Il y a des groupes comme ça, qui n'ont jamais vraiment passionné les foules, œuvrant dans l'ombre d'une carrière plutôt anonyme, malgré des albums de qualité, Diabolical est de ceux-là, perdu dans la masse de la surproduction métallique suédoise, peut-être est-ce dû à l'instabilité du line-up, ou le trou de six ans séparant leur second album de Gallery of Bleeding Art, quoiqu'il en soit, Diabolical n'a jamais véritablement percé et dépassé le cadre de groupe sympa de l'Underground, il faut dire aussi que bien que solide et valeureux, le Blackened Melodeath des suédois n'avait jusqu'ici rien de révolutionnaire, perdu dans la masse, une fois de plus, mais j'insiste bien sur le jusqu'ici, car après cinq ans de silence (enfin presque, il y avait eu le mi-live mi EP Ars Vitae en 2011), la donne a enfin changé pour les scandinaves.
Je dis souvent que si un groupe n'a pas sorti son "gros" disque au bout de trois albums, c'est que ça n'arrivera jamais, et pensez-vous, surtout quand, comme Diabolical, vous affichez quinze ans d'existence au compteur, autant dire que la logique aurait voulu que les suédois nous resservent une nouvelle rasade de son Melodeath thrashy et blackisé, avec conviction mais sans génie, sauf que voilà, Neogenesis, quatrième album, donc, est la putain d'exception qui vient confirmer la règle, en forme de révolution stylistique, pour un album particulièrement ambitieux, un disque que franchement personne n'attendait vraiment...
Ambitieux, c'est bien le mot qui vient immédiatement à l'esprit quand on a l'objet entre les mains (C'est bien pour ça que j'ai attendu la version physique avant de le chroniquer), car plus qu'un album, Neogenesis est un concept qui va bien au delà de la musique; Habituellement, quand un groupe vous propose un mediabook, c'est plutôt un gros digipack avec un livret un peu plus gros, avec généralement un artwork étendu et des photos, ça fait classe, mais l'intérêt est limité, ici, les suédois prennent le mot Mediabook au pied de la lettre, car en plus du CD, nous avons en guise de livret une longue nouvelle de quasiment 100 pages, ce qui est plutôt conséquent, divisée en 11 chapitres, répondant aux 11 titres de l'album, bref, plus qu'un album, la musique devient ici une sorte de bande-son d'un livre, ce qui fait que le texte est presque indissociable de l'album, et va permettre de s'immerger totalement dans l'univers de Neogenesis, un véritable concept-album en somme.
Neogenesis est une nouvelle post-apocalyptique (écrite par le guitariste Carl Stjärnlöv) qui nous raconte l'histoire de Neos, perdu dans les ruines d'un monde dévasté, luttant pour sa survie contre les démons rôdant aux alentours mais également contre ses propres démons, une sorte de quête initiatique presque irréelle, entre hallucinations et réalité cauchemardesque, une vision horrifique de l'extinction du monde, un héros perdu dans un univers où règne le danger et la cruauté des hommes.
Vous vous doutez bien qu'afin de coller au concept, Diabolical a dû opérer une évolution stylistique majeure dans sa musique, et qu'il n'allait pas se contenter de nous resservir sa tambouille habituelle, et c'est du côté de la Grèce qu'ils faut chercher les références, chez les géants hellènes du Death Metal aux influences Black, Rotting Christ et Nightfall en tête, évidemment, mais aussi et surtout chez Septic Flesh, pour les aspirations symphoniques et dramatiques, car c'est bien de cela qu'il s'agit, de Blackened Death à forte tendance symphonique, car Diabolical s'est adjoint les services d'un chœur et d'un quatuor à cordes afin de nous délivrer une oeuvre magistrale, destructrice, furieuse et mélancolique, car malgré ce côté symphonique, les suédois n'ont pas oublié le Melodeath en cours de route, on a donc de la violence, de la mélodie, et bien sûr une tension dramatique constante par des arrangements de toute beauté, emphatiques, qui contribuent à rendre les atmosphères très sombres, après tout, c'est l'apocalypse ici, ambiance fin du monde et délire mystique, c'est pas la balade au pays des rêves avec des licornes, bienvenue dans un monde en ruine, déshumanisé, où le danger est omniprésent.
Musicalement, c'est pas la joie, vous vous en doutez bien, Diabolical se fait ici pesant, menaçant, mais contrairement à un Septic Flesh qui avait bâti son Great Mass à partir d'un orchestre symphonique, Diabolical reste fondamentalement un groupe Death Metal, c'est dans leur ADN, qui a juste évolué, tout en muscle et en violence, avec un orchestre qui se fait discret, et qui apparaît brutalement au premier plan afin de souligner un passage dramatique, le groupe s'offrant malgré tout de longues incartades symphonico-atmosphériques, ce qui nous donne un album admirablement maîtrisé, dont l’équilibre est quasi parfait entre les velléités forcement offensives et les aspirations symphoniques, une musique, riche, profonde, fouillée, qui sans atteindre le niveau de raffinement d'un Septic Flesh, ne tombe pas dans les excès orchestraux (coucou fleshgod apocalypse) ni dans l'utilisation artificielle de l'orchestre, ici le côté symphonique est pleinement intégré au Death Metal du combo, le quatuor à cordes et les chœurs étant utilisés de manière intelligente.
Et franchement, ça décoiffe sévère dès le premier titre, Into Oblivion, car après la petite intro symphonique, c'est la guerre totale, heavy, menaçant, Diabolical se fait presque martial, son Blackened Death vicieux fait de breakdowns brutaux et de chœurs emphatiques, ses orchestrations discrètes qui rugissent au bon moment, avec également un surcroît de mélodie, notamment sur le solo, l'atmosphère est angoissante, lugubre, ce qui sera récurrent sur l'intégralité du disque, Diabolical apporte également pas mal de diversité, Metamorphosis est brutal, poisseux, agressif, mais après le break atmosphérique, on entre dans un gros passage heavy et grandiloquent (une brutalité qu'on retrouvera sur World of Silence ou Wolves' Choir), alors que Oracle est plus appuyé, lent et lourd, avec une petite introduction arabisante pas vilaine, l'atmosphère est glauque, presque déshumanisée, des ambiances bien rendues par les chœurs soutenus par des blasts et une batterie mise en avant, le chant est d'ailleurs excellent, souvent doublé par la chorale, un growl caverneux, inhumain, ce qui renforce encore plus ce sentiment d’oppression et de danger tout au long de l'album, on aura même un titre avec du chant clair, avec Fields of Nihil, titre mélancolique ou le chant sera doublé par une voix féminine, ultra heavy, brutal, mais très atmosphérique et mélodique avec ses leads aériennes à la fin du morceau qui lui confère une dimension mélancolique appréciable, par contre, on notera malgré tout quelques longueurs sur certains titres un poil trop linéaires comme Dialogue with the Dead ou Reincarnation of the Damned, rien de bien méchant malgré tout, peut-être les seuls titres où la dimension sympho prend un peu trop le pas sur le Death.
Concept-album oblige, tout converge vers le dixième titre, The age to Come, le climax de Neogenesis, un titre à tiroir de plus de huit minutes qui débute lentement, tout en délicatesse et en atmosphère, avant une gigantesque accélération et un chant Black, des passages brutaux, féroces, alternés avec des parties plus heavy et un choeur féminin de toute beauté, un titre où l'on ressent toute la tension dramatique de la musique de Diabolical, un mélange de violence et de mélancolie, toute la beauté des ténèbres condensée en un seul titre, qui s’achèvera par l’instrumental Humanitas, "Time does not stop, the Earth continues its path even if the bones of men lie scattered in the ashes. It is now time for him to write a new story to live by"
Je dis souvent que si un groupe n'a pas sorti son "gros" disque au bout de trois albums, c'est que ça n'arrivera jamais, et pensez-vous, surtout quand, comme Diabolical, vous affichez quinze ans d'existence au compteur, autant dire que la logique aurait voulu que les suédois nous resservent une nouvelle rasade de son Melodeath thrashy et blackisé, avec conviction mais sans génie, sauf que voilà, Neogenesis, quatrième album, donc, est la putain d'exception qui vient confirmer la règle, en forme de révolution stylistique, pour un album particulièrement ambitieux, un disque que franchement personne n'attendait vraiment...
Ambitieux, c'est bien le mot qui vient immédiatement à l'esprit quand on a l'objet entre les mains (C'est bien pour ça que j'ai attendu la version physique avant de le chroniquer), car plus qu'un album, Neogenesis est un concept qui va bien au delà de la musique; Habituellement, quand un groupe vous propose un mediabook, c'est plutôt un gros digipack avec un livret un peu plus gros, avec généralement un artwork étendu et des photos, ça fait classe, mais l'intérêt est limité, ici, les suédois prennent le mot Mediabook au pied de la lettre, car en plus du CD, nous avons en guise de livret une longue nouvelle de quasiment 100 pages, ce qui est plutôt conséquent, divisée en 11 chapitres, répondant aux 11 titres de l'album, bref, plus qu'un album, la musique devient ici une sorte de bande-son d'un livre, ce qui fait que le texte est presque indissociable de l'album, et va permettre de s'immerger totalement dans l'univers de Neogenesis, un véritable concept-album en somme.
Neogenesis est une nouvelle post-apocalyptique (écrite par le guitariste Carl Stjärnlöv) qui nous raconte l'histoire de Neos, perdu dans les ruines d'un monde dévasté, luttant pour sa survie contre les démons rôdant aux alentours mais également contre ses propres démons, une sorte de quête initiatique presque irréelle, entre hallucinations et réalité cauchemardesque, une vision horrifique de l'extinction du monde, un héros perdu dans un univers où règne le danger et la cruauté des hommes.
Vous vous doutez bien qu'afin de coller au concept, Diabolical a dû opérer une évolution stylistique majeure dans sa musique, et qu'il n'allait pas se contenter de nous resservir sa tambouille habituelle, et c'est du côté de la Grèce qu'ils faut chercher les références, chez les géants hellènes du Death Metal aux influences Black, Rotting Christ et Nightfall en tête, évidemment, mais aussi et surtout chez Septic Flesh, pour les aspirations symphoniques et dramatiques, car c'est bien de cela qu'il s'agit, de Blackened Death à forte tendance symphonique, car Diabolical s'est adjoint les services d'un chœur et d'un quatuor à cordes afin de nous délivrer une oeuvre magistrale, destructrice, furieuse et mélancolique, car malgré ce côté symphonique, les suédois n'ont pas oublié le Melodeath en cours de route, on a donc de la violence, de la mélodie, et bien sûr une tension dramatique constante par des arrangements de toute beauté, emphatiques, qui contribuent à rendre les atmosphères très sombres, après tout, c'est l'apocalypse ici, ambiance fin du monde et délire mystique, c'est pas la balade au pays des rêves avec des licornes, bienvenue dans un monde en ruine, déshumanisé, où le danger est omniprésent.
Musicalement, c'est pas la joie, vous vous en doutez bien, Diabolical se fait ici pesant, menaçant, mais contrairement à un Septic Flesh qui avait bâti son Great Mass à partir d'un orchestre symphonique, Diabolical reste fondamentalement un groupe Death Metal, c'est dans leur ADN, qui a juste évolué, tout en muscle et en violence, avec un orchestre qui se fait discret, et qui apparaît brutalement au premier plan afin de souligner un passage dramatique, le groupe s'offrant malgré tout de longues incartades symphonico-atmosphériques, ce qui nous donne un album admirablement maîtrisé, dont l’équilibre est quasi parfait entre les velléités forcement offensives et les aspirations symphoniques, une musique, riche, profonde, fouillée, qui sans atteindre le niveau de raffinement d'un Septic Flesh, ne tombe pas dans les excès orchestraux (coucou fleshgod apocalypse) ni dans l'utilisation artificielle de l'orchestre, ici le côté symphonique est pleinement intégré au Death Metal du combo, le quatuor à cordes et les chœurs étant utilisés de manière intelligente.
Et franchement, ça décoiffe sévère dès le premier titre, Into Oblivion, car après la petite intro symphonique, c'est la guerre totale, heavy, menaçant, Diabolical se fait presque martial, son Blackened Death vicieux fait de breakdowns brutaux et de chœurs emphatiques, ses orchestrations discrètes qui rugissent au bon moment, avec également un surcroît de mélodie, notamment sur le solo, l'atmosphère est angoissante, lugubre, ce qui sera récurrent sur l'intégralité du disque, Diabolical apporte également pas mal de diversité, Metamorphosis est brutal, poisseux, agressif, mais après le break atmosphérique, on entre dans un gros passage heavy et grandiloquent (une brutalité qu'on retrouvera sur World of Silence ou Wolves' Choir), alors que Oracle est plus appuyé, lent et lourd, avec une petite introduction arabisante pas vilaine, l'atmosphère est glauque, presque déshumanisée, des ambiances bien rendues par les chœurs soutenus par des blasts et une batterie mise en avant, le chant est d'ailleurs excellent, souvent doublé par la chorale, un growl caverneux, inhumain, ce qui renforce encore plus ce sentiment d’oppression et de danger tout au long de l'album, on aura même un titre avec du chant clair, avec Fields of Nihil, titre mélancolique ou le chant sera doublé par une voix féminine, ultra heavy, brutal, mais très atmosphérique et mélodique avec ses leads aériennes à la fin du morceau qui lui confère une dimension mélancolique appréciable, par contre, on notera malgré tout quelques longueurs sur certains titres un poil trop linéaires comme Dialogue with the Dead ou Reincarnation of the Damned, rien de bien méchant malgré tout, peut-être les seuls titres où la dimension sympho prend un peu trop le pas sur le Death.
Concept-album oblige, tout converge vers le dixième titre, The age to Come, le climax de Neogenesis, un titre à tiroir de plus de huit minutes qui débute lentement, tout en délicatesse et en atmosphère, avant une gigantesque accélération et un chant Black, des passages brutaux, féroces, alternés avec des parties plus heavy et un choeur féminin de toute beauté, un titre où l'on ressent toute la tension dramatique de la musique de Diabolical, un mélange de violence et de mélancolie, toute la beauté des ténèbres condensée en un seul titre, qui s’achèvera par l’instrumental Humanitas, "Time does not stop, the Earth continues its path even if the bones of men lie scattered in the ashes. It is now time for him to write a new story to live by"
Pour son grand retour, que personne n'attendait, soyons sérieux, Diabolical a frappé un grand coup et vient de signer son chef-d'oeuvre, tout simplement, Neogenesis est une oeuvre grandiose, grandiloquente, et particulièrement ambitieuse, de par son concept et ses aspirations symphoniques, 55 minutes de Blackened Melodeath, aux atmosphères sombres, les orchestrations sont utilisées de manières très intelligentes, soutenues par une chorale qui renforce une tension dramatique constante, malgré tout, Diabolical n'oublie pas son Death Metal en route, Neogenesis demeure violent, brutal, une violence qui se trouve renforcée par un travail énorme sur les orchestrations et les arrangements, ce qui confère à l'album un certain haut niveau de raffinement malgré le fait qu'il soit fermement enraciné dans le Death.
En dehors de quelques longueurs, il serait bien dommage de passer à côté de ce Neogenesis, et en ces temps troublés où le marché du disque touche le fond, il est réjouissant de voir un groupe prendre des risques en proposant un album dont la version physique a pour le coup une réelle valeur ajoutée, le disque ce suffit à lui même, bien sûr, mais l'expérience est vraiment complète quand on a le texte intégral sous les yeux, afin de s'immerger complètement dans l'histoire.
Bref, si vous aimez le Melodeath symphonique avec une petite touche de Black, foncez, vous ne le regretterez pas, personnellement, j'ai sauté le pas et l'objet a de la gueule, ça s'achète directement sur le site du groupe: http://store.diabolical.se/
En dehors de quelques longueurs, il serait bien dommage de passer à côté de ce Neogenesis, et en ces temps troublés où le marché du disque touche le fond, il est réjouissant de voir un groupe prendre des risques en proposant un album dont la version physique a pour le coup une réelle valeur ajoutée, le disque ce suffit à lui même, bien sûr, mais l'expérience est vraiment complète quand on a le texte intégral sous les yeux, afin de s'immerger complètement dans l'histoire.
Bref, si vous aimez le Melodeath symphonique avec une petite touche de Black, foncez, vous ne le regretterez pas, personnellement, j'ai sauté le pas et l'objet a de la gueule, ça s'achète directement sur le site du groupe: http://store.diabolical.se/
1. Into Oblivion
2. Metamorphosis
3. Oracle
4. Ex (Instrumental)
5. World in Silence
6. Reincarnation of the Damned
7. Fields of Nihil
8. Dialogue with the Dead
9. Wolves' Choir
10. The Age to Come
11. Humanitas (Instrumental)