Testament fait parti du quatuor des losers magnifiques du Thrash US, ces groupes qui ont démarré dans les années 80, comme les "gros" du Big Four, mais qui sont passé à côté, navigant entre les galères et le destin qui s'acharne, des groupes aujourd'hui vaguement culte, mais à la reconnaissance en fin de compte assez limitée. (J'avais d'ailleurs écrit un petit truc sur le sujet, lisez-le)
Bref, malgré une carrière en dent de scie, et une discographie assez inégale, même si jalonnée de quelques brûlots indispensables, The Legacy, bien sûr, mais aussi Souls of Black, Low, et surtout le dévastateur The Gathering, qui sera malheureusement suivi par un long trou noir de presque dix ans...
Le groupe avait donc fait son retour en 2008, avec un The Formation of Damnation solide et rassurant (qui marquait également le retour au bercail d'Alex Skolnick), à défaut d'être transcendant, suffisant en tout cas pour remettre la machine sur les rails, quatre ans plus tard, Dark Roots of Earth est enfin dans les bacs, et il ne va pas valoir s'attendre à une quelconque évolution dans le son du groupe (d'un autre côté, c'est du thrash, alors...), si vous avez aimé Formation of Damnation, vous allez aimer celui-ci, qui reprend les même ingrédients et les même idées, les mêmes qualités, mais également les même défauts...
Ce qu'il y a de bien avec Dark Roots of Earth, c'est qu'à la première écoute, on sait d'emblée qu'on à affaire à un bon cru de Testament, meilleur que The formation of Damnation? oui, un poil meilleur, par contre, atteint-il le niveau de The Gathering? non.
Bref, Dark roots of Earth, entérine l'orientation prise par l'album précédent, du bon thrash, de la mélodie, une dose correcte de tabassage, des soli assez bien tricotés, Testament donne globalement à son public ce qu'il attend de lui, fini les expérimentations et les changements dans la formule, ce nouvel album est, comment dire, confortable, tout est fait pour ne pas déplaire, une bonne synthèse de tout ce que sait faire le groupe, en fin de compte.
Décevant? pas vraiment, car ce n'est pas comme si on attendait du groupe un album qui révolutionne le genre, non, ce qu'on attend, c'est du gros Thrash qui envoie le pâté, et de ce côté là, Dark Roots of Earth rempli correctement sa mission, même si bien sûr, les ficelles sont grosses, pour un album qui alterne les tueries et les bons gros fillers habituels du groupe, en gros, les deux titres dévoilés antérieurement à la sortie de l'album sont de loin les meilleurs titres du groupe, mais on ne va pas en vouloir au groupe d'avoir tiré ses deux meilleurs cartouches dans l'espoir que les gens achètent l'album, c'est de bonne guerre, surtout que le reste, même si un peu en dessous niveau qualité, et d'un niveau plus que correct.
Dès le début, ça arrache les poils avec un assez bon Rise Up, c'est pas du génie, mais ça bourre, c'est rapide, catchy, et taillé pour la scène avec son gros refrain, le "When I say rise up, you say war" risque d'avoir pas mal de succès dans le mosh-pit, un titre montrant donc un groupe à l'aise dans son thrash, et particulièrement rassurant, Chuck Billy a toujours sa grosse voix, et le petit nouveau à la batterie, un certain Gene Hoglan (Gêne au gland?), assure comme une bête derrière ses fûts.
Mais ce n'est qu'un apéritif, car le groupe appuie sur l’accélérateur avec le titre suivant, Native Blood, et là, c'est gras de chez gras, entre passages Heavy mélodiques et accélérations brutales, ce titre est particulièrement bandant, le meilleur titre de l'album avec bien entendu le brutal True american Hate, ultra rapide, avec un chant tirant un peu sur le Death, de la pure tuerie, malheureusement, le reste de l'album n'atteint pas ce niveau.
Tout d'abord, il y a ces espèces de power ballades un peu pénibles, qui nous rappellent pourquoi Testament n'est qu'un groupe de seconde division (ce qui n'est pas péjoratif ici), car en effet, dès que le groupe ralenti trop le tempo, comme sur la chanson titre Dark Roots of Earth ou encore Cold Embrace, on tombe dans du Metallica-like vraiment pas génial, alors ouais, c'est joliment joué, mais il n'y a vraiment pas grand chose de mémorable la dedans.
Après, bien sûr, il y a les titres de remplissages, qui sont loin d'être dégueulasses, loin de là, mais qui manque un peu de jus, surtout vers la fin de l'album d'ailleurs, avec un trop long Throne of Thorns, qui tape quand même les sept minutes, et un titre final, Last Stand for Independence, vraiment très moyen, le groupe est capable de bien mieux même en pilotage automatique, comme A day in the Death et surtout Man Kills Mankind avec son refrain particulièrement efficace.
Notons quand même les bonus de la version CD/DVD, qui nous offre quatre titres de plus, avec trois reprises, Dragon Attack de Queen, Animal Magnetism de Scorpions, et Powerslave de Maiden, ainsi qu'une version rallongée du déjà trop long Throne of Thorns...
Au final ou a quoi? Neuf titres pour une cinquantaine de minutes de Thrash à la Testament, quelques brûlots qui arrachent, des fillers d'assez bonne qualité, et deux-trois titres vraiment inutiles, une bonne synthèse des albums précédents, mais qui ne va pas plus loin, et qui surtout manque d'un peu de relief.
Alors ouais, ça tabasse tranquillement, fournissant son quota de riff et de solo en tout genre, Gene Hoglan est une brute, Chuck Billy chante bien, mais j'avoue avoir du mal à m'enthousiasmer pour ce Dark Roots of Earth, certes assez homogène, mais qui manque un peu de folie.
Testament me donne le sentiment de ne pas vouloir aller plus loin que l'album précédent, le groupe est à l'aise dans son thrash, l'album est agréable à l'écoute, et franchement, si vous attendiez l'album de Thrash de l'année, c'est pas celui-là, assez éloigné de la démarche d'un Kreator qui a su se montrer beaucoup plus audacieux et inventif. avec son dernier album.
Reste un bon petit disque de Thrash pour headbanger cet été, c'est heavy, old school, mélodique, ça tabasse plus que correctement, sans excès, c'est assez bien dosé sur ce point là, un bon Testament, sympathique, un peu en pilotage automatique malgré tout, rassurant et confortable...
Un bon cru, pas un grand cru...
3 / 5