Formé en 2001, Municipal Waste s'est forgé au fil des années une grosse réputation qui en fait l'un des groupes de Thrash les plus respectés actuellement, avec des brûlots comme Hazardous Mutation en 2005 ou encore The Art of Partying en 2007, un crossover sans prise de tête et balancé à toute vitesse, en fier descendant alcoolisé des DRI, Suicidal Tendencies ou Nuclear Assault.
Malgré tout, Massive Aggressive marquait un peu le pas et le groupe commençait a sérieusement tourner en rond, et c'est bien tout le problème de Municipal Waste en 2012, comment se renouveler et retrouver une certaine fraîcheur alors que la vague re-thrash commence à s'essouffler?
Malheureusement, The Fatal Feast ne répond pas vraiment à cette question, pas d'évolution, pas de nouveauté, juste une autre décharge de crossover dans ta gueule, certes diablement efficace et remarquablement exécuté, mais et pas sûr que ce soit suffisant...
C'est tout le problème du Thrash finalement, au bout d'un certain temps, les groupes ne savent plus quoi faire pour se renouveler, le public se lasse et passe à autre chose, peut-être est-on en train d'assister à ce qui s'est passé au début des années 90, après l'age d'or du genre dans les années 80, la longue traversée du désert, la vague re-thrash à presque une dizaine d'années, et le cycle touche à sa fin.
Le problème avec Municipal Waste, c'est que ses perspectives d'évolution sont quasi-nulles, (contrairement à un Vektor), les gars font du crossover qui arrache, point barre, et semblent désormais condamnés à ne faire que ça, alors bien sûr, ne vous méprenez pas, c'est toujours aussi efficace, pêchu et fun, mais d'un intérêt plus que douteux, on pourra par contre se consoler en se disant que cette nouvelle collection de mandales dans la face est un poil meilleure que l'album précédent.
Bref, rien n'a changé depuis 2003, la musique du groupe reste la même, avec un déluge de riffs Thrash, du speed, des soli à 200 à l'heure, des titres courts et le chant toujours aussi énervé, typé Hardcore crossover de Tony Foresta, tout est conçu pour aller droit au but, n'espérez pas trouver une ballade ou un plan jazzy/prog, l'efficacité est à l'honneur, dans la plus grande tradition du groupe.
Petit problème malgré tout, la longueur du bouzin, alors que le groupe nous avait habitué à des albums d'une trentaine de minute, The Fatal Feast, fort de ses 17 titres quand même, se rapproche des quarante minutes, et franchement, c'est un poil trop long, on arrive à la fin un peu épuisé, et sans vraiment se souvenir de ce qu'il s'est passé au début, et ça, c'est quand même une mauvaise chose, ce qui souligne un autre point, la relative absence de "classiques", ce genre de titres qui vous pulvérise et que vous retenez tout de suite, l'ensemble est ici assez uniforme, dans une sorte de pilotage automatique, maintenant certes une très bonne qualité générale, mais sans vraiment de moment ébouriffant.
L'album aurait surement eu plus de mordant et d'impact avec 5 titres de moins...
Bien sûr, niveau originalité, on repassera aussi, mais ça, on s'en fout un peu, le groupe n'a jamais rien voulu révolutionner, et c'est dans un sens bien mieux comme ça, mais on sent quand même tout au long de l'album ce manque de fraîcheur et aussi de folie, et même si le groupe n'a jamais pu retranscrire sur album toute la folie de leurs concerts (ce qui n'est pas un reproche), il y avait dans les premiers albums cette sorte d'urgence et de pure adrénaline, qu'on ne retrouve plus vraiment ici, au contraire, The Fatal Feast paraît un peu forcé, comme si le groupe était d'une certaine manière moins impliqué.
On change rien, on fait comme d'habitude, et on part en tournée, c'est surement ce qu'ont dû se dire les gars, car c'est bien ce qui fait tout l'intérêt du groupe, ses prestations scéniques complètement cinglées, que je vous recommande d'ailleurs, et dans ce cas, et bien The Fatal Feast apparaît comme un bon petit album prétexte à une nouvelle tournée, rien de plus, mais également comme un disque au final assez anecdotique...
The Fatal Feast est donc un album sympa, un poil trop long, cultivant sans génie un certain sens de l'immobilisme, c'est fun, c'est efficace, mais comme le dirait un de nos grands philosophes contemporains, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, point positif, c'est toujours aussi rentre-dedans, de ce point de vue là, Municipal Waste n'a rien perdu de son agressivité.
La fête n'est pas encore terminée et le groupe ne s'est toujours pas endormi dans son vomi, mais on sent malgré tout une petite ambiance fin de soirée ou tout le monde est crevé et commence à rentrer chez soi...
Juste du Municipal Waste, rien de plus...
3 / 5