lundi 7 mai 2012

[Chronique] Diablo Swing Orchestra - Pandora's Piñata








Après avoir frappé un grand coup dès leur premier album, The Butcher's Ballroom, et après avoir enfoncé le clou de la plus belle des manières avec un génial Sing Along songs for the Damned & Delirious qui pulvérisait toutes les frontières du Metal, les suédois fous furieux de Diablo Swing Orchestra sont enfin de retour après 3 ans de silence avec ce Pandora's Piñata.
Pourtant, j'étais assez perplexe à l'écoute du premier single, Voodoo mon Amour, qui était bien sûr excellent mais qui ne marquait pas une grande évolution par rapport à Sing along songs..., DSO allait-il se contenter de capitaliser sur le succès du précédent opus en sortant un album sans risques au risque de tourner en rond?
FAUX! car ce premier single qui ouvre l'album sera bien le seul moment un peu safe de Pandora's Piñata, qui voit le groupe aller encore plus loin dans son délire et ses expérimentations, sans pour autant oublier de composer de putains de bons titres...

  Pandora's Piñata ne contente pas de reprendre les éléments déjà présents sur les disques précédents, il les pousse à l'extrême, les sublime, et s'aventure dans des sonorités nouvelles pour le groupe, quittant quelque peu l'ambiance fête foraine de Sing along songs pour quelque chose de beaucoup plus varié, mais rassurez-vous, le boogie, le jazz et le swing sont toujours au programme et vous permettront d'headbanger comme au bon vieux temps des années folles (!?), DSO se fait plus caméléon que jamais, atmosphérique, sombre, aérien, souvent plus symphonique aussi, ça pourrait être un gros bordel, mais le songwritting est juste incroyable tout au long de l'album, j'oserais même dire plus mature, même si l'ensemble est toujours aussi cinglé et catchy...
  Bref, ça commence donc par par un Voodoo mon Amour assez classique et pêchu dans la plus grande tradition du groupe, les cuivres façon cabaret sont vrombissant et l'ensemble est incroyablement catchy et dynamique, ça swingue comme c'est pas permis dans une ambiance ultra festive, difficile de faire plus accrocheur comme premier titre.
  Après une courte intro de batterie nous voici en pleine fiesta mexicaine avec Guerilla Laments, la trompette est à la fête, pour un titre qui alterne entre passages aériens et parties Heavy, les cordes se font plus discrètes mais apparaissent toujours au bon moment, la encore, le dynamisme est à l'honneur et ça donne une pêche monstrueuse.
  Kevlar Sweethearts est assez différent, plus calme, plus atmosphérique, le chant de Annlouice Loegdlund se fait plus aérien, ses parties vocales dans la première partie du titre sont de vrais moments de grâce, soutenues par des orchestrations de toute beauté, sans oublier les interventions plus Metal qui donnent tout son sel à l'ensemble.
  Ensuite, une petite interlude au violon avec How to organize a lynch mob dans une ambiance asiatique, qui précède un dantesque Black Box Messiah, le titre le plus violent et le plus speed de l'album, également le plus expérimental, avec ses étranges vocaux, le rythme est soutenu, le titre est court, à peine trois minutes, et se conclut par la mélodie au violon du titre précédent, fun, speed, jouissif et vraiment surprenant.
  En à peine 5 titres, Diablo swing Orchestra a déjà mis tout le monde d'accord, et ce n'est pas fini, la suite est toute aussi excellente, avec ce Exit strategy of a wrecking ball qui va permettre au chanteur de briller avec son clair aérien de toute beauté sur le refrain, les claviers sont géniaux, de même que les orchestrations, un titre dans l'ensemble assez calme, mais qui sait se faire plus violent quand il le faut, du grand art.
  Je suis par contre un peu plus partagé sur le titre suivant, Aurora, pas de guitare, pas de batterie, le titre est une sorte d'opéra avec seulement les cordes et les claviers en soutien du chant féminin, en fait, on dirait une chanson d'un film de princesse de Disney, le problème en fait, c'est sa longueur, plus de cinq minutes, qui en fait un titre assez pénible, ok, les arrangements sont géniaux, de même que le chant, mais j'aurai préféré un format un peu plus court, certains adoreront, d'autres pas...
  Ce sera bien le seul titre un peu dispensable de l'album, car avec Mass Rapture, les suédois reprennent leur marche en avant dans un style heavy et arabisant, assez lent mais classe, c'est un peu la partie calme de Pandora's Piñata qui se continue avec Honey Trap Aftermath, qui se montre plus jazzy et théâtral, limite easy listening, avec le retour de cette vibe cabaret qui va à merveille au groupe.
  Par contre Of Kali ma Calibre renoue avec le côté le plus sombre et le plus violent du groupe, avec ses gros riffs et notamment une accélération qui lorgne sur le Black Metal, l'ensemble est particulièrement varié, assez malsain, tortueux avec ses cuivres qui partent dans tous les sens, difficile de cataloguer ce titre, c'est pas de l'opera, pas vraiment du metal symphonique, surprenant et diablement accrocheur au final.
  Pour conclure, DSO nous offre un monumental Justice for Saint Mary de plus de huit minutes où il va se passer plein de choses, six minutes de guitare acoustique et de cordes accompagnant un chant très aérien, avant que les guitares très agressives viennent prendre le relais bien soutenues par les orchestrations, un genre de metal symphonique grandiose, mais ce n'est pas tout, car l'ensemble se mue en une sorte de dubstep par le biais de nombreux bidouillages sonores, bluffant, les suédois ne font décidément rien comme tout le monde, même quand il s'agit de dire au revoir...

  Vous l'aurez compris, cette nouvelle livraison de Diablo Swning Orchestra est une franche réussite, voir même le chef d'oeuvre de leur carrière, Pandora's Piñata contient tout ce que sait faire le groupe, le tout servi d'une myriade de nouveautés, vous y trouverez de la mélodie accrocheuse, du riff ultra heavy, de la folie, du swing, de l'émotion, du jazz, des arrangements de toute beauté, l'ensemble est monstrueux de précision et d'inventivité, et surtout plus diversifié que par le passé, le songwritting est au top, tout est pesé au millimètre, du très grand art, un enchevêtrement de textures et de sonorités différentes qui fourmille d'une somme colossale de petits détails, l'équilibre est parfait désormais, les cordes passent un peu au second plan, de même que les guitares, les cuivres montent d'un cran, et bizarrement l'ensemble demeure toujours très heavy, de la pure magie.


Fou, addictif, surprenant: Chef d'oeuvre!
5 / 5