Réjouissez-vous, amateurs de castagne entre hommes virils en slip de cuir et aux muscles huilés, Spartacus est enfin de retour pour sa tant attendue seconde saison, après quand même un excellent interlude l'année dernière, Gods of the Arena, dont j'avais déjà parlé.
De retour avec un changement de taille, car suite au décès d'Andy Whitfield, le rôle de Spartacus a été recasté, et c'est l'inconnu Liam McIntyre qui décroche la timbale, avec plus ou moins de réussite, et une prestation qui ne fera surement pas taire les sceptiques.
La vengeance sera donc le thème principal de cette saison (Oh, c'est aussi le sous-titre de cette série, malin, non?), qui sera au moins satisfaisante sur ce point, tout ce beau monde va régler ses comptes, et ça va saigner, car c'est bien ce qui est important ici, de la bidoche, du sang, des têtes qui volent et aussi du cul.
Malheureusement, la série se perd un peu dans un scénario confus et souffre cruellement de son manque de moyens...
Le Ludus de Batiatus est donc tombé, Quintus est mort, et les rebelles, emmenés par Spartacus, Crixus et Agron, dont le personnage prend bizarrement de l'importance lors de cette saison, se lancent dans une guerre contre les romains, enfin bon, plutôt une guérilla dans les égouts de Capua au début...
D'un côté, donc, les rebelles, qui tentent de recruter pour se constituer une armée afin de renverser la république, et de l'autre, les troupes romaines, emmenées par cette ordure de Glaber, pour une saison qui va multiplier les enjeux, qui sont, en gros:
Spartacus veut buter Glaber, qui veut progresser dans la hiérarchie et buter Spartacus, Mira veut l'amour de Spartacus, Crixus veut retrouver Naevia, Ilithyia veut se venger d'un peu tout le monde et surtout de Glaber, Lucretia veut la peau d'Ilithyia, quant à Ashur, comme d'habitude, il est prêt à bouffer à tous les râteliers pour quitter sa condition d'esclave.
Ça va, vous suivez toujours? car ajoutons à cela le retour de Gannicus qui va devoir s'expliquer avec Oenomaus, vu qu'il s'est un peu tapé sa femme.
Bref, y'a de quoi faire, et dès le premier épisode, la série va droit à ses fondamentaux de série pop-corn fun et ultra-trash, de la baston, des coups tordus, des exécutions, du gore, et beaucoup de cul, avec orgies et visites dans un borbel des bas-fonds de Capua, bonne idée des scénaristes, ça va permettre de montrer du sexe à gogo à chaque épisode sans avoir à chercher de justification foireuse.
Tiens, si on envoyait Ashur chercher des infos au bordel? Tiens, si on envoyait Ashur recruter des mercenaires au bordel du coin?
Ashur donc, plus fourbe et manipulateur que jamais, désormais allié de Glaber, dont l'objectif est de gagner sa liberté, récupérer le Ludus, et se taper Lucretia, qui a donc survécu au bain de sang clôturant Blood and Sand.
Parce que bon, merde, c'est pas un coup de glaive dans le bide qui va avoir la peau de mon fantasme d'adolescent Xena la guerrière, une Lucretia qui elle aussi aura droit à sa vengeance lors d'un dernier épisode magistral qui expliquera pourquoi elle a supporté les humiliations des romains et surtout d'Ashur sans broncher.
Gabrielle!? T'es où? |
Revenons au nouveau Spartacus, qui physiquement se rapproche un peu de l'original, le charisme en moins, et c'est bien ça le problème, car là ou Spartacus-Whitfield arrivait à faire passer toute la subtilité de son personnage en un seul regard, le Spartacus-McIntyre à le charisme d'une huître, ce qui est plutôt problématique pour un type qui joue le rôle de leader d'une rébellion et qui doit insuffler force et courage à une armée composée de gladiateurs et d'esclaves pas du tout entraînés au combat, d'ailleurs, à chaque fois que Spartacus se lance dans un monologue guerrier pour motiver ses troupes, et bien ça tombe à plat, dommage car cette saison le personnage de Spartacus est intéressant dans sa complexité, tiraillé entre son désir de tuer Glaber, et son rôle de leader de la rébellion contre la République, avec en plus une relation amoureuse dont il ne veut pas vraiment avec Mira.
McIntyre fait ce qu'il peut, ça ne doit pas être évident de reprendre le rôle d'un type mort qui avait créé un personnage complexe et charismatique, le costume est surement trop grand pour lui, et impacte un peu la série, qui perd donc en puissance et lyrisme, il en arrive même à être éclipsé par la présence de Gannicus, dont le rôle est ici plutôt intéressant et finalement assez complexe.
Pas d'meufs, pas d'vin, j'me casse, j'vais au bordel... |
L'autre point noir de la série, c'est tout simplement le budget.
C'était facile avant, les décors étaient restreints, dans un environnement la plupart du temps fermé, l'action se passait quasi exclusivement dans le ludus ou dans l'arène, seulement voilà, avec les rebelles dans la nature, la série s'ouvre vers l'extérieur, et le budget ne suit pas, on se retrouve donc avec des scènes en forêts, toujours le même coin avec les mêmes arbres, un décors de montagne avec une paroi rocheuse et trois cailloux, et un temple abandonné qui sert de camps pour les rebelles, et autant dire que tout ça, ça fait ultra cheap, encore plus que d'habitude, pour une série qui n'a plus du tout les moyens de ses ambitions, n'espérez pas de grands espaces ni de combats épiques armée contre armée, tout est ridiculement petit.
D'ailleurs, les légions romaines sont pathétiques, au maximum composées d'une vingtaine de soldats servant de chair à canon lors de combats (d'escarmouches, plutôt) perdus d'avance contre les gladiateurs, et ce n'est pas la petite escouade de mercenaires d'Ashur qui va donner de l'epicness à cette saison.
Bien sûr, amateurs de coups de pied dans la gueule en sandale, vous allez être servi, c'est bien le coeur de la série, les scènes de violence sont toujours aussi spectaculaires et vous aurez votre dose de décapitations, d'amputations à la hache, et de chair lacérée, le tout baignant dans des hectolitres de sang, même si l'ensemble apparaît moins surprenant et choquant que par le passé, peut-être me suis-je trop habitué à cette ultra-violence...
De la même manière, la chronologie de la série est plus bizarre que jamais, on ne sait jamais combien de temps il se passe entre les scènes, on passe assez rapidement du coq à l'âne, les militaires romains semblent incapables de trouver le camp rebelle, mais ceux-ci semblent mettre une petite heure de marche pour rejoindre Capua, sont vraiment cons les romains, non?
Il est par ailleurs assez étonnant de la voir a quelle vitesse les esclaves s’entraînent, Mira, en à peu près cinq minutes d'entrainement avec un vieux romain, est prête à concourir pour la médaille d'or des jeux olympiques en tir à l'arc, et que dire de Naevia, qui, entraînée par Crixus, deviendra une farouche guerrière bottant des culs de romains et battant Ashur en un-contre-un, décapitation incluse, j'ai bien compris que la série n'était pas un modèle de crédibilité, mais c'est quand même pousser le bouchon un peu loin.
De plus, la série a tendance à se disperser quelque peu, en s'embourbant dans sa partie politique du côté romain, c'est assez confus, on ne se rend pas vraiment compte de l'importance des enjeux, avec un paquet de complots et de coups de couteau dans le dos, dont on a bien du mal à comprendre l'intérêt et la finalité.
L'histoire n'est pas non plus exempte de trucs inutiles, comme par exemple l'histoire d'amour homo entre Agron et Nasir, qui tombe comme un cheveu sur la soupe, un peu comme si la relation gay faisait partie du cahier des charges de la série et qu'il fallait bien bricoler un truc vite-fait.
A contrario, le Flash-back racontant le passé d'Oenomaus est une putain de bonne idée permettant d'en apprendre plus sur le personnage, de même que la résolution de son différent avec Gannicus est particulièrement réussie, et que dire de la fin tragique de Lucretia, un véritable moment de grâce, brutal mais avec la classe qui caractérise le personnage, le vrai climax du dernier épisode, car ce n'est pas l'affrontement Glaber/Spartacus qui va vous exciter...
On va tous mourir!!!!!!!!! |
Bref, Spartacus: Vengeance adopte un rythme bizarre, souvent bancal, dans la plus grande confusion avec un scénario pas très bien ficelé, des rebondissements cousus de fil blanc, sans souffle épique malgré les nombreuses scènes d'action (la destruction de l'arène ainsi que l'attaque du camp par Glaber sont de beaux moments de bravoure), et avec un personnage principal manquant de charisme.
Certes, la série reste un bon moment de divertissement violent et brutal, avec sa forte dose de sexe, mais j'attendais beaucoup plus après un Gods of the arena bien plus subtil que Blood and Sand, Vengeance retombe dans ses travers originels, en ne dépassant plus le cadre du simple divertissement bas-de-plafond ultra-bourrin.
Au moins, et c'est une bonne chose, les compteurs sont désormais remis à zéro, Glaber est mort, Ashur aussi, et Lucretia s'est vengée, entraînant Ilithyia dans sa tombe, en somme, vu que même Oenomaus est mort, du cast originel, ne reste plus que Spartacus, Crixus, et Naevia (plus Gannicus du préquel), espérons que le renouvellement du casting avec la prochaine saison apportera du sang neuf à une série qui s'est un peu essoufflé cette année, et c'est pas gagné si le budget reste le même sachant que les enjeux vont considérablement augmenter...