samedi 14 décembre 2013

[Chronique] Crystal Viper - Possession

Cela fait dix ans que les polonais de Crystal Viper traînent dans la seconde division du Heavy Metal européen, n'y voyez rien de méchant de ma part, mais c'est la réalité, Crystal Viper est un "petit" groupe, un authentique second couteau dont le destin est de ne jamais être plus gros qu'il ne l'est actuellement, après tout, on parle de Heavy Metal au sens classique du terme, et dans le genre, tout a déjà été dit depuis bien longtemps.
Le combo polonais emmené par Marta Gabriel, chanteuse, guitariste et tête pensante, est donc dans la catégorie groupe sympa pratiquant un Metal agréable, pas original pour un sou, mais dont les albums sont tous globalement acceptables, y'a pas de génie chez Crystal Viper, à défaut, les polonais nous servent un bon Heavy à l'ancienne, qui sent bon les années 80, honnête, mais surement un peu trop référencé pour pouvoir prétendre à la division supérieure, et autant le dire tout de suite, ce n'est pas Possession qui va changer la donne...

Clichés au kilomètre, compositions convenues, références très très appuyées aux groupes des années 80, pas de doute, avec Crystal Viper, on sait où l'on met les pieds, et Possession est même un concept album, ouais ouais, même que ça se passe une nuit de vendredi 13, au cours de laquelle une certaine Julia est possédé par un esprit démoniaque, bonjour l'originalité...
Possession est donc le cinquième album des polonais (ce qui fait beaucoup sachant que le premier date de 2007), et fait suite à un Crimen Excepta sorti seulement l'année dernière, un album pas mauvais mais un peu trop forcé, surtout la Marta qui gueulait beaucoup plus qu'elle ne chantait, peu de temps se sont donc écoulés entre les deux albums, et ce n'est pas forcement une bonne nouvelle, car Possession, bien qu'étant très instinctif et immédiat, est surtout un disque d'une redoutable banalité où Crystal Viper replonge irrémédiablement dans le simple hommage aux grands anciens, les ficelles sont énormes, les compositions faciles, et l'album ne semble être qu'une énumération de références diverses, qui fait qu'on passe son temps à se demander où on a déjà entendu tel ou tel passage, Possession se veut aussi un peu plus Heavy et appuyé que son prédécesseur, et le Metal des polonais commence à lorgner dangereusement du côté du Hard Rock, ce qui n'est jamais une bonne chose pour ce genre de production.
Les références, on les connait trop bien, Doro, Iron Maiden, Blind Guardian, ou encore Running Wild, ce n'est pas aujourd'hui que Crystal Viper va abandonner son hommage incessant aux années 80, ce qui n'était pas forcement gênant sur l'album précédant, vu que les références s'étaient faites un peu plus discrètes, l'est immanquablement ici tant la musique du combo ne semble être plus constituée que de cela, peut-être est-ce dû à la précipitation d'un groupe qui souhaitait célébrer son dixième anniversaire par un album? Je ne sais pas, mais l'impression de facilité et de travail un peu bâclé prédomine, et Possession fait preuve de bien trop de banalité pour pouvoir séduire en dehors du cercle de fans du groupe.
Pourtant, ne vous méprenez pas, Crystal Viper n'en reste pas moins un groupe particulièrement compétent dans son interprétation, solide et plutôt efficace, mais Possession n'est pas vraiment intéressant et ne propose pas grand chose de neuf, vous vous souvenez de la série Masters of Horror? cette anthologie où chaque épisode était réalisé par un maître du genre, ça n'avait aucun intérêt, mais c'était sympa, pour les multiples clins d’œil, et les différents exercices de style, Possession, c'est un peu la même chose, ça n'a aucun intérêt, il y a plein de clins d’œil et d'emprunts, mais jamais Crystal Viper ne parvient à véritablement s'approprier les codes du genre, ce qui fait que l'album n'est qu'une accumulation de clichés et de lieux communs, et pas grand chose d'autre, même si bien sûr, c'est plutôt bien troussé, paresseux, certes, mais solide et efficace comme un bon petit produit artisanal.
Le chant est d'ailleurs plutôt pas mal, un chant féminin un peu grave et râpeux plutôt agréable, bien plus maîtrisé et moins forcé que sur l'album précédent, sauf quand madame décide de monter subitement dans les aigus, on sent que ce n'est pas vraiment son truc et elle galère un peu, en dehors de ça, c'est la routine du genre, une batterie qui se montre souvent très agressive, des riffs acérés, et une flopée de soli et d'harmoniques directement empruntés à Iron Maiden, particulièrement flagrant sur You will die You will burn ou Prophet of the end, dont les mélodies sont presque identiques, après tout, pourquoi s'emmerder...
Malgré tout, Crystal Viper sait varier les tempos avec un certain savoir-faire, Julia is Possessed est plutôt Heavy, avec quelques accélérations qui arrachent bien, le petit passage acoustique fait également son effet (ils seront d'ailleurs assez nombreux sur l'album), avec un chant doublé par un hurleur qui lui confère un petit côté Blind Guardian, de même que les chœurs celtiques à la Nightwish sur Prophet of the end, alors qu'un Fight Evil with Evil, en duo avec le chanteur de Jag Panzer, Harry Conklin, est plutôt lourd et agressif, avec une atmosphère très sombre, Mark of the Horned One envoie le pâté avec un certain panache, pour un titre que n'aurait pas renier un Running Wild, le refrain est d'ailleurs particulièrement catchy et efficace.
Malgré son côté très générique, Crystal Viper a quand même pour lui de proposer de très bons refrains catchy, We are Many notamment, est l'un des meilleurs titres de l'album, tout le contraire d'un Why can't you listen? qui a tout du dispensable filler sur lequel Marta galère dans les aigus, le titre d'ouverture Voices in my Head est particulièrement agressif, le chant notamment, mais bizarrement, ça ne fonctionne pas vraiment, mélange un peu bâtard entre Helloween, Maiden et King Diamond, encore une fois, c'est à l'image de l'album, des titres très référencés, bien exécutés, mais aux facilités stylistiques certaines.
En fin d'album, un reprise du classique Thundersteel de Riot, bien trop respectueuse de l'originale pour que l'on puisse vraiment y trouver un intérêt...

Sympathique, Crystal Viper l'est surement, compétent aussi, car la musique des polonais est bien jouée, directe, souvent accrocheuse, mais jamais Possession ne dépasse le niveau de petit disque sympa qui s'écoute deux-trois fois avant de passer à autre chose, surtout que le rythme est un poil plus lent cette fois-ci, pour un disque plus ambiancé et plus heavy, contenant malgré tout son quota de passages bien plus speedés.
Bien sûr, Crystal Viper a un certain charme, et une passion pour le vieux Heavy Metal des années 80, difficile de le nier, un véritable groupe de seconde division, qui fait tout plutôt bien, mais qui n'est jamais brillant, et qui semble n'avoir aucune envie d'aller plus loin, un Heavy Metal traditionnel bien foutu, accrocheur, mais un Heavy typé 80's bien trop référencé et respectueux des codes du genre pour prétendre à autre chose qu'un disque honnête qui s'écoute facilement et qui s'oublie très vite, il n'y a bien évidemment rien de honteux là dedans, Crystal Viper est un groupe solide, pratiquant un Metal sympa, mais qui ne propose rien de neuf, se contentant de rendre hommage aux grands anciens du genre, c'est toujours mieux que le dernier Battle Beast qui était bien médiocre, mais tout ça est quand même très convenu et prévisible...

Sympathique et anecdotique...
Track Listing
1. Zeta Reticuli
2. Voices in My Head
3. Julia Is Possessed
4. Fight Evil with Evil
5. Mark of the Horned One
6. Why Can't You Listen?
7. You Will Die You Will Burn
8. We Are Many
9. Prophet of the End
Bonus:
10. Thundersteel (Riot cover)