Curieuse trajectoire que celle des suédois de Zonaria, un premier album plein de promesses en 2007 avec Infamy and the Breed, une signature dans la foulée avec Century Media afin de sortir The Cancer Empire en 2008, et puis... Rien.
Ce grand espoir du Death Mélodique suédois avait tellement disparu de la circulation que si je n'étais pas tombé complètement par hasard sur ce nouvel album, j'aurais surement vécu encore longtemps avec l'idée (fausse) que ce groupe avait splitté, ce qui aurait été bien dommage car ce Arrival of the Red Sun est quand même un putain de bon disque, même s'il donne le sentiment d'arriver un peu trop tard, à une époque ou le Death Mélodique suédois n'en fini plus d'agoniser...
Quatre ans d'attente donc, et une chose n'a pas changé avec Zonaria, les types adorent toujours autant Hypocrisy, pas seulement, évidemment, d'autres influences viennent se greffer au son du groupe, Behemoth ou encore Darkane notamment, mais c'est sans conteste à Hypocrisy à qui on pensera dès la première écoute.
Zonaria simple rip-off d'Hypocrisy? En fait, pas tout à fait, même si certaines similitudes sont assez flagrantes, Zonaria arrive ici a imposer sa griffe, et nous propose une mixture, même si pas franchement originale, diablement efficace.
D'ailleurs, en parlant de ça, des clones d'In Flames ou de Dark Tranquillity ou des pompeurs d'At the Gates, pas de problèmes, on en trouve treize à la douzaine depuis les années 90, mais des groupes qui ont réussi à reproduire le son de la bande à Tägtgren, il n'y en a pas des masses, bizarre, non?
Bref, on s'en fout, avec sa production en béton armé made in Abyss Studio (Ah ben tiens...), c'est un Zonaria en grande forme qui se présente ici, nous proposant une sorte de synthèse de leurs deux premiers albums, la recette est d'ailleurs assez simple, du riff, du riff, du riff, des refrains catchy mais qui évitent le côté pop gay des trucs en chant clair, et surtout de judicieux arrangements symphoniques particulièrement bien foutus, le tout emballé dans une délicieuse ambiance apocalyptique, en gros ça tabasse sévère mais avec une classe assez peu commune.
Arrival of the Red Sun est surtout un album très bien équilibré, alliage intelligent de brutalité et de mélodie, Zonaria surprend ici avec des compositions plus matures que par le passé, très heavy, le groupe ayant mis ses gros riffs en avant, mais également plus complexes, chaque titre étant composé de multiples couches et de textures qui se fondent entre ellles, et ça marche plutôt bien ici, je parlais de maturité, c'est seulement dans la musique, car je me dois de souligner que les paroles sont particulièrement indigentes et assez clichesques, mais ça semble être une tendance récurrente dans le Metal moderne, carburant à la rime facile et à la recherche constante de la punchline débile mais accrocheuse, à croire que dorénavant un refrain doit tenir en un Tweet avec le niveau littéraire d'un statut Facebook d'in ado dépressif qui a trop lu de bouquins de SF, saloperie de djeuns...
Ce qui est également récurrent avec la plupart des albums que j'ai chroniqué cette année, c'est d'avoir un opener qui défini tout à fait le son de groupe, Arrival of the Red Sun ne déroge pas à la règle et vous massacre dès le début avec sa chanson titre, riff acéré, batterie frénétique, atmosphère apocalyptique par de très bons arrangements, changements de rythmes, accélérations, virtuosité, et surtout ce sens de la mélodie qui fait mouche dès la première écoute, ça tabasse tout en restant catchy et accessible, et, c'est là toute la réussite de l'album, Zonaria ne s'épuise pas du tout par la suite, mieux, les suédois arrivent à se diversifier de titre en titre, tout en gardant une qualité constante.
Si vous doutiez de l'influence d'Hypocrisy, écoutez donc Silent Holocaust, qui sonne pile-poil comme du Hypocrisy récent, dans sa structure, ses sonorité (dès le début, à 24 secondes, c'est flagrant), même la voix de Berglund...
Heureusement, le reste de l'album n'est pas comme ça, comme je le disais, Zonaria diversifie ses compositions, parfois en poussant plus loin ses aspirations symphoniques, comme sur The Blood that must be paid ou My vengeance Remains, parfois en balançant de la grosse tartine de groove dans la gueule, comme ce Gunpoint Salvation et son intro démoniaque d’efficacité; Tout au long de l'album, le groupe nous en met plein la vue et son Death mélodique teinté de black et d'ambiance symphonique apocalyptique carbure à plein régime.
Dix titres, quarante minutes, pas de fioritures, Arrival of the Red Sun est très compact, agressif, classieux, efficace, mais avec cette production symptomatique de l'époque, un peu aseptisé, la batterie sonne un poil trop mécanique, le son est très clinique, mais bon, c'est la mode en ce moment, ce n'est pas près de changer, c'est le règne des producteurs à la chaîne qui maîtrisent Pro-tools, même si je dois avouer que cette production un peu déshumanisé fonctionne assez bien avec Zonaria et son concept apocalyptique.
Bref, à une époque ou le Death Mélodique "à la suédoise" se meurt (même si on dit ça depuis quasiment dix ans), Zonaria livre avec cet Arrival of the Red Sun, un disque plus que solide et il faut bien l'avouer, inespéré.
Bien sûr, l'influence d'Hypocrisy est toujours aussi présente, mais le groupe développe malgré tout une personnalité qui lui est propre tout au long de ces quarante minutes, un véritable cocktail explosif et dévastateur, rempli de bons moments et de petites surprises sonores ma foi pas dégueulasses, l'ensemble se révèle catchy, efficace, brutal, avec un côté symphonique particulièrement bien maîtrisé, je dois bien avouer que ça faisait quelques temps que je n'avais pas pris mon pied avec un album de Melodeath, alors Zonaria tombe bien avec son nouvel album, qui ne révolutionne certes rien, mais qui nous montre un groupe conquérant qui n'a pas encore dit son dernier mot...
Solide, Compact, une bonne surprise...
4 / 5