré, avec cette même volonté de survoler les deux périodes du groupe, l'une plus agressive, et l'autre plus mélodique, et même si l'album est plus orientée Heavy mid-tempo dans le genre massif, on trouve quand même quelques titres bien speed à l'ancienne qui arrache bien les poils comme à la grande époque, King for a Day sert d'ouverture confortable, pas d'intro, on entre dans le vif du sujet sans fioritures, pour une bonne dose de Heavy à la Primal Fear, agressif et mélodique, et l'où va même passer la vitesse supérieure avec un Rebel Faction qui semble tout droit sorti de Painkiller, sans concession, et même carrément violent par moment, surement le titre le plus dur de la galette, car l'agressivité sur le reste de l'album sera toujours contrebalancée par des passages plus mélodiques, des leads mélodiques d'obédience Maidenienne sur Never Pray for Justice et ses lyrics à la Manowar, et des chorus inspirés de Gamma Ray sur Delivering the Black ou Road to Asylum, du classique donc, comme ce Alive & on Fire qui sonne comme un mix Hard Rock/Heavy qu'on serait plus en droit d'attendre d'attendre d'un album de Sinner, même si Scheepers lui offre une très forte coloration Judas Priest typée 80's pas dégueulasse du tout, et pour le côté Speed mélodique à l'allemande, Inseminoid est un bon petit titre correct vite torché en forme de filler pas franchement intéressant.
Primal Fear va aussi ralentir le tempo, pour un résultat à géométrie variable, le single When Death comes Knocking semble être tout droit tiré d'un vieux Gamma Ray, le refrain ressemble un petit peu à une version ralentie de One with the World, c'est un titre plutôt correct mais un peu trop lent et plutôt banal, mélange d'hymne et de power ballad, alors que One Night in December va nous montrer la facette la plus "progressive" de Primal Fear, pour un long morceau de plus de neuf minutes qui ne se répète pas trop, avec du piano et des arrangements orchestraux apportant une certaine tension dramatique, c'est vraiment bien foutu, tout le contraire de la traditionnelle balade acoustique gavée jusqu'à la gueule de violon pour faire chialer dans les chaumières, parce que tu vois, le Ralf, c'est un gros dur tout en muscle, mais il a un cœur qui vibre comme une pucelle quoi! bref, Born with a Broken Heart est absolument médiocre et sirupeuse, comme d'habitude, mais c'est un passage obligé dans ce genre de production, il parait d'ailleurs que Liv Kristine chante dessus, mouais, elle fait juste les chœurs et on vu qu'on l'entend à peine, sa participation est complètement anecdotique.
On va quand même parler un peu de Ralf Scheepers, vous serez content de savoir que le musculeux teuton n'a rien perdu de sa voix, le gaillard est toujours capable de toucher des notes très hautes sans trop de problème, son registre est toujours aussi étendu, et il se balade sur tous les titres, des plus agressifs aux plus langoureux dans un registre qui va du crooner au pur machoman heavy des 80's, le Ralf est toujours au top, dommage qu'on ne saura jamais ce que cela aurait pu donner chez Judas Priest...
Des hymnes à la pelle, des refrains catchy, de la mélodie, une certaine agressivité, Primal Fear est fidèle à lui même avec son dixième album, qui semble prendre un malin plaisir à survoler toute la discographie des allemands, bien sûr, il n'y a absolument rien de révolutionnaire là dedans, le groupe évolue toujours dans un Power Heavy puissant et racé, ça ressemble toujours à du Judas Priest, à Gamma Ray aussi pour les mélodies, et au final, Delivering the Black s'écoute avec un certain plaisir, la seule évolution depuis les débuts étant la baisse du niveau d'agressivité et de force brute, mais les allemands ne se ramollissent pas tant que ça malgré tout.
De là à y revenir souvent? pas vraiment en fait, la musique du groupe est catchy, accessible, mais ce n'est pas non plus le disque de l'année, loin de là, faute de mieux, on a ce dont Primal Fear est capable en 2014, et rien d'autre, un album composé et exécuté par de vieux roublards compétents qui connaissent très bien leur affaire, c'est un peu à l'image du groupe en lui-même, c'est sympa, c'est solide, c'est plutôt fun à écouter, mais jamais véritablement bandant ou bluffant...
Sympathique
Track Listing:
1. King for a Day
2. Rebel Faction
4. Alive & on Fire
5. Delivering the Black
6. Road to Asylum
7. One Night in December
8. Never Pray for Justice
9. Born with a Broken Heart
10. Inseminoid