lundi 3 juin 2013

Chronique: Caligula - Greastets Hits


Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand on me parle de Caligula, mon petit cerveau deglingué l'associe immédiatement au fist-fucking, ben ouais, c'est comme ça, pour moi Caligula c'est le film avec Malcolm McDowell, et pas forcement un groupe belge de Nawak Metal.
Bref, ce Caligula vient de Belgique, du côté de Liège, et si vous suivez ce blog régulièrement (et franchement, si ce n'est pas le cas, vous devriez, au vu de sa grande qualité), vous savez déjà que j'ai kiffé la vibe aver leur premier album Not too short to be great, un bon disque d'ailleurs, c'était pas le disque de l'année non plus, mais l'ensemble avait suffisamment de qualités pour convertir Caligula en groupe à suivre à l'avenir, et il n'a pas fallu attendre longtemps pour avoir des nouvelles des belges, qui remettent le couvert avec un très bizarrement nommé Greastets Hits, qui, on ne va pas se mentir, fait presque passer le premier album pour une demo…

Ce n'est pas une révolution, mais Caligula a viré tout ce qui ne fonctionnait pas, conservé tout ce qui était bon, et surtout le fait bien mieux que par le passé, Greastets hits est plus cohérent, mieux composé, mieux produit aussi, pour un disque bien plus mature et réfléchit, plus posé, donc, mais ce n'est pas pour autant que les gars ont arrêté la picole et les délires avinés de fin de soirée, car une fois de plus, on est dans le grand n'importe quoi et le non-sens, au niveau des paroles s'entend, car musicalement, le bouzin fait un peu plus sérieux.
Sérieux? genre Caligula fait du prog? euh… non, toujours pas, Caligula sent trop la bière pour ça, c'est d'ailleurs toujours la mixture Tralala Metal qui est au programme, un cocktail explosif de Metal, Hardcore, Jazz, Punk, Bal musette, Thrash, Ska, le tout baignant dans une ambiance délirante, et un mélange à très forte personnalité, qui fait que dès la première note, on sait qu'on écoute du Caligula, et pas un autre groupe de Nawak Metal, le chant est d'ailleurs pour beaucoup dans cette identité, plus diversifié que sur le premier album, souvent agressif, parfois calme, flirtant même de temps en temps avec le Death, une versatilité nécessaire à ce type de musique, pour un chanteur ayant un timbre très particulier, proche d'un punk bourré, j'avais d'ailleurs mis pas mal de temps à m'y faire sur le premier album, mais on s'y habitue très vite, et en fin de compte, il colle pile-poil au son du groupe, même si celui-ci se fait moins brut de décoffrage et un poil plus sophistiqué.
Partouze multi-genres ultra vitaminée et blagues carambar sont donc au programme de ces véritables troubadours des temps modernes, avec un Greastets Hits qui reprend pas mal des éléments du premier opus, sauf que cette fois-ci, Caligula a considérablement affiné sa formule, je n'irai pas jusqu'à dire que les belges ont transformé leur plomb en or, vu que le premier album était vachement recommandable, mais un palier a ici été franchit avec succès, et l'on se rapproche presque d'un triomphe romain pour ces joyeux lurons, pas encore au point d'aller se taper les prêtresses d'Isis dans leur temple, cependant, car quelques petites longueurs et moments de flottement viendront ternir un peu le tableau, rien de rédhibitoire par contre, mais j'aime bien chipoter sur des détails.
Une chose est récurrente chez Caligula, c'est la faiblesse de leurs titres d'ouverture, je me souviens que le Everyone sucks but us du dernier album était aussi agréable qu'une fouille rectale, cette fois-ci, on se tape un The X Facteur pas super, mais largement meilleur que la dernière fois quand même, c'est juste que ce genre de titre est un peu basique et ne contient pas vraiment Le moment fort qui ferait la difference, avec des transitions un peu trop brutales, néanmoins, ça reste plutôt sympa, notamment la petite voix robotique et les passages calmes assez réussis.
Tough Night change la donne avec une ambiance très sombre et un chant Death particulièrement menaçante qui confère à ce titre un je-ne-sais-quoi d'oppressant, mais c'est surtout No luck, No glory qui va être le premier moment fort de l'album, car après son introduction digne d'un Ex deo, c'est juste de la folie, une sorte de balade Ska/Thrash brutale qui défonce, avec une fois de plus un passage plus calme, dans le genre symphonique horrifique, et il est de bon ton de signaler l'excellent travail au niveau des claviers, là aussi les progrès sont notables à tous les niveaux, des claviers qui vont d'ailleurs donner une coloration particulière à chaque titre, tous plus cinglés les uns que les autres (mention spéciale à Nasty Habits sur ce point là), comme par exemple le déjà cultissime Fort Adamo, et son ambiance western déglingué, surement mon titre préféré de l'album, on se croirait dans un saloon avec les pires psychopathes de l'ouest, le titre est brutal, mais une violence canalisée, et suffisamment varié pour que l'on passe par tout un tas d'émotions, Scottish est quant à lui une chanson à boire folk dans sa première moitié avant une soudaine et imprévisible accélération typiquement Death qui te défonce ta face, vraiment une réussite, comme l'excellent The Old Gamer's Lament qui comme son titre l'indique va développer une bonne ambiance 8-bits avec des claviers cosmiques du plus bel effet, un titre alternant entre obscurité death et passages presque ska, avec au passage un chant excellent, très varié et complètement taré, des titres qui se dégustent comme des friandises gracieusement offertes par un pervers belge à la sortie de l'école, sauf qu'il y a du GHB dedans et que l'on peut se réveiller en plein milieu d'un campement viking avec des soiffards cinglés comme c'est le cas avec le titre de clôture, Southside of a Viking, une balade folk de mental mental.
Au milieu de ce déchainement de violence fun et malsaine, on trouve une petite perle comme Francesco et son ambiance Jazz/Piano bar sur laquelle intervient un autre joyeux luron du Nawak, l'ancien Carnival in Coal Arno Strobl, pour un titre vraiment sympa, calme et enjoué, qui a la bonne idée de se terminer sur un court mais brutal passage Death qui décoiffe.
Par contre, je n'ai pas été particulièrement bluffé par un Fucking Thirty, certes très bourrin avec un excellent chant Death, mais manquant surement d'un peu de folie, dans le genre, Aspirator est un poil meilleur, offrant une petite pause bienvenue à mi-parcours avant de replonger dans la folie, et une pause, il en aurait bien fallu une à un Puzzle in the Haze un peu trop long et épuisant, sans doute la seule fois où le groupe en fait trop, bien trop, rendant le titre assez indigeste...

En dehors de quelques petits détails, on peut affirmer que Greastets Hits permet au groupe belge de passer un nouveau palier, tant l'ensemble est bien plus mature désormais, plus chiadé aussi, avec un chant très diversifié, des claviers bien mieux maîtrisés, et un soin particulier apporté aux détails, ce qui confère à chaque titre une identité propre, leur personnalité, tout en réussissant l'exploit de rester cohérent, pour un Caligula qui se fait moins brouillon que sur son premier album, la production est également bien meilleure, moins étouffée, plus claire, ce qui convient bien au groupe.
Caligula se fait par ailleurs un poil plus extrême, flirtant souvent avec le Death, et c'est une bonne chose, surtout que les transitions avec les passages plus calmes ont encore gagné en fluidité, il faut dire que le songwriting à lui aussi progressé, c'est un peu moins le bordel cette fois-ci, même si l'ensemble est toujours aussi cinglé.
Bref, plus fort, plus intelligent, plus fluide, voilà le nouveau Caligula, qui a amélioré sa tambouille et nous délivre un plat particulièrement gouleyant et fun; Brutal, cinglé, aérien, alcoolisé, délirant, c'est du tout bon, donc foncez si vous avez l'esprit ouvert, vous ne serez surement pas déçu du voyage, en espérant que Greastets Hits de sortir d'un relatif anonymat qu'il ne mérite pas du tout...
(Notons que l'album est en écoute sur Bandcamp, et que vous pouvez aussi leur donner de l'amour sur Fessebouc)

Tralalalalalalalalalalalala.... Caligulaaaaa!
4 / 5

Track Listing:
1. The X Facteur
2. Though Night
3. No Luck, No Glory
4. Fort Adamo
5. Francesco
6. Fucking Thirty
7. Aspirator
8. Scottish
9. Puzzle In The Haze
10. The Old Gamer's Lament
11. Nasty Habits
12. Southside Of A Viking