mardi 18 septembre 2012

[Chronique] Cryptopsy - Cryptopsy


Comme je le disais cet été en ouverture de ma chronique de Nile, il existe une règle d'or dans le Death Metal, Toujours se tenir à ce que tu sais faire, bien sûr, un groupe peut changer quelques détails par-ci par-là, mais ne doit jamais, au grand jamais, modifier le coeur de sa musique, une règle que n'a pas respecté Cryptopsy en 2008 avec The Unspoken King, l'album honni.
Sacrilège et trahison parmi les fans puristes trve élitistes du Deathkult radikal, Cryptopsy avait osé balancé du chant clair!! il n'en fallait pas plus pour que dans la tête des fans se fasse le calcul suivant: Death Metal + Chant clair = Deathcore...
Mouais, je n'ai jamais été de cet avis, The Unspoken King n'est pour moi pas un album de Deathcore, un genre que je déteste profondément par ailleurs, et ne méritait surement pas que se déverse sur lui toute la merde des haters des internets alors en plein lynchage public, hurlant leur haine sur les chant clair, le son "moderne" (sic), et les breakdowns... des breakdowns? sur cet album, au sens Emmurien du terme, en grattant bien, il y en a vaguement un sur un titre (Silence the tyrants), et c'est à peu près tout.
Je n'ai pas peur de l'avouer, j'ai réécouté cet album dans le cadre de cette chronique, et il est loin d'être aussi mauvais que ça, pas un grand album de Cryptopsy, clairement pas, mais pris indépendamment de la discographie du groupe, il est plutôt correct, même si on lui reprochera deux-trois titres médiocres et un chant clair parfois très limite, voir moche, par contre, si on le compare au reste de la discographie du groupe, c'est un ratage complet, question de perspective tout ça...
Enfin bon, on ne va pas refaire l'histoire, Cryptopsy est de retour, avec un nouvel album, sans label et sans titre, même s'il aurait pu s’intituler De l'art du rétro-pédalage...

Partant du principe que Cryptopsy a fauté avec son album précédent, mettant à mal le statut de véritable légende du Tech-Death des canadiens, Cryptopsy, l'album, donc, est le disque du retour aux sources, quand un groupe sort un album éponyme, habituellement, ce n'est pas pour rien, voici qui nous sommes, on va vous balancer tout ce qu'on sait faire de mieux, cet album est un manifeste de 35 minutes en huit actes sur ce qu'est véritablement le son Cryptopsy, dont le seul but est, avouons le, de rassurer les fans hardcore du combo, ce qui est assez réussi sur ce point-là.
Symbole de ce retour en arrière assumé, le guitariste Jon Levasseur est de retour, par contre, et ça va faire rager les fans les plus élitistes qui ne jurent que par Lord Worm (moi je m'en fous, mon album préféré c'est Whisper Supremacy et c'était DiSalvo qui chantait dessus...), Matt McGachy est toujours au micro, délivrant ici une performance toute en brutalité.
Car oui, le chant clair n'est plus d'actualité, ni même les sonorités "modernes" de The Unspoken King, puisque c'est l'album du retour aux sources on vous dit! En gros, on oublie l'album honni, et on branle 35 minutes de Tech-Death brutal à la Cryptopsy, rapide, violent, technique, bourrin, un peu cinglé, à l'ancienne, avec une prise de risque absolument nulle, même si on remarquera la basse du nouveau venu Olivier Pinard, un son basse et des lignes jazzy vaguement neuves pour le groupe mais que l'on trouve désormais sur la totalité des sorties Tech-Death depuis quelques années.
Et c'est bien ça le problème avec cette galette, car à défaut du retour du roi tant espéré, on se retrouve avec un Cryptopsy rejoignant sans peine le troupeau du Tech-Death à tendance brutale, et c'est a peu près tout tant ce disque apparaît comme trop conventionnel et un poil banal.
Pourtant ce disque est plein de qualités, on sent que le retour de Jon Levasseur a fait énormément de bien, on retrouve sans mal sa patte dans les compositions aux structures plus coulées que lors de l'album précédent, plus haché, ici fluidité et virtuosité sont les mots d'ordre, ça tabasse, bien sûr, et fort, mais les transitions qui ont fait le succès du groupe par le passé sont de retour, et ça fait plaisir, de la même manière, Flo Mounier est un monstre, tout simplement, rapide, véloce, son drumming est au top, ce qui est une habitude, et puis il y a le chant, à la poubelle le chant clair, du growl, du growl, et encore du growl, point barre, histoire d’entériner définitivement le retour en arrière.
Malheureusement, on ne retient pas grand chose de ces 35 minutes, par exemple, The Golden Square Mile, ça bourre comme titre, ça arrache les poils, mais on se fait un peu chier, pourtant ça ne dure que trois minutes, mais de violence directe et un peu bas-de-plafond, comme si le groupe, par souci de bien faire, en faisait un peu trop dans la violence et oubliait quelque peu de créer des atmosphères qui pourraient rendre ces compositions plus mémorables.
On retient finalement quelques titres en se rappelant de certains gimmicks, comme avec Red-Skinned Scapegoat, ça envoie la sauce avec une brutalité peu commune, mais il y a la partie avec le solo qui change tout, et un break jazzy sortant de nulle part pas mal foutu, même si c'est un cliché usé jusqu'à la corde dans ce style de musique, d'ailleurs vers 4'20, y'a même un breakdown, comme il y en a toujours eu dans Cryptopsy, mais personne ne va crier au Deathcore ici, on citera également Damned Draft Dodgers et son break... d'ascenseur, plutôt sympathique.
Cryptopsy fait tout bien ici, y'a pas à chier, ça envoie le pâté, virtuosité, technicité, puissance, brutalité, mais le groupe ne fait pas mieux que les autres, se contentant de suivre son manuel du Tech-Death chapitre "comment se refaire quand on a foiré", sans surprise, même si certains titres valent le détour, surtout cet Ominous vers la fin, qui pour le coup est vraiment bandant, mais ça fait peu en fin de compte, même si le but du jeu est surtout de rassurer les fans en faisant un pas dans la bonne direction.

Ouf de soulagement chez tous les fans de Cryptosy, donc, qui entame ma foi pas trop mal son opération rachat/reconquête/retour aux sources avec un opus éponyme brutal de chez brutal, mais malgré tout fort conventionnel et par certains aspects un peu trop forcé et jusqu'au-boutiste.
Certes, ça arrache, ça bourre, on passe un bon moment, mais on ne retient pas grand chose au final, et cela est fort dommageable, car les canadiens, malgré toutes leurs qualités, ne font que rejoindre la meute des groupes de Tech-Death brutal, sans pour autant parvenir à s'extraire de la mêlée.
Cryptopsy est donc un album de transition, un bon cru à défaut d'être un grand cru classé, et ça fera largement l'affaire en attendant mieux, ne reste plus qu'à enfoncer le clou la prochaine fois afin de mettre tout le monde d'accord...

Marche arrière toute!
3 / 5