2009 voyait Mastodon, avec la sortie de Crack the Skye, changer radicalement de style, délaissant son Metal hybride Power-Sludge qui défouraillait sévère pour une tambouille progressive qui ne m'avait pas du tout enthousiasmé, surement l'un des disques les plus surcotés de ces dernières années, même si j'admets que techniquement, les types étaient au top, surtout la batterie, et que l'album contenait des transitions de folie.
Malheureusement, ce n'est pas The Hunter qui va me réconcilier avec le groupe, car Mastodon poursuit son évolution easy-listening, cette fois-ci vers du Hard-rock mou du genou, un peu comme un Metallica avec son Black album, quelques tubes et un paquet de fillers sans intérêt, la recette du succès, poussant la comparaison jusqu'à engager leur Bob Rock à eux, Mike Elizondo, un producteur de Hip-hop et autres niaiseries pop-rock, responsable ici d'une production aseptisée et passe-partout, annihilant tout trace d’agressivité dans la musique du groupe...
De ses 3 premiers albums, Mastodon n'a ici conservé que le groove, et un groove énorme, sur chaque titre, c'est lourd, très Heavy, mais un groove atrocement mou, qui dégouline souvent, jusqu'à l'indigestion.
Dans ce sens, ce Hunter fait un peu penser à la démarche de The Haunted, qui, avec son horrible Unseen, avait viré tous ses éléments thrash pour ne garder que le groove, le tout noyé dans une soupe pop-rock emo.
Heureusement, Mastodon a un peu plus de classe que les suédois, ce qui évite un naufrage total à The Hunter, car malgré tout, le disque à quelques qualités, des solos de folie et comme toujours un excellent drumming, et parfois de putains de bon titres.
Evolution, donc, car contrairement à ses 3 premiers albums (dont le merveilleux Leviathan), The Hunter se fait beaucoup plus accessible, avec une prédominance du chant clair, et des structures simples, moins expérimentales, dans un format plus compact, treize titres, certes, mais d'une durée oscillant entre 3'30 et 5 minutes, Mastodon se fait donc ici plus concis et plus direct.
Ce qui manque le plus à ce Hunter, c'est l'intensité, car même si les gars sont des putains de musiciens, on a le sentiment qu'ils ne font qu'appliquer leur formule, tranquillement, tout colle, rien ne dépasse, le disque est vraiment safe, sans surprises, le Son Mastodon, le trademark du groupe est là, mais on ne ressent pas grand chose à l'écoute.
Contrairement à un Leviathan par exemple, les titres étaient prenant, on se demandait ce qui allait se passait ensuite, ici, c'est l'inverse, on sait où l'on met les pieds, c'est confortable, l'exemple le plus frappant est surement le deuxième titre, Curl of the burl, c'est catchy, simple, efficace, mais il aurait pu être écrit par Godsmack, on aurait pas vu la différence, on tombe de haut après un merveilleux titre d'ouverture, Black Tongue, l'un des meilleurs titres de l'album, sans aucun doute.
Des "tubes", il y en a, comme Stargasm, Octopus has no friends, Curl of the burl, Black tongue, et surtout un excellent Spectrelight qui vous réveillera vers la fin du disque si vous vous étiez endormi avant.
Car oui, l'ennui vous guette à l'écoute de ce disque, avec une série de titres vraiment pas intéressant au milieu de l'album, et Sparrow poussif pour le clôturer.
J'ai écouté ce disque à de nombreuses reprises, et à chaque fois, j'avais de plus en plus de mal à m'y intéresser, la première écoute était pourtant encourageante, mais rien n'y fait par la suite, cet album est mou et finalement assez anecdotique.
Non pas qu'il soit médiocre, loin de là, mais aucun des meilleurs titres de The Hunter n'arrive à la cheville des précédents disques, et en ce sens, cet album est une déception, un peu comme un Mastodon en mode service minimum, et se rendant beaucoup plus accessible, car cet album plairait surement à un nouveau public n'écoutant pas de Metal, le groupe s'en éloignant pas mal sur cette galette.
La production joue beaucoup dans cet état de fait, c'est très clair, très pro, et le côté abrasif du groupe à disparu, donnant à l'ensemble un côté easy-listening assez désagréable, et donnant surtout l'impression de ne pas écouter un disque de Metal.
On se retrouve avec certaines sonorités, voir même certains titres entiers qu'on aurait pu trouver chez Godsmack, Queens of the stone age ou encore Alice in Chains, et franchement, ce n'est pas du tout ce que j'attends de ce groupe.
En conclusion, en dehors d'un niveau technique toujours hallucinant, Mastodon nous livre ici son album le plus accessible et aussi le moins intéressant.
Même si The Hunter est leur disque le plus faible à ce jour, Mastodon maintient un standard de qualité plus que correct, le genre d'album qu'on apprécie un temps, avant de le ranger sur l'étagère où il prendra la poussière, alors qu'on retournera tout naturellement vers Leviathan ou Blood mountain...
The Hunter manque de pèche, d'urgence, d'agressivité, et d'intensité, on se glisse dedans comme dans des charentaises confortables un soir d'hiver, c'est mou et sans vraiment de moments géniaux, on l'écoute jusqu'à la fin, et on réalise qu'on a pas retenu grand chose, malgré tout, ce sera surement suffisant pour en vendre par palettes et attirer de nouveaux fans pour son côté easy-listening.
Le service minimum de Mastodon...
2 / 5