La vie de chroniqueur Troll Metal sur le Web n'est pas de tout repos, souvent faite de doute et de déception, et de moments où t'as pas envie d'écrire sur un album en particulier, cette semaine, je devais pondre un truc sur le nouveau Ghost, bof, je n'ai pas réussi à me motiver pour vous expliquer pourquoi je n'avais pas du tout aimé, j'aurais pourtant dû écrire cette chronique, car soyons sérieux, les gros groupes, ça fait du clic, et ça flatte mon ego, mais le nombre de clic, je m'en fous un peu, alors j'ai décidé de vous parler d'un groupe de l'underground, pour ce qui sera sans nul doute une des chroniques les moins lue de l'année, mais je m'en tape, car parfois, dans la vie, c'est bien de retourner aux bases et d'écouter un pur produit artisanal bien sanglant, comme c'est le cas avec les catalans de Graveyard (à ne pas confondre avec les rockers suédois du même nom), et au passage, merci à mon pote catalan également Marc de m'avoir filé cette galette, qu'il soit béni sur plusieurs générations, car The Sea Grave est une redoutable boucherie...
Bref, je ne connaissais pas ce groupe, je jette donc un coup d'oeil sur leur discographie, qui ressemble pile-poil à ce que l'on peut attendre d'un groupe typiquement underground, des démos, des EP, des splits avec des groupes totalement inconnus à foison, un premier album, que j'ai donc raté mais je vais me rattraper, et donc ce deuxième album longue durée, The Sea Grave, qui nous intéresse ici.
La grande passion de Graveyard, ce ne sont pas les tapas, non, car bizarrement, c'est la Suède, et plus précisément le Death Metal old-school avec de grosses couilles, comme vous l'aurez surement deviné en voyant la très subtile pochette, et bien sûr, au niveau des paroles, ça parle de mort, d'horreur, et aussi de Lovecraft, bref, on ne va pas se mentir, Graveyard n'a pas du tout l'intention de révolutionner quoique ce soit dans le Death Metal, la prod est crade mais audible, les riffs sont granuleux et croustillants, la batterie menaçante à souhait, et le chant caverneux vient du plus profond des ténèbres, autant dire que le Death Metal des catalans est tout ce qu'il y a de plus putride, directement puisé dans un marécage servant de dépotoir à des cadavres en putréfaction.
The Sea Grave est un pur produit tripier artisanal, duquel suinte la mort et la désolation, car il va de soi, école old school oblige, que tout ça est enrobé d'un Doom particulièrement gouleyant, pour une tambouille qui tient au corps, néanmoins pas dénué de certaines subtilités, avec une bonne idée, ces petites interludes ambiantes R'Lyeh, qui apportent un je-ne-sais-quoi d'horrifique et de Lovecraftien, de même ce court instrumental In Deep slumber, au milieu de l'album, qui marque d'ailleurs un léger changement dans la formule avec une part légèrement plus prédominante du Doom, mais pas trop, car Graveyard n'a pas oublié son Death Metal en route.
L'ensemble est suffisamment brutal et donc varié afin que l'on ne s'emmerde pas une seule seconde pendant la petite quarantaine de minute du bouzin, avec cette tension palpable et cette atmosphère poisseuse à couper au couteau, le groupe va droit à l'essentiel, tronçonneuse à la main, pour délicatement vous trifouiller les entrailles, à grands coups d'accélérations brutales, avec des guitares très incisives, et de ralentissements pesants et menaçants, dans la grande tradition du genre, Graveyard survole d'ailleurs tout le spectre du Death à l'ancienne, de Grave à Entombed en passant par Dismember ou Asphyx, pour un résultat qui ne ressemble bizarrement pas à une simple copie, mieux, on peux presque dire que les catalans arrivent à proposer une tambouille originale, toute proportion gardée, évidemment, car on est en terrain connu.
Menaçant et poisseux, évidemment, notamment grâce à de nombreux soli, quasiment fantomatiques, apportant ce qu'il faut d'ambiance et d'atmosphère lugubre, qui vont permettre de respirer un peu dans ce marécage ténébreux de titres tous plus vicieux les uns que les autres, partant d'un Death brutal, Faces of the Faceless ou encore Blood of Vengeance, pour tomber dans le Doom sépulcral vers la fin du disque, Cult of the Shadows et Of he who sleeps, avec ses passages incantatoires, sont de bons exemples de titres absolument écrasant et malsains, et un Graveyard qui propose souvent un subtil mélange entre ralentissements pachydermiques et grosses accélérations en forme de mandales dans la gueule, le tout admirablement bien composé, du bien bel ouvrage pendant une petite quarantaine de minutes.
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs soupes, Graveyard l'a bien compris avec The Sea Grave, et propose une mixture tout ce qu'il y a de plus putride, qui ravira les plus gourmets d'entre-vous.
Du Death Old School brutal, varié, qui flirte souvent avec le Doom, un son et une prod à l'ancienne, qui croustille sous la dent, un chant caverneux, des ambiances malsaines, que demande le peuple? et ben rien d'autre, il est content le peuple, car avec The Sea Grave il se mange une bonne dose de Death à l'ancienne, bien charpenté et suffisamment varié pour y revenir régulièrement...
Ça se trouve ici: http://graveyardofdoom.bandcamp.com
Du bon Death Old school putride
3.5 / 5
Tracklist:
1. I. R'lyeh I
2. II. The Visitations of the Great Old Ones
3. III. Faces of the Faceless
4. IV. Blood of Vengeance
5. V. In Deep Slumber
6. VI. The Nurturing of the Cadaver
7. VII. ...and the Gods Grant Thee Death
8. VIII. Who Art Thou, o Witch, that Seekest Me?
9. IX. Cult of the Shadows pt. II: I Am the Lord of Spirits
10. X. R'lyeh II
11. XI. Of He Who Sleeps
12. XII. R'lyeh III