Un an après son très bon premier album, Welcome to Boggy Creek qui avait fait son petit effet (la chronique), revoilà déjà du fin-fond de sa forêt le bien nommé Troglodyte, et sa joyeuse bande de fous furieux masqués, bien décidé a vous déchirer les entrailles, comme le suggère sa très jolie pochette.
Une fois encore, le groupe du Missouri reste fidèle à son concept, les yétis et autres Bigfoots sont de nouveau de la partie, après tout, c'est leur fond de commerce, de la même manière, le format n'évolue pas trop, on reste sous la demi-heure de Death Metal forestier sans concession, peu de changements au premier abord, mais ce Don't go in the Woods se démarque quand même de son grand frère de part son contenu, car Troglodyte a évolué... un peu, en gros, les gars ont un peu cogité...
Evolution, mais pas tant que ça, car bien sûr, c'est pas demain la veille que les types vont se mettre au reggae, il est toujours question de Death ici, à l'ancienne, qui bourre, avec ce côté délicieusement bas-de-plafond qui lui sied très bien, et ses ambiances un peu boueuses, l'effet de surprise en moins.
Ce qui faisait tout le sel de Welcome to Boggy creek, c'était assurément tous ses breaks qui émaillaient le disque, et qui rendaient l'album très diversifié, les quelques soli habillement distillés aussi, c'est moins le cas avec Don't go in the Wood, qui se fait un poil moins catchy et moins instinctif, Troglodyte propose ici un album plus cohérent, certes, mais moins cinglé, ce qui fait qu'on a beaucoup plus de mal à sortir un titre en particulier, la plupart des titres avait son propre gimmick sur le premier album, un détail qui lui était propre, ce n'est plus trop le cas ici.
Attention, ne vous méprenez pas, Don't go in the Woods n'est pas mauvais, loin de là, même si je commence cette chronique par du négatif (et encore, pas trop), il est juste un peu moins fun que le précédent, et ce n'est pas seulement dû à la production du bouzin, plus pro que par le passé, plus puissante, même si elle conserve malgré tout un côté abrasif et old school agréable, ce n'est donc pas moins bon, c'est juste différent, un léger changement dans la formule, qui voit le groupe passer de blague sympa à groupe plus sérieux.
Moins de fun, plus de sérieux donc, mais le groupe continue de bourrer, et c'est le principal, car de ce point de vue là, Troglodyte n'a pas changé son fusil d'épaule, et fournit bien entendu son quota de charges de sasquatch en furie, après tout, c'est pas pour rien que la musique du groupe s'est faite aussi massive.
Don't go in the Woods est presque un album monobloc, pas du tout monotone, un peu écrasant, menaçant, violent et toujours aussi vicieux, le chant porcin est d'ailleurs souvent de la partie et apporte une variété bienvenue en complément du growl caverneux de rigueur.
Des baffes rapides, il y en a, un paquet, genre attaque éclair d'homme des bois, d'ailleurs c'est là où le groupe est le meilleur, avec des Cripple Foot Cast, Cro-Magnum Force, Red Handed, le très bon Nowhere to Hide, ainsi qu'un Oregon Trail qui envoie le pâté sévèrement, avec un bon break brise-nuque, on trouve même une petite influence punk bien sympathique sur le titre éponyme.
(et vous l'aurez compris également, même si musicalement, c'est moins fun, les titres sont toujours aussi délirant)
On trouve également souvent une alternance entre les passages mid-tempo très lourds, menaçants, et les accélérations brutales dont le groupe a le secret, de ce côté-là, Murderous bi-pedal Hominid Rampage (Where are my legs?) est une putain de réussite, surement le titre le plus intense de l'album, avec un excellent solo qui tombe juste, ou encore le sauvage In Search Of... avec en guest Paul Ryan d'Origin, venu se perdre dans la forêt avec ces bestiaux bizarres, mais ça ne fonctionne pas toujours, notamment sur The Trap is Set, qui a tendance à bourrer un peu dans le vide, le seul petit point noir de l'album en fait, car dans l'ensemble, tout ça est expédié pied au plancher avec une brutalité et une efficacité peu commune, et ça fonctionne plutôt bien.
Don't go in the Woods est donc l'album de la confirmation, et également de l'évolution pour Troglodyte, avec un son qui se fait beaucoup plus massif, lourd, mais avec une musique que se veut toujours aussi intense et brutale.
Alors certes, il y a moins de surprises, l'album sonne un peu moins "frais" que le précédent, moins instinctif et catchy, (d'un autre côté, si vous n'avez pas écouté le premier, vous n'aurez pas ce problème), au profit d'un ensemble qui se fait beaucoup plus cohérent, très sombre, aussi rassurant qu'une ballade en forêt sous la pluie en plein mois de novembre alors que la nuit commence à tomber et que les monstres sortent de leurs tanières.
Une bonne petite demi-heure de bourrinage et de matraquage en règle, avec un groupe qui insuffle pas mal d'intensité à son Death, c'est court, direct, très solide, et toujours extrêmement rapide.
Surement pas le disque de l'année, mais une sortie bien sympa de Death qui défouraille, et c'est déjà pas mal...
(C'est dispo ici: www.neandercore.com)
Une bonne charge de Bigfoot dans la gueule...
4 / 5