Aujourd'hui, intéressons-nous à un groupe de p'tits jeunes qui n'en veulent, déjà signé chez century Media, excusez du peu (même si ça ne signifie plus rien vu que le label signe absolument tout et n'importe quoi), et qui nous délivre ici leur tout premier album qui va révolutionner le Metal moderne... Ah, en fait, non, pas du tout, excusez-moi, il s'agit bien d'un premier album d'un groupe tout neuf, mais formé par une jolie bande de vieux grognards hollandais, ne cherchez pas trop, ces cinq types ont tous à un moment ou un autre fait partie d'Asphyx (ou en font encore partie), à part le bassiste Theo Van Eekelen, qui lui nous vient de Hail of bullets, ce qui revient un peu au même, ai-je besoin de préciser que Monsieur Martin Van Drunen est également de la partie?
Bref, c'est bien consanguin tout ça, et vous savez ce qu'ils font ces p'tits vieux? ben ouais, du Death Old School, et bien sûr, ça sonne comme du Asphyx, fallait pas s'attendre à du Reggae Djent hein...
Bon, après nous avoir mis l'une des roustes de l'année avec Asphyx et son Deathhammer de folie, et en attendant le prochain Hail of bullets l'année prochaine, voici donc Grand supreme Blood Court (que je vais abréger par GSBC par pure fainéantise), et son premier album sous le bras, Bow Down Before the Blood Court, une nouvelle collection de titres 100% Death à l'ancienne, aussi inutile que réjouissante.
Ouais, j'ai bien dit inutile, parce que faut pas déconner, cet album ne sert pas à grand chose, malgré toutes ses qualités, pour schématiser, c'est du gros pain dans la gueule, ça démonte, mais on reste dans le très peu original.
En gros, GSBC se rapproche énormément d'Asphyx, mais avec un penchant pour le Doom nettement moins prononcé, sur l’échelle de l'évolution du Death Asphyxien, le groupe est un peu le chaînon manquant entre donc, Asphyx, et Hail of Bullets, moins Doomesque, et également moins guerrier que son autre grand frère, une sorte d'Asphyx basique en fin de compte.
Par contre, et vous l'aurez compris, GSBC est un chaînon manquant que personne ne cherchait, un peu le bâtard consanguin de la famille, et qui n'a pas grand intérêt, en fait, tout le monde vivait très bien sans lui, Asphyx et Hail of bullets suffisaient largement à étancher notre soif de Death Old School à la hollandaise, alors que GSBC est là, un peu simplet, un peu rustre, sympathique quand on le fréquente de temps en temps, mais qui ne va pas changer votre vie.
Bow Down Before the Blod Court a donc un seul objectif, défoncer vos gueules, à l'ancienne, avec ses riffs tronçonneuses classiques et l'énorme growl de Van Drunen, une grosse boucherie, malgré tout admirablement dosée, pas trop de Doom, sans le jusqu'au-boutisme guerrier de Hail of Bullets, viscéral et à l'aise dans son bottage de cul, après tout, quand on voit le CV des gars, il était difficile de douter de leur capacité à pondre un bon disque, ce qu'est assurément celui-ci.
Alors qu'Asphyx patauge dans un groove doomesque putride et que Hail of Bullets nous gratifie d'une violence un peu plus froide, GSBC est donc le parfait mélange entre le son des deux groupes, seulement voilà, on retombe immanquablement sur le son du vieux Asphyx des années 90, ce qui s'avère un peu gênant.
De ce fait, on ne retrouve pas ici les longs titres Death/Doom du Asphyx récent (les deux derniers albums), GSBC fait plutôt dans le concis et dans le direct, y'a de la bidoche, du sang, du gras, c'est crade comme il faut, avec des titres qui tournent entre trois et cinq minutes, dans lesquels on navigue constamment entre accélérations ultra brutales et ralentissements heavy pachydermiques écrasant, avec quand même quelques titres dérogeant à la règle, comme les brutaux et directs Circus of Mass Torment ou encore Behead the Defence, et quelques surprises avec notamment un énorme ralentissement nous gratifiant d'un savoureux chant porcin caverneux sur Fed to the Boars.
Deux exceptions cependant, le groupe nous offrant un court titre instrumental, Grand Justice, Grand Pain en plein milieu de l'album, très réussi et salement vicieux, et conclut le disque par une longue marche funèbre version Death de presque dix minutes avec And thus the Billions shall burn, vraiment sympa...
Sympa, ce Bow Down before the blood Court l'est assurément, le Death de Grand Supreme Blood Court sait se faire également diaboliquement vicieux, malsain, violent, et forme un ensemble ma foi fort diversifié et cohérent, le seul problème étant le côté assez anecdotique de la chose.
Bien sûr, ça défouraille, et on peut dire que ces vétérans de la scène Death Metal ne se sont pas trompés, tout ça est admirablement composé, pas trop bas-de-plafond, mais il faut aussi avouer que ça sonne comme du vieux Asphyx, inspiré, certes, mais pas original pour un sou, on a souvent l'impression d'écouter du Asphyx sous un autre nom, fait par les types d'Asphyx, et on peut légitimement se demander où réside l'intérêt dans la démarche, le fait que les gars sortent un projet parallèle pour faire globalement ce qu'ils font habituellement (même si la recette est un poil différente, les ingrédients sont les mêmes) m'échappe un peu, de la même manière, gare à l'overdose suite à cette multiplication des sorties, à force d'explorer tous les recoins du Death old School tous les six mois, ils pourraient tourner en rond et se mordre la queue, un jour.
Mais ce n'est pas pour aujourd'hui, les grognards sont toujours au top dans leur genre, et Bow Down before the Blood Court arrache les poils comme il faut, sans aucune surprise, mais avec un savoir-faire inégalable...
Une tambouille qui sent le réchauffé, pas originale, mais qui tient au corps et fait du bien...
3.5 / 5