C'est marrant mais ce mois-ci, on a deux Malevolence qui sortent leurs albums respectifs, l'un est un groupe de Metalcore anglais qui aura surement les honneurs de Metal Hammer qui vous dira pour le 145ème fois de l'année qu'il s'agit du renouveau du Metal et que le groupe va tout casser (lol, la bonne blague), l'autre est portugais, et est déjà condamné à galérer dans l'anonymat, bien sûr, c'est celui-ci qui nous intéresse aujourd'hui, parce que bon, les bouffeurs de morue qui font du Death über brutal, c'est toujours plus intéressant que le crapcore de la perfide Albion.
Bref, Antithetical n'est que le troisième album de nos maçons du cœur portugais en presque 20 ans d'existence, qui fait suite à deux albums sortis au siècle dernier, Dominium en 96 et Martyrialized en 99, deux disques passés tout à fait inaperçu à l'époque, mais il faut dire que le groupe évoluait dans une sorte de MeloDeath vaguement gothique un peu crapoteux et qui était perdu dans la masse des innombrables groupes de Death mélodique de l'époque.
Autant dire que malgré le trou de treize ans dans leur discographie, personne n'attendait le retour de Malevolence, qui nous apparaît ici comme un groupe presque nouveau, car musicalement, tout à changé pour nos portugais...
Enfin, pas tout quand même, on parle toujours de MeloDeath avec Malevolence, mais un MeloDeath ultra bourrin, sombre, brutal, un peu symphonique, un peu industriel également, un Death mélodique presque moderne dans son approche, qui se rapproche pas mal des sonorités d'un Nightfall ou de se que peut faire un Diabolical, avec une légère touche industrielle à le The Kovenant, l'aspect Techno/Dance en moins évidemment, car Malevolence n'est pas revenu pour la gaudriole, les portugais sont bien décidés à faire parler la poudre et à atomiser l'auditeur à grand coup de bombes nucléaires dans la gueule.
Le problème ici, c'est le dosage, Malevolence veut tellement en faire qu'il finit par en faire trop, et Antithetical s'avère être un album épuisant malgré ses nombreuses qualités, la finesse? la subtilité? quelle blague, c'est pour les faibles ça! ou les femmes! (c'est un peu pareil...), la horde portugaise fait du Death moderne et orchestral avec du poil, c'est du viril, sans aucune concession, avec un sens certain de la démesure, over the top, souvent jouissif, mais aussi, malheureusement, parfois très redondant, car Malevolence commet une petite erreur, qui est de vouloir proposer des titres très longs, sur les sept de l'album, quatre dépassent les six minutes, dont un qui tape ses neuf minutes, le problème, c'est que Malevolence n'est pas vraiment un groupe de progressif capable de tenir la distance en partant dans de longues chevauchées, Malevolence est un sprinteur, une boule de muscle, efficace sur courte distance (Slithering) mais qui se retrouve vite à court d'argument quand il se lance dans le marathon (Cult of Everlasting).
Le Dark Melodeath des portugais se repose sur une rythmique en béton armé, la batterie notamment est plutôt impressionnante dans le genre bourrin, c'est d'ailleurs signé du mercenaire de l'extrême Dirk Verbeuren, que compète admirablement la basse vrombissante à souhait d'Aires Pereira, actuel bassiste de Moonspell, le duo propose vraiment un mur sonore et ultra brutal, avec une certaine dimension technique pas du tout désagréable, au niveau des riffs, on est plutôt dans le mur sonore également, pas de solos, juste du riff acéré en mode découpe en gros, avec souvent une orientation un peu Thrashy, et puis il y a les orchestrations et arrangements symphoniques très nombreux, mais qui bizarrement apparaissent ici comme autant d'artifices sonores histoire de faire monter la sauce, et c'est peut-être là que Malevolence se prend un peu les pieds dans le tapis, car souvent, on a l'impression que les samples sont posés un peu à l'arrache, et ne semblent pas vraiment intégrés à l'ensemble, une utilisation artificielle qui me gêne un peu.
Le groupe utilise également pas mal de facilité en terme de composition, avec des structures souvent trop simples et stéréotypés, notamment le fameux bourrinage, puis long break indus/sympho, retour du bourrinage pour la fin, c'est le cas sur le long Exocortex Momentum, ou encore Devoured Unlimited, pas vraiment de la structure très inventive, qui fait que le groupe se répète pas mal, surtout que certains refrains sont plus que limites et renforcent encore un peu plus ce sentiment de répétition, gueuler Everlasting tout le temps sur Cult of Everlasting ou Antithetical sur le titre éponyme, c'est un peu pénible à la longue.
Paradoxalement, c'est cette hyper-violence quelque peu hors-norme qui rend l'album pas mal jouissif, le très court Slithering d'ouverture notamment, qui est une grosse mandale de death sympho dans la face, Cult of Everlasting, malgré son caractère redondant, est un énorme mid-tempo heavy à la Nightfall, très emphatique, d'où se dégage un certain sentiment de grandeur, Equilibrium in Extremix demarre de manière ultra violente avant de peu à peu s'engager dans un log passage symphonique atmosphérique, et bien sûr le titre fleuve Exocortex Momentum, qui fait preuve d'une redoutable intensité dans sa première partie, avant de laisser place à un long break atmosphérique de plus de deux minutes où résonnent une guitare acoustique, cela fait son effet et permet au groupe de développer une sombre ambiance, brutalement interrompue par une nouvelle accélération rageuse, de la brutalité sur tous les titres, et il faudra attendre l'ultime Mechanisms of Destructive Behaviour pour que le groupe fasse preuve d'une certaine finesse dans son Death bourrin avec un mid-tempo chargé d'atmosphères glauques...
Malevolence a une approche particulièrement brutale du Death à tendance symphonique, sorte de Nightfall dopé aux stéroïdes, malheureusement sans la finesse d'un Diabolical sur sa dernière offrande, et Antithetical est un disque un peu bâtard, qui tente d'être raffiné alors qu'il est principalement bas-de-plafond et direct, l'artifice fonctionne parfois de manière un peu chaotique, mais quand tous ses éléments s'imbriquent entre eux, cela donne un résultat vraiment bluffant et ravageur.
On regrettera bien sûr une certaine redondance dans le propos, de même que des titres bien plus longs que nécessaire, et on aurait aimé que le groupe nous sortent des titres un peu plus concis et moins épuisants, malgré tout, il faut bien avouer que ça frappe très fort, une certaine conception de la violence, pas nécessairement rapide, car Antithetical agit comme une sorte de rouleau compresseur de l'extrême, c'est écrasant, étouffant, avec certains changements de rythmes renforcés par des orchestrations valant le détour pour leur brutalité, un disque plus qu'acceptable de la part des revenants de Malevolence, pas parfait, loin de là, mais avec suffisamment de moments forts pour que je vous conseille d'y jeter une oreille...
Pas très fin, mais plutôt efficace dans son genre...
Track Listing:
1. Slithering
2. Cult of the Everlasting
3. Devoured Unlimited
4. Antithetical
5. Equilibrium in Extremis
6. Exocortex Momentum
7. Mechanisms of Destructive Behaviour