Children of Bodom fait partie de ces groupes dont on peut légitimement dire "C'était mieux avant", globalement, personne ne vous traitera de vieux con aigri.
J'ai eu la chance de pouvoir découvrir le groupe quand j'étais ado, par le biais de ses deux premiers albums, Something Wild et Hatebreeder, quand le groupe n'était encore que l'un de ces groupes prometteurs venus de Finlande, cette créativité, cette folie, cette intensité, que je n'ai jamais vraiment retrouvé par la suite, même avec Follow the reaper, certes bien plus mature mais qui sonnait un poil moins frais et surprenant, et encore moins avec un Hate crew Deathroll un peu fade, le début d'une lente descente en enfer pour le groupe d'Alexi Laiho, car même si Are you dead yet? était encore vaguement acceptable (de loin, à la limite pour ceux qui ne connaissaient pas le groupe), ce con de Laiho s'est ensuite mis à faire absolument n'importe quoi avec deux albums presque honteux, Blooddrunk et Relentless Reckless Forever, les fans fuyaient en masse et le groupe perdait en estime et en popularité.
C'est donc dans ce contexte que se présente Halo of Blood, huitième album des finlandais, obligés de faire la seule chose possible dans leur situation, arrêter les conneries et faire un grand retour en arrière, pas forcement par choix mais surtout par nécessité, question de survie...
Beaucoup plus classique et conforme à ce que l'on attend d'un album de Children of Bodom, Halo of Blood l'est assurément, un disque qui est surement ce que le groupe a fait de mieux depuis au moins dix ans, ce qui peut être considéré comme une bonne nouvelle, mais avec un défaut majeur, tout ce que vous allez entendre ici, le groupe l'a déjà fait, souvent en mieux par le passé, ce qui nous donne un album quelque peu étrange, à la limite de l'auto-parodie, même si le groupe ne franchit pas encore la ligne jaune ici, on a frôlé un autre désastre, mais ce n'est pas le cas, l'agressivité et une certaine intensité sont de retour, pour un combo toujours aussi virtuose, avec des riffs tranchants, des claviers qui retrouvent enfin la place qu'ils méritent dans le mix, du solo ultra technique, même si on regrettera un chant mixé un poil trop en avant, de même qu'une production puissante mais bien trop clinique.
Bref, tout ce qu'on attend du son Children of Bodom est là, mélange de Speed, Thrash, Death, Black, sens de mélodie, et bien sûr paroles de merde, une sale habitude chez les finlandais désormais, même si on est en progrès par rapport au ridicule des deux derniers albums de ce côté-là, c'est presque une renaissance pour le groupe qui nous propose ici un cocktail détonnant, brutal mais mélodique, très catchy, et non dénué de surprises, j'insiste bien sur le presque, car faut pas déconner non plus, même si Halo of Blood fournit quelques bon titres qui décoiffent, il comporte aussi son quota de titres moyens utilisant de très grosses ficelles et lieux communs, surtout vers le fin de l'album, où les titres commencent à se ressembler un peu trop.
Les deux premiers sont d'ailleurs particulièrement bluffant, avec un Waste of Skin rapide et rageur, très classique dans sa structure, mais balancé avec intensité et conviction, ça bourre bien, le solo arrache, c'est peut être un poil trop long mais ça fonctionne correctement, un bon tremplin pour la première surprise de l'album, Halo of Blood et son intro qui semble tout droit sortie d'un vieux Dissection, une sorte d'hommage appuyé à la scène Black mélodique suédoise des nineties, très emphatique, ultra rapide, dans une ambiance sombre et froide, du très bon boulot pour le coup, et on se dit que l'album va tout déchirer... seulement voilà, malheureusement, Laiho s'est rappelé qu'il était aussi capable de pondre des titres de merde et qu'il n'était pas question de sortir un putain de bon disque, et bim, mange-toi ton Scream of silence lourdingue qui ne va nulle part pendant quatre minutes avec un chant foireux, t'en as pas encore assez? ben tiens, voilà Transference, plus générique et banal, y'a pas, une véritable collection de tous les poncifs du groupe condensés en quatre minutes, et des clichés, y'en a un paquet sur l'album, ben ouais, tu vois quoi, fallait sonner old school, classique, alors on va pas trop se faire chier non plus, on va piocher des passages entiers qu'on a déjà fait, réagencer un peu tout ça et ça fera la blague, tu vas voir, le fan je vais lui en mettre plein la gueule, il n'y verra que du feu.
Bon, ok, j'exagère un peu, mais Children of Bodom en fait tellement trop que sur la fin on perd complètement le fil tant Halo of blood s'avère épuisant, Damaged beyond repair, All twisted et One bottle and a knee deep, trois titres qui tabassent tellement qu'ils en deviennent assommants et pénibles, et dont on ne retient absolument rien au final, le groupe à la fâcheuse tendance à faire dans le bien trop bourrin, à des années lumière de la classe de ses premiers opus, Children of Bodom veut tellement être efficace qu'il oublie toute notion de dosage et de subtilité, surtout que la bonne grosse production moderne tout à fond avec le chant surmixé par dessus est vraiment fatigante à la longue.
C'est con, car quand il veut, le Laiho peut se tirer les doigts pour pondre des titres vraiment bons, comme ce Bodom blue moon vraiment sympa est pour le coup bien dosé, mais surtout ce Dead Man's Hand on You vraiment surprenant, un titre très lent, très lourd, tout en atmosphère, avec un chant qui rappelle pas mal le In Flames des deux premiers albums, on regrettera juste une longueur un peu excessive, cinq minutes aussi lentes sans vraiment de variation, c'est un peu long, mais on appréciera la tentative de proposer un titre un peu différent.
Notons quand même que deux bonus sont disponibles sur la version limitée, deux reprises, une spécialité du groupe, qui n'ont pas grand intérêt, Sleeping in my car de roxette et Crazy Nights de Loudness, bof...
Retour en force et en forme pour Children of Bodom? oui et non, car même si Halo of Blood est clairement un retour en arrière sur lequel on retrouve pas mal de sonorités old school, ce qui est à la base une bonne nouvelle, il montre aussi un groupe qui essaie un peu trop de sonner comme par le passé, l'ensemble donne souvent l'impression d'être trop forcé, et utilisant surtout de très très grosses ficelles.
Halo of Blood, en dehors de deux-trois titres surprenant qui valent vraiment le coup, a plutôt tendance à faire du neuf avec du vieux, de recycler le passé, malheureusement sans la classe ou le charme des premiers opus, le disque se veut efficace, et d'une certaine manière, il l'est, mais il se révèle à la longue un peu lourdingue et assourdissant, le groupe n'a pas grand chose à dire, mais il fait un vacarme pas possible pour le dire, Halo of Blood a beau être le meilleur album du groupe depuis Hate Crew Deathroll, il n'est qu'un album de plus, respectant les codes du groupe, même s'il est bien meilleur que les deux dernières daubes des finlandais, il n'en demeure pas moins qu'il est atrocement prévisible et sans vraiment d'idées nouvelles, le genre d'album, plutôt sympa au début, que t'écoutes deux-trois fois, et qui prendra la poussière sur l'étagère une semaine après l'achat...
Y'a du mieux, mais c'est pas le grand retour en force annoncé...
2.5 / 5
Track Listing:
1. Waste of Skin
2. Halo of Blood
3. Scream for Silence
4. Transference
5. Bodom Blue Moon (The Second Coming)
6. Your Days Are Numbered
7. Dead Man’s Hand on You
8. Damaged Beyond Repair
9. All Twisted
10. One Bottle and a Knee Deep