Depuis son premier album en 1998, Into the Infernal Regions of the Ancient Cult, Inquisition est surement le groupe le plus bandant de la scène Black Metal, jamais le duo américain n'a faillit, mieux encore, chaque album avait pour lui d'être un poil meilleur que le précédent, Il faut dire aussi qu'Inquisition fait toujours la même chose depuis le début, se contentant d'affiner sa formule petit à petit, une évolution qui l'amené de l'excellence à la grandeur avec Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm (ouais, ils aiment bien les titres à rallonge) en 2011, le genre d'album quasiment définitif, du genre de ceux qui vous marque une carrière à tout jamais, et qui également vous permet de sortir un peu de l'underground afin de signer un deal avec Season of Mist, après plus de vingt ans d'activisme et cinq albums de très haut niveau, il était temps que la reconnaissance arrive.
Malgré tout, l'art de l'immobilisme est un exercice délicat et il arrivera forcement un moment où l'artiste se heurtera aux limites de sa propre formule, et c'est un peu ce qu'il se passe avec Obscure Verses for the Multiverse, car pour la première fois, Inquisition semble plafonner et ne fournit pas vraiment d'évolutions par rapport à son glorieux aîné, pire, on tombe parfois dans le recyclage un peu trop voyant qui donne l'impression que le groupe tourne un peu en rond, pour autant, rassurez-vous, Obscure Verses for the Multiverse est de loin le meilleur album de Black de l'année, c'est déjà ça...
Que les choses soient claires, un petit album d'Inquisition, ça reste quand même largement au dessus de la mêlée, d'ailleurs une partie de moi aimerait adorer ce disque, et d'une certaine manière je l'aime bien, car on ne se sent pas trahi par Obscure Verses for the Multiverse, Inquisition nous offre son Black Metal dans toute sa grandeur, mais une autre partie de moi ne peut s'empêcher d'être un peu déçu que ce ne soit que ça finalement, une sorte de redite des albums précédents, sans réellement d'évolution et de nouveautés, et pour la première fois, je me suis un peu ennuyé en écoutant l'album, bien qu'il ne soit pas très long et qu'il respecte le format habituel de la grosse quarantaine de minutes, le problème étant que chaque titre aurait pu être tiré de Nefarious dismal Orations ou Ominous Doctrines..., Inquisition peine à surprendre et à se renouveler, mais j'imagine que ce n'était pas le but de la manœuvre, ici le groupe semblant plutôt capitaliser sur ses acquis afin de ne décevoir personne, tout en se faisant un poil plus accessible.
Le production est d'ailleurs très claire, le son est plus net, et Inquisition se débarrasse quelque peu de son caractère abrasif et quasiment mystique qui faisait une partie de son charme, OVFTM sonne de manière quasiment moderne, ce n'est plus granuleux, pleins d'aspérités comme auparavant, moins sombre également.
Paradoxalement, ce son à au moins un mérite, c'est de mettre en avant Incubus, le batteur, qui a tout l'espace nécessaire pour enfin démontrer tout son talent, et c'est un peu un paradoxe dans le sens où les riffs de Dagon se font très mélodique alors qu'Incubus n'a surement jamais autant fracassé ses fûts avec une telle sauvagerie.
Le son se retrouve un poil modifié, mais dans la structure des morceaux, rien n'a changé, le Black Metal d'Inquisition serpente de manière immuable, imperturbable, des riffs lents, occultes, très profonds, qui se font souvent hypnotiques, alternant avec de très grosses accélérations à base de Blast beats furieux et un riffing à haute vitesse, héritées des racines Thrash du combo, on retrouve également régulièrement des solos mélodiques et certains passages atmosphériques histoire de varier un peu, une chose qui ne change pas également, c'est l'absence totale de basse, autre particularité du groupe, sur scène ou sur album, Inquisition n'a pas de bassiste, et se repose sur l'avalanche de riffs de Dagon et le poutrage rythmique d'Incubus, c'est assez bizarre au début mais on s'y fait très bien, de toute façon, la basse ne sert souvent à rien dans le Black.
Ce qui rend également Inquisition facilement reconnaissable, c'est le chant bien dégueulasse de Dagon, froid et infect, qui rapproche encore Inquisition d'un Immortal tant Dagon sonne comme un Abbath-like, d'ailleurs c'est un peu ce qu'est Inquisition en fin de compte, un Immortal véritablement sataniste, aux riffs hypnotiques et froids, avec donc des paroles qui sont une sorte de gloubi boulga à base de cosmologie et de satanisme, c'est tellement premier degré que cela en devient marrant, mais cela fait partie du cahier des charges du groupe, de la même manière que les titres de chansons anormalement longs, faut bien respecter un peu le Folklore du groupe, et c'est tellement drôle quand Dagon prend sa grosse voix Death pour gueuler Rising Dark One, Honor Satan sur Darkness Flows Towards Unseen Horizons.
Tout ça fait que finalement, Inquisition ne décevra jamais réellement, le duo est désormais suffisamment expérimenté pour ne pas tomber dans les pièges habituels et sait pertinemment quoi faire, avec toute sa maîtrise habituelle, pas d'intro à la con, le premier titre est donc une grosse boucherie dans la plus grande tradition du groupe, Force of the Floating Tomb vous saute au visage pour ne plus jamais vous lâcher, on navique entre accélérations ultra brutales et passages atmosphériques, c'est toujours aussi efficace, bien entendu, mais malheureusement tout aussi prévisible, le problème est que jamais Inquisition ne va réussir à surprendre, se contentant en fin de compte de recycler et de rester confortablement dans sa zone de confort.
Ne vous méprenez pas, malgré ce sentiment de redite, Inquisition propose un Black Metal absolument démoniaque et imparable, le tapping génial sur le morceau titre, très brutal avec ce supplément de classe typique du groupe, comme à son habitude, Inquisition tutoie les sommets avec Master of the Cosmological Black et surtout le phénoménal Joined by Dark Matter, Repelled by Dark energy, un titre très lourd, sombre, mais en même temps très planant et mystérieux, mais une fois de plus, tout ça sonne de manière ultra classique, ce qui donne l'impression que chaque titre se ressemble un peu trop, et ressemble surtout aux albums précédents, par exemple, c'est plutôt pas mal Inversion of Ethereal White Stars, tout en mélodie et en atmosphère... ben c'est un peu comme Desolate Funeral Chant du dernier album, quasiment une copie carbone dans sa structure, le riff est d'ailleurs quasiment identique, et plein de passages me donnent le sentiment d'écouter les mêmes riffs que sur Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm, et surtout de voir Inquisition tourner en rond, malgré tout, OVFTM est quasiment un sans faute du début à la fin, peut-être Spiritual Plasma Evocation est un peu ennuyeux, ou encore un Arrival of Aeons After qui apparaît comme une sorte de titre de remplissage plutôt anecdotique, mais Inquisition prouve malgré tout, une fois encore, qu'il est au sommet du Black Metal, car même si cet album n'est pas meilleur que le précédent, il est tout au moins à peu près au même niveau de qualité et d'exigence...
Et c'est bien tout ce que l'on reprochera à Obscure Verses for the Multiverse, de n'être qu'un glorieux album de plus, qui ne va pas plus loin que le précédent, comme si Inquisition était en train de plafonner, et n'avait pas vraiment la volonté d'aller plus loin.
Était-ce possible d'aller plus haut que Ominous Doctrines? pas sûr, et Inquisition a judicieusement choisi de botter en touche en proposant ce qu'il sait faire de mieux, du très grand Black Metal de haut niveau, dont lui-seul semble avoir la recette, mélange d'atmosphères et de brutalité, bien sûr, tout ça sonne comme déjà entendu, convenu et atrocement prévisible, mais Inquisition a au moins le mérite de continuer à proposer ce qui se fait de mieux dans le Black Metal actuellement, et c'est déjà pas mal, on regrettera également une production que je trouve un peu trop claire pour de l'art noir, qui confère à Inquisition un côté un peu plus accessible, où l'on ne retrouve plus trop les aspects malsains et occultes des albums précédents qui avaient une production un peu plus Raw et à l'ancienne, c'est un peu dommage.
Malgré tout, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied avec un album aussi peu intéressant, Inquisition applique consciencieusement sa recette, c'est globalement du réchauffé et du recyclage, mais c'est tellement bon et bien foutu qu'on passera sur les défauts, pour l'instant tout du moins, car à force de tourner en rond, le duo risque bien de rapidement se mordre la queue s'il continue sur cette voie de l'immobilisme total et ce recyclage pourrait tout aussi faire tomber le groupe dans l'auto-parodie à court terme.
(Notons également que la version limitée comprend un réenregistrement de Where Darkness Is Lord and Death the Beginning, présent sur Nefarious Dismal Orations, absolument inutile)
Malgré tout, l'art de l'immobilisme est un exercice délicat et il arrivera forcement un moment où l'artiste se heurtera aux limites de sa propre formule, et c'est un peu ce qu'il se passe avec Obscure Verses for the Multiverse, car pour la première fois, Inquisition semble plafonner et ne fournit pas vraiment d'évolutions par rapport à son glorieux aîné, pire, on tombe parfois dans le recyclage un peu trop voyant qui donne l'impression que le groupe tourne un peu en rond, pour autant, rassurez-vous, Obscure Verses for the Multiverse est de loin le meilleur album de Black de l'année, c'est déjà ça...
Que les choses soient claires, un petit album d'Inquisition, ça reste quand même largement au dessus de la mêlée, d'ailleurs une partie de moi aimerait adorer ce disque, et d'une certaine manière je l'aime bien, car on ne se sent pas trahi par Obscure Verses for the Multiverse, Inquisition nous offre son Black Metal dans toute sa grandeur, mais une autre partie de moi ne peut s'empêcher d'être un peu déçu que ce ne soit que ça finalement, une sorte de redite des albums précédents, sans réellement d'évolution et de nouveautés, et pour la première fois, je me suis un peu ennuyé en écoutant l'album, bien qu'il ne soit pas très long et qu'il respecte le format habituel de la grosse quarantaine de minutes, le problème étant que chaque titre aurait pu être tiré de Nefarious dismal Orations ou Ominous Doctrines..., Inquisition peine à surprendre et à se renouveler, mais j'imagine que ce n'était pas le but de la manœuvre, ici le groupe semblant plutôt capitaliser sur ses acquis afin de ne décevoir personne, tout en se faisant un poil plus accessible.
Le production est d'ailleurs très claire, le son est plus net, et Inquisition se débarrasse quelque peu de son caractère abrasif et quasiment mystique qui faisait une partie de son charme, OVFTM sonne de manière quasiment moderne, ce n'est plus granuleux, pleins d'aspérités comme auparavant, moins sombre également.
Paradoxalement, ce son à au moins un mérite, c'est de mettre en avant Incubus, le batteur, qui a tout l'espace nécessaire pour enfin démontrer tout son talent, et c'est un peu un paradoxe dans le sens où les riffs de Dagon se font très mélodique alors qu'Incubus n'a surement jamais autant fracassé ses fûts avec une telle sauvagerie.
Le son se retrouve un poil modifié, mais dans la structure des morceaux, rien n'a changé, le Black Metal d'Inquisition serpente de manière immuable, imperturbable, des riffs lents, occultes, très profonds, qui se font souvent hypnotiques, alternant avec de très grosses accélérations à base de Blast beats furieux et un riffing à haute vitesse, héritées des racines Thrash du combo, on retrouve également régulièrement des solos mélodiques et certains passages atmosphériques histoire de varier un peu, une chose qui ne change pas également, c'est l'absence totale de basse, autre particularité du groupe, sur scène ou sur album, Inquisition n'a pas de bassiste, et se repose sur l'avalanche de riffs de Dagon et le poutrage rythmique d'Incubus, c'est assez bizarre au début mais on s'y fait très bien, de toute façon, la basse ne sert souvent à rien dans le Black.
Ce qui rend également Inquisition facilement reconnaissable, c'est le chant bien dégueulasse de Dagon, froid et infect, qui rapproche encore Inquisition d'un Immortal tant Dagon sonne comme un Abbath-like, d'ailleurs c'est un peu ce qu'est Inquisition en fin de compte, un Immortal véritablement sataniste, aux riffs hypnotiques et froids, avec donc des paroles qui sont une sorte de gloubi boulga à base de cosmologie et de satanisme, c'est tellement premier degré que cela en devient marrant, mais cela fait partie du cahier des charges du groupe, de la même manière que les titres de chansons anormalement longs, faut bien respecter un peu le Folklore du groupe, et c'est tellement drôle quand Dagon prend sa grosse voix Death pour gueuler Rising Dark One, Honor Satan sur Darkness Flows Towards Unseen Horizons.
Tout ça fait que finalement, Inquisition ne décevra jamais réellement, le duo est désormais suffisamment expérimenté pour ne pas tomber dans les pièges habituels et sait pertinemment quoi faire, avec toute sa maîtrise habituelle, pas d'intro à la con, le premier titre est donc une grosse boucherie dans la plus grande tradition du groupe, Force of the Floating Tomb vous saute au visage pour ne plus jamais vous lâcher, on navique entre accélérations ultra brutales et passages atmosphériques, c'est toujours aussi efficace, bien entendu, mais malheureusement tout aussi prévisible, le problème est que jamais Inquisition ne va réussir à surprendre, se contentant en fin de compte de recycler et de rester confortablement dans sa zone de confort.
Ne vous méprenez pas, malgré ce sentiment de redite, Inquisition propose un Black Metal absolument démoniaque et imparable, le tapping génial sur le morceau titre, très brutal avec ce supplément de classe typique du groupe, comme à son habitude, Inquisition tutoie les sommets avec Master of the Cosmological Black et surtout le phénoménal Joined by Dark Matter, Repelled by Dark energy, un titre très lourd, sombre, mais en même temps très planant et mystérieux, mais une fois de plus, tout ça sonne de manière ultra classique, ce qui donne l'impression que chaque titre se ressemble un peu trop, et ressemble surtout aux albums précédents, par exemple, c'est plutôt pas mal Inversion of Ethereal White Stars, tout en mélodie et en atmosphère... ben c'est un peu comme Desolate Funeral Chant du dernier album, quasiment une copie carbone dans sa structure, le riff est d'ailleurs quasiment identique, et plein de passages me donnent le sentiment d'écouter les mêmes riffs que sur Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm, et surtout de voir Inquisition tourner en rond, malgré tout, OVFTM est quasiment un sans faute du début à la fin, peut-être Spiritual Plasma Evocation est un peu ennuyeux, ou encore un Arrival of Aeons After qui apparaît comme une sorte de titre de remplissage plutôt anecdotique, mais Inquisition prouve malgré tout, une fois encore, qu'il est au sommet du Black Metal, car même si cet album n'est pas meilleur que le précédent, il est tout au moins à peu près au même niveau de qualité et d'exigence...
Et c'est bien tout ce que l'on reprochera à Obscure Verses for the Multiverse, de n'être qu'un glorieux album de plus, qui ne va pas plus loin que le précédent, comme si Inquisition était en train de plafonner, et n'avait pas vraiment la volonté d'aller plus loin.
Était-ce possible d'aller plus haut que Ominous Doctrines? pas sûr, et Inquisition a judicieusement choisi de botter en touche en proposant ce qu'il sait faire de mieux, du très grand Black Metal de haut niveau, dont lui-seul semble avoir la recette, mélange d'atmosphères et de brutalité, bien sûr, tout ça sonne comme déjà entendu, convenu et atrocement prévisible, mais Inquisition a au moins le mérite de continuer à proposer ce qui se fait de mieux dans le Black Metal actuellement, et c'est déjà pas mal, on regrettera également une production que je trouve un peu trop claire pour de l'art noir, qui confère à Inquisition un côté un peu plus accessible, où l'on ne retrouve plus trop les aspects malsains et occultes des albums précédents qui avaient une production un peu plus Raw et à l'ancienne, c'est un peu dommage.
Malgré tout, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied avec un album aussi peu intéressant, Inquisition applique consciencieusement sa recette, c'est globalement du réchauffé et du recyclage, mais c'est tellement bon et bien foutu qu'on passera sur les défauts, pour l'instant tout du moins, car à force de tourner en rond, le duo risque bien de rapidement se mordre la queue s'il continue sur cette voie de l'immobilisme total et ce recyclage pourrait tout aussi faire tomber le groupe dans l'auto-parodie à court terme.
(Notons également que la version limitée comprend un réenregistrement de Where Darkness Is Lord and Death the Beginning, présent sur Nefarious Dismal Orations, absolument inutile)
Track Listing:
1. Force of the Floating Tomb
2. Darkness Flows Towards Unseen Horizons
3. Obscure Verses for the Multiverse
4. Spiritual Plasma Evocation
5. Master of the Cosmological Black Cauldron
6. Joined by Dark Matter, Repelled by Dark Energy
7. Arrival of Eons After
8. Inversion of Ethereal White Stars
9. Infinite Interstellar Genocide